Ethique de la lutte contre la déforestation

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Master 2 Economie et Développement
I.
International
Spécialité Développement Durable dans les
PED
II.et PET
CERDI – Université d’Auvergne
Année Universitaire
2011 - 2012
III.
IV.
V.
VI.
Ethique de la lutte contre
la déforestation
VII.
VIII.
Professeur : François Régis MAHIEU
Etudiants : Chloé BAO
Patrick Engels RAVATSY
Février1 2012
Table des matières
INTRODUCTION ...............................................................................................................3
I.
Le contexte de la déforestation dans le monde.......................................................... 4
1.
Le rôle de la forêt ....................................................................................................................... 4
2.
Les statistiques de la déforestation dans le monde ................................................................ 4
II. Les principales questions éthiques dans la lutte contre la déforestation ..................6
1.
L’émission de gaz à effet de serre et le changement climatique .......................................... 6
2.
La lutte contre la déforestation est un bien public mondial .................................................. 7
3.
La pauvreté ................................................................................................................................... 8
4.
Le caractère social et culturel ..................................................................................................... 8
5.
L’utilisation durable de la forêt .................................................................................................. 9
III.
Les principales approches théoriques. ................................................................. 10
1.
La théorie de l’utilité .................................................................................................................. 10
2.
La pensé écologique .................................................................................................................. 11
3.
La théorie moderne de la justice de Rawls ............................................................................. 11
4.
La théorie des capacités de Sen Amartya ............................................................................... 12
IV.
Analyse éthique ..................................................................................................... 13
1.
La morale et l’éthique dans l’action de lutter contre la déforestation ................................ 13
2.
Les intérêts fondamentaux (le bien être, la liberté et la justice) .......................................... 14
3.
Bioéthique ................................................................................................................................... 16
a.
La dignité humaine, les droits de l’homme et la justice : ................................................. 16
b.
L’action bienfaisante ............................................................................................................. 16
c.
L’altruisme .............................................................................................................................. 17
d.
La diversité culturelle, le pluralisme et la tolérance .......................................................... 17
e.
La solidarité, équité et coopération ..................................................................................... 18
f.
La responsabilité de l’écosystème et de la biosphère........................................................ 19
V. Conclusion ................................................................................................................ 20
VI.
Bibliographies ....................................................................................................... 21
2
INTRODUCTION
La lutte contre la déforestation est devenue un enjeu mondial, pour freiner le
réchauffement climatique, et la perte des biodiversités dont l’humanité commence à subir les
conséquences. Les deux faits sont irréversibles et dont l’homme est à l’origine. Il faut noter au
passage que la lutte contre la déforestation contribue à la réduction de la pauvreté.
La destruction de la forêt n’est pas exclusivement une disparition physique, à
conséquence environnementale (ensablement des bassins versants, disparition des espèces etc, …..) mais elle
est aussi une disparition culturelle et humaine (population indigènes, …) et a un effet social (exode
rurale, famine, etc…)
A cause de la déforestation, les écologistes avancent aujourd’hui que 30 000 plantes et animaux
disparaissent chaque année. Une plante sur huit serait menacée d’extinction, et 11% des oiseaux
le seraient déjà, un quart des espèces mammifères et 50% de la faune et flore mondiale en danger
d’extinction d’ici un siècle.
Il est urgent que nos actions progressent et qu’il faut agir plus efficacement. La convention de
Rio en 1992, la convention sur la diversité biologique signée par plus de 180 pays est un cadre
international, aujourd’hui, à la définition des actions de conservations au sein des pays.
Vu l’ampleur des dégâts, les actions sont urgentes et doivent enregistrer des résultats concrets
et immédiates. Dans cette lutte, le jugement de valeur entre le mal et le bien est définie (la
déforestation un mal et sa préservation ou à la limite sa reconstitution un bien)
Nous nous retrouvons aujourd’hui sur une chaine où chacun à sa part de responsabilité, depuis
ceux qui coupent en dehors de cadre règlementaire et ceux qui bénéficient les produits finis issu
des opérations. Il est difficile de ce fait de culpabilisé uniquement ceux qui se trouvent en amont
de la chaine, et de ne pas tenir compte notre comportement quotidienne en avale. On se
demande même si ce n’est pas l’inverse qui est le plus justifié.
Notre problématique se penchera sur l’aspect éthique de l’humanité face à cette crise écologique
et l’action « conservantionniste ». Pourquoi et comment préserver ? À qui incombe la
responsabilité face à la déforestation? Quels sont les enjeux économiques, sur le plan
éthique, etc.
Nous aborderons ainsi de manière critique, le sujet par rapport aux visions utilitaristes, aux
critiques de Rawls à travers sa théorie, la pensé écologiques, la dignité humaine et notre action de
bienfaisance, l’altruisme en relation avec la lutte contre la déforestation, etc…
Nous présenterons à la fin des pistes à explorer davantage pour faire face à la problématique. Ces
points de réflexions seront invoqués dans l’analyse éthique.
3
I.
