30 CHAPITRE 3 – LES APPROCHES NUMÉRIQUES EN MÉCANIQUE DES FLUIDES
extrêmement larges et vont de la dynamique des populations humaines aux marchés financiers
en passant par la physique subatomique. De manière générale, les approches numériques
permettent de résoudre de manière approchée des problèmes où l’approche analytique échoue. On
notera cependant que, vu le nombre de problèmes auxquels peuvent s’appliquer ces méthodes,
il est important de cibler précisément le problème posé, et de connaître en partie la solution que
l’on pense obtenir. En effet, une méthode peut exceller dans un domaine donné et être de bien
piètre qualité dans le domaine dans lequel on veut trouver une solution.
Dans notre cas, le problème posé est essentiellement un problème de dynamique des
fluides, éventuellement magnétisés. Dans la suite de ce chapitre je tenterai de décrire
différentes méthodes numériques utilisées en physique pour calculer la dynamique de ce type
d’écoulements. Je mettrai en particulier l’accent sur les possibilités et les limites de ces méthodes
et je montrerai en quoi les choix effectués pour ce travail sont pertinents.
§ 12. Équation modèle
Notons Q(xi,t)le vecteur à ncomposantes décrivant le fluide aux coordonnées xiet à l’instant t.
On peut alors décrire l’évolution du fluide par un ensemble d’équations tels que :
∂tQ(xi,t)=G!Q(xi,t)"(12.62)
Ce problème n’est complet que lorsque l’on a définit un état initial Q(xi,t0)=Q0(xi)et des
conditions aux limites à tout instant t. La fonction Gintroduite dans (12.62) ne dépend que
de Q(xi,t)et de ses dérivées spatiales, mais peut faire intervenir des termes non linéaires.
Remarquons de plus que l’écriture de l’équation (12.62) est donnée en variables eulériennes,
ce qui suppose que l’on ne suivra pas numériquement les particules fluides. En fait, certaines
formulations peuvent faire appel à des variables lagrangiennes (voir par exemple § 15).
Cependant, ce type d’approche ne modifie pas fondamentalement le principe de l’intégration
numérique que je présente ici.
On commence tout d’abord par discrétiser l’opérateur d’évolution temporelle. En pratique,
on fera évoluer d’un pas de temps dt la solution Q(xi,t)vers Q(xi,t+dt)en évaluant le terme
G!Q(xi,t)":
Q(xi,t+dt)=Q(xi,t)+H!G(Q),dt"(12.63)
Hdépend de la méthode d’intégration temporelle10 utilisée, de la précision recherchée et de
considérations de stabilités. Ces points seront discutés pour les méthodes utilisées dans cette
thèse par la suite.
La deuxième étape dans l’établissement d’un schéma d’intégration est la discrétisation de
l’opérateur de différenciation spatiale G. Comme je le montrerai, la différenciation spatiale
peut revêtir différentes formes. Cette discrétisation dépend de la géométrie du problème, de
la précision voulue, des conditions aux limites et de la physique mise en jeu dans les solutions
recherchées.
Pour finir, notons que la séparation temporelle/spatiale présentée ici par soucis de
simplification n’est pas forcément évidente en pratique. Certains schémas, tels que les volumes
10Nous n’utiliserons ici que des méthodes d’intégration temporelles explicites, ce qui nous permettra d’écrire
(12.63). Il existe néanmoins des méthodes implicites, que l’on écrira sous la forme générale H(Qt+dt,Qt)=0