Comment intégrer les dimensions de l’irritabilité et de la labilité de l’affect lors des premiers épisodes des troubles bipolaires Andrée Daigneault, MD Divulgation de conflits d’intérêt potentiels AstraZeneca : conférencière, comité aviseur BMS : conférencière, subvention de recherche Lundbeck : conférencière, comité aviseur Sunovion : comité aviseur Prends soin de toi : subvention développement clinique / recherche CIRH / NARSAD : collaboration avec UBC/Douglas Jonathan… enfance et adolescence : • Jonathan est décrit par ses proches comme ayant toujours été très actif voire excessivement actif et il dormait peu lorsque comparé aux 2 autres enfants dans la famille. • Dès l’âge de 2 ans, ses parents mentionnent que Jonathan nécessitait une surveillance très étroite. Ses