l’ensemble des pays. L’influence européenne semble dès lors se jouer davantage au
travers de l’adhésion extérieure à son modèle (Fukuyama, 2004), par l’intégration à
son projet (l’élargissement et les procédures de candidature) que par l’affirmation et
la diffusion volontaristes de sa cause et de ses idées. En ce sens elle ne joue pas un
rôle hégémonique comme les Etats Unis ont pu le faire dans le passé en négociant des
principes acceptables sous conditions - elle en vient plutôt, ou se résout, à compter
sur les effets d’entraînement de son modèle.
3. La transition que l’on observe dans la définition du projet politique de l’Union et
celle dans laquelle se trouve la gouvernance des questions globales sont
concomitantes. Demain, elles resteront liées : le dessin de la future gouvernance
mondiale dépendra de la capacité de l’Union à accorder – ce qu’elle a réussi à faire
jusque là – son projet politique interne et son projet pour le monde ; à l’inverse, la
future gouvernance mondiale aura vraisemblablement des conséquences très lourdes
sur l’organisation de l’espace politique interne de l’Union. L’Europe modèlera la
gouvernance mondiale autant que la gouvernance mondiale modèlera le projet
européen.
4. Quelles sont dans ces conditions les options de gouvernance à la disposition de
l’Union? En nous limitant à une question globale particulière qui est celle du
changement climatique, deux pistes au moins semblent se dégager ; polémiques, elles
sont ici simplement esquissées. La première consiste à lier entre elles les négociations
portant chacune sur un « sujet » ou « problème » différent (en anglais, issue linking) –
plus spécifiquement, à lier la négociation « commerce » et la négociation « climat ».
La seconde privilégie la création d’accords par « clubs » autours des questions
globales, en lieu et place des accords multilatéraux que l’on a pu connaître dans les
années 1990 en matière de commerce et de climat précisément.
II. Lier les problèmes et les négociations au sein d’accords globaux
5. L’option consistant à lier les négociations commerciales et celles portant sur le
changement climatique a suscité en 2007 de nombreuses contributions, personnelles
dans un premier temps, plus institutionnelles ensuite. Ainsi en écho à la proposition
de Joseph Stiglitz (2007), puis à celle de Nicholas Stern et Laurence Tubiana (2007),
la Banque Mondiale (2007) a-t-elle à son tour publié un rapport sur les moyens
d’utiliser les réformes des politiques commerciales comme levier des négociations sur
l’environnement global.
6. Pour autant, le débat ne s’est pas cantonné aux sphères académiques. En Europe,
les entreprises soumise au système de marché de permis d’émission (European Union
Emissions Trading Scheme ou EU ETS) « internalisent » le prix du carbone dans
leurs coûts de production, à la différence des entreprises implantées à l’extérieur de
l’Europe. L’idée d’un mécanisme d’ajustement aux frontières ou “taxe carbone”
(border tax adjustment ou BTA) venant en secours des entreprises soumises au
marché de permis d’émission est en discussion au sein de la Commission depuis deux
ans, sans qu’un consensus se dégage sur la pertinence de son application (Mandelson,
2006). Lors de sa visite officielle en Chine le 27 novembre 2007, le Président