Grande fatigue.
Impossibilité d’appuyer le dos et le crâne (côté gauche) donc impossibilité de
s’asseoir dans un fauteuil, de dormir sur le dos… (Voiture impossible).
Vertiges toute la journée si je dors sur le dos ou sur le côté gauche.
Sommeil difficile car impossible de me retourner et douleur derrière le crâne.
Sueurs nocturnes.
Impression de mal position (épaules rentrées tournées vers l’intérieur, tête qui
part en avant pieds écartés).
Parfois le soir (tard) difficultés à mâcher, déglutir et même parler ainsi qu’à
fixer.
Je tenais à vous informer de nouveaux symptômes et de l’augmentation de
la douleur car la vie devient insupportable, la vie sociale quasi inexistante et je
me sens très isolée et incomprise par mon entourage.
Sincères salutations,
Madame X »
Cette lettre est présentée par un médecin lors d’une réunion
pluridisciplinaire de discussion de dossiers. Il avait reçu la patiente en
consultation quelques jours auparavant. Elle lui avait été adressée par son médecin
généraliste pour un avis sur la prise en charge de la douleur. En effet, la patiente,
malgré tout ce que ce médecin lui avait proposé, continuait à se plaindre de ses
douleurs et il ne savait que faire.
Pendant la lecture de cette longue description, les professionnels écoutent
attentivement. Peu à peu, ils commencent à s’agiter sur leur chaise, ils se mettent
à sourire, à échanger des regards. La lecture terminée, les commentaires et les
plaisanteries fusent : « Elle est complètement psy ! », « Elle est grave ! », « C’est
complètement incohérent ce qu’elle raconte ». Ce n’est que dans un deuxième
temps que les échanges se recentreront sur l’analyse de la situation, lorsque
quelqu’un fera remarquer que cette patiente est en souffrance.