Étude de la recolonisation spontanée des bancs d`emprunt

Quelques espèces végétales communes dans les bancs d’emprunt. Des lichens: a) Cladina mitis et b) Dibaeis baeomyces, des bryophytes:
c) Polytrichum commune et d) de la sphaigne (Sphagnum spp).et des plantes vasculaires : e) l’épinette noire (Picea mariana), f) l’épervre orangée
(Hieracium auranticaum), g) le thé du Labrador (Ledum groenlandicum), le h) kalmia à feuilles d’andromède (Kalmia angustifolia) et i) diverses espèce
de bleuets (Vaccinium spp). Auteur : Sandrine Hogue-Hugron
Introduction
Afin d’en consolider les assises, la construction de
routes cessite l’extraction de grandes quantités de
sable et de gravier. Ce matériel est généralement
préle à même des ts glaciaires adjacents aux
routes et sur lesquels aura d’abord été enlee la
matre organique; un banc d’emprunt est ainsi créé.
Le sable et le gravier qui restent sur place ont une très
faible capacité de rétention de l’eau et des nutriments
qui y sont dissous, car les particules de sol sont très
grossres. Après l’abandon des bancs d’emprunt, la
recolonisation tale est donc lente et similaire au
processus de succession primaire.
Tous les bancs d’emprunt du parc national des
Grands-Jardins (ils sont plus d’une centaine) sont
abandonnés depuis au moins 40 ans. Le retour de la
tation se fait lentement, et ces milieux peuvent
demeurer dénus pendant plusieurs décennies. À
cause de son altitude et de sa topographie, le climat
du parc ressemble à ce qui s’observe aux latitudes plus
nordiques. Ce climat est caractéripar une saison de
croissance courte et des conditions climatiques
rigoureuses qui ralentissent l’établissement et la crois-
sance des plantes vasculaires.
Objectifs de l’étude
Les techniques de restauration actuelles des bancs
d’emprunt et des bords de route impliquent l’introduc-
tion de plantes vasculaires, que ce soit des graminées
ou des plantes fixatrices d’azote (Tormo et coll., 2007).
Il a toutefois été démontque les plantes vasculaires
ne sont pas bien adaptées aux contraintes associées
aux milieux nordiques telles que la courte saison de
croissance (Chambers, 1989). De plus, les parcs
Étude de la recolonisation spontanée des bancs d’emprunt au
parc national des Grands-Jardins et essais de restauration à l’aide
de bryophytes et de lichens Par Sandrine Hogue-Hugron1et Sandra Garneau2
RE STAURAT IO NPARC NATIONAL DES GRANDS-JARDINS
1 Étudiante à la maîtrise en biologie végétale sous la direction de Mme Monique Poulin et de Mme Line Rochefort. Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, Département de phytologie, Université Laval
2 Responsable du Service de la conservation et de l’éducation, parc national des Grands-Jardins
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Steve Deschênes, Sépaq
a b c
fed
g h i
férences :
Tormo, J., Bochet, E., et Garcia-Fayos, P. 2007. Roadfill revegetation in semiarid Mediterranean environments. Part II: Topsoiling, species selection, and hydroseeding. Restor. Ecol. 15(1) : 97-102.
Chambers, J.C. 1989. Seed viability of alpine species - variability within and among years. J. Range Manag. 42(4): 304-308.
Price, J., Rochefort, L., et Quinty, F. 1998. Energy and moisture considerations on cutover peatlands: surface microtopography, mulch cover and Sphagnum regeneration. Ecol. Eng. 10(4): 293-312.
nationaux étant des territoires l’on accorde une importance fondamen-
tale au maintien de l’intégrité écologique, la plus grande prudence
s’impose lors de l'utilisation d’espèces végétales afin de ne pas introduire
d'espèces non indigènes.
Les objectifs poursuivis par l’étude sont :
1. identifier les communautés végétales qui colonisent naturellement les
bancs d’emprunt et étudier leur écologie;
2. identifier les facteurs environnementaux qui influencent le retour de la
gétation;
3. velopper des techniques de restauration adaptées au parc national
des Grands-Jardins et au climat nordique.
