UN PANCREAS ARTIFICIEL POUR LA PRODUCTION ENDOGENE ET REGULEE
D’INSULINE
Dans un premier temps, des pompes automatiques d’administration d’insuline ou de
dérivés plus actifs, équipés de biocapteurs spécifiques, remplaceront les injections d’insuline
et pallieront les insuffisances du pancréas endocrine dont les cellules B sont détruites ou
insuffisamment actives. Ces dispositifs pourront ajuster en permanence la concentration en
glucose plasmatique en libérant la quantité appropriée d’insuline. Ces appareils pourront être
implantés (se posera alors le problème de la recharge en insuline) ou fixés sur la peau.
Un implant idéal contiendrait des cellules insulaires saines protégées des réactions
immunes de l’organisme. Cependant, même avec des implants à longue durée de vie, on se
retrouve confronté à la difficulté d’approvisionnement en cellules saines. Le déséquilibre entre
la demande en tissu pancréatique humain et la quantité de tissu disponible peut être
contourné: soit par l’utilisation d’animaux transgéniques produisant des îlots xénobiotiques
mais tolérés soit par la maîtrise de la différenciation en cellules endocrines de cellules
embryonnaires humaines ou rendues “humaines” par transgenèse.
Les expérimentations actuelles de greffe xénobiotique butent sur les problèmes du
rejet et de l’efficacité du greffon. Les îlots porcins injectés dans la veine porte (et s’installant
dans le foie) ou implantés dans la capsule rénale sont fonctionnels mais se révèlent
incapables de corriger le métabolisme du glucose. L’implantation d’îlots adultes permet une
production immédiate d’insuline, contrairement à l’injection de cellules foetales. Le contrôle du
rejet impose une thérapie lourde (les meilleurs résultats ont été obtenus avec une
combinaison de trois molécules: cyclosporine, leflunomide et mofetil mycophénolate).
L’utilisation de membranes poreuses permettant le passage des nutriments et de l’O2 mais
isolant des cellules encapsulées des molécules du système immunitaire constitue une autre
voie pour éviter le rejet. La tolérance du matériau isolant et la viabilité des cellules du greffon
restent cependant à caractériser. Il est possible d’introduire des cellules B fonctionnelles dans
des membranes biodégradables. Ces “capsules” peuvent être injectées sous la peau ou
dans la cavité abdominale (1g de cellules B porcines permettant de suppléer le déficit de
production d’insuline chez un diabétique de type 1). Ainsi, des cellules B de vaches sont
restées actives chez des chiens pendant 6 semaines. Des études préliminaires sur d’autres
animaux ont établis que les cellules encapsulées peuvent survivre quelques mois. On peut
cependant envisager un remplacement périodique des cellules du greffon qui ne seraient plus
assez efficaces. Des souches cellulaires modifiées génétiquement de façon à moins exprimer
leurs antigènes de surface permettraient aussi de diminuer le phénomène de rejet. Bien que
ces techniques soient surtout utilisées dans le but de corriger de diabète ID, elles pourraient
également mener à la restauration de l’insulino-sécrétion dans le diabète NID. Néanmoins, il
semble bien que pour le fonctionnement et surtout la prolifération des cellules endocrines
pancréatiques, l’environnement cellulaire et extracellulaire soit d’une extrême
importance. Les multiples liens structuraux et fonctionnels existant entre cellules endocrines et
exocrines pancréatiques, ainsi que le rôle fondamental de la matrice extracellulaire, peuvent
expliquer les difficultés à obtenir par greffe une correction de l’état diabétique NID dans lequel
il ne faut pas seulement restaurer une population cellulaire mais rétablir les communications
entre plusieurs tissus. Le principal problème est de s’assurer de la viabilité à long terme des
cellules greffées, qui se révèle généralement très insuffisante.