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D’autres facteurs que les changements techniques et économiques ont par ailleurs un impact sur la société et modifient les règles du
jeu politique. La société du bien-être et la protection sociale ont permis une indépendance croissante des citoyens et leur ont ouvert
de nouvelles possibilités de maîtrise de leur existence. La parité croissante entre les sexes a élargi l’éventail des choix individuels et
transformé la perception que les citoyens avaient d’eux-mêmes et des autres. Tous ces éléments se conjuguent pour briser les anciens
modèles autoritaires et nourrissent une demande de relations nouvelles plus égalitaires dans la vie familiale, la vie professionnelle et
la vie sociale.
Le pouvoir du capital
Le système de production capitaliste privé implique la supériorité du profit sur tous les autres intérêts, quelle que soit sa source ou
les coûts qu’il entraîne pour la société, les personnes et l’environnement. Les forces politiques et syndicales ont longtemps été des
contrepoids aux intérêts personnels unilatéraux, mais dans la phase actuelle de l’évolution, ces forces ont perdu de leur efficacité. Les
intérêts capitalistes dépendent moins d’une base nationale, qui est le cadre de l’activité politique et syndicale. Les intérêts financiers
se sont par ailleurs partiellement détachés de la production proprement dite, ce qui les éloigne aussi des contrepouvoirs liés au travail
et à la production.
Cette nette position de force révèle l’incapacité intrinsèque du capitalisme à gérer les ressources, tout comme son aptitude à créer de
profondes injustices sociales et économiques. Des transactions financières spéculatives à court terme ajoutent à l’instabilité de
l’économie internationale et ont dans plusieurs cas sévèrement aggravé les problèmes économiques de certains pays. La
concentration des grandes entreprises en groupes mondialisés toujours plus puissants a créé des centres de pouvoirs importants, en
dehors de tout contrôle démocratique. Dans les pays pauvres, la main d’œuvre est exploitée – avec des salaires dérisoires et des
conditions d’embauche d’une impitoyable dureté. Le travail d’organisation syndicale est combattu, souvent par des méthodes
brutales. Dans les pays riches, les groupes non rentables sont exclus du marché du travail, alors qu’un rythme de travail toujours plus
soutenu met en danger la santé et la capacité de travail de nombre de salariés. La destruction de l’environnement, principalement
dans les pays pauvres, s’accélère, quand des intérêts capitalistes puissants exploitent sans retenue les terres et les ressources naturelles.
Le système de valeurs du capitalisme a par ailleurs un impact sur une grande partie du débat public et de l’opinion, et cette
suprématie croissante sur la pensée vient conforter le pouvoir purement économique détenu par les intérêts financiers. Dans le code
de valeurs du capitalisme, ce qui est bon et souhaitable se mesure à l’aune de l’argent et de la réussite économique. Les valeurs
humaines comme la solidarité et la compassion sont dévoyées en calculs de rentabilité. La main d’œuvre est considérée comme un
produit de consommation. Les besoins des enfants, qui dépendent de contacts avec leurs parents, sont ignorés quand les entreprises
dictent leurs conditions aux employés. Le besoin naturel de communauté et d’appréciation que ressentent les individus fait l’objet
d’une exploitation commerciale méthodique. Les dommages qui s’en suivent sont aussi graves que ceux qui découlent de l’incapacité
du capitalisme à gérer les ressources économiques; le résultat est une société froide et brutale, sans confiance ni sentiment
communautaire.
La puissance renouvelée du capitalisme n’est pourtant pas le seul élément porteur de l’évolution. Les intérêts capitalistes dépendent
de leur environnement: de la réglementation et des infrastructures que des organes publics sont seuls à pouvoir mettre en place et
entretenir, des employés qui, par leur savoir-faire, assurent la production, et des consommateurs qui financent les coûts de la
production par leur demande. Cette dépendance a toujours existé, mais a tendance à se renforcer dans le nouveau système
économique. Ce dernier suppose des infrastructures développées et techniquement avancées qui ne peuvent être entretenues que par
la société, une main-d’œuvre aux compétences performantes et variées et une demande forte et croissante. Ces facteurs sont porteurs
d’un fort potentiel d’influence et de changement. La démocratie a créé des citoyens qui exigent un pouvoir de décision sur leur
propre existence et n’acceptent pas d’être dirigés par des intérêts soustraits à leur contrôle. Cette dimension, jointe à la force des
considérations démocratiques qui se sont imposées au fil des décennies, est en soi la plus solide des défenses contre le capitalisme,
qui prétend à un rôle dominant dans le développement social.