réalités en rhumatologie # 48_Octobre 2012
29
Dans certaines situations, il peut être jus-
tifié de prescrire des opioïdes forts dans
la douleur chronique en cure courte dans
les poussées douloureuses ou parfois au
long cours. Les indications concernent
le plus souvent des douleurs rebelles et
réfractaires aux prises en charge médi-
camenteuses et non médicamenteuses
recommandées dans la pathologie. Ces
indications sont reprises dans les recom-
mandations de Limoges mises à jour en
2011 [2, 3]. Par exemple, dans l’arthrose
de hanche et de genou, les opioïdes forts
peuvent être proposés après échec ou
insuffisance d’action des traitements
habituellement recommandés, ou lors
d’une contre-indication à la chirurgie ou
en attente de celle-ci. Cette prescription
doit être entourée de précautions et faire
notamment l’objet d’une surveillance
rigoureuse et régulière de son efficacité
avec des objectifs pré-établis précis,
mais aussi de ses effets indésirables. La
recherche d’un mésusage ou de signes de
dépendance doit être systématique.
Enfin, les techniques antalgiques non médicamenteuses font
partie de la prise en charge globale des douleurs rhumatolo-
giques et peuvent permettre de limiter les doses de médica-
ment : kinésithérapie, balnéothérapie, TENS endorphinique,
techniques cognitivo-comportementales, acupuncture, etc. Il
ne faut pas non plus oublier de traiter une éventuelle compo-
sante neuropathique par les traitements recommandés (cf. cha-
pitre sur le clonazépam).
[
Comment remplacer le clonazépam
en consultation ?
Il est nécessaire, dans un premier temps, d’évaluer la douleur,
sa prise en charge thérapeutique et les attentes du patient. Les
difficultés de sevrage doivent être anticipées en recherchant
notamment des signes de dépendance, des troubles psychia-
triques associés (troubles anxieux et/ou dépressifs) qui devront
être pris en charge avant d’entreprendre l’arrêt.
1. Comment arrêter le clonazépam ?
Selon les recommandations de l’ANSM, il doit être arrêté de
façon très progressive, sur une durée variant de 4 à 10 semaines,
en fonction de la dose [4]. Mais cet arrêt peut être prolongé
davantage, sur plusieurs mois. Le passage de la forme cp (cp
les opioïdes faibles, les AINS étant plutôt réservés aux pous-
sées douloureuses inflammatoires, en cure courte, en raison de
leur effets indésirables digestifs, cardiovasculaires et rénaux au
long cours [1] (fig. 1). Cependant, les opioïdes faibles, même
à dose optimale, ne sont pas toujours suffisants et ne sont pas
dénués d’effets indésirables. En effet, 10 à 15 % de la popu-
lation ne possède pas l’équipement enzymatique (CYP2D6)
nécessaire à la transformation de la codéine et à son efficacité
antalgique.
Chez les métaboliseurs lents, le tramadol peut également
avoir un effet opioïde aboli et un effet monoaminergique
amplifié générant des effets indésirables. En termes d’effets
indésirables, ils peuvent être responsables de somnolence,
de constipation, de nausées, de dysurie et de dépendance,
notamment le tramadol.
Il est possible d’utiliser le néfopam (Acupan), antalgique d’ac-
tion centrale non opiacé, dont la forme parentérale est uti-
lisée par voie orale, sans dépasser 120 mg/j et en respectant
les contre-indications (troubles prostatiques et glaucome à
angle fermé en raison des effets anticholinergiques, épilep-
sie). L’avantage est qu’il peut être associé au paracétamol et
aux opioïdes faibles et forts.
Evaluation de la douleur
(intensité, étiologie…)
Bilan des traitements pris
Douleur aiguë nociceptive Douleur chronique récurrente
avec composante nociceptive
Douleur légère à modérée
Paracétamol à dose optimale
(500 mg ou 1g par prise,
max 3 ou 4 par jour)
Douleur contrôlée avec 2 à 4 gélules
par jour de DXP/P ou DXP/P/C :
– Paracétamol à dose optimale (500 mg ou 1g
par prise, max 3 ou 4 par jour)
– Efficacité insuffisante : antalgique de palier II
à dose faible avec titration progressive
Douleur contrôlée avec une posologie
supérieure à 4 gélules par jour
de DXP/P ou DXP/P/C :
– Antalgique de palier II à dose moyenne,
avec ou sans complément de paracétamol
sans dépasser une dose totale de 3 ou 4 g
de paracétamol par jour
– Réévaluation après 1 semaine : augmenter
progressivement la dose de l’antalgique
de palier II et diminuer la dose du complément
de paracétamol en conséquence
Douleur modérée à intense
AINS à dose antalgique en cure courte
OU
Antalgique de palier II
Douleur intense
Antalgique de palier II
OU
Antalgique de palier III
si douleur très intense
Fig. 1 : Prise en charge des douleurs de l’adulte modérées à intenses, tiré de [1].