Le contexte de la déforestation dans le monde
1. Le rôle de la forêt
Les forêts sont des ressources naturelles renouvelables et potentiellement inépuisables. Elles ont
des valeurs qui permettent de répondre aux besoins de l’homme et de la nature. Tout d’abord,
l’homme bénéfice de la forêt à travers ses valeurs d’usage directe à des fins de consommation
(biens commerciaux, industriels) ou à des fins de non consommation (valeur de récréation). Ces valeurs
sont souvent appréciées par les groupes ayant des intérêts commerciaux. Ce sont aussi des valeurs
de subsistances et de survie pour les habitants locaux en leur fournissant les bois, les produits
alimentaires, les médicaments, les sources d’approvisionnement en eau, les produits vendables qui
permettent un revenu et des emplois. Ensuite, les valeurs d’usages indirectes de la forêt
contribuent à la protection de bassins versants, des sols, de la diversité biologique et des espèces.
Elles permettent aussi à une amélioration de la fertilité, à l’échange de gaz et de stockage de
carbone. Ces valeurs sont des arguments utilisés par les écologistes et les non commerciaux pour
conserver la forêt. Enfin, la forêt possède aussi une valeur d’option et d’existence qui permet une
utilisation future ou celle des générations futures.
Le phénomène d’anthropisation qui se traduit par la pression démographique, l’intensité de
l’agriculture et le développement industriel, les besoins énergétiques de la population locale et de
la production de biocarburant .Ensuite, les intérêts commerciaux en contribuant à une
augmentation de la déforestation dans le monde entier.
2. Les statistiques de la déforestation dans le monde
En utilisant les derniers travaux de la FAO (Avril 2010), « Evaluation des ressources forestières
mondiales 2010 », la superficie forestière relève 4 milliards d’ha (2000-2010) qui correspond à
31% de superficie des terres. Il est nécessaire que nous distinguions la déforestation brute et la
déforestation nette.
La déforestation nette est la déforestation en prenant compte la reforestation qui se traduit par un
gain plus de 2.2 millions d’ha/an net en Asie (Chine, Inde, Vietnam) et une perte nette importante
de l’intensité de forêt en Amérique du Sud et en Afrique respectivement à -4 millions d’ha/an et
-3.4 millions d’ha/an (tableau 1).
4
Table 1 : Situation des forêts dans le monde
(Source : FAO utilisé dans le rapport de Le Guen)
En termes de déforestation brute, malgré qu’il y a un recul dans la déforestation mondiale, la
déforestation dans le monde reste encore très élevée (de 16 millions d’ha/an à 13 millions d’ha/an)
dont les principaux pays sont Brésil et Indonésie avec la principale cause est la conversion des
forêts tropicales en terres agricoles. Par conséquence, actuellement, nous estimons une perte
considérablement des forêts primaires (-40 millions d’ha de 2000 à 2010) qui a un impact important
sur la fonction biologique de l’écosystème (capacité d’absorption de carbone a diminué 289 gigatonnes)
(tableau 2).
Table 2 : tableau récapitulatif
(Source : FAO utilisé dans le rapport de Le Guen)
5
II.
Les principales questions éthiques dans la lutte contre la déforestation
Les activités de l’homme exercées sur la forêt ont des impacts dévastateurs autant sur la vie
humaine elle-même que sur l’écosystème. Par conséquent, il apparait un enjeu important qui
soulève des questions aujourd’hui qui est la place de l’éthique dans la lutte contre la déforestation
et l’intégrer dans la lutte est considéré comme un objectif. Les efforts de différents acteurs seront
nécessaires pour atteindre ces objectifs. Il est donc nécessaire de construire une analyse objective
sur les principales dimensions de l’éthique.
Tableau 3 : différentes dimensions éthiques pris en compte dans la lutte contre la
déforestation
Facteurs
Dimensions
Objectifs
Les exploitants
Utilisation durable de la forêt.
Exploiter
de
Les
responsable,
durable
commerciaux
conserver la forêt primaire.
-
La
façon
ou
population
locale
La communauté des La pauvreté
Assurer la sécurité alimentaire
zones forestières, les
et sanitaire, la liberté, le bien-
politiciens et les autres
être et l’accès équitable, la
parties prenantes
réduction de la pauvreté.
La forêt
Le caractère social et culturel
Conserver
l’identité
et
diversité culturelle, sociale
Stocks de carbones
Emission de gaz à effet de Conserver un bon état de
serre, changement climatique
l’écosystème
et
fonction
biologique.
(Source : Chloé BAO ; Patrick Engels RAVATSY)
1. L’émission de gaz à effet de serre et le changement climatique
La déforestation est la cause de 20% des émissions1 des gaz à effet de serre mondiale qui est à un
taux plus élevé que celui de transport toutes catégories comprises. Cette situation contribue
largement au bouleversement climatique. La forêt de l’Amazonie, premier puits à carbone de la
planète, disparaisse à raison de 17% de sa surface2 chaque année. La capacité de séquestration de
carbone de l’écosystème et leur capacité de conserver de l’eau s’en trouvent affectées. La
1
http://monoeilsurlaplanete.wordpress.com
2
: FAO : la forêt amazonienne “le poumon de la planète” est l’objet des conflits. Chaque kilomètre carré de forêt détruit correspond à l’émission
de 22 000 tonnes de Dioxyde de carbone dans l’atmosphère
6
déforestation est un acte humain et souvent irréversible et la lutte contre ce fléau est parmi les
moins couteuses des politiques de lutte contre le changement climatique et pourtant l’humanité
est incapable
d’arrêter l’hémorragie. Le comportement passif de l’humanité est
incompréhensible quand on prend acte de l’effet catastrophique
que peut engendrer
le
3
changement climatique sur notre planète et si on veut la stopper, il est nécessaire d’arrêter la
déforestation.
