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RAPPORT D’ETUDE – Septembre 2013 – N°5
p. 4 Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : spécificités de 23 métiers en première ligne
RÉSUMÉ
L’analyse des métiers du « premier cercle » de professionnels intervenant auprès de la personne atteinte
de la maladie d’Alzheimer, de leur complémentarité et de leur coordination, leurs questionnements
éthiques liés à la prise en charge et à l’accompagnement de personnes présentant des troubles cognitifs
et des troubles du comportement sont des sujets d’investigation prioritaire de la Fondation Médéric
Alzheimer. Le présent rapport, synthèse des différents travaux de la Fondation sur les métiers depuis
2009, a pour but d’éclairer la réflexion des organismes professionnels et des instances politiques, tout en
faisant entendre à la fois la voix des professionnels du terrain et celle des institutions qui les
représentent. Les informations présentées dans ce rapport proviennent de deux sources distinctes :
d’une part, une enquête qualitative spécifique aux métiers, menée en 2011-2012 sous forme de
quarante-six entretiens en face à face avec des professionnels du sanitaire, du social et du
médicosocial ; d’autre part, des compléments d’analyse extraits d’enquêtes menées par l’Observatoire
de la Fondation Médéric Alzheimer depuis 2009, sur plusieurs métiers intervenant dans la prise en charge
et l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (médecins généralistes,
médecins coordonnateurs, ergothérapeutes, orthophonistes, psychomotriciens, psychologues).
La Fondation a identifié vingt-trois métiers de première ligne, dont les fonctions sont liées d’une part au
repérage et au diagnostic, à l’évaluation et à la prise en charge de la maladie d’Alzheimer ou d’une
maladie apparentée ; d’autre part à l’accompagnement et à l’animation ; et enfin à la réhabilitation, à
la rééducation et au maintien de l’autonomie physique. L’analyse fait émerger de nombreux
thèmes communs à la majorité des professionnels : l’insuffisance de la formation, des conditions et un
environnement de travail à améliorer, la gestion des situations au quotidien, des relations parfois
difficiles avec les familles et avec les bénévoles, les collaborations avec les autres professionnels, la
place de la technologie, les questionnements éthiques lorsque les professionnels sont confrontés à des
dilemmes dans leur pratique. Mais la prise en charge de la maladie d’Alzheimer peut aussi être source de
satisfaction pour les professionnels, dès lors qu’ils ont le sentiment d’être utiles aux personnes malades
et aux familles, et soutenus par leur encadrement. Comment les professionnels interrogés envisagent-ils
l’avenir de leur métier ? Optimistes ou pessimistes, nombre d’entre eux se placent dans une perspective
de professionnalisation accrue, et souhaitent une meilleure coordination inter-métiers pour gérer des
situations qui peuvent devenir complexes.
Un métier se définit par un savoir et un savoir-faire spécifiques. A ces deux types de compétences se
rajoute, pour le professionnel, le savoir-être. En général, les professionnels interrogés estiment que leur
formation initiale n’est pas toujours adaptée aux besoins des personnes atteintes de la maladie
d’Alzheimer. La demande en connaissance, et donc en formations sur la maladie d’Alzheimer est la plus
importante chez les professionnels du social, et la plus faible chez les professionnels du sanitaire qui
sont détenteurs de ce savoir et dont les connaissances sont plus facilement actualisées. À l’inverse, ces
derniers sont très demandeurs de savoir-faire. Mais tous partagent le même besoin de savoir-être : dans
ce contexte spécifique, il importe d’avoir les bons mots et les justes attitudes.
Les professionnels expliquent la carence de collaboration et de coordination par une organisation des
métiers en secteurs d'activité (sanitaire, social, médico-social), qui obéissent à des logiques différentes
de formation, d’objectifs et de financement, et par une méconnaissance de l’existence de certains
métiers par les professions prescriptrices. Les recommandations de bonnes pratiques n’illustrent pas
encore cette collaboration par des protocoles ou des procédures précises. Le non-remboursement de
certaines interventions de professionnels exerçant en libéral (ergothérapeute, psychologue...) constitue
un frein supplémentaire à leur sollicitation. D’une manière générale, ce que les professionnels décrient,
c’est l’absence de vision ou de régulation globale et concertée des différents métiers par les pouvoirs
publics.
Les professionnels confrontés à des personnes présentant des maladies chroniques doivent se placer dans
une dynamique positive. C’est en prenant appui sur les compétences restantes, plutôt que sur les
déficiences, qu’il sera possible de préserver l’autonomie, voire même de compenser certains déficits,
par une prise en charge adaptée pouvant faire appel, dans certains cas, à des thérapeutiques non
médicamenteuses.