Méthodologie
L’étude a été effectuée principalement au parc national des Grands-Jardins
l’on retrouve la forêt boréale à sa limite la plus méridionale. Durant les
étés 2007 et 2008, 117 bancs d’emprunt ont été inventoriés. Des transects
ont été disposés systématiquement dans ceux-ci et des relevés degéta-
tion y ont été effectués au centre de chaque communauvégétale. Des
variables physicochimiques (texture du sol, pente, pH, etc.) ont été
coltées pour chaque relede végétation. Des analyses de groupements
ont été réalisées afin d’identifier les associationsgétales rencontrées le
plus fréquemment. Puis, des analyses de redondance ont été pratiquées
afin de déterminer l’effet des variables environnementales sur les groupe-
ments de végétation identifiés à l’étape prédente.
Finalement, des essais de restauration ont été mis en place à l’été
2008. Les traitements testés sous forme d’expérience factorielle sont :
l’ajout d’un paillis de paille, l’ajout de matière organique et l’introduction
de bryophytes et de lichens. Ces derniers étaient coltés dans le parc à
quelques mètres des bancs d’emprunt ils étaient introduits.
Résultats et discussion
Les analyses de groupements ont permis d’identifier douze communautés
gétales typiques. Parmi ces communautés, la pessière à mousses
représentait l’écosystème de rence. Les autres communautés végé-
tales étaient typiquement retrouvées dans les bancs d’emprunt et étaient
principalement dominées par des bryophytes et des lichens typiques de la
succession primaire comme le Polytrichum piliferum Hedw, le Trapeliopsis
granulosa (Hoffm) et les lichens du genre Stereocaulon.
Les analyses ont démontque l’humidité du sol ainsi que la quantité
de micronutriments du sol et l’altitude étaient parmi les facteurs qui influ-
ençaient le plus les patrons de recolonisation spontae observée.
L’amélioration de ces contraintes sera donc à considérer lors de la restau-
ration.
Les essais de restauration ont mont que l’introduction des
bryophytes et des lichens ainsi que l’utilisation d’un paillis de paille avaient
une influence significative sur la regétation des bancs d’emprunt. En
effet, le pourcentage de recouvrement est 40 fois plus élelorsqu’il y a
introduction, mais le résultat est trois fois moins bon lorsqu’on ajoute un
paillis de paille. Ce résultat est contraire aux sultats attendus, puisque
quelques études ont démontré l’effet positif de l’application d’un paillis de
paille sur l’établissement et la croissance de bryophytes (Price et coll.,
1998). Dans le cas présent, il semblerait que la diminution de la quantide
lumière atteignant les plantes ait eu un effet plus marqué que l’augmenta-
tion de l’humidité relative sous le paillis. Il est à noter néanmoins que les
résultats ont pu être influencés par les conditions particulièrement
pluvieuses de l’été 2008.
Conclusion
La mission de mise en valeur et de conservation des parcs nationaux du
Québec implique certains aménagements afin de rendre accessible le ter-
ritoire aux visiteurs. À la suite de ces aménagements, le rétablissement
rapide d’un couvert végétal permet d’éviter que des espèces envahissantes
ou exotiques ne profitent du sol dénudé pour s’installer. L’implantation
d’espèces gétales indigènes au parc, et donc adaptées au milieu, aura
aussi plus de chance de survivre et de s’établir. Finalement, l’introduction
d’une communauté tale similaire à la communauté naturelle permet
de préserver l’intégriécologique du parc en conformiavec la mission de
conservation des parcs nationaux du Qbec.
La présente étude a confirl’importance des bryophytes et des
lichens dans les processus de colonisation des bancs d’emprunt et leur
potentiel pour la restauration de ces milieux. Les travaux du Département
de phytologie de l’Université Laval permettront d’aliorer significative-
ment nos méthodes d’aménagement et de mise en valeur du territoire.
Les cinq espèces introduites dans le cadre des essais de restauration : a) Stereocaulon paschale, b) Trapeliopsis granulosa, c) Ceratodon purpureus, d) Polytrichum piliferum et e) Niphotrichum canescens.
Auteur figure a) et b) : Sandrine Hogue-Hugron.
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ÉTUDE DE LA RECOLONISATION SPONTANÉE DES BANCS D’EMPRUNT AU PARC NATIONAL DES GRANDS-JARDINS ET ESSAIS DE RESTAURATION À L’AIDE DE BRYOPHYTES ET DE LICHENS
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