2. La lutte contre la déforestation est un bien public mondial
La lutte contre la déforestation est un bien public mondial, car aucun pays ne peut échapper à ses
effets. La déforestation a un effet sur le climat qui est par la suite lié, étroitement à d’autres biens
publics mondiaux comme l’air pur. Ces biens ne peuvent pas être fournis par le marché, une
action collective indispensable pour y arriver et cela pose des questions aujourd’hui pour les pays
qui ne participent pas au financement, « les passagers clandestins », mais peuvent tout de même
bénéficiers de l’externalité positive de la lutte. L’un des enjeux est de parvenir à imposer un
mécanisme approprié au niveau mondial et que tous les pays s’y adhère et mettre en place un
environnement favorable pour faire avancer la lutte contre la déforestation. C’est dans cet ordre
d’idée que s’inscrivent les douze principes de l’« Initiative de Mumbai – Porto Alegre pour les forêts »4
Par ailleurs, la convention-cadre des Nations -Unies sur le changement climatiques et le protocole
de Kyoto mentionne que les pays industrialisés participent au financement de la préservation du
climat en tant que biens publics mondiaux par la prise des différentes mesures d’atténuation des
émissions de gaz à effet de serre et à aider les pays en voie de développement à supporter les
coûts de mesure d’adaptation. En constatant qu’aujourd’hui la tendance n’est pas au
renforcement de cet accord, au contraire, certain pays signataire se retire de l’accord et cela nous
laisse perplexe en sachant que derrière tout cela, c’est l’intérêt économique qui est primé.
Pourtant le rapport de
N. Stern5 confirme clairement qu’une transition vers un monde
émettant peu de gaz à effet de serre est compatible avec la poursuite du progrès économique et
social. Par contre le retard dans le passage à l’action, même de quelques décennies, pourrait avoir
3 Le changement climatique aura des conséquences sur les fondements de la vie – à savoir l’accès à l’eau, la production de denrées alimentaires, la
santé publique et l’environnement, pour les habitants du monde entier. Des centaines de millions de personnes risquent de souffrir de la faim, de
pénuries d’eau et d’inondations côtières, à mesure que la planète se réchauffera. » N.Stern, The Economics of Climate Change, octobre 2006
4 : C’est une initiative lancée en 2004 et 2005 par une convergence d’organisations sociales des cinq continents. Plaider sur la préservation des
forêts et le respect des droits et des intérêts des populations qui les habitent ou en sont tributaires. Inviter les gouvernements à fournir un
environnement politique, juridique et social favorable à la gouvernance des forêts par les communautés elles-mêmes. Dénoncer la marchandisation
de la nature, l’exploitation forestière et les plantations industrielles, ainsi que les dénommés projets de développement et de conservation de
certaines ONG et institutions internationales, « qui provoquent la déforestation et la dégradation des forêts, le déplacement des populations forestières ou la perte de
leurs moyens de subsistance ».
5
:The Economics of Climate Change, octobre 2006
7
un coût quasiment insurmontable. Les Etats-Unis, première puissance économique mondiale,
n’ont jamais signé le protocole de Kyoto et le Canada se retire de l’accord en décembre 2011.
Affiché à l’échelle mondiale, ces inactions remettent en cause l’aspect éthique face aux
destructions des biens publics mondiaux et la lutte contre la déforestation ne fait pas exception.
3. La pauvreté
La forêt abrite la moitié de la biodiversité mondiale et un cadre de vie des centaines de millions
de la population. On estime que 90% de la population des pays pauvres dépend6 des forêts pour
vivre, soit plus de 3 milliards d’habitants. Dans les pays pauvres et sous-développés, il n’existe pas
de structure sociale pour les sans-emplois et donc, sans source de revenu, et sous l’emprise de la
pauvreté, les soucis pour la génération future sont moins pesantes dans l’arbitrage et jusqu’au
point de mettre sa propre vie en sursis. Peut-t-on en vouloir à ces milliards des pauvres?
Certainement pas car pour eux c'est une question de vie ou de mort. La culpabilité est à trouver,
particulièrement chez les entrepreneurs et les industriels qui concourent à cette activité sans y être
contraint. Il viendra, le jour où tous les bois dans ces pays pauvre auront disparu, et cela aurait
des conséquences importantes sur la sécurité alimentaire, la santé, les besoins énergétiques, et
affecterait gravement la population vulnérable. Un scénario qui reflète un échec moral des
habitants de notre société. Ces habitants devront trouver un autre moyen de subsistance par
exemple un autre combustible. Cela peut être le pétrole, une ressource épuisable à l’échelle
humaine, et il faut un pouvoir d’achat pour y accéder, ce qui n’est pas toujours le cas pour la
population des pays en voie de développement et comment alors dans ce cas concilier le bien-être
de la population avec l'écologie ?
4. Le caractère social et culturel
La forêt a un usage comme lieu de repos et conserve un patrimoine historique et culturelle ce qui
lui donnent un caractère social. Les activités de loisirs dans les forêts ont aussi un retombé
positif sur l’économie. « La déforestation confisque des millions de personnes de biens et de services forestiers
cruciaux pour la sécurité alimentaire, le bien-être économique et la santé de l'environnement", a souligné
Eduardo Rojas-Briales, sous-directeur général de la FAO responsable du département des forêts.
