47
→ Conseil pharmaceutique: les bonnes questions à poser
de syndrome d’apnées du sommeil, élargissement
chirurgical des voies respiratoires).
Les mesures non médicamenteuses sont à privilégier, même
dans les insomnies consécutives à des troubles physiques ou
neurologiques en raison de leur bon rapport risque-bénéfice.
Lors d’insomnies secondaires, la maladie sous-jacente doit
être traitée. Selon des études, la thérapie comportementale
cognitive associée à un traitement médicamenteux pendant
6 semaines suivie d’une thérapie comportementale seule
pendant 6 mois serait la meilleure option pour traiter les
insomnies chroniques.
Thérapies non médicamenteuses
Les programmes de thérapie cognitive et comportementale
de groupe sont particulièrement efficaces. En règle générale,
ils comprennent:
• une psycho-éducation (informations sur le sommeil et
les troubles du sommeil)
• un contrôle du stimulus
• des règles d’hygiène du sommeil
• des techniques de relaxation
• une restriction du sommeil
• des techniques cognitives
Le pharmacien ne peut pas proposer au patient un pro-
gramme aussi complet, mais peut néanmoins lui transmettre
certaines règles importantes pour bien dormir:
• Introduire un «horaire de sommeil» régulier et s’y tenir,
même le week-end.
• Eviter les siestes durant la journée ou les limiter à
30minutes en début d’après-midi.
• Pratiquer une activité physique régulière (de préférence
le matin).
• Ne pas consommer d’alcool, de nicotine ni de caféine 4
à 6heures avant d’aller dormir et éviter les dîners co-
pieux juste avant le coucher.
• Eviter les activités stimulantes (sport, activité intellec-
tuelle, télévision, ordinateur, etc.) 1 à 2heures avant le
coucher.
• S’adonner 1 heure avant le coucher à une activité
agréable et relaxante (promenade, lecture, écouter de la
musique).
• Aller se coucher seulement quand on a sommeil même
si l’heure habituelle du coucher est déjà passée.
• Dormir dans un endroit sombre, calme et agréable.
• N’utiliser le lit que pour dormir (les activités sexuelles
sont la seule exception admise) et non pour lire ou regar-
der la télévision.
• Régler son réveil à l’avance sur une heure déterminée–
si possible toujours la même – indépendamment de
l’heure à laquelle on s’endort. Placer le réveil hors du
champ de vision.
• Si le sommeil ne vient pas dans les 15 à 20minutes, se
lever, aller s’installer dans une autre pièce et s’adonner
à une activité relaxante (ne pas manger, fumer ou boire
de café!) et ne retourner se coucher que quand le som-
meil vous gagne. Si nécessaire, recommencer l’opération.
• Oublier ses soucis en allant se coucher.
•
Prendre des tranquillisants aussi rarement que possible.
• Attention aux médicaments qui peuvent troubler le
sommeil.
Thérapie médicamenteuse
Les hypnotiques sont utilisés pour traiter les insomnies
sévères qui perturbent le fonctionnement diurne et seule-
ment après avoir épuisé toutes les possibilités de traitements
non médicamenteux. Il faut les prendre de préférence avant
minuit pour éviter les symptômes de «hangover».
Le domaine d’intervention du pharmacien se limite aux
antihistaminiques et aux produits phytothérapeutiques.
Antihistaminiques H1 (diphénhydramine, doxylamine)
La diphénhydramine et la doxylamine ont un effet rapide et
raccourcissent le délai d’endormissement. L’action de la di-
phénhydramine dure de 4 à 6heures, celle de la doxylamine
de 6 à 8heures. La diphénhydramine semble avoir une effi-
cacité similaire à celle des benzodiazépines ou de leurs
analogues. Des effets indésirables anti-cholinergiques
peuvent survenir occasionnellement (constipation, rétention
d’urine, agitation, trouble de la conscience avec obnubila-
tions, somnolence diurne, sécheresse de la bouche, troubles
visuels). Les antihistaminiques doivent donc être utilisés
avec prudence, en particulier chez les personnes âgées, en
respectant les contre-indications. Lors d’une utilisation
conforme, le risque de dépendance est minime. Des cas
d’abus ont été rapportés chez des adolescents sous diphén-
hydramine. Etant donné le développement rapide d’une tolé-
rance, les antihistaminiques ne doivent pas être pris pendant
plus de 2semaines. Il est également conseillé de faire une
pause d’un jour tous les trois jours.
Produits phytothérapeutiques
Les préparations à base de plantes sont utilisées depuis
toujours pour traiter les insomnies bien que l’effet de la
plupart d’entre elles n’ait pas été cliniquement prouvé.
La valériane est la plante médicinale la mieux étudiée. Il
n’en reste pas moins de nombreux points à éclaircir. Son
effet sédatif serait dû aux dérivés de l’acide valérique que
l’on trouve dans les extraits hydro-alcooliques et aqueux
chauds. Les études sur son efficacité présentent des lacunes
qualitatives et arrivent à des résultats différents allant
d’inefficace à potentiellement efficace en passant par effica-
cité non concluante. L’effet maximal est obtenu après 1 à
2semaines de prise régulière. Contrairement aux benzodia-
zépines, la valériane peut être utilisée sous certaines condi-
tions en traitement de longue durée. Aux doses thérapeu-
tiques, elle est très bien tolérée, mais peut provoquer des
effets indésirables (p. ex. «hangover», symptômes de sevrage
après un traitement long à hautes doses, réaction paradoxale,
effet mutagène in vitro des valépotriates [molécules très
instables et mal résorbées] et des baldrinals). Par mesure de
sécurité, on peut conseiller des préparations sans valépo-
triates, comme de la tisane, des extraits aqueux ou faiblement
alcooliques (taux d’alcool < 30%).
02_pharma_Beratung_f.indd 47 09.11.12 13:21