Le syndrome confusionnel et la personne âgée

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Le syndrome confusionnel et la
personne âgée
C.HEIN
15 janvier 2016
Capacité de gériatrie
Un problème de définition
Critères diagnostiques
DSM-III
Troubles de la conscience
DSM-III-R
DSM-IV ICD-10
*
Troubles attentionnels
Perturbation des perceptions
*
Désorganisation de la pensée/du
langage
*
Troubles du sommeil
*
*
Augmentation ou diminution de
l’activité motrice
*
*
*
*
*
*
*
Désorientation
*
*
!
Troubles de la mémoire
*
*
!
Troubles des capacité
d’abstraction ou de la
compréhension
Troubles émotionnels
Début rapide, fluctuation des
symptômes
!
Syndrome confusionnel
Installation brutale en quelques heures ou jours
Les troubles de la vigilance et de l’attention,
Les altérations du rythme veille-sommeil,
Le caractère fluctuant de l’ensemble des signes.
Troubles psycho comportementaux constants
Anxiété
Irritabilité
Peur
Apathie
Agitation
Déambulation
Trouble du cours de la pensée
Troubles mnésiques
Perplexité anxieuse
Délire
Hallucination
Illusions
Onirisme
Une confusion insaisissable…
• Difficulté d’une définition syndromique avec
plusieurs critères majeurs
• Difficulté de formes cliniques: hyperactives,
hypoactives ou mixtes
• Nécessité d’un témoin pour préciser le
caractère aigu
• Nécessité d’avoir une définition commune,
unifiée entre tous les acteurs du soins
Une physiopathologie complexe
Le spectre du dysfonctionnement cérébral aigu
SYNDROME CONFUSIONNEL
COMA
STUPEUR
-5 non
réveillable
Non réponse à la
voie et la
stimulation
nociceptive
-4
sédation
profonde
OBNUBILATION
-3 sédation
modérée
-2 Sédation
légère
Répond à la voix
mais pas de
contact visuel
Non réponse à la
voix et la réponse
à la stimulation
nociceptive
-1
somnolent
0 éveillé et
calme
Répond à la voix
contact visuel >10
sec
+1 fébrile
Mouvements
fréquents non
dirigés vers un but
Anxieux non
agressif
Répond à la voix
contact visuel <10 sec
+2 agité
+3 très
agité
+4
dangereux
Ouvertement
menaçant
Violent
Arrache les
cathéters et tubes
agressif
Richmond Agitation and Sedation Scale
Alerte sur le SNC
• Neuromédiateurs:
– excès de dopamine
– Déficit d’acétyl choline
– Gaba, mélatonine, sérotonine, glutamate, adrénaline et
noradrénaline
• Neuro inflammation
– Interféron α et β/ Interleukines 1β 6,8,10, TNF α,Prostaglandine E
• Barrière hémato encéphalique altérée
• Trouble de l’endothélium
• Trouble endocrinien:
– Hypercortisolémie
• Trouble hydro électrolytique , hypoxie, hypercapnie
Facteurs génétiques
Apolipoprotéine E
Récepteur aux glucocorticoïdes
Récepteur ou transporteur de la dopamine
Un syndrome gériatrique
Facteurs
prédisposants
Médecine
Chir non
cardiaque
Démence
2,3-4,7
2,8
Trouble cognitif 2,1-2,8
3,5-4,2
Antécédent de
confusion
3
Etat
fonctionnel
altéré
4
2,5-3,5
Trouble visuel
2,1-3,5
1,1-3
Trouble auditif
Chir cardiaque
Soins intensifs
réa
1,3
1,3
Polypathologie
1,3-5,6
Dépression
3,2
4,3
1,1
1,2
Atcd AIT/AVC
1,6
Alcoolisme
5,7
1,4-3,3
Âge>74 ans
4
3,3-6,6
1,1
Inouye Lancet 2014
Facteurs
précipitants
médecine
Chir non cardiaque Chir cardiaque
USI réa
Médicaments
Polypharmacie
2,9
Psychotropes
4,5
Sédatifs
hypnotiques
4,5
Contentions
3,2-4,4
Sonde urinaire
2,4
Urée 
