M/S n° 8-9, vol. 23, août-septembre 2007 727
SYNTHÈSE REVUES
ainsi qu’une œsophagite à Candida ont été observées
chez les patients co-infectés VIH/VHC. Il n’y a pas
d’éléments dans notre série ou dans celles de la lit-
térature pour suggérer une accélération de la maladie
VIH après la transplantation hépatique [15, 16]. Le
chiffre absolu de CD4 reste stable ou augmente après
la transplantation.
La survie post-greffe
Dans l’expérience nord-américaine rapportée récem-
ment, la survie, bien qu’inférieure, n’était pas signi-
ficativement différente chez les patients co-infectés
transplantés et chez les patients infectés VHC sans
infection VIH transplantés pour cirrhose virale C ; la
survie à 1 an, 3 ans et 5 ans était de 67 %, 56 % et de
33 % (p = 0,07) dans le groupe co-infecté et de 76 %,
72 % et de 72 % dans le groupe mono-infecté [25].
Dans une étude menée par le même groupe, la survie
était influencée par la toxicité des antirétroviraux, un
taux de CD4 après greffe inférieur à 200 cellules/μl et
une charge virale VIH post-transplantation supérieure à
400 copies/ml [26].
Dans notre expérience, la survie des patients co-infec-
tés VIH/VHC à 2 ans est de 70 % et le seul facteur pro-
nostic influençant la survie est le score MELD calculé
avant greffe (Figure 3).
La survie après greffe des patients co-infectés VIH/
VHB est de 100 % à 2 ans ce qui confirme que ce type
de transplantation donne des résultats équivalents
à la transplantation chez les patients mono-infectés
VHB.
Conclusions
La transplantation hépatique des malades infectés
par le VIH pose un problème de fond car il s’agit
d’une indication nouvelle dans un contexte de pénurie
d’organes. Nous avons lancé l’expérience dans notre
centre depuis plus de 5 ans avec près de 50 patients
transplantés depuis cette date. Il s’agit d’une expé-
rience difficile qui ne peut être menée que grâce à
une collaboration très étroite entre hépatologues,
chirurgiens, infectiologues, internistes, virologues,
immunologistes et anatomo-pathologistes. Il s’agit
d’un progrès médical considérable ; si des problèmes
importants subsistent, comme la sévérité de l’infec-
tion virale C sur le greffon, les résultats positifs obte-
nus nous incitent à développer ce programme. Une
meilleure gestion des antirétroviraux, et l’avènement
d’une nouvelle génération de traitements antiviraux
contre l’hépatite C permettront d’améliorer significa-
tivement les résultats. ‡
SUMMARY
Liver transplantation for patients infected
with both HIV and HCV or HIV and HBV
Human immunodeficiency virus infection (HIV) has been considered
until recently as a contraindication for liver transplantation. This was
due to the poor spontaneous prognosis of HIV infection. The advent
of highly active antiretroviral drugs (HAART) was a therapeutic
breakthrough, and the prognosis has been dramatically improved.
30 % and 10 % of HIV infected patients are coinfected with hepatitis
C virus (HCV) and with hepatitis B virus (HBV), respectively. The pro-
gression of chronic hepatitis B and C seems more rapid in coinfected
patients, and a high number of patients will develop life-threatening
liver cirrhosis. There are numerous potential problems raised by liver
transplantation in HIV infected patients: (1) the potential risk of
needlestick injury during this type of hemorrhagic surgery at high risk
of bleeding ; (2) the timing for liver transplantation ; (3) the risk of
interference between HAART and calcineurin inhibitors ; (4) The risk
of HBV and HCV recurrence post-transplant. Since 1999, a program of
liver transplantation has been started in patients coinfected with HIV
and HBV or HCV with the support of the Agence Nationale de Recherche
contre le Sida et les Hépatites virales (ANRS). The first results showed
that liver transplantation in HIV-HCV and HIV-HBV infected patients
is feasible, achieving 2-year survival of 70 % and 100 %, respecti-
vely. There was no acceleration of HIV disease after transplantation.
HBV recurrence was well prevented by the combination of anti-HBs
immunoglobulins plus nucleoside and nucleotide analogues effective
against HBV. The main problem is HCV recurrence, which is more rapid
and more severe in HIV coinfected patients than in HCV monoinfected
patients. Understanding HCV recurrence mechanisms, and preventing
and treating of HCV recurrence are major future challenges. ‡
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient les docteurs Daniel Azoulay, René Adam, Henri Bismuth,
Denis Castaing, Cyrille Feray, Bruno Roche, Philippe Ichai, Faouzi Saliba, Thérésa
Antonini, Eric Vibert, Luc Antoine Veilhan, Paola Andreani, Anne Marie Roque-
Afonso, Elisabeth Dussaix, Mylène Sebagh, Marie-Pierre Bralet, Catherine
Guettier, Colette Danet, Elisabeth Pasdeloup, Catherine Tanguy, Gael Berthelot
ainsi que l’ensemble des médecins qui ont adressé les patients vers notre centre
pour leur précieuse collaboration.
RÉFÉRENCES
1. Benhamou Y, Bochet M, Di Martino V, et al. Liver fibrosis progression in human
immunodeficiency virus and hepatitis C virus coinfected patients. The Multivirc group.
Hepatology 1999 ; 30 : 1054-8.
2. Soto B, Sanchez-Quijano A, Rodrigo L, et al. Human immunodeficiency virus infection
modifies the natural history of chronic parentarally-acquired hepatitis C with an unusually
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3. Di Martino V, Ruffat P, Boyer N, et al. The influence of human immunodeficiency virus co-
infection on chronic hepatitis C in injection drug users: a long-term retrospective cohort
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4. Pol S, Lamorthe B, Trinh Thi N, et al. Retrospective analysis of the impact of HIV infection and
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28 : 945-50.
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