La destruction de la forêt n’est pas seulement
une disparition physique, à conséquence
6 : Selon le rapport du 5eme "Forum sur les forêts" des Nations Unies (UNFF) qui s'est déroulé en 2005, ils utilisent pour faire de charbon de
bois, cuire leurs aliments ou se chauffer.
8
environnemental (ensablement des bassins versant, …) elle est aussi une disparition culturelle7 et
humaine et a un effet social (exode rurale, famine, …)
5. L’utilisation durable de la forêt
Lorsque nous parlons de phénomène de surexploitation des ressources forestières, nous sommes
en train de citer l’existence d’un seuil maximum de l’exploitation des ressources. Les statistiques
présentées dans la section I nous montrent que nous avons créé une perte d’intensité forestière,
c’est-à-dire que nous sommes confrontés à un phénomène de surexploitation de ces ressources.
Cette action peut avoir des conséquences sur la dégradation des sols, le changement climatique, le
changement du fonctionnement biologique ect. La question éthique qui se pose dans la lutte
contre la déforestation concerne surtout l’exploitation de manière durable, responsable, la
ressource, sinon la conservé pour la génération future.
7
: La disparition de la forêt de Mykea (communauté d’être humain qui vivent à l’écart du reste du monde) se trouvant dans la partie sud de Madagascar
engendra non seulement une dégradation de leur lieu d’habitation mais aussi la disparition de la richesse culturelle qu’ils ont préservée jusqu’ici.
9
III.
Les principales approches théoriques.
1. La théorie de l’utilité
La théorie de l’utilité est le fondement des théorèmes de l’économie du bien-être qui est la base
des sciences économiques modernes. Selon le 1er théorème, tout équilibre de marché est un
optimum de Pareto et l’optimum de Pareto permet d’atteindre l’équilibre de marché c’est-à-dire
l’équilibre concurrentiel (2ème théorème) toutes choses égale par ailleurs et sous certaines
conditions. Un optimum de Pareto est une situation dans laquelle l’amélioration de la situation
d’un individu nécessite une détérioration de celle d’au moins un autre.
L’amélioration du bien-être d’une partie de la population par l’utilisation des produits forestiers
ou par le besoin de l’espace nécessaire à l’agriculture détériore le bien être non seulement des
personnes dont la vie est directement liée à la forêt (externalité négative) mais aussi au reste du
monde qui en subissent les conséquences de la déforestation indirectement, et cela y compris les
générations futurs et l’auteur même de l’acte ( par exemple la déforestation qui entraine un effet sur le
climat. L’auteur de l’acte est à la fois « origine » et « victime » à moyen et à long terme). Il est possible
d’atteindre un optimum de Pareto si les gagnants peuvent compenser les perdants en gardant sa
situation améliorée.
Dans cette théorie, on se demande, si on ne doit pas considérer l'homme avant tout souci de
préservation de la Nature, et dans ce cas, l’obligation morale de préserver l’environnement est
indirect; elle est découlée des annuités humains de préserver le support environnemental de la vie.
Dans ce cas, la forêt doit être utilisé et considéré comme un produit banal dont l’homme a
besoin et cela sans se soucier des conséquences à court terme et encore moins pour les
générations futures.
Dans cette ordre d’idée, l’homme doit utiliser la forêt sans qu’aucun jugement morale ou
reproche lui est possible car il a accès aux ressources qui est lui incombe pour améliorer son
bien-être et c’est le deuxième théorème de l’économie du bien-être appliquée dans la lutte contre
la déforestation, dans laquelle on néglige totalement toutes autres informations dans le jugement
de bien-être notamment la liberté des individus et la société. Par conséquent, l’éthique n’apporte
pas des informations supplémentaires dans ce jugement. Mais est-ce la meilleur manière de
cohabiter avec la nature, les mouvements écologistes ont leurs points de vue sur le sujet.
10
2. La pensé écologique
Depuis le XXème siècle, la pensé écologique semble faire l’unanimité dans la pensée humaine et
dont le point de référence est que la biodiversité à une valeur intrinsèque et subjective. D’une part
l’homme a commencé à apporter un nouveau regard sur la nature. D’autre part, la naissance de
l’éthique environnementale a beaucoup influencé la manière de prise de décision vis-à-vis de
l’environnement. Une éthique de l’environnement, basée sur la relativisation de l’humanité et de
ce qu’est le propre de l’homme.
Toutefois, la pensé écologique est compliquée et flou. Si elle a pu imposer sa vision dans nos
modes de pensé, elle reste minoritaire et surtout exposé aux plusieurs enjeux et lobbying des
acteurs privées. Face à cela, souvent, la vision utilitarisme l’emporte dans les prises de décision et
que la nature passe après l’homme.
3. La théorie moderne de la justice de Rawls
Le problème qui se pose sur le plan éthique est aujourd’hui, de savoir, comment intégrer l’éthique
dans nos comportements. L’éthique permet de juger la valeur, unifier les jugements moraux dans
les différentes situations. Mais dans nos pratiques quotidiennes, cela n’est pas toujours évident.
Un jugement peut être fait lorsqu’on justifie si l’action est bonne et juste. Si le résultat de la lutte
contre la déforestation est mitigé (cf section I), les lois et règlementations ne sont que la partie
visible de l’iceberg. Alors le problème d’éthique peut être un facteur considérablement omis dans
la lutte. Mais comment l’intégrer réellement dans la lutte pour être efficace ?