5,1
Créatinine
2
1,1
2,9
1,4
Albumine
Ano Na,Gly,K
3,4
Acidose MB
1,4
Infection
3,1
Event iatrogène
1,9
Chir aorte
8,3
Chir tho non
cardiaque
3,5
Neurochir
4,5
Traumato
3,4
Le bilan étiologique
Bilan étiologique
• L’anamnèse d’un tiers:
– Médicament introduit ou arrêté récemment
– Ancien courriers, notion de consultation récente,
multiples intervenants dans le parcours de soins
– Appel à la pharmacie
– Consommation d’alcool
– Signes prodromaux: chute, malaises, crise
comitiale
Cou: goitre et recherche
d’un méningisme
Pupilles fixées ou dilatées
en cas de lésion du tronc ou
d’HTIC
Myosis intox
opiacés/Mydriase intox
anticholinergique
Abdomen
Sensibilité indique
globe vésical,
urgences chir
appendicite,
diverticulite
cholécystite
Signe de traumatisme crânien
Otorragie, épistaxis
Mouvements oculo moteurs
Paralysie du E Gayet Wernicke ou
HTIC
Nystagmus: alcool et toxique
Mouvement verticaux possibles:
Locked in Sd
Pelvien
Abcès péri rectal et péri anal
TR pour méléna
Auscultation cardio respiratoire
Crépitant focaux ou diffus: pneumopathie ou OAP
Souffle d’une endocardite
Peau: patchs
fentanyl ou
scopoderm,
érysipèle,
escarre,
pétéchies,
signes d’insuf
hépato
cellulaire
Traumatisme
Crânien et extra crânien
Infections SNC et extra SNC
Métaboliques/Endocriniennes
Hydratation/ Na
Hypoglycémie
Hypercalcémie
Insuffisances
Respi/rénale/cardiaq
Thyroïde/parathyroïde/
surrénalienne
Intoxication
Iatrogénie
Sevrage
CO
Ethyl
Bas débit
Hypotension
Bradycardie
Globe
Fécalome
Douleur
Neuro
AVC
Comitiale
•
•
•
•
•
•
•
•
S’il n’existe aucune orientation: syndrome
confusionnel isolé (1ere intention)
Ionogramme sanguin avec urée et créatinine
Calcémie
Glycémie
Numération formule sanguine
Vitesse de sédimentation ou CRP
ECG
Radiographie thoracique
Bandelette urinaire
•
•
•
•
•
•
S’il n’existe aucune orientation: syndrome
confusionnel isolé (2° intention)
Gaz du sang artériel
Tests hépatiques
Enzymes cardiaques
TSH
Folates et B12 sériques
Scanner cérébral SPC:
– recommandé si
• signe de focalisation (infarctus cérébral ou hémorragie cérébrale??
• traumatisme crânien même mineur (et sous AAP ou ATC) (HSD)
• Suspicion d’hémorragie méningée
•
EEG
– Si suspicion de comitialité (état de mal non convulsivant, crise partielle complexe)
•
Ponction lombaire:
– si signe d’appel (fièvre sans cause rapidement identifiée)
Facteur(s) précipitant(s) plus des… Facteurs
prédisposants
–
–
–
–
–
–
–
–
Contention physique RR 4,4
Malnutrition: RR 4
Polypharmacie RR:2,9
Mise en place d’une sonde urinaire: 2,4
Âge
Démence
Polypathologie
Déficit sensoriel
Polymédication
Antécédent de confusion
Infection/insuffisance rénale
Malnutrition/alcoolisme
QUIZZ: anticholinergiques
HAS
HAS
Fréquences des étiologies en gériatrie
•
•
•
•
•
Les infections extra SNC
Les médicaments: abus ou sevrage
L’alcool
Le syndrome coronarien aigu
Toutes des insuffisances d’organes surtout
multiples
• 50% ont 3 causes associées ou plus
• 10% restent sans étiologie
Les causes curables urgentissimes
• L’encéphalopathie de Gayet Wernicke
– Carence en vitamine B1
– TRIADE: troubles oculo moteurs-confusion-ataxie
• 16% ont la triade complète
• Un des signes de la plus un ou des facteurs de risque de carence
