Collusion et comportements dynamiques en oligopole : une synthèse
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arrangement institutionnel avec ses propres mécanismes de contrôle et de
sanction en cas de non respect par l’une des parties de ses obligations6.
Si les firmes détiennent de l’information privée sur leurs coûts ou sur les
conditions du marché, la recherche d’un accord optimal passe par la révélation de
cette information7. Toutefois, il existe toujours des contrats qui peuvent forcer les
firmes à révéler honnêtement cette information. Par exemple, Kihlstrom et Vives
[1992] examinent les allocations de production optimales dans un contexte
d’information asymétrique sur les coûts. Ils considèrent les contraintes
d’incitations et de participation que doit satisfaire l’accord selon que les firmes
ont la possibilité de se retirer ou non du cartel, une fois les coûts connus8.
Les problèmes informationnels d’une entente illégale :
Une entente illégale est confrontée aux mêmes problèmes qu’un cartel
légal, mais ne dispose pas des mêmes facilités pour les surmonter. Comme les
firmes doivent dissimuler et limiter leur concertation, pour ne pas attirer
l’attention des autorités concurrentielles, un mode de coordination organisé ou
explicite (sous la forme d’un cartel secret) apparaît très risqué. La convergence
vers un accord optimal est alors difficile surtout si les firmes disposent
d’informations privées. De plus, les firmes ne peuvent dissuader les déviations
que par des punitions de marché (c’est à dire par des guerre de prix) à la
différence d’un cartel légal qui peut recourir à des exclusions ou à des amendes.
6 En revanche, se pose la question de la stabilité interne et externe des cartels et de leur
robustesse aux déviations de coalition. Voir par exemple d’Aspremont, Gabszewicz, Jacquemin,
Weymark [1983] ou Donsimoni [1985].
7 En information complète, le seul problème peut venir d’une asymétrie dans les coûts.
Schmalensee [1987] donne quelques exemples de technologies d’accord de cartel pour surmonter
l’asymétrie de coûts : le partage des marchés par quotas ou par zone géographique, les paiements
compensatoires, la réduction proportionnelle de la production. Une fois la technologie choisie,
Schmalensee énumère quelques solutions conceptuelles (dont celle de Nash et celle de Kalai-
Smorodinski) permettant de choisir un point unique sur la frontière des profits (appelée la surface
de contrat). Dans la réalité, nous savons très peu de choses sur les raisons qui poussent les firmes
à converger vers un point d’accord plutôt qu’un autre et la question se pose de savoir si cette voie
de recherche doit être menée dans le cadre des jeux coopératifs de marchandage ou dans le cadre
des jeux répétés non-coopératifs.