Selon John Rawls8, l’éthique n’est pas une position théorique mais un choix de vie. Elle relève de
la volonté et non de la représentation. C’est pourquoi, «ce qui est éthique, on ne peut pas l’enseigner. Si je
ne pouvais expliquer à autrui l’essence de ce qui est éthique que par le biais d’une théorie, ce qui est éthique
n’aurait pas de valeur du tout.» ( id. , p. 158). « …Or c’est avec la Théorie de la justice que la philosophie
morale et politique en contexte analytique connaît un renouveau spectaculaire… ». Rawls présente un
rationalisme éthique, dans la continuité de Kant, comme il l’admet explicitement : «La théorie de la
justice est une partie, peut-être même la plus importante, de la théorie du choix rationnel.» (p. 43). Voir surtout
la page 40 consacré à «l’interprétation kantienne de la justice comme équité».
Selon Rawls d’une manière générale (la théorie de la justice traditionnelle), les questions éthiques
n’étaient pas considérées comme des questions «primaires». « ….Il s’agissait toujours peu ou prou
d’envisager les questions éthiques comme des questions secondaires, c’est-à-dire relevant de l’analyse du discours
8
John Rawls, né le 21 février 1921 à Baltimore et décédé le 24 novembre 2002 à Lexington, est l'un des philosophes politiques les plus étudiés du
XXe siècle. Professeur dans les universités de Princeton, Oxford, Cornell et Harvard jusqu'en 1995, il a été rendu célèbre par son œuvre majeure, à
laquelle il travaillait depuis les années 1960 et qui parut sous le titre A Theory of Justice (Théorie de la justice) en 1971.
11
éthique dans sa différence avec les jugements cognitifs. Au lieu de se poser des problèmes moraux radicaux
(quel choix de vie, pour quelle société … ?) on analysait l’usage des prédicats «bon» ou «juste» (linguistic
turn ) … ».
La Théorie de la justice moderne, par contre, considère que les questions éthiques sont
des questions primaires, ce sont des questions pointilleuses dans la logique d’un raisonnement
C’est sur ce point que la théorie de la justice est importante dans la lutte contre la déforestation
car elle permet de mettre la question d’éthique comme premier souci de l’homme dans l’approche
d’un problème. Par contre l’intégrer dans la lutte contre la déforestation est plus facile dans la
théorie que dans la pratique car la théorie se heurte souvent aux enjeux complexes du contexte
réel (lobbying, intérêts économiques contradictoires)
4. La théorie des capacités de Sen Amartya
Selon Sen, la vie d’une personne est une combinaison des fonctionnements (capacités) qui dépend
de la liberté de cette personne de faire un choix parmi ces fonctionnements.
Un fonctionnement ou une capacité désigne des activités que les personnes reconnaissent
spontanément comme important. L’être humain doit avoir une liberté. Les aptitudes de l’individu
à poursuivre et à atteindre ses objectifs qu’il estime important doivent être respectées par autrui.
La liberté ici apparaît comme un enjeu de la répartition, une appréciation de la situation sociale,
un critère d’évaluation d’un état social. Ce concept dépasse le simple accord contractuel chez
Rawls(la dimension morale) pour arriver à l’accord volontaire, rationnel et raisonnable (la dimension
éthique) qui permet à un individu de négocier sa liberté avec autrui. La liberté est un argument qui
nous permet d’introduire l’éthique dans le jugement de bien être dans l’action de lutte contre la
déforestation.
12
IV.
Analyse éthique
1. La morale et l’éthique dans l’action de lutter contre la déforestation
Certains auteurs rassemblent la dimension morale à la dimension éthique, d’autres ne le font pas.
Dans notre analyse éthique, nous faisons bien la distinction entre ces deux dimensions.
La place de la morale dans la lutte contre la déforestation ?
La morale dans la lutte contre la déforestation peut être considérée comme les normes, les règles
(par exemple, il existe aujourd’hui des lois qui exigent la traçabilité des produits que nous consommions, et
beaucoup de ces produits sont labélisés) qui protègent les biens être sociales liés à l’action de lutte contre
la déforestation et de coupage illicite des arbres. Ces règles et normes permettent aussi les
interactions entre les différents individus dans une société et entre la société avec
l’environnement notamment la forêt. Cet aspect moral est la morale religieuse qui est souvent
attachée avec des structures sociales de la communauté. Avons-nous, par exemple, l’esprit
tranquille après avoir acheté une guitare de marque légendaire Gibson ? en sachant que les bois
de fabrication9 proviennent10 de l’abattage illégale du bois de rose sur l’île de Madagascar et du
bois d’ébène de l’Inde.
Et l’éthique dans ce contexte ?