• Etat de mal épileptique non convulsivant
• Intoxications
• Hypoxie et hypercapnie
• Hypoglycémie
• Encéphalopathie hypertensive
• Hémorragie intracérébrale
Une réalité clinique quotidienne et sous
estimée
Prévalentes %
Incidentes %
Pronostic RR
Chir cardiaque
11 à 46%
Déclin fonctionnel
1,9
Chir non
cardiaque
13 à 50%
Déclin fonctionnel
2,1
Orthopédie
17%
12 à 51%
Demence 6,4 à
41,2
EHPAD 5,6
Med int
18-35%
11 à 14%
✚1,5 à 1,6
Med gériatrique
25%
20 à 29%
✚1,9, chute 1,3
USI
7 à 50%
19 à 82%
✚1,4 à 13 IET
8,6
10 à 27%
✚2 durée hospi 2
56%
✚5,4, EHPAD 9,3
Neurovasc
Démence
18%
Soins palliatifs
47%
EHPAD
14%
Urgences
8 à 17%
20 à 22%
✚4,9
✚1,7
Inouye Lancet 2014
Han 2010 Ann Emerg Med
Han 2010 Ann Emerg Med
Han 2010 Ann Emerg Med
SAFES Cohorte
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Mortalité
1
2
3
année année année
N:1306 sujet >74 ans
8 CHU et 1 CHR
Devenir après les urgences
Dramé 2009 Presse Med
Eeles 2012
Morbi mortalité élevée
• L’âge est un facteur de mortalité dans de nombreuses études
• Population polypathologique
• Retard diagnostique du syndrome confusionnel et des co
étiologies
• Méconnaissance et manque de formation à la détection et à la
prise en charge
• Iatrogénie des psychotropes (trouble du rythme, chute dans
l’hôpital et après la sortie, aggravation des corps de Lewy)
• Iatrogénie des contentions/ refus de boire et manger/ fugues et
chutes par trouble du jugement
• Incompréhension des consignes et déficit de compliance aux
thérapeutiques prescrites
Prévalence des troubles cognitifs aux urgences
• Chez les sujets âgés admis aux urgences:
– Trouble cognitif: plus d’un quart
– Confusion:10%
– Démence connue ou pas: 16 à 22%
• Reconnus par les urgentistes:
– 28 à 38% des cas de troubles cognitifs
– 16 à 36% des cas de confusions
– Un patient âgé confus non diagnostiqué aux urgences a un
risque de mortalité multiplié par 3 par rapport au sujet
diagnostiqué
Prévalence des troubles cognitifs aux urgences
aux urgences
• Chez les sujets âgés admis aux urgences:
– Trouble cognitif: plus d’un quart
– Confusion:10%
– Démence connue ou pas: 16 à 22%
• Reconnus par les urgentistes:
– 28 à 38% des cas de troubles cognitifs
– 16 à 36% des cas de confusions
– Un patient âgé confus non diagnostiqué aux urgences a un
risque de mortalité multiplié par 3 par rapport au sujet
diagnostiqué
Indication d’une hospitalisation
• Etat clinique menaçant le pronostic vital ou fonctionnel
• Dangerosité du patient pour lui-même ou son entourage
• Difficulté ou impossibilité à réaliser en ambulatoire les examens
complémentaires nécessaires
• Surveillance médicalisée pluriquotidienne nécessaire suite à l’arrêt d’un
traitement potentiellement responsable de confusion
• Secondairement si :
– Les premières mesures diagnostiques et thérapeutiques mises en
œuvre sur le lieu de vie (EHPAD ou domicile) se sont avérées
inefficaces
– Le patient ne s’hydrate et/ou ne s’alimente plus suffisamment
– L’entourage professionnel et/ou familial ne permet plus de garantir la
qualité des soins
Etude du retentissement sur le patient
et sa famille
• 99 dyades patients/famille
• Confusions liées: opioïdes, infections,
métastases cérébrales,hypercalcémie,
déshydratation.
