© Helvetia Genevensis 2006
Histoire de Genève
La situation géographique
Rôle du lac et de la navigation
De tout temps, Genève a profité de l'atout qu'offre sa position géographique. Des échanges
économiques à longue distance existent déjà. La vallée du Rhône est une des grandes
routes parcourues par les marchandises et les hommes, et Genève est placée à un point
important de cet axe, qui unit le nord de l'Europe à la Méditerranée. Dans le sens est-ouest,
des cols franchissent les Alpes en direction de l'Italie, en particulier le Grand et le Petit-Saint-
Bernard, avec des itinéraires conduisant à Genève.
Le site jouit d'un second avantage, son emplacement au bord d'un lac et d'un fleuve. Jusqu'à
l'invention du chemin de fer, la voie d'eau, beaucoup moins coûteuse, sera souvent préférée
à la voie de terre pour le transport des marchandises. Le port de Genève, actif jusqu'à la fin
du XIX e siècle, a eu des débuts timides dès ces temps reculés.
Enfin, sur le Rhône, la présence de l'île facilite le passage d'une rive à l'autre, à gué d'abord
à travers un cours d'eau plus large et moins profond qu'actuellement, puis par un pont, bâti
au I e siècle avant J.-C., légèrement en aval du pont de l'Ile.
Ces éléments favorables sont à garder en mémoire, car ils ont eu une valeur permanente à
travers toute l'histoire genevoise.
Les premières traces d'occupation humaine du site de Genève remontent à 3'000 av. J.C.
environ; elles ont été découvertes sur les rives du Léman, où s'élevaient des villages
lacustres. La colline de la Vieille Ville, centre de l'ancienne Genève, ne sera habitée que
beaucoup plus tard, probablement pas avant 1000 av. J.-C.; vers 500, des membres de la
peuplade celte des Allobroges s'y installent à l'intérieur d'un refuge fortifié.
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Antiquité
Genève romaine
La Genève antique
Illustration concrète du rôle du lac et de la navigation, les recherches récentes des
archéologues font apparaître la Genève antique d'abord sous l'aspect d'un port situé vers le
haut de Longemalle et le bas de la rue de la Fontaine. Ces vestiges sont de peu antérieurs à
121 avant J.-C., date capitale puisque c'est celle de la conquête par les Romains de la partie
sud-est de la Gaule, peuplée par une tribu celte, les Allobroges.
Postérieure peut-être à l'implantation au bord de l'eau, l'occupation de l'éminence qui
deviendra le noyau historique de Genève, la haute ville. Cette colline est un refuge de choix.
Sur trois côtés, elle est protégée par le lac, le Rhône et l'Arve, qui coule alors près de la
Corraterie. Sur le seul côté vulnérable, à l'Est, les occupants creusent des fossés, marqués
peut-être encore par les dénivellations du Bourg-de-Four.
Les Helvètes
Les Allobroges tombés sous la domination romaine, Genève devient un poste frontière. De
l'autre côté du Rhône commence le territoire de Celtes encore insoumis, les Helvètes. Ceux-
ci subissent la pression de peuples vivant au-delà du Rhin, qui cherchent à traverser le
fleuve pour s'établir sur le Plateau suisse.
Devant cette menace, les Helvètes quittent leur sol natal en 58 avant J.-C. pour gagner le
sud-ouest de la Gaule. La route la plus commode consiste à passer le pont de Genève et à
suivre la rive gauche du Rhône, mais c'est violer le territoire romain.
Jules César
La marche des Helvètes est arrêtée par Jules César, grand homme politique et grand chef
militaire romain, qui achèvera, au cours des trois années suivantes, la conquête de la Gaule.
César est aussi écrivain.
Dans un livre rédigé en 52 qui décrit sa campagne de France, il raconte qu'il fit couper le
pont de Genève pour retenir les Helvètes. C'est sous sa plume qu'apparaît pour la première
fois par écrit le nom de Genève, « Genua » en latin. Ce nom serait d'origine gauloise et
signifierait l'« embouchure ».
