On pourrait avancer que le terme « insuffisance car-
diaque » a desservi les médecins étant donné qu’ils se sont
orientés sur le traitement des patients à un stade avancé de
l’insuffisance cardiaque congestive et non des patients
présentant une dysfonction cardiaque asymptomatique,
pouvant être un signe avant-coureur d’insuffisance cardiaque
congestive, et sur la prévention de sa progression.
Stratégies thérapeutiques
L’insuffisance cardiaque est un syndrome courant qui,
même dans sa forme la plus bénigne, entraîne un pronostic
défavorable. Contrairement aux autres maladies cardio-vas-
culaires, la prévalence de l’insuffisance cardiaque congestive
augmente. Par conséquent, il serait raisonnable de supposer
qu’une amélioration des stratégies thérapeutiques béné-
ficierait tant aux patients qu’au régime de soins de santé.
Des études ont démontré que la détérioration de la mal-
adie et les réhospitalisations sont souvent dues à la mécon-
naissance des patients des divers facteurs liés à leur maladie.
Des exemples de ces facteurs comprennent la non-obser-
vance du traitement ou du régime alimentaire, l’influence de
facteurs environnementaux et l’impact du stress émotionnel
sur les symptômes de la maladie cardio-vasculaire.
Les efforts en matière d’éducation doivent être dirigés
non seulement sur les patients et leur famille, mais également
sur les prestateurs des soins de santé, car l’insuffisance car-
diaque congestive est un syndrome, en particulier au stade
précoce, qui peut être difficile à diagnostiquer. Son diagnos-
tic est souvent fondé sur des renseignements insuffisants. À
l’avenir, il sera important de coordonner les efforts des spé-
cialistes hospitaliers et des omnipraticiens afin d’établir des
méthodes précises de diagnostic de l’insuffisance cardiaque
congestive sur la base d’étiologies particulières dans la popu-
lation à risque.
En outre, les stratégies thérapeutiques doivent être
conçues de façon à répondre aux besoins particuliers des
patients. La prévention de la coronaropathie, le traitement de
la valvulopathie et un traitement plus dynamique de l’hyper-
tension sont des mesures qui peuvent prévenir la progression
de la dysfonction du VG et les manifestations de l’insuffisance
cardiaque congestive. En outre, les améliorations dans le
traitement pharmacologique de cette affection, documentées
dans les études cliniques à grande échelle, doivent se refléter
dans la modification appropriée de la pratique clinique.
Conclusion
Le traitement traditionnel et actuel de l’insuffisance car-
diaque congestive comprend la prévention des événements
coronariens ou de la progression des lésions du myocarde, le
soulagement des symptômes d’oedème pulmonaire ou
périphérique à l’aide de diurétiques et l’usage de médica-
ments efficaces connus pour réduire le risque de mortalité.
De récentes études ont démontré que les ß-bloquants et
les inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine II peuvent
jouer un rôle important dans le traitement de l’insuffisance
cardiaque congestive. D’autres démarches actuellement en
cours d’investigation sont l’usage des inhibiteurs des récep-
teurs de l’endothéline, les inhibiteurs de la peptidase, qui
augmentent le taux plasmatique, et les peptides natriuré-
tiques. D’autres interventions telles que la cardiomyoplastie,
l’intervention de Batista (réduction du volume ventriculaire)
et l’usage de défibrillateurs internes nécessitent que l’on
effectue plusieurs autres études et ils ne peuvent être encore
considérés comme des traitements standard.
Une meilleure compréhension de l’insuffisance car-
diaque congestive entraînera l’élaboration de nouvelles idées
sur ces traitements potentiels. À l’avenir, par exemple, les
médecins pourront intervenir à l’aide de médicaments qui
inhibent les cytokines ou l’inflammation de faible degré, d’a-
gents qui favorisent ou inhibent la croissance cellulaire pour
maîtriser et modifier l’hypertrophie et du transfert génique
pour promouvoir la croissance cellulaire et l’angiogenèse.
D’autres possibilités intéressantes telles que le traitement
génique, la modification de l’apoptose et la transplantation
cellulaire au moyen de myocytes cultivés ex vivo pourront
introduire une nouvelle ère dans le traitement de l’insuffi-
sance cardiaque congestive.
À mesure que les horizons thérapeutiques s’élargissent, il
semble évident que tous les traitements ne seront pas appro-
priés chez tous les patients et qu’il sera nécessaire d’identifier
différents groupes de patients selon la physiopathologie ou la
pathogenèse de l’insuffisance cardiaque congestive afin de
sélectionner l’intervention la plus appropriée.
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