L’éthique permet de nous délibérer de la morale religieuse. L’éthique de la lutte contre la
déforestation consiste à juger les valeurs, les biens être des individus en conservant le bon
fonctionnement de l’écosystème. Dans l’éthique, nous trouverons les intérêts fondamentaux tirés
des valeurs de la forêt qui doivent être pris en compte dans l’analyse de la lutte contre la
déforestation. Par exemple, qui parmi nous dans ces gestes quotidienne d’achat ont eu le
souci de faire attention sur la traçabilité des produits que nous achetions ? , alors que les
bois sont partout dans nos vie quotidienne (papier, carton, meubles etc) et de ne pas acheter par
rapport au prix, mais par rapport à la présence d’un label qui justifie que les matières utilisées sont
saine. Jusqu’où sommes-nous prêts à fermer les yeux ? et probablement le jour où nous
décidons enfin de regarder la réalité en face, ce serait peut- être trop tard pour réagir. Jusqu’où
9
ONG Friends of the Earth : « Les guitares Gibson ont trop saigné le bois malgache »- LeMonde.fr
http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/01/21/
10 Le légendaire fabricant d'instruments de musique est aussi accusé de faire pression sur le Congrès américain pour qu'il annule certaines
dispositions du Lacey Act. Cette loi, adoptée en 2008 pour prévenir l'importation de bois précieux illégalement abattus, impose aux acquéreurs de
déclarer la provenance de leur marchandise et de prouver leur légalité. A défaut, ceux-ci risquent de lourdes amendes. En 2011, les usines Gibson
de Nashville ont fait l'objet de "descentes" des services de contrôle des autorités fédérales. Le fabricant était soupçonné d'utiliser du bois de rose
de Madagascar et des bois d'ébène en provenance d'Inde
13
sommes-nous prêts à sacrifier pour notre bien-être avant de mettre en avant, en priorité, le bien
être de l’humanité.
Dans l’action de lutte contre la déforestation, l’éthique est utilisée pour critiquer l’aspect moral
religieux, et les avantages sociaux, dans une communauté donnée. Elle sert à identifier les intérêts
humains fondamentaux. Ensuite, l’éthique permettra d’apporter un point de vue clair de l’impact
de morale sur le bien-être de la population et la protection de l’écosystème. Et enfin la façon
dont nous pouvons bénéficier les valeurs de la forêt de manière durable.
2. Les intérêts fondamentaux (le bien être, la liberté et la justice)
Pour arriver au succès dans la lutte contre la déforestation, il est nécessaire de prendre en compte
la dimension éthique dans cette action c’est-à-dire procéder à une analyse critique de la morale,
les intérêts fondamentaux.
Nous pouvons décomposer les intérêts fondamentaux en trois axes :
-
L’axe qui contient le bien être : l’utilité que l’individu obtient de la forêt (valeur usage et
non usage de la forêt).
-
L’axe qui contient la liberté : la liberté de l’individu de faire un choix entre
l’exploitation ou la conservation de forêt (autodétermination), la liberté d’accès aux
ressources, la liberté de décider d’exploiter la forêt de façon durable.
-
L’axe qui contient la justice : le jugement sur la répartition des avantages de la forêt.
Ces axes doivent être construits de façon pertinente. Si la morale nous apprend les avantages
sociaux alors l’éthique nous permet d’identifier les intérêts humains fondamentaux qui sont
considérablement des conditions nécessaires pour arriver vraiment à lutter contre la déforestation
autrement dit l’éthique permet de juger ces avantages sociaux. Ces axes décrivent la nécessité que
les individus apprennent à faire les gestes quotidiennes, les actions dans la lutte contre la
déforestation pour pouvoir vivre entre eux dans la communauté et avoir une bonne gestion des
ressources forestières. Chaque être humain a la capacité de définir ses intérêts fondamentaux
c’est-à-dire qu’il est libre à déterminer ce qui est bon pour lui.
La lutte contre la déforestation doit dans un premier temps satisfaire ces intérêts fondamentaux
qui peuvent être résumé dans le tableau 4 ci-dessous.
14
Tableau 4 : les intérêts fondamentaux dans la lutte contre la déforestation
Bien être
Liberté
Justice
Le stock matériel de La lutte permet une La lutte doit fournir la La lutte définit de
la forêt
préservation de stock, liberté de se déplacer bonnes pratiques qui
des espèces végétales
pour
trouver
une permettent à la forêt
autre ressource
de
régénérer,
une
coupe sélective
L’écosystème
Bon
état
de L’être
l’écosystème,
humain
est Bonnes pratiques de
libre dans le choix de protéger l’écosystème,
conserver la capacité la
capacité
de la biosphère.
de stocker le carbone, résistance
l’habitat des animaux,
conserver
la
biodiversité
La
communauté La réduction de la L’être
forestière
pauvreté.
humain
a La lutte doit définir
parfaitement la liberté un
système
de
La lutte ne doit pas dans la participation compensation, respect
avoir
les dans la lutte contre la de
l’aspect
équité
conséquences sur le déforestation
aussi bien dans l’accès
travail et le revenu de
aux ressources que
la communauté.
dans la législation
La lutte doit assurer la
sécurité
alimentaire
des habitants.
Politique de la lutte
L’être humain peut Liberté de décision
doit être transparence,
trouver
responsabilité et sous
un
autre
moyen de subsistance
le contrôle public.
(Source : Chloé Bao ; Patrick Engels RAVATSY)
15
3. Bioéthique
a.
La dignité humaine, les droits de l’homme et la justice
Les trois aspects « la dignité humaine, les droits de l’homme et la justice » peuvent être traduit par un
devoir pour la communauté, les parties prenants dans la lutte contre la déforestation de respecter
les droits de la personne qui sont au centre de l’action de lutte contre la déforestation. Ce sont les
éléments de base des intérêts humains fondamentaux. Les objectifs d’amélioration ou de
maintenance de la situation forestière, de l’écosystème et ne doivent pas avoir un impact sur ces
trois aspects. L’être humain a son droit, sa liberté dont l’aptitude doit être respecté par l’autrui. La
lutte contre la déforestation doit permettre un droit à l’être humain de l’autodétermination de son
acte, d’exploiter immédiatement ou de conserver la forêt qu’il considère comme important. Elle
doit permettre à l’être humain l’accès équitable aux ressources, d’assurer la sécurité alimentaire, et
sanitaire.
b.
