le Bulletin scientique de l’arapi - numéro 21 - printemps 2008 31
Résumés des conférences
goisses, et faire qu’ils se rendorment très difcilement. Il
n’y a pas de réponse simple : soit on intervient très préco-
cement pour permettre que l’enfant se rendorme rapide-
ment, soit on crée les conditions pour que l’enfant puisse
se rendormir seul, sans intervention de ses parents.
Les traitements médicamenteux
Ceci peut être envisagé une fois l’analyse ne des trou-
bles du sommeil effectuée et qu’ont été mises en place
les adaptations des interventions psycho-éducatives né-
cessaires à la réorganisation des rythmes jour et nuit cités
ci-dessus.
Dans les cas les plus sévères, les parents viennent consul-
ter après avoir épuisé les ressources de l’ostéopathie, de
l’homéopathie et de la phytothérapie, et on est réellement
confronté au manque de traitements pharmacologiques
disponibles face à la souffrance réelle qu’entraînent ces
troubles chez l’enfant et ses parents. Trop souvent sont
prescrits alors des médicaments tels que des hypnoti-
ques, des anti-histaminiques, des neuroleptiques, des an-
tidépresseurs pour lesquels il n’existe pas de données de
pharmacologie clinique ables pour leur utilisation chez
l’enfant tout particulièrement en cas de troubles du som-
meil. Recherches et essais cliniques chez l’enfant doivent
être faits pour proposer des traitements adaptés.
Mélatonine et autisme
S’il y a un lien entre le syndrome Smith-Magenis et mé-
latonine, qu’en est-il des autres syndromes où sont ob-
servés fréquemment des troubles du sommeil, comme
l’autisme ? Il y a peu d’études. Lorsqu’on réalise des
cycles de sécrétion de mélatonine sur le nycthémère, on
constate que les courbes circadiennes de sécrétion de la
mélatonine sont extrêmement variables selon les indivi-
dus, les âges, les stades de puberté.
Cependant on peut supposer que comme la mélatonine
agit sur les variations sécrétoires du nycthémère, que les
personnes avec autisme puissent en bénécier. C’est un
traitement dit « complément alimentaire », sans effet se-
condaire et sans accoutumance. Il n’y a pas d’AMM, ni
d’ATU, mais il existe une tolérance pour sa prescription
sous forme de préparation magistrale réalisée par le phar-
macien hospitalier (en évitant les commandes sur inter-
net, où on est dans l’ignorance totale du produit délivré).
La mélatonine peut être prescrite sous forme de gélules à
libération immédiate, à la dose de 1 à 5 mg (variable sui-
vant les patients), qui agit en facilitant l’endormissement
par majoration du pic physiologique de mélatonine. En
cas de réveil nocturne, on peut éventuellement prescrire
une deuxième dose avant deux heures du matin..
Elle peut également être prescrite sous formes de gélu-
les à libération prolongée, dosée de 2mg à 6mg. Ainsi le
Circadin a une ATU en France. Il facilite l’endormisse-
ment, retarde le pic de mélatonine et maintient un plateau
durant la nuit, utile dans les cas d’insomnies prolongées
ou de réveils nocturnes. La tolérance est identique à celle
de la mélatonine à effet immédiat. Quelle que soit la pré-
sentation du produit, la prescription de mélatonine doit se
faire en consultation, après l’analyse du trouble du som-
meil et la mise en place des mesures psycho-éducatives
nécessaires pour assurer un environnement favorable au
sommeil.
En conclusion, l’auteur insiste sur la nécessité d’une pri-
se en charge familiale de ces troubles. Ces familles, dont
l’énergie est mobilisée par leur enfant autiste ou décient
mental, sont des familles formidables, mais aussi souvent
fatiguées et déprimées pour lesquelles un traitement mé-
dicamenteux leur permettra de reprendre pied et ce avant
que l’accompagnement éducatif puisse être fait. C’est
pourquoi il est important de ne pas ignorer les troubles
du sommeil, et de poser régulièrement cette question aux
familles, même si elles n’en parlent pas. Tout traitement
devra être associé à une écoute permettant l’accompagne-
ment et la prise en charge psycho-éducative des troubles
avec la famille. Aussi, elle souligne l’intérêt de la mé-
latonine et appelle à la mise en place d’essais cliniques
permettant de trouver des traitements de ces troubles du
sommeil, cause de souffrance pour l’enfant et sa famille.
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