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Revue Marocaine de Rhumatologie
conventionnelle (manuelles ou instrumentales) mais qui
constitue un moyen complémentaire parmi l’ensemble
des techniques de rééducation disponibles. Elle permet
d’objectiver des anomalies que la clinique seule ne
laissait pas prévoir. Une résistance auto-adaptée permet
de développer une contraction musculaire maximale sur
l’amplitude totale d’une articulation à vitesse angulaire
constante, ce qui favorise un recrutement maximum des
fibres musculaires.
Selon la littérature [27-29], il n’y a pas de preuve de
supériorité des techniques isocinétiques par rapport à
la rééducation classique dans la prise en charge des
lombalgies chroniques.
C. Amélioration de la gestion de la douleur par le
patient
a- Les écoles du dos : ont constitué la première démarche
active face à la lombalgie chronique. Cette démarche mise
en place à la fin des années 60 par Marianne Zachrisson-
Forsell [30], contenait déjà les lignes directrices des écoles
du dos actuelles: rendre le patient acteur de sa guérison,
lui enseigner les causes de sa douleur et lui apprendre
les gestes et les postures adéquates. Les écoles du dos
proposent un programme de reconditionnement physique
ainsi que l’apprentissage d’une nouvelle gestuelle
physique. Elles s’appuient sur des règles d’économie
rachidienne et du dos [31], et ont surtout pour objectif la
diminution de la fréquence des récidives douloureuses, de
l’absentéisme professionnel et de la dépendance du patient
vis à vis de sa douleur [32]. Les écoles du dos réalisent
des programmes de 3 jours à 1 semaine associant une
information sommaire concernant les notions élémentaires
d’anatomie, de biomécanique, de pathologie mécanique
du rachis et la réalisation d’exercices musculaires simples
[33].Les résultats de ces écoles sont décrits comme positifs
sur le court terme [31], mais ayant tendance à s’effacer
sur le long terme [34].
b- Le reconditionnement à l’effort selon Mayer :
La lombalgie chronique rebelle est, de toutes les formes
de mal de dos, celle qui coûte le plus à la collectivité. Tom
Mayer considère que ces patients ne sont plus adaptés à
leur milieu de vie et que cette désadaptation ne fait que
renforcer le trouble [35]. Cette désadaptation ne doit pas
seulement s’envisager en termes de force musculaire (il
existe effectivement une perte de force des extenseurs plus
que des fléchisseurs) car elle est aussi cardiovasculaire
(essoufflement anormal à l’effort) et psychologique (le
patient se refermant sur lui-même et devenant dépressif).
Mayer propose un programme d’athlétisation pour le
réadapter et lui inculquer un esprit sportif positif, opposé
à une attente passive de soins. Il s’agit donc d’une
musculation intensive fondée sur le mouvement dont
la philosophie est radicalement opposée à celle de la
rééducation isométrique. Ce renforcement musculaire se
fait en centre spécialisé, sur trois à cinq semaines, avec suivi
des performances. Les exercices de début sont d’intensité
moyenne, la difficulté augmentant progressivement.
Les objectifs de ces programmes sont, en priorité, la reprise
de l’activité professionnelle, mais aussi d’apprendre à
gérer la douleur, d’améliorer la qualité de vie et le vécu
psychologique, et de retrouver la mobilité du dos.
Ces programmes se déroulent sur cinq semaines, au
rythme de 5 jours/semaine de 9h à 16h. La prise en
charge est multidisciplinaire : kinésithérapeute (séances en
groupe, individuelles, en balnéothérapie, de relaxation),
ergothérapeute, éducateur sportif (activité physique
adaptée), diététicien, psychologue et assistante sociale.
Le programme se déroule en trois phases : évaluation
initiale, programme réalisé au centre et suivi. Avant de
commencer le programme de réentrainement à l’effort,
le patient doit être examiné par son médecin traitant et
subir des examens complémentaires en fonction de ses
antécédents (notamment une épreuve d’effort).
1- Évaluation initiale :
L’évaluation initiale comporte une évaluation de la
douleur (échelle EVA au repos, à l’activité, nocturne) et
son retentissement sur l’activité (échelles de Dallas et de
Québec), une évaluation de la qualité de vie (échelle SF
36), une appréciation de l’état psychologique (échelle
HAD) et de la motivation du patient. Associé à cela :
-un bilan morphostatique classique est entrepris qui évalue
la statique rachidienne dans les trois plans de l’espace et
l’équilibre du bassin.
-un test d’endurence des musles fléchisseurs (Shirado-Ito) et
extenseurs (Sorensen-Biering) du tronc.
2- Programme :
Le programme implique trois phases : travail de la
flexibilité rachidienne, travail de renforcement musculaire,
travail de l’endurance. Il s’achève par une réévaluation
qui reprend les paramètres de l’évaluation initiale, réalisés
par les mêmes thérapeutes.
L’activité physique adaptée assure un travail de
renforcement musculaire, notamment des muscles
extenseurs et fléchisseurs du tronc, du grand dorsal, du
FMC S. Khalfaoui et al.