NOV 13 Mensuel OJD : 88492 Surface approx. (cm²) : 2422 N° de page : 98-102 Page 1/5 Décryptage ENQUÊTE Troubles psy en entreprise : STIMULUS 2869497300509/XHM/OTO/3 Eléments de recherche : Toutes citations : - STIMULUS : cabinet de conseil spécialisé dans le bien-être et la qualité de vie au travail - DOCTEUR PATRICK LEGERON : psychiatre et autres fonctions NOV 13 Mensuel OJD : 88492 Surface approx. (cm²) : 2422 N° de page : 98-102 Page 2/5 le grand tabou français Les troubles de la personnalité explosent dans les sociétés modernes. Un phénomène qui retentit et s'exacerbe même dans les entreprises, lieux de socialisation privilégiés. Mais, en France, le déni prime encore... D 30% ment exposées. L'autre grand facteur serait es personnalités excessives, d'ordre économique. Crise, mondialisation, nous en côtoyons tous et fragilité de lemploi, sentiment accru d'insénous nous en arrangeons peu ou prou. Mais quand le de la population curité alimentent un climat anxiogène dont trait de caractère s'hypertro- souffrirait de troubles les effets sur le mental sont beaucoup plus phie, quand le manipulateur devient per- de la personnalité profonds qu'on ne l'imagine. Car s'il est un facteur que notre psychisme redoute, c'est vers, l'anxieux paranoïaque, le séducteur le changement. A tel point que tout individu hystérique, le cyclothymique bipolaire, on à peu près adapté peut basculer - momenentre dans une autre dimension, celle du tanément ou définitivement- sous leffet de trouble de la personnalité et de la maladie changements majeurs. «Nous ne voulons psychique. Une réalité qui, depuis ses qu'une chose, c'est persévérer dans notre formes les plus atténuées jusqu'aux suicides symptômes les plus critiques, toucherait seraient directement équilibre, tel qu'il s'est construit au fil des de 20 à 30% de la population. liés au travail chaque ans, analyse Marie-José Lacroix. Toute rupPlus préoccupant encore : ces pathoannée en France ture génère une frustration contre laquelle nous déclenchons des mécanismes de délogies psychiques seraient en nette augmentation dans les sociétés modernes. fense dont l'intensité croît à mesure que notre tolérance au changement diminue.» Selon l'Organisation mondiale de la santé, Qu'ils affectent le comportement, l'huen 2020, elles devraient même devenir meur, la pensée, la perception ou les émole premier vecteur de morbidité dans des patrons seraient les pays industrialisés, prenant le pas sur tions, les troubles de la personnalité sont psychopathes, les maladies cardio-vasculaires. «Cette un taux quatre fois donc toujours l'expression exacerbée de augmentation concerne en particulier les plus élevé que dans le nos défenses psychiques face à un chantroubles "borderline", ces états limites reste de la population gement. L'élément déclencheur peut être entre le normal et le pathologique, que d'origine personnelle ou professionnelle, nous avons encore du mal à qualifier, à diagnosti- affective ou relationnelle. Il peut produire son effet quer et à soigner», explique Julien-Daniel Guelfi, de manière soudaine ou progressive, spectaculaire professeur de psychiatrie à l'université de Paris-V ou anodine. Mais il a toutes les chances de réveiller et psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne. un terrain favorable, généralement structure dès Pour expliquer cette augmentation des perturba- l'enfance ou l'adolescence. «Le facteur identifié \ lions mentales, les psychiatres désignent un premier comme déclencheur est en fait rarement le premier. I coupable : le délitement des repères sociaux. Eclate- D'autres symptômes ont pu survenir auparavant, I ment de la cellule familiale, effritement de l'autorité mais ils sont passés inaperçus ou ont été occultés par \ parentale, disparition des tabous, consécration de le sujet», précise Gisèle Birck, psychiatre. 5 l'enfant roi, montée en puissance de l'individualisme : Commercial dans le secteur immobilier, Hadrien I en quèlques décennies, ce qui structurait tant bien a ainsi accumulé les crises maniaques, et connu une i que mal les individus a volé en éclats. «Pour se cons- alternance de syndromes dépressifs et de phases I truire socialement, une personnalité a besoin de d'exaltation. «Sans le savoir, je suivais le parcoursI "contenants", c'est-à-dire d'éléments référents qui type du bipolaire, commente-t-il aujourd'hui. Il me = vont la "contenir". Faute de quoi, elle n'a plus de sou- fallait toujours plus, jusqu'à la démesure. Tant que ? pape, plus de limites, et c'est la porte ouverte au dé- j'étais surperformant, mes employeurs étaient ravis, l sordre psychique», explique Marie-José Lacroix, psy- mais à chaque rechute, je me retrouvais sur la î chosociologue et psychanalyste. Un phénomène touche.» Et puis un jour, c'est le burn-out. «C'était E auquel les plus jeunes générations sont particulière- une semaine avant mon mariage. J'ai dû prendre 400 25% STIMULUS 2869497300509/XHM/OTO/3 Eléments de recherche : Toutes citations : - STIMULUS : cabinet de conseil spécialisé dans le bien-être et la qualité de vie au travail - DOCTEUR PATRICK LEGERON : psychiatre et autres fonctions NOV 13 Mensuel OJD : 88492 Surface approx. (cm²) : 2422 N° de page : 98-102 Page 3/5 peur, realiser que je n'étais pas seul, que j'avais une compagne, une petite fille, qu'il fallait que cela cesse » Paradoxalement, la depression engendre souvent une reaction positive La souffrance devient telle que les personnes atteintes puisent dans ce qu'il leur reste de volonté pour tenter de se reprendre en main En commençant par mettre des mots sur leurs troubles «Tant qu'ils sont en forme', les rigides les agressifs, les paranoïaques sont incapables de recon naître que quelque chose ne va pas, résume Julien Daniel Guelfi C'est la depression qui les pousse a consulter Ils sont souvent armes d'un autodiagnos tic a côte de la plaque, car ils refusent d'admettre leur névrose ou leur psychose Maîs au moins, un pre mier pas est franchi » C'est souvent RH et managers démunis entre 20 face à la maladie psychique et 35 ans que se révèle un trouble, ce qui coïncide avec l'entrée dans le monde du travail La verbalisation est donc la condition sine qua non d'une possible amelioration «Le déni est intrinsèque a la maladie Et il est dautant plus difficile den sor tir qu'il est la plupart du temps conforte par le monde du travail», affirme Claire Hatala, sociologue, specialiste du handicap psychique dans les entre prises Ces dernieres n'étant qu un reflet de la societe, il ny a pas de raison qu'elles soient épargnées D au tant qu'elles seraient un lieu privilégie d'exacerbation, voire de déclenchement des déséquilibres La vague de suicides chez Renault et France Telecom a mis au jour le potentiel destructeur d organisations tendues vers des objectifs quantitatifs D'après le Conseil economique, social et environnemental, on recense chaque annee en France 400 suicides directe ment lies au travail Et l'Institut national de prevention et d'éducation pour la sante (Inpes) pointe une augmentation des conduites addictives en entreprise elle serait de 10% pour la consommation d'alcool et de 13% pour celle de cannabis Les problèmes de sante mentale apparaissent aujourd'hui comme les principales causes de l'absentéisme de la perte d'emploi et des prises de retraite anticipées Pourtant, quand la Grande Bretagne débloque 950 millions d'euros sur trois ans pour Ie traitement et la prevention des maladies mentales, lorsque le Quebec et les Etats Unis orchestrent des actions et des campagnes massives et récurrentes sur le sujet, la France - qui compte avec les Etats Unis le plus grand nombre de psychiatres par habitant au monde - se montre encore très en retrait La reconnaissance officielle du handicap psychique ne date chez nous que de 2005 ' Et il était temps, semble t il, car, depuis cette date, une personne sur trois reconnue handicapée l'est pour maladie psychique <Face aux problèmes psychiques les ressources humaines sont démunies, les medecins du travail considèrent STIMULUS 2869497300509/XHM/OTO/3 Patrick LÉGERON, psychiatre a I que ce nest pas de leur ressort, les managers et les collaborateurs sont dans la fuite Tout le monde a la trouille», résume Ricardo Croati, coach, president de France Training Le psychisme est la part la plus mystérieuse de l'individu et la psychiatrie le lieu de tous les fantasmes Si, a la faveur des progres therapeu tiques, la maladie mentale n'est plus punie d'enfermement elle reste souvent associée a la folie La symptomatologie particulièrement complexe du trouble psychique renforce cette mcomprehen sion Non seulement les conséquences sur les comportements sont tres variables, maîs un diagnostic peut fluctuer avec le temps et le sujet pas ser d'un trouble a l'autre, voire cumuler les pathologies «Même si Ie problème est identifie, il est difficile de prévoir les comportements futurs d'un individu donne», résume Gisèle Birck Une personne stabilisée peut aussi être confrontée a de nouvelles périodes de difficultés, qui se manifestent sous des formes parfois médites En fait, pour l'entreprise, un collaborateur de primé, colérique ou manipulateur est avant tout un salarie qui «y met de la mauvaise volonté» A lui de faire un effort, aux autres de s'adapter Bref, l'occultation a force de loi A tel point que même les sujets parfaitement conscients de leurs troubles déploient souvent des subterfuges épuisants pour ne rien en Eléments de recherche : Toutes citations : - STIMULUS : cabinet de conseil spécialisé dans le bien-être et la qualité de vie au travail - DOCTEUR PATRICK LEGERON : psychiatre et autres fonctions NOV 13 Mensuel OJD : 88492 Surface approx. (cm²) : 2422 N° de page : 98-102 Page 4/5 DU TROUBLE DE LA PERSONNALITE A LA PSYCHOSE V otre chef a un besoin démesuré de se faire mousser et adore parler de lui. Maîs il manque sérieusement d'empathie envers ses équipes.. Voilà des éléments typiques d'un tempérament narcissique. Votre comptable, tatillon et tres respectueux des règles, refuse, lui, tout desordre sur son bureau .. Des symptômes que partagent nombre d'obsessionnels. Comment distinguer un caractère "difficile" d'un individu souffrant d'un "trouble de la personnalité"7 ZONE GRISE. "Les troubles de la personnalité sont une amplification de certaines caractéristiques psychologiques d'un individu dit normal Dans ses versions patholo giques, cette exagération engendre des difficultés relationnelles permanentes qui provoquent la souffrance du sujet ou de son entourage", explique Patrick Legeron, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne et fondateur de Stimulus cabinet spécialisé dans la prévention du stress et des risques psychosociaux en entreprise. L'Association américaine de psychiatrie a recensé ces dysfonctionnements dans son "Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux" (DSM-5). Elle les classe en trois catégories les troubles excentriques (individu paranoïaque, schizoïde...), les difficultés émotionnelles, dramatiques (antisocial, histriomque, narcissique...) et les problèmes d'anxiété et de crainte (obsessionnel-compulsif, évitant .) Cette classification soulevé de vives controverses dans la communauté scientifique En fait, les troubles de la personnalité constituent une zone grise et mouvante, entre les personnes que la psychologie qualifie de "difficiles" et celles relevant plus classiquement de la psychiatrie PERTURBATION. Ce qui n'empêche pas les professionnels de la santé mentale de s'intéresser de plus en plus au phénomène Qu'ils perturbent le comportement (agitation, timidité, agressivité), l'humeur (exaltation, depression), la pensée (obsessions, laisser transparaître. «Impossible de montrer que ma mame de la propreté m'empêche de toucher la moindre poignée de porte, raconte Marc, sujet à des troubles obsessionnels. Je passe donc ma vie à guetter les mouvements de mes collègues pour me glisser dans leurs pas.» Evidemment, certains symptômes finissent par être repéres par ceux qui côtoient quotidiennement une personne fragilisée altération de la sociabilité, déficit d'attention, de concentration ou de mémorisation, instabilité de l'humeur, poussées de panique, addictions... Maîs le propre des troubles psychiques reste leur invisibilité. Alors, puisqu'ils ne se voient pas, gardons-nous bien de les révéler ! L'entreprise est souvent le lieu où apparaît la pathologie Face à l'ampleur et à la montée du phénomène, il faudra bien pourtant que les employeurs s'en saisissent. Un certain nombre d'associations, comme Clubhouse ou Arhim Club, accompagnent les entreprises dans la compréhension des ressorts et des enjeux du dysfonctionnement psychique, pour favoriser la prise en considération des salariés concernés et aider ceux-ci à se rapprocher de lemSTIMULUS 2869497300509/XHM/OTO/3 incohérences), la perception (illusions, hallucinations) ou les émotions (anxiété, angoisse), les troubles de la personnalité -même quand ils ne semblent pas "sérieux"- peuvent être les précurseurs de symptômes plus aigus, voire de pathologies sévères. Bref, ils risquent de porter les germes d'une détérioration,temporaire ou définitive, du psychisme SOUFFRANCE. Pour les sujets qui en sont victimes, ces dérèglements sont une source de souffrance, dont l'intensité augmente avec la gravité du dysfonctionnement. Lorsqu'ils s'apparentent à des symptômes névrotiques (phobies, obsessions, angoisses) ils n'empêchent pas l'individu de garder le contact avec la réalité et de conserver une vie sociale, familiale ou professionnelle, stabilisée. Maîs lorsque ces troubles s'approchent des catégories psychotiques (paranoïa, schizophrénie, bipolarite), on touche aux frontières de la pathologie sevère, aux comportements délirants déconnectés de la réalité. ploi ou à s'y maintenir L'action des employeurs est d'autant plus urgente que le monde du travail est souvent lespace où les sujets font pour la première fois l'expérience de leur trouble ou de leur pathologie. S'il n'est pas rare que les premiers symptômes apparaissent lors de l'adolescence, c'est souvent entre 20 et 35 ans que les dysfonctionnements de la personnalité prennent une tournure critique. La découverte de la maladie et l'entrée dans la vie professionnelle sont donc fréquemment concomitantes De manière génerale, les personnalités fragiles ont un seuil de tolérance plus faible aux variations, a fortiori aux ruptures. Les entreprises d'insertion, qui emploient en majorité des personnes en situation de handicap psychique, comprennent mieux que d'autres la nécessité d'une approche adaptée Ainsi de Messidor-Rhône «Nous faisons du management poussé à l'extrême, avec un encadrant pour quatre à cinq salariés, une limitation maximale des sources de stress, un entretien tous les trois mois», explique son directeur, Philippe Triolier Les personnes sujettes aux troubles psychiques ont besoin de travailler dans des organisations hyperstructurees, avec des tâches relativement régulières, sans aléas. Il s'agit donc en priorité d'adapter les rythmes, les processus et les objectifs. «Ma chef me laisse une totale autonomie. Je travaille en mode projet, sans "deadlme", Eléments de recherche : Toutes citations : - STIMULUS : cabinet de conseil spécialisé dans le bien-être et la qualité de vie au travail - DOCTEUR PATRICK LEGERON : psychiatre et autres fonctions NOV 13 Mensuel OJD : 88492 Surface approx. (cm²) : 2422 N° de page : 98-102 Page 5/5 mais en me fixant de courtes échéances pour avancer. Toutes les trois semaines, je rends compte de l'état des travaux», raconte Fabienne, chargée de gestion documentaire au sein d'une grande entreprise. Anxio-dépressive, handicapée psychique, elle ne fait aucun plan de carrière à long terme. Mais, portée par la confiance que lui porte sa responsable, elle a retrouvé énergie et enthousiasme. Pour que la confiance s'installe, encore faut-il se parler et se comprendre. La sociologue Claire Hatala cite l'exemple d'un cadre d'EDF qui s'est résolu à écrire une longue lettre à ses collaborateurs, leur expliquant que ce qui pouvait apparaître comme de la froideur ou de l'indifférence n'était que le symptôme de troubles schizoïdes et que la qualité de leur travail n'était absolument pas en cause. Révélation salutaire en tous points. L'équipe a commencé à se parler - ce qu'elle ne faisait pas jusqu'alors -, à réfléchir à une nouvelle organisation du travail plus souple, qui s'est avérée, depuis, tellement performante qu'elle pourrait bien essaimer dans l'entreprise. «Face au trouble psychique, tout ce qui apporte de la souplesse est bon à prendre. Il faut innover, tester, quitte à se planter», insiste Claire Hatala. Un parti pris exploratoire également défendu par Erwan Le Cornée, chargé de mission handicap chez Assystem. Pour ce psychologue de formation, «il faut aussi accepter que les réponses ne soient que partielles, que tel dispositif fonctionne très bien une semaine et beaucoup moins la semaine suivante. Le trouble psychique appelle avant tout une grande humilité.» • Muriel Jaouën "Face au trouble psy, on doit innover, quitte ase planter" Christophe Docet, fondateur de l'association Bipol Entreprises "POUR VIVRE AVEC LA MALADIE, IL FAUT QU'ELLE SOIT COMPRISE ET ACCEPTÉE" Management: Comment se sont manifestés les premiers symptômes de votre bipolarité? Christophe Docet: Le déclencheur a été mon licenciement en 2001 par l'actionnaire principal de l'entreprise que j'avais créée. Le coup était d'autant plus violent qu'à l'époque je connaissais des difficultés dans ma vie conjugale. Dans un tel contexte, n'importe qui se trouverait sérieusement affecté. Pour moi, alors que j'ignorais que j'étais bipolaire, la déflagration a été extrême. J'ai sombré dans une profonde dépression. Pendant des mois, on m'a baladé d'un séjour en hôpital à l'autre et prescrit des cachets. apparues, au bout de six mois. La plupart des bipolaires ne gardent pas de souvenirs de leurs délires maniaques. Moi, je me souviens de tout! Je me prenais pour un superespion chargé de sauver la vie du directeur de l'ESC, je rendais à mes professeurs des travaux abscons,.. On m'a renvoyé h l'hôpital, d'où je suis ressorti pour effectuer un voyage en Chine. Les effets du "jetlag" peuvent être désastreux pour les bipolaires. De retour en France, j'ai fait une dépression et une tentative de suicide. Aucun médecin n'a donc réussi à découvrir votre pathologie ? C.D.: Elle est difficile à détecter. L'errance diagnostique moyenne de la bipolarité est de huit à dix ans; chez moi, elle n'a duré "que" trois ans. En septembre 2003, j'ai rencontre, par le biais d'une association, le docteur Hantouche, qui a su donner un nom à mes troubles. Mais j'ai vécu avant cela trois années de souffrance. Le cocktail hôpitalmédicaments n'a fait qu'aggraver les choses. Après deux ans de dépression, j'ai fait un effort surhumain pour m'inscrire en MBA à ('ESC Rennes. Je me suis senti revivre: ce cursus m'a permis de renouer avec une activité intellectuelle et relationnelle exigeante. J'ai arrêté les médicaments. Mais de nouvelles bouffées délirantes sont Aujourd'hui, comment vous sentez-vous ? Parvenez-vous à retravailler normalement? C.D.: Je suis stabilisé mais je sais qu'il me serait difficile de m'insérer dans un environnement professionnel traditionnel. Le diagnostic est la condition nécessaire à un traitement adapté. Il permet également de sortir du déni et de l'ignorance, qui sont les pires ennemis des personnes souffrantes. Pour vivre normalement avec la maladie, encore faut-il qu'elle soit comprise et acceptée. Or, si la forme aiguë de la bipolarité (alternance d'épisodes maniaco-dépressifs sévères) touche 1% de la population, ses formes atténuées sont à la fois beaucoup plus répandues (de 6 à 10% de la population) et très mal diagnostiquées car moins visibles. STIMULUS 2869497300509/XHM/OTO/3 Quel est l'objectif de Bipol Entreprises, l'association que vous avez créée? C.D.: Faciliter le retour et le maintien au travail des personnes bipolaires, en les sortant du cycle infernal hôpital-cachets. L'association mise sur la compétence de malades qui sont capables de mettre leur expérience au service des autres pour les accompagner dans leur milieu professionnel et stabiliser leur humeur grâce à un protocole méthodologique éprouvé dans les pays anglo-saxons. En 2011, nous avons ouvert un premier centre de jour à Rennes. Il s'agit d'un lieu de passage et d'accompagnement personnalisé, pensé pour le mieux-être des patients. Il est animé par une équipe pluridisciplinaire issue du monde de la psychiatrie et du conseil. C'est une boîte à outils, un espace de partage, ouvert aux entreprises et à la médecine du travail. Eléments de recherche : Toutes citations : - STIMULUS : cabinet de conseil spécialisé dans le bien-être et la qualité de vie au travail - DOCTEUR PATRICK LEGERON : psychiatre et autres fonctions