Un entretien clinique avec les parents est important pour recueillir avec soin la description des signes caractéristiques
de l’autisme dans le développement précoce ou actuel. Dans l’idéal, des outils d’entretien semistructuré comme
l’ADI-R (Lord et al., 1997) peuvent compléter l’entretien de façon très utile. L’évaluation doit comporter l’examen de
plusieurs domaines de développement incluant nécessairement une observation clinique standardisable avec
l’ADOS, un examen psychologique et un examen du langage et de la communication. La nature multidimensionnelle
de l’approche diagnostique et de l’évaluation du développement implique un travail d’équipe, pluri et
interdisciplinaire, une démarche « intégrative ». Cette démarche passe par la mise en commun des observations
recueillies afin d’éviter leur morcellement et pour obtenir une description clinique la plus valide possible de la
présentation de l’enfant dans différentes situations, avec différentes personnes et à différents moments.
Les ressources départementales pour le Diagnostic et les interventions précoces
Diagnostic simple et interventions précoces : 20 CMP, 12 CMPP (y compris les antennes), 2 CAMSP
généralistes et 1 en projet de 100 places, des CATTP et hôpitaux de jour pour des enfants dès l’âge
de 2 ans, 1 SESSAD dédié à l’autisme, 1 IME dédié à l’autisme accueillant dès 3 ans.
Diagnostic complexe : création du CDEA Unidep en 2014 (CH Ville Evrard), avec utilisation des outils
recommandés, volonté de travail en réseau, et à moyen terme, d’organisation de formations.
Des obstacles à la précocité : la vulnérabilité de beaucoup de familles, aggravée par des délais trop longs dès
le repérage et tout au long de la démarche diagnostique,
Les délais d’attente sont très longs avant l’obtention du premier rendez-vous dans un service de soins pour
la mise en place de la démarche diagnostique. Tous les services sont concernés par ces délais pouvant aller
de quelques mois à plus d’un an : les CMP, CAMSP et CMPP.
L’importance des délais d’attente dans tous les services de soins, au minimum de plusieurs mois, s’ils
peuvent être utiles à certains parents ayant besoin d’un temps nécessaire pour se mobiliser après l’annonce
des troubles de leur enfant, peuvent paraître insupportables à d’autres qui attendent des réponses rapides
pour apaiser leurs angoisses.
Un des effets de ces délais d’attente du secteur public de proximité est que certains parents cherchent
d’autres réponses possibles à leurs besoins de réactivité, hors département ou dans le secteur privé, avec
in fine des parcours de soin qui s’assimilent à un pèlerinage de lieu en lieu, de professionnel en
professionnel.
Cette situation est d’autant plus dommageable que le département est particulièrement concerné par des
problématiques liées à la vulnérabilité de la population. L’accès aux soins, à la scolarité, aux droits, etc.
s’avère beaucoup plus complexe pour les parents en difficultés socio-culturelles, en situation de pauvreté,
en instabilité géographique, qui ne sont pas toujours en capacité d’accéder seuls aux informations et aux
réseaux de parents ou d’associations, ni de se mobiliser pour les différentes démarches ou pour trouver
une solution alternative en l’absence de place en dispositif public.
En effet, si certains parents construisent un niveau de connaissance très précis et technique de l’autisme,
leur permettant d’accéder aux informations utiles, de pouvoir s’intégrer à des réseaux très spécialisés et
ainsi accéder plus facilement à des réponses immédiates et adaptées, d’autres familles en grande
vulnérabilité ne sont pas en mesure de connaître et mettre en œuvre ces stratégies différentes. Il faut par
ailleurs souligner que les réponses alternatives sont souvent de nature privée, et très onéreuses pour les parents.