Les entreprises d`insertion ont démontré leur utilité socialeet leur

ENTREPRENEUR
P
our chaque euro investi
par la collectivité dans la
réinsertion, les commis-
saires aux comptes du groupe
Vitamine Tont calculé que
prise reversait 2,45euros en char-
gessociales etdiverses taxes.«Un
beau retour sur investissement »,
assure le président de ce groupe
crééen 1978etquiemploie prèsde
3.000 personnes pour 50 millions
de chiffre dont
seulement 11,5%sont dessubven-
tions. par éco-
nomique marie projet social et
rentabilité économique. Elle
intègre, par le travail, des person-
nes éloignées du monde de
est faire
des salariés àpart entière afin de
ne plus les stigmatiser comme
des«cassociaux ».
Pour que ce projet social fonc-
tionne, les structures
ont la responsabilité de rendre
leuractivitééconomiquepérenne.
Et beaucoup y excellent. Parce
sur un marché,
le plus souvent concurrentiel,
elles doivent seprésenter comme
des entreprises classiques même
pour celles constituées en asso-
ciation comme le Groupe Ares,
spécialiste de la logistique, ou le
marseillais Acta Vista dans le
patrimoine. « Il affiché nulle
part quenous sommes une entre-
prise Nos clients atten-
dent denous un service de qualité
à un prix compétitif. leur
vendede socialene lesinté-
ressepas », explique sans détour
Michel Plassart, directeur général
Propreté* à Nantes, qui
emploie 240 salariés dont une
centaine en insertion et affiche
6,5 millions de chiffre
Le modèle fait fi des
conventions. est une
SASdont le capital estdétenu par
une association. «Cechoix nous
permet defaire de notre
priorité afin de maîtriser le projet
social tout en sachant que le sup-
port en est »,complète
Michel Plassart. Pour rendre ce
projet social pérenne, il faut
soit économiquement viable car
les subventions accordées par
pour les postes
ne doivent passervir àconsolider
le chiffre « Cetargent ne
représenteque5 %de notre chiffre
total. Il sert surtout à
payer social et
la formation denossalariés », sou-
ligne Nicolas Froissard, vice-pré-
sident du Groupe SOS,le premier
Vitamine T et ADC Propreté, il est
desopérateurs historiques du
secteur. Après trente ans
tence, SOS compte près de
11.000 salariés pour un chiffre
de 650 millions
dont40millionsissusdesesentre-
prises
Dansces entreprises et associa-
tions, les bénéfices sont réinjectés
pourdévelopperdenouvellesacti-
vités qui vont créer de nouveaux
emplois. Un cercle vertueux pour
cesstructures, mais un mix entre
social et économie qui déroute
parfois les pouvoirs publics. «Ils
sont pourtant gagnants. En deve-
nant salariées, les personnes ne
plus un sou àla collectivité
etcontribuent, par leur travail, àla
richesse du pays », glisse Michel
Plassart. Un système efficace qui
rendunserviceéconomiqueàtout
le monde. Marina Al Rubaee
*Auteur de « Travailler pour
Pro-
preté »,éditions Rue de
EMPLOI// Lesentreprises
ont démontré leur
utilité socialeet leur performance
économique.
Auservicedelalutte
contrelaprécarité
«Nosclients
attendentdenous
unservicedequalité
àunprixcompétitif.
leurvende
de socialene
lesintéressepas.»
MICHELPLASSART
Directeurgénéral
Propreté
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PERSPECTIVES // nationale examine la semaine prochaine une loi pour donner un coup
à socialeetsolidaire. Zoom sur un secteur desentreprises classiques ont
inventé denouveaux modèles rentables dans des domaines jusque-làplutôt réservés aux associations.
audéfidufinancement
YvesVilagines
O
rphelin, voilà comment se
sent André Dupon, lepré-
sident du Mouvement des
entrepreneurs sociaux (Mouves) à
laveille de du projet de
loi relatif à sociale et
solidaire (ESS)à
nationale àpartir du 13mai pro-
chain.BenoîtHamon,ayantrepris
le portefeuille de en a
laissé les rênes à Valérie Fourney-
ron(lireci-contre). «Lapériodeest
curieuse. Avec ce projet de loi,
Il avait unevision etun calendrier.
Mais il aemporté presquetoute son
équipeet pas
tion », déplore André Dupon, qui
estaussi le patron du groupe Vita-
mine T, une belle ETI de 60 mil-
lions de chiffre
Leprincipalobjectif decetteloiest
une dynamique.