L’action bienfaisante
Il consiste à faire du bien à autrui dans un intérêt social. Contribuer dans la lutte contre la
déforestation est un acte humain et des organisations mondiaux se lancent dans le domaine et en
tête le PNUD (Programme des Nations Unis pour de Développement) et une multitude des ONG
reparties dans le mondes œuvrant pour le bien de la planète (WWF, Greenpeace, FSC (Forest
Stewardship Council ) ou PEFC (Programm for the Endorsement of Forest Certification schemes)
Avant tous, ces actions sont apolitiques et sans objectif financière. Ils visent à réveiller la
conscience locale ou internationale face à un problème dont aucun pays ne peut échapper, (auteur
ou victime) et considéré souvent comme un besoin d’accomplissement (pyramide de Maslow).
Il existe aujourd’hui des personnes qui cherchent à mettre en œuvre un modèle de sociétés plus
équilibré, plus humaniste et cela est accompagné par des réussites environnementales, mais aussi
industrielles et sociales. Des actions engagées localement, dans les associations, les groupements
afin de faire bouger les choses et de pouvoir agir concrètement et chaque grain de sable qui
bougera fera avancer la bataille et que le mouvement finira par s’inverser.
L’assaut des sociétés passéiste et égoïste pour contre carrée la lutte contre la déforestation, est
présent et pourrait toujours ruiner ces actions de bienfaisance. Ces organisations ne doivent pas
lâcher prise et l’éthique est leur dernier pilier. Ces actions de bienfaisance concerne le bien être
humain, et permettent à l’être d’éviter des dommages irréversibles, (le changement climatique, érosion
des sols, disparition de la biodiversité) et accéder à un partage équitable des avantages sociaux.
16
Des questions sans réponse évidente se posent aujourd’hui sur l’engagement et la conscience de
chacun, face à la problématique de la dégradation de l’environnement, on parle d’un refus de
prendre sa responsabilité, d’une défaillance morale de l’humanité. Est-ce que l’on doit attendre que les
besoins fondamentale, de sécurité, d’appartenance et d’estime soient accompli avant d’œuvrer pour le bien être de la
planète. Et même au niveau des entreprises qui semblent être convaincu et mettent leur souci pour l’environnement
comme fer de lance auprès des acheteurs, on se demande toujours, si c’est pour un but réellement environnemental
ou commercial avant tous ? » Et enfin, ceux qui luttent pour préserver la nature, et faire avancer la lutte tous les
jours, est-ce vraiment pour le bien être de la génération future et/ou pour leurs causes personnelles ? » d’ où on
parle de l’truisme.
c.
L’altruisme
Quand on donne notre temps, notre dévouement pour une cause que l’on juge être juste,
comme l’engagement dans la lutte contre la déforestation, l’action peut être dite d’altruiste. En
réalité, pour qui agit-on ? Est-ce qu’on agit pour les autres
ou pour nous en se
comportant ainsi ?
Est-ce que ces actes n’ont pas pour vocation de répondre en premier à notre satisfaction et
conscience personnelle. En cas de réussite de l’action dans la lutte contre la déforestation, notre
entourage, notre planète en bénéficie, par contre si l’action n’a pas procuré une certaine
satisfaction à l’auteur, est-ce qu’il l’a quand même accompli ?
Robert Trivers et Robert Axelrod ont suggéré (19170-1980), « ….que l’altruisme peut être favorisé
par la sélection naturelle lorsqu’il est réciproque… ». « … On donne aujourd'hui pour recevoir demain… »
« Ce n'est plus vraiment de l'altruisme, car en fin de compte, tout le monde y gagne », précise Laurent Keller,
« c'est de la coopération ! »
Si en constatant que l’action humaine de détruire la forêt est en train de mettre en cause l’avenir
des générations futures, et qu’on se sent mal, perturbé, gêner si on n’agis pas, alors à qui on viens
en aide en faisant des actions de « bienfaisance ». En ayant cette attitude, c’est d’abord envers sa
propre personne que l’on agit en premier et par un heureux hasard, l’action a eu des
répercussions positives sur les autres.
d.
La diversité culturelle, le pluralisme et la tolérance
La diversité culturelle, le pluralisme et la tolérance sont des valeurs à tenir compte en approchant
la lutte contre la déforestation, chacun détermine les intérêts humains fondamentaux dans une
communauté forestière donnée. La déforestation dans les zones rurales de Madagascar11 par
exemple est un moyen le plus sûr pour les paysans de subvenir aux besoins de leur famille ;
compte tenu de l’Etat de la pauvreté dans lesquels ils vivent. Les conséquences de leurs actions à
11
Source : Wildmadagascar.org/kids/20-environement-deforestation.html
17
long termes ne sont pas leur première préoccupation. Chacun définit sa meilleure façon de vivre
en respectant la morale c’est-à-dire les normes, les règles de la communauté forestière.
