Cebusten’estpasseulementlesymboledel’existencedugrouperéuni,autourdelafiguredu
« père »,pourunritueld’anniversaire.Iltraduitaussil’amitiéentreDurkheimetLandowski.
En effet ce sculpteur appréciait recevoir des philosophes, aimait recevoir Durkheim à
Boulogne. Selon une biographie, Durkheim avait même posé pour son ami pourl’aideràfaire
la sculpturede Jean Calvin,incluse dans lemonument de laRéforme à Genève. C’est sans
doute grâce à ces séances que Landowski a pu aussi réaliser le buste de Durkheim. Le
rapprochemententreDurkheimetCalvinn’estpasfortuit,l’unetl’autreayantméfiancevis-à-
vis des plaisirs.
OndécouvreundestraitsdeDurkheimqu’iltiresansaucundoutedesafamille.Durkheim
naît en 1858 à Epinal, son père est rabbin. Du côté paternel, on est rabbin de génération en
génération : Moïse est le huitième. Emile est le cinquième et dernier enfant de Moïse et
d’Elodie. Sasœur,Rosine,aînée, aura un fils célèbre, Marcel Mauss. On y reviendra. Dans la
maisondu rabbind’Epinal, selonGeorgesDavy, régnait « l’austéritéplusquel’opulenceet
où l’observance de la loi y est précepte et exemple, rien n’y venant divertir du devoir ».
Durkheim reconnaitra plus tard qu’il ne pourra jamais, je le cite, « vivre un plaisir sans en
concevoir du remords ».
Pendant son adolescence, Emile Durkheim refuse de « ressembler à son père », de « répéter ce
qu’afaitsonpère ». Il veut devenir professeur, et donc interrompre la chaîne des générations,
la reproduction. Son père accepte à la condition que son fils « travaille fort ». Une autre
rupture aura lieu - on en ignore la date - mais David Emile Durkheim abandonne son prénom
juif pour ne conserver que celui d’Emile. Cette double décision exprime la manière dont
Emile s’individualise.Illefaitencore,soit aumomentdu baccalauréat,soitàsonarrivée à
Paris, en prenant distance avec la religion juive.