En 1939, le Comité provisoire décida d’organiser la première assemblée générale du COE en
août 1941, mais le déclenchement de la guerre mondiale entrava ses projets et la période de
formation se prolongea pendant une décennie. Entre 1940 et 1946, le Comité provisoire ne put
pas fonctionner normalement par l’entremise de ses divers comités, mais ses membres et
d’autres personnes se réunirent aux États-Unis, en Angleterre et en Suisse. A Genève, pendant
la guerre, plusieurs activités furent mises en place sous la conduite de Visser’t Hooft : service
d’aumônerie, aide aux prisonniers de guerre, aide aux juifs et autres réfugiés, transmission
d’informations aux Églises, préparation, par des contacts avec d’autres responsables chrétiens
de tous bords, de la réconciliation et de l’entraide des Églises après la guerre. Une fois la
guerre terminée, le Comité provisoire se réunit à Genève (1946) et à Buck Hills, Pennsylvanie
(1947). Il put affirmer que la tragédie de la guerre avait renforcé la détermination des Églises
de manifester leur communauté de réconciliation. En 1948, 90 Églises avaient accepté
l’invitation à faire partie du COE.
Lorsque l’Assemblée inaugurale s’ouvrit le 22 août 1948, ses 147 Églises de 44 pays
représentaient d’une certaine manière toutes les familles confessionnelles du monde chrétien,
à l’exception de l’Église catholique romaine. Le jour suivant, l’Assemblée adopta la
constitution du COE et la communauté nouvellement créée publia son message : « Le Christ
nous a faits siens et il n’est pas divisé. En le cherchant, nous nous trouvons les uns les autres.
Ici, à Amsterdam, nous avons contracté envers le Christ un nouvel engagement et avons fait
alliance les uns avec les autres en constituant le Conseil œcuménique des Églises. Nous
sommes décidés à demeurer ensemble. » A Amsterdam, les tâches du Conseil furent définies
d’une manière générale dans sa constitution et, plus précisément, dans les décisions relatives
aux lignes directrices, aux programmes et au budget. L’Assemblée autorisa le COE à faire des
déclarations aux Églises et au monde, tout en définissant clairement les limites de ces
déclarations.
1.3. Nature et objectif du COE
En 1948, les Églises membres avaient conscience que le COE n’était pas une Église
supérieure et encore moins une Église universelle ou un embryon d’Église mondiale. Elles
concevaient le Conseil comme un instrument leur permettant de témoigner ensemble de leur
engagement commun envers Jésus Christ, de rechercher l’unité que le Christ veut pour son
Église unique et de collaborer dans les domaines exigeant des déclarations et des décisions
communes. L’Assemblée faisait sienne la définition du COE donnée par Visser’t Hooft : «
une solution temporaire, une étape ; [...] une communauté qui s’efforce d’exprimer l’unité
qu’elle a déjà reçue en Christ et de frayer la voie à une expression plus complète et plus
profonde de cette unité. »
En 1948, n’était pas claire la manière dont la nature spirituelle de cette communauté se
rapporte à la conception que les Églises membres ont de la nature et des limites du COE et de
leur conception de leurs relations ecclésiales avec les autres membres. En d’autres termes, est-
ce que le fait pour une Église d’être membre du COE a des conséquences sur la conception
qu’elle a d’elle-même ou sur sa position ecclésiologique ?
Pour clarifier les choses, le Comité central du COE de 1950 adopta la Déclaration de Toronto
sur l’Église, les Églises et le Conseil œcuménique des Églises. Issue d’un débat passionné, son
contenu « définissait un point de départ et non pas la voie à suivre ni le but à atteindre » (L.
Newbigin). Aux termes de cette Déclaration, le COE « n’est pas une super-Église et ne devra