Selon l’article, au point de vue de ces paysans, s’il en reste de la forêt à bruler, autant le faire
avant le voisin. La culture du riz a des origines culturelles et spirituelles qui vont au-delà de la
valeur économique et nutritionnelle du riz. Dans une situation pareille, la lutte contre la
déforestation doit intégrer la lutte contre la pauvreté. En sachant que les deux paramètres sont
corrélés et les séparer dans la résolution est immoral. Vouloir empêcher ses pauvres d’abattre des
forets pour planter du riz, sans proposer une alternative, en sachant pertinemment que cette
culture est leur moyen de survie, c’est sacrifier leur vie au profit de la génération future. Et c’est
là qu’interviens le jugement moral et la tolérance. Dans un cas pareil, il est nécessaire de résoudre
le problème de la pauvreté en premier et l’environnement s’en suit, et l’éthique prend forme
d’une tolérance, de la compréhension des autres et leurs cultures, d’un dialogue pour appréhender
le problème dans son angle véritable.
Toutes les cultures12 sont égales selon M Jerome Bindé « …toutes les cultures doivent donc être respectées,
ce qui ne signifie en aucun cas qu’au nom de la diversité culturelle, tous les actes soient permis ni tous les crimes
justifiées…». Et selon toujours l’auteur « … Le défi d'aujourd'hui est qu'une grande part du travail éthique
soit faite à l'échelle d'une communauté mondiale, et que cette nouvelle orientation éthique soit fondée sur l'idée de
dialogue des cultures. Un tel dialogue reposerait sur l'idée que les cultures doivent être respectées, mais que les
valeurs peuvent être évaluées ensemble …»
Généralement, la diversité culturelle, le pluralisme et la tolérance se traduisent par la nécessité de
prendre en compte des différentes valeurs dans la lutte contre la déforestation avec les limites de
la morale. Les efforts, les participations de l’être humain seront très important pour la réussir.
e.
La solidarité, équité et coopération
La solidarité, équité et coopération sont les actions très importantes dans la lutte contre la
déforestation. Il faut que toutes les parties prenantes partagent les informations, les technologies,
les expériences dans cette action. Il faut également avoir une solidarité entre les individus dans
une communauté (à l’échelle locale) et entre les pays à l’échelle globale qui pourra permettre
d’éradiquer la pauvreté, une équité entre la répartition des avantages sociaux entre les secteurs et
entre les intra-secteurs (entre les exploitants et les consommateurs)
12 "OÙ VONT LES VALEURS ?": Une éthique du futur, M. Jérôme Bindé (sous la direction de), Paris, Unesco/Albin Michel, 510 p. 28 avril
2004 – 2004/04/28
18
La politique de lutte contre la déforestation doit être responsable, transparent sous le contrôle
public. Ce caractère peut créer la confiance de la population et les inciter à participer dans l’action
de lutte pour rendre l’action plus efficace et efficience.
f.
La responsabilité de l’écosystème et de la biosphère
La forêt offre les principales fonctions nécessaires pour la vie humaine. Ce sont les fonctions de
stockage de carbone, de fournir les ressources de bases (bois par exemple), d’aménité, et de
biosphère. Les trois premières fonctions peuvent être substituées par les fonctions artificielles de
l’activité humaine. Mais la biosphère, elle est très difficile à être substitué. Une perte de la
fonction biosphère ou une dégradation de cette fonction peut avoir des impacts en retour à l’être
humain. Alors il est nécessaire que chaque individu contribue à la protection de cette fonction.
Chaque individu doit être responsable de l’action de déforestation. Certes, l’homme a le droit, la
liberté dans ses actions mais il faut prendre en compte les conséquences de la déforestation pour
les générations futures alors dans ce cas le respecter l’environnement, de la forêt et de
l’écosystème deviennent une obligation et un devoir morale envers l’humanité.
19
V.
Conclusion
L’analyse éthique dans la lutte contre la déforestation nous permet d’avoir une nouvelle vision sur
la morale de l’action de lutter contre ce fléau. La morale doit impérativement satisfaire la
dimension éthique. Et dans ce cas, elle n’est plus la morale qui ne prenait en compte que les trois
dimensions, économique, social, et environnemental de développement durable.
L’éthique joue un rôle majeur dans la lutte contre la déforestation et cela dans le contexte du
développement durable, dans la prise de décision des parties prenantes, des parties politiques et
dans la conservation de l’écosystème. Sans prendre en compte l’aspect éthique, la lutte contre la
déforestation pourrait ne pas relever son défi et enregistré une réussite concrète.
Par contre, la morale permet des interactions entre les individus et aussi entre les individus et
l’environnement. Alors la morale de la lutte contre la déforestation affecte les intérêts humains
fondamentaux de l’éthique dont l’effet dépend du contexte où nous nous trouverons. L’analyse
des avantages sociaux obtenus de la lutte contre la déforestation peut être associée avec les
l’analyse éthique qui permet de définir une bonne décision, une politique qui bénéficiera à la fois
l’amélioration de l’intensité de la forêt, de la conservation des forêts primaires et le bien-être, la
liberté et la justice de l’être humain. On parle d’une situation « gagnant-gagnant ».
L’éthique dans la lutte contre la déforestation porte aussi ses limites. Il y a des incertitudes sur les
résultats de nos intérêts fondamentaux, de nos connaissances, de nos décisions. Il y a des
incertitudes également sur les résultats, sur les intérêts, sur les connaissances ainsi que les
décisions prises et qu’il est nécessaire de toujours en tenir compte.
20
VI.
Bibliographies
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utilitarisme ». In: Revue française de science politique, 41e année, n°1, 1991. pp. 81-96.
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