
Des facteurs de risques communs
La dysfonction érectile, comme les maladies cardio-vasculaires, est favorisée par le tabagisme, le
diabète, une hypertension artérielle et la dyslipidémie. Ainsi, la prédominance d'une dysfonction
érectile sévère ajustée à l'âge est 1,5 fois plus élevée chez les hommes atteints d’hypertension
artérielle que dans la population générale. De même chez les patients ayant une dysfonction
érectile, 37 % ont un profil lipidique anormal, 14 % des dosages d'hémoglobine glycosylée trop
élevés, 17 % une hypertension artérielle non contrôlée et 6 % une angine de poitrine. Cela
souligne l'importance de réaliser des dosages de cholestérol total et de cholestérol associé aux
lipoprotéines à haute densité (cholestérol HDL) afin d'évaluer le profil de risque cardio-vasculaire
du patient.
Une étude récente, prospective, portant sur 1800 hommes a montré que l'âge, l'obésité,
l’hypercholestérolémie et un taux élevé de triglycérides chez des hommes d'âge moyen pouvaient
à la fois prédire les risques de maladies cardio-vasculaires et les probabilités de développer une
dysfonction érectile.
Chez les patients diabétiques, la dysfonction érectile pourrait, plus que dans tout autre situation,
témoigner de l'existence d'une maladie cardiaque silencieuse. Une étude a comparé 133 hommes
diabétiques sans complications liées au diabète mais présentant des lésions coronariennes
asymptomatiques objectivées à la coronarographie à 127 autres diabétiques sans maladie
cardiaque silencieuse. Parmi les hommes diabétiques atteints d'une coronaropathie silencieuse,
33,8 % avaient une dysfonction érectile alors que seuls 4,7 % des diabétiques indemnes de toute
atteinte coronaire asymptomatique avaient une dysfonction érectile. L’évaluation statistique des
meilleurs facteurs de risque de maladie coronaire silencieuse a conclu que la dysfonction érectile
était le meilleur élément prédictif par comparaison aux facteurs de risque traditionnel.
Arguments physiopathologiques
La dysfonction endothéliale
Furchgott et Zawadzki, au début des années 80, ont rapporté le rôle obligatoire de l’endothélium
dans la relaxation vasculaire et la nécessité de son intégrité pour maintenir la possibilité d'une
vasodilatation. Depuis de multiples études ont montré qu'en cas de maladies cardio-vasculaires,
les réponses dépendant de l'endothélium étaient altérées.
Cela a souligné que la dysfonction des cellules endothéliales jouait un rôle dans l’initiation et la
progression des maladies cardiovasculaires.
En effet, les cellules endothéliales régulent activement le tonus vasculaire basal et la réactivité
dans des conditions physiologiques et pathologiques, en répondant aux forces mécaniques et aux
médiateurs neuro-humoraux par la libération d’une variété de facteurs relaxants et contractants.
Les facteurs relaxants issus de l'endothélium comprennent en particulier le monoxyde d’azote
(NO). D’un autre côté, les cellules endothéliales peuvent produire des vasoconstricteurs et des
promoteurs de croissance.
En présence de facteurs de risque cardio-vasculaire, le rôle protecteur de l’endothélium est
diminué, alors que la production de médiateurs vasoconstricteurs, pro-agrégants et pro-mitogènes
est maintenue ou stimulée.