• Le malade, sa famille et l’infirmière et le
médecin étaient interrogés sur l’épisode et le
niveau de détresse
Bruera 2009
Une expérience traumatisante…
Bruera 2009
Corrélation de la détresse rapportée
Bruera 2009
Corrélation pour la fréquence de rappel des
troubles
Bruera 2009
confusion <>démence
Fong TG Neurology 2009
Jones RN J of Gerontology 2006
Des moyens préventifs et curatifs
Confusion Assessment Method
1.
Altération brutale de l’état mental par rapport à l’état de base
– Le patient présente-t-il un changement de l’état mental de
base?
– Ce comportement fluctue-t-il au cours de la journée (présence/
absence ou intensité)?
2.
Difficulté à focaliser son attention, distractible facilement. Fluctuation
du comportement
Le patient présente-t-il des difficultés à focaliser son attention?
Perd-il le fil du discours?
– Est-il facilement distrait?
Pensée désorganisée
Le discours du patient est-il incohérent et désorganisé?
La suite d’idées est-elle illogique/imprévisible?
–Le patient passe-t-il du coq à l’âne?
Etat de conscience trouble de la vigilance
3.
4.
hyperréactivité, obnubilé, stuporeux, lethargique
1+2+ 3 ou 4
Mesures non pharmacologiques
• Information des soignants du service du diagnostic de confusion
• Prise en charge non pharmacologique en priorité
• Tolérer les comportements aberrants autant que possible sans mettre le
malade ou les autres patients en danger
• Fermer les fenêtres de la chambre
• Adapter une attitude rassurante
• Mettre en place les prothèses sensorielles
• Veiller à l’hydratation
• Favoriser le sommeil
• Permettre la présence d’un proche si cela rassure le malade
• Eviter tout geste invasif inutile: voie veineuse, sonde urinaire
• Eviter les transferts multiples entre unités et les examens paracliniques peu
informatifs
Les contentions
Si la contention est indispensable, il est recommandé que la
contention physique soit mise en œuvre sur prescription
médicale selon un protocole précis établi :
• prescription médicale obligatoire et mention dans le dossier
médical et dans le dossier infirmier
• surveillance programmée, mise en œuvre et retranscrite dans
le dossier de soins infirmiers
• information de la personne et de ses proches
• préservation de l’intimité et la dignité du patient
• réévaluation au moins toutes les trois heures, avec nouvelle
prescription en cas de renouvellement et nouvelle recherche
d’alternatives
Traitements médicamenteux
• Evaluation individuelle de son rapport
bénéfice/risque
• Symptôme comportemental sévère (agitation)
ou émotionnel sévère (anxiété) entrainant une
souffrance chez le malade
• Mise en danger du malade ou des autres
• Symptôme entravant significativement la prise
en charge diagnostique ou thérapeutique
Traitements médicamenteux
• Benzodiazépines si anxiété
– Oxazepam
– Effet paradoxal
– Pourrait prolonger la durée de la confusion
• Neuroleptique si délire ou hallucinations
– Halopéridol/Olanzapine
– Penser au QT ECG
– Attention à la maladie à corps de Lewy
La recherche sur la confusion en
gériatrie
Améliorer la détection
• Où détecter ?
– Services d’urgence, soins intensifs, post chirurgie, EHPAD
• Quelles barrières empêchent l’amélioration ?
– Défaut de la formation médicale et soignante
– Définition floue, surestimation des démences
– Sous estimation des conséquences
• Quelles barrières organisationnelles et culturelles ?
– Pathologie aspécifique n’appartenant à aucune spécialité
– A priori sur l’âge et le gâtisme
Teodorczu A BMC Geria 2012
Conclusion
• Nécessité de connaître les critères et de les faire
connaître
• Syndrome gériatrique fréquent dans la population
âgée hospitalisée à ne pas banaliser
• Grave: Urgence médicale et gériatrique avec
surmortalité, sur morbidité, institutionnalisation
• Expérience traumatisante pour le sujet et sa famille
• Lien entre confusion et démence
• Un outil de dépistage au lit du malade : la Confusion
Assessment Method (CAM)
• Prévention possible, critère de qualité des soins
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