Figure 3.
Cross arm test
.
Figure 4. Recherche d’une instabilité acromio-claviculaire.
Les arthropathies microtraumatiques sont dues à la répétition exces-
sive de certains gestes ou de certains efforts mettant en compression
ou en étirement l’articulation AC (haltérophilie, gymnastique, tennis,
golf, etc.) ou à l’exposition à des chutes répétées sur le moignon
de l’épaule comme au rugby. Dans la majorité des cas, ces lésions
semblent bien tolérées par le sportif, mais elles nécessitent parfois un
traitement. Enfin, l’ostéolyse distale de la clavicule est plus exception-
nelle et se caractérise radiologiquement par une résorption osseuse
de l’extrémité latérale de la clavicule.
Le bilan clinique
Quels que soient les antécédents traumatiques, il convient d’analyser
deux éléments :
La douleur, qui siège à la partie antéro-supérieure de l’épaule
•
au niveau de l’articulation AC elle-même. Elle peut irradier dans la
partie antéro-latérale du cou. Une douleur postérieure de l’épaule ou
irradiant dans le bras à sa partie proximale doit faire rechercher une
autre étiologie (pathologie de la coiffe, névralgie cervico-brachiale
tronquée, neuropathie microtraumatique, etc.). La douleur AC est
reproduite par la palpation de l’interligne articulaire, soit à la pres-
sion verticale, soit d’avant en arrière. Le
cross arm test
(figure 3),
effectué le bras placé en adduction dans un plan horizontal, met en
compression la jonction AC. De même, le mouvement de rétropulsion
forcée peut réveiller la douleur. Il est à noter que des craquements
sont possibles lors de ces manœuvres.
L’instabilité AC, qui doit être recherchée
•
(figure 4). Elle peut
être visualisée dès l’inspection compte tenu de la bosse liée au
déplacement supérieur de l’extrémité de la clavicule. Par ailleurs, on
retrouve la classique touche de piano lors de la tentative de réduc-
tion. L’instabilité postérieure de l’AC est moins facile à mettre en
évidence par l’examen clinique, le bras étant maintenu en adduction
horizontale. On notera également la négativité des tests d’appré-
hension à l’armer du bras, ce qui élimine le diagnostic d’instabilité
gléno-humérale survenant dans les suites d’un accident de luxation
de l’épaule.
Le bilan radiologique
Les radiographies standard peuvent suffire si les clichés sont com-
paratifs et que l’on dispose notamment d’incidences ciblées sur
l’articulation AC. On recherche des signes de souffrance articulaire :
pincement de l’interligne ou élargissement, géodes sous-chondrales,
ostéophytose ou ossifications périarticulaires, aspect irrégulier des
berges… En cas de lésion ligamentaire, il faut apprécier l’importance
et le sens du déplacement de l’extrémité de la clavicule. L’IRM peut
compléter le bilan en objectivant un œdème sous-chondral ; devant
une arthropathie, elle peut également montrer un épanchement
articulaire. Enfin, l’arthrographie peut être utile à titre diagnostique
et surtout thérapeutique pour réaliser une infiltration corticoïde
guidée en intra-articulaire.
Le traitement
Dans les séquelles des luxations AC aux stades 1 et 2, une instabilité est rarement
présente, mais il y a souvent une arthropathie secondaire, dont le traitement est
essentiellement médical (AINS, physiothérapie, infiltrations, etc.), et doit être
associé, selon le besoin, à un repos sportif de quelques semaines.
En revanche, les séquelles des stades 3 et 4 constituent plus fréquemment une
source d’instabilité et peuvent nécessiter un traitement chirurgical :
soit par résection distale de la clavicule ;•
soit par réduction du déplacement et stabilisation de la clavicule.•
La résection de la clavicule semble être le seul traitement chirurgical envisageable,
du fait de la détérioration articulaire avancée à ces stades, alors que de nombreuses
techniques de réparation des ligaments AC ont été décrites. Le brochage AC peut
également être proposé. In fine, toutes ces modalités thérapeutiques ne donnent
pas toujours satisfaction.
Lorsque l’atteinte dégénérative est trop évoluée et que les traitements médicaux
sont inefficaces, les patients souffrant d’une arthropathie AC peuvent donc bénéfi-
cier d’une résection distale de la clavicule sous arthroscopie. Quant aux ostéolyses
distales de la clavicule, leur traitement n’est pas chirurgical ; on peut toutefois
proposer un geste de débridement arthroscopique si elles sont fonctionnellement
gênantes ou douloureuses.
Pour en savoir plus…
+ Sauzière P. L’articulation acromio-claviculaire. In : Rodineau J, Rolland E (eds). Séquelles des traumatismes articulaires chez les sportifs.
Paris : Elsevier Masson, 25e Journée de traumatologie du sport de la Pitié-Salpêtrière, 2007:3-8.