Depuis dix ans, apermis de
créer enFrance 400.000 nou-
veaux emplois dans des activités
pour non délocalisa-
bles. à 2020, sesbesoins en
recrutement sont estimés à plus
de 600.000 personnes. «
le changement de
ajoute André Dupon. Alors
nouvelle génération
neurs arrive, dont beaucoup sont
issus de commerce, ma
crainte, lefinancement. »
Difficile de changer
Cetteloi marque
sement du champ de à
structures que les tradi-
tionnelles associations, coopérati-
ves,mutuelles et fondations. Les
entreprises classiques pourront
désormais prétendre à être
«sociales et solidaires» àcondi-
tion remplissent descritè-
res sociale ou environne-
mentale,de limitation de la
rémunération de leurs actionnai-
res, de bonne gouvernance avec
leurs parties prenantes,
dessalaires de 1à 7.En échange ?
«Pasgrand-chose,assure Arnaud
Mourot, le codirecteur
Europe. Pour ma part, jepréfére-
rais descritères objectifs
tion de social.Et devraies
contreparties. Par exemple, lors-
activité sportive auprès de
personnesâgéesréduit le risque de
fracture du col du fémur, comment
partagerleséconomiesréaliséespar
la collectivité ?»
cesdernières années,ce
que appelle parfois « le tiers
secteur » ne seposait pas tropla
question de salucrativité. Mais ici
aussi estdevenu le nerf de
laguerre,quiplusestenpériodede
réduction dessubventions publi-
ques.Dufaitdudésengagementde
et descollectivités, le monde
non lucratif voit sesmodèles éco-
nomiques bousculés tandis que
social émerge,
venant brouiller les lignes. Des
entreprises classiques àvocation
sociale inventent de nouveaux
modèles économiques rentables
dans des secteurs jusque-là réser-
vés plutôt aux associations
comme le social, et
même audéveloppement. Et
apportent avecellesdesméthodes
demanagementetdefinancement
dignesde start-up de
ment ?« on
analyse
Nicolas Hazard, fondateur du
fonds Comptoir
de v ation . à
100.000euros,il existebeaucoupde
dispositifs.Mais quand on aun pro-
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jet industriel, aenviedegran-
dir,derépliquerunsuccèsenFrance
ou à il a plus per-
sonne.» La loi introduit plusieurs
possibilités de financement : la
création des certificats mutualis-
tes etune meilleure rémunération
destitresassociatifs,créésen1985 ;
et, pour les entreprises, la possibi-
lité «Entreprise soli-
daire » qui donne accèsà
salariale. Un système
remboursables dédiéà
tion sociale doit également être
créé cet automne par bpifrance
avec une dizaine de régions, doté
de 20 millions sur deux
ans. «Lechangement pas-
serapar denouvellesalliances avec
les financeurs »,souligne Sophie
Keller, coauteure ouvrage (*)
surlefinancement.Coupdebutoir
libéraloumaturitééconomique,le
débat fait rage entre les tenants du
non-lucratif et ceux de
neuriat social. Mais un mouve-
ment est en marche avec, par
exemple, de fonds
spécialisés atti-
rés par la résilience de en
période de crise comme le souli-
gneun rapport de interna-
tional du travail pour le modèle
rendements moindres. Les entre-
prises sociales épousent donc un
modèle éprouvé, celui de la levée
de fonds. Toutefois, le financier
NicolasHazardmetengarde :«On
mélangesouventinvestissementres-
ponsableetfinancesolidaire.Lepre-
mierrelèvedelaRSE.OrRSEetESS
sont trèsdifférentes. La RSEcom-
pensedes externalités négatives,
crée desexternalités positi-
ves.»Enfin, aux méca-
nismeséconomiquestraditionnels
peut donner lieu à inter-
rogations. Jean-Michel Caye, du
BCGajoute : « Les entrepreneurs
sociaux acceptent les règlesdu jeu
économique. On peut seposer la
question descontraintes. Comment
nepeutlesrémunérer ?»Onassiste
donc àune confrontation entre la
volonté de de changer
nomie, et celle ducapitalisme de
faire accepter sesrègles.
* «Stratégie et financement desentre-
prises sociales et solidaires », par
Amandine Barthélémy,SophieKeller
et Romain Slitine, aux éditions Ruede
Leschiffres
10
%
DUPRODUIT
BRUT
Selonladéfinitionde
miesocialeetsolidaire(sta-
tutset/ouimpactsocial),ce
chiffrevariede7à10% duPIB.
2,33
MILLIONS
Associations,coopératives,
mutuellesetfondationssont
lepremieremployeurdusec-
teursocial,du sportetdesloi-
sirs,ledeuxièmedanslafinan-
ce,banqueetassurance.
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Ce enpensent
«Unenouvellegénération
sociaux
arrive,maismacrainte
lefinancement.»
DUPON
PrésidentduMouvement
desentrepreneurssociaux(Mouves)
« 100.000euros,
ilexistebeaucoup
dedispositifs.Maisquand
onaenviedegrandir,
il apluspersonne.»
NICOLASHAZARD
FondateurduComptoirde
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