La prospérité de Genève
Les découvertes archéologiques prouvent la prospérité de Genève durant la longue paix qui
règne dans l'Empire romain jusqu'à la fin du III e siècle ap. J.-C.. Des ports à la Fusterie et à
Longemalle servent au transit des marchandises.
La ville dépasse les limites du bourg allobroge ; dans ces temps tranquilles, les villes n'ont
plus besoin de fortifications. Le centre administratif était la Cour Saint-Pierre. Il y restera un
millénaire et demi.
Le palais burgonde, puis celui de l'évêque, seigneur de Genève au Moyen Age, succéderont
aux bureaux romains. A la Réforme, après le départ de l'évêque, lorsque les conseils
communaux formeront le gouvernement de la République indépendante, les autorités
siégeront à deux pas de là, à l'Hôtel de Ville, où elles sont encore.
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L'influence romaine
Bien que la langue celtique ait persislongtemps, le latin finit par triompher au sein d'une
ville complètement romanisée. La campagne garda plus longtemps des traits celtiques, mais
les nombreuses villas, centres de vastes domaines qu'y possédaient de grands propriétaires
urbains, contribuèrent à la romaniser à son tour. Cette influence romaine, plus forte sur
Genève et sa région que sur le Plateau suisse, les rapproche des pays situés plus au sud,
de la Savoie à la Provence. Par bien des côtés, Genève est parente du Midi de la France.
La fin de l’antiquité
La chute de l'empire Romain
A partir du III e siècle ap. J.-C., l'Empire romain se porte mal. Il est miné à la fois par une
crise interne et des menaces extérieures. A plusieurs endroits, les frontières sont crevées.
En 260, des Germains et les Alamans, lancent des raids destructeurs vers le Sud.
Conséquence capitale, les villes de la Gaule s'entourent de murailles qui les enferment dans
une enceinte réduite, plus facile à défendre et suffisante pour abriter une population en
diminution.
Dans la ville de Genève, des restes de murs du IIIe siècle constitués de gros blocs de pierre
sont bien visibles dans la cour du No 11 de la rue de l'Hôtel-de-Ville et dans le garage
souterrain derrière l'Auditoire.
Genève chef-lieu d'une cité indépendante
La ville de Genève a abandonné les quartiers extérieurs et s'est repliée sur la haute ville.
Dans son enceinte, elle n'occupe plus qu'un rectangle irrégulier d'environ trois cents mètres
de long et cent quarante mètres de large. Pendant sept siècles, cette superficie restreinte lui
suffira.
Pourtant, cette époque troublée voit grandir le rôle administratif de Genève. Jusqu'alors, elle
n'occupait qu'un rang modeste. Elle dépendait de la civitas ou «cité» de Vienne sur le
Rhône. Ce terme de cité désignait de grandes divisions territoriales romaines.
Peut-être déjà à la fin du IIIe siècle, la cité de Vienne fut démembrée et Genève devint le
chef-lieu d'une cité indépendante, sans doute à cause de sa situation stratégique vitale pour
la défense de l'Empire contre les incursions barbares venues d'outre-Rhin.
Genève chef-lieu d'un diocèse
Au IVe siècle, la crise de l'Empire semble surmontée. Ce siècle est celui de l'adoption
progressive du christianisme comme religion d'Etat. La situation de Genève sur une grande
voie de communication laisse supposer que la foi nouvelle y fut répandue assez tôt. Une
communauté chrétienne est attestée à Lyon en 177. Une église a-t-elle pu exister à Genève
à la fin du II e siècle déjà ? C'est certainement le cas au cours du IIIe siècle.
Dès la deuxième moitié du IV e siècle, comme la plupart des capitales de cités, Genève
devient le chef-lieu d'un diocèse, imposant espace qui englobera une zone allant de
l'Aubonne au lac du Bourget et du Jura au Mont-Blanc. Le premier chef de ce diocèse attesté
de façon sûre, l'évêque Isaac, était en fonction vers 400.
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L’adoption du christianisme
Des édifices religieux
Une longue et fructueuse campagne de fouilles dans le temple de Saint-Pierre a révélé les
vestiges d'une église de la fin du IVe siècle, accompagnée d'un baptistère et d'une salle
d'apparat ornée de mosaïques.
Vers 400, une seconde église fut élevée, formant avec la première une cathédrale double
selon un modèle fréquent dans l'Antiquité tardive. L'ampleur et la qualité de ces restes, ainsi
que d'autres indices, montrent que la ville a joui d'une période de prospérité à la fin de
l'Empire.
Durant le Ve siècle, d'autres sanctuaires sont bâtis: Notre-Dame-la-Neuve (nommée
maintenant l'Auditoire), Saint-Germain et, un peu plus tard, la Madeleine. Tels qu'ils se
présentent aujourd'hui, ces édifices sont le résultat de remaniements postérieurs. L'église
Saint-Victor s'élevait à l'emplacement de l'église russe et présentait la particularité d'être une
construction ronde.
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Le Moyen-Âge
Genève capitale burgonde
En 443, une tribu germanique, les Burgondes, se fixe dans la région. Pendant trente ans,
Genève abrite la capitale de leur royaume. Celui-ci est occupé par les Francs en 534 :
Genève est incorporée à la monarchie mérovingienne, puis à l'Empire carolingien. La
désagrégation de ce dernier, au IX e siècle, voit naître le Second royaume de Bourgogne,
auquel Genève appartient.
En 1032, cet Etat passe aux empereurs germaniques. En droit, Genève dépend désormais
de l'Empire ; en fait, depuis le XI e siècle et jusqu'à la Réforme, elle est gouvernée par ses
évêques devenus seigneurs de la ville. Genève reste une localité secondaire jusqu'à la fin du
Moyen Age. Ses foires, qui atteignent leur plus grand essor au XV e siècle, lui donnent alors,
et pour la première fois, une réputation internationale.
Cependant, son indépendance est menacée par la Savoie, dont les princes s'efforceront, du
XIII e au XVII e siècle, de s'emparer de la ville, sans y parvenir.
Genève du 6
ème
au 10
ème
siècles
Les siècles obscurs
En 534, le royaume burgonde est absorbé par les Francs, Germains conquérants de la
Gaule. Jusqu'à la fin du IX e siècle, Genève, la Savoie, la Suisse Romande sont rattachées
au royaume franc, d'abord sous la dynastie des rois mérovingiens, puis sous les
Carolingiens. Avec l'incorporation de Genève à la royauté franque débutent des siècles de
silence qui privent de renseignements l'historien local. Ce n'est que par comparaison avec
d'autres villes qu'on a une idée du sort de la nôtre.
A partir du VIIe siècle, elle a partager la décadence générale des villes européennes, qui,
dépeuplées, survivent au ralenti. Deux circonstances laissent penser que Genève ne
descendit pas tout au bas de la pente: la vallée du Rhône, malgré la diminution des
échanges, ne fut pas totalement abandonnée par le trafic, la présence d'un évêque et de son
entourage maintint une activité économique et culturelle.
Les évêques seigneurs de la ville de Genève
Il est probable que, dès le VIIe ou le VIIIe siècle, les évêques sont devenus les vrais maîtres
de Genève. Les rois ne gouvernent plus que théoriquement, car l'autorité publique s'est
morcelée entre une infinité de petits chefs locaux. Dans les villes réside un évêque, c'est
lui, souvent, qui commande et joint le pouvoir politique à son pouvoir religieux.
Quand l'empire proclamé en 800 par Charlemagne se disloque, un royaume se forme en
Suisse Romande en 888, le second royaume de Bourgogne. Genève en fait partie, mais les
rois confirment le pouvoir des évêques, si bien que ceux-ci, dès 1020, frappent des
monnaies à leur nom, ce qui démontre le degré d'indépendance qu'ils ont atteint.
Genève ville d’empire et lutte contre les comtes
Genève ville d'Empire
Le dernier des rois de Bourgogne, mort sans enfants en 1032, lègue ses possessions à
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