Il s’est ainsi empilé au Trias supérieur quelques mille mètres de couches salifères dans la
partie centrale du Jura, les courbes isopaques montrant une épaisseur plus proche de 500m
dans le sous-sol salinois plus en périphérie.
Ces couches de sel sont très rarement pures, elles alternent et/ou sont mélangées avec des
marnes dont la nature et l’abondance dépendent de l’apport en sédiments continentaux
drainés par les fleuves qui se jetaient dans l’océan lagunaire. Ces marnes, de nature
argileuse, sont la signature d’une érosion des roches de la croûte continentale qui était donc
très proche de l’océan à l’époque.
L’empilement d’une telle épaisseur de sédiments a aussi été rendue possible par des
phénomènes tectoniques de subsidence (distension du fond du bassin sédimentaire qui ainsi
s’enfonce davantage sous le poids des couches sus-jacentes) permettant d’accumuler
d’importantes couches de sédiments.
On peut aussi pratiquer une analyse sédimentologique pour reconstituer l’histoire de la
formation du sel dans la région. Des données paléontologiques viennent compléter d’autres
données minéralogiques, pétrologiques et géostructurales. On a en effet retrouvé des
ossements d’un grand reptile de type dinosaure, le Platéosaurus, et en particulier une griffe
du côté du ravin de Boisset proche de Salins. La période et les conditions de vie de l’animal
sont communément admises car connues dans d’autres sites!: elles confirment un milieu
lagunaire, de bordure de continent, remontant au Trias supérieur. Des végétaux classés chez
les Ptéridophytes (grandes fougères) viennent compléter les informations paléontologiques
qui sont relativement pauvres, le milieu lagunaire étant relativement abiotique d’après ses
caractéristiques physico-chimiques.
2. La géodynamique interne
Le Jura s’inscrit dans une structure globale dont l’orientation (SW/NE), l’âge et la nature sont
indissociables de la formation des Alpes (orogénèse alpine), liée au rapprochement des
plaques européenne et africaine et donc à la fermeture de l’océan alpin.
La chaîne de montagne est donc issue d’un mouvement tectonique de compression ou de
convergence amorcé au Crétacé (fin de l’ère secondaire) et accéléré au début de l’ère
tertiaire, il y a environ 70 millions d’années avec un paroxysme il y a 10 millions d’années (au
Miocène). Dans ce type de mouvement, des failles inverses générées par la cassure des
roches entraînent leur chevauchement ce qui va générer du relief. Lorsque les roches ne
cassent pas trop, à l’échelle de l’affleurement, on obtient des plis de plus ou moins grande
envergure et l’on retrouve dans les paysages des anticlinaux et synclinaux.
Au moment de cette compression, les couches de sel ont joué un rôle considérable, se
comportant comme du savon sur lequel d’autres couches ont pu se déplacer. Le sel est en
effet une roche plastique dont le comportement a pu être à l’origine de gondolements, de
plissements et de discordances comme celle qui a généré le Mont Poupet!: à cet endroit, du
Jurassique moyen se retrouve sur du Jurassique supérieur. C’est un contact anormal.
Les mouvements tectoniques expliquent donc les reliefs jurassiens et leur distribution
actuelle.