phénoménologie de l’activité humaine, et sur leur contribution à une épistémologie générale
enactive, en particulier à la précision et à la discussion de l’abduction, de la déduction et de
l’induction comme catégories phénoménologiques de l’activité humaine et comme principes
épistémologiques, donc aussi à la lecture critique des écrits de C.S. Peirce en matière de sous-
catégories de l’Interprétant, d’épistémologie et d’ontologie empiriques et mathématiques. Il
devait aussi compléter la discussion des débats épistémologiques et ontologiques du siècle
dernier. En les réduisant à deux auteurs, I. Lakatos et A. Koyré, j’avais donné le monopole à
la construction, insisté sur la nécessaire sortie des seules sciences physiques et
mathématiques, mais aussi amputé d’éléments importants la partie scientifique de cette
construction, alors même qu’une lecture critique de l’ensemble de la littérature
épistémologique, en particulier de la "logique de la découverte scientifique" de K. Popper, de
l’"empirisme logique" (ou "positivisme logique"), de la "philosophie du langage ordinaire" et
de l’"épistémologie génétique" de J. Piaget, avait constamment accompagné le
développement des programmes de recherche empirique et technologique ‘cours d’action’ et
leur séparation d’avec les programmes de recherche cognitivistes. Il s’agit donc de compléter
Theureau (2009), donc les trois précédents nouveaux essais de méthode réfléchie, dans
lesquels j’ai seulement ajouté des débats épistémologiques associés à la linguistique et à
l’anthropologie structurale, ainsi qu’aux fondements des mathématiques.
Évidemment, depuis la rédaction de Theureau (2009), mes idées sur ce troisième chapitre
supprimé ont évolué. Je me suis aperçu : (1) que la contribution des sous-catégories de
l’Interprétant (I et I*) à une épistémologie générale enactive obligeait à revenir sur la façon
dont j’avais construit certaines d’entre elles, donc sur la phénoménologie de l’activité
humaine et la Partie I ; (2) que l’exposé prévu de certains des débats épistémologiques qui
m’avaient accompagné n’avait plus grand intérêt aujourd’hui, mais que, par contre, (3)
j’aurais dû considérer les diverses classifications des sciences qui ont traduit les conceptions
passées d’une épistémologie générale, car elles éclairent les éléments d’épistémologie
générale enactive que j’ai proposés et participent à la mise à l’épreuve de leur fécondité. De
plus, vient de paraitre l’ouvrage de M. Bitbol (2010), qui, à partir de questions relatives à la
Mécanique quantique, propose de combiner une épistémologie inspirée de Nagarjuna,
l’initiateur mythique de l’École bouddhiste de la Voie du Milieu (Madhyamika), tout
particulièrement mis en avant par F. Varela, avec un lecture critique personnelle de
l’épistémologie scientifique. La combinaison de proximité et de distance qu’une
épistémologie générale enactive entretient avec cet ouvrage est éclairante. Pour la préciser, je
devrai extraire quelques éléments de mon dossier sur le Bouddhisme.
Je reviendrai d’abord sur les sous-catégories de l’Interprétant et la relation qu’entretient avec
elles l’épistémologie enactive, ainsi que sur ce qu’elles doivent à C.S. Peirce, même si ce
dernier, du fait de son attachement à Aristote, n’a pas thématisé une telle épistémologie. Cette
discussion sera relativement technique et nécessitera une connaissance minimale de la
phénoménologie de l’activité humaine développée dans le cadre du programme de recherche
‘cours d’action’ (voir Theureau, 2006). Elle sera poursuivie par des apports épistémologiques
d’accès plus direct, à partir des œuvres de N.R. Hanson et R. Descartes. Je considérerai
l’ouvrage de Hanson (1958), qui a été le premier à formuler la distinction entre "sciences de
recherche" et "systèmes scientifiques achevés", sur lesquelles peuvent à bon droit porter
respectivement sur une telle épistémologie et sur une épistémologie externe de l’après coup,
descriptive comme normative. J’en profiterai pour revenir sur l’œuvre de R. Descartes et
caractériser de façon synthétique la rationalité qui est en jeu dans une telle épistémologie. Ces