Œil et Physiologie de la Vision – VI-1
La voie des bâtonnets ou système des bâtonnets (dit scotopique) se connecte à la voie
des cônes ou systèmes des cônes (dit photopique) à la couche plexiforme interne par
l’intermédiaire des cellules amacrines AII. Les bâtonnets ont un rôle trophique majeur
pour la survie des cônes par la sécrétion du RdCVF : rod-derived cone viability factor
[Mohand-Said et al., 2001], [Sahel, 2005], [Lorentz et al., 2006], [Chalmel et al., 2007],
[Yang et al., 2009], [Leveillard, Sahel, 2010]. Cette dépendance pour la survie des cônes
vis-à-vis des bâtonnets explique, en partie, pourquoi une atteinte initiale globale ou
localisée des bâtonnets altère très souvent le fonctionnement des cônes qui les jouxtent
et qui en dépendent.
Informations apportées par le bilan électrophysiologique
Les tests utilisés permettent d’approcher le fonctionnement global des deux systèmes
rétiniens et d’isoler le fonctionnement de chacun (ERG flash). Le fonctionnement du
système photopique peut être précisé sur tout le pôle postérieur (ERG mf) ainsi qu’en
zone maculaire (P-ERG). Ces éléments étant connus, il est possible d’approcher le
fonctionnement des voies maculaires de conduction (PEV). Seul un reflet du
fonctionnement global de l’épithélium pigmentaire est possible (EOG) (figure VI-3).
Test du fonctionnement des deux systèmes
L’ERG flash (renvoi au chap IV-3) (figure VI-4) séq-2, teste le fonctionnement conjoint
des deux systèmes neurorétiniens -photopique et scotopique- avec une prédominance de
la réponse du système des bâtonnets. Selon les modes de stimulation et les séquences
de recueil des réponses, il est également possible de séparer le fonctionnement de
chacun des systèmes : celui uniquement du système des bâtonnets d’une part (séq-1 :
rod-response) et celui du système des cônes d’autre part (séq-3 à 5 : Phot-OPs, Cone-
response et Flicker-response).
Remarque importante : les séquences 1 et 2 de l’ERG flash sont souvent dénommées
ERG flash scotopique ou ERG flash scot. Elles sont effectivement et essentiellement le
reflet du fonctionnement du système scotopique.
On rappelle sur la figure VI-5 l’origine des ondes de l’ERG flash. Les réponses sont issues
de toute la surface des neurorétines et de leurs 2 premiers étages.
Test du fonctionnement de l'épithélium pigmentaire
L’EOG (figure VI-4) teste le fonctionnement de l'épithélium pigmentaire après que les
bâtonnets aient été mis en activité par un éclairement de longue durée (figure VI-6).
Pour que le Light Peak de l’EOG reflète l’état fonctionnel de la partie intra-épithéliale de
l'épithélium pigmentaire ou celui de sa membrane basale, il faut avoir vérifié que le
fonctionnement des bâtonnets est normal. C’est le cas lorsque l’onde-a de la mixed-
response de l’ERG flash (séq-2) est d’amplitude normale.
Rappel. Toute altération du fonctionnement des bâtonnets (attention il s’agit bien du photorécepteur, donc du
fonctionnement du 1er étage de la neurorétine) modifie l’amplitude du Light Peak de l’EOG. Cette diminution
d’amplitude du Light Peak n’est donc pas nécessairement le reflet d’un dysfonctionnement de l'épithélium
pigmentaire, mais peut être celui du dysfonctionnement des bâtonnets si l'épithélium pigmentaire est normal…
ou représenter une déficience combinée des bâtonnets et de l'épithélium pigmentaire. La part entre le
dysfonctionnement des bâtonnets et celui éventuellement coexistant ou préexistant de l'épithélium pigmentaire
est parfois délicate à faire.
L’interprétation de l’EOG doit donc toujours être associée à celle de l’ERG flash ; elle
demande une bonne connaissance de la clinique, de la physiologie et de la réflexion pour
aboutir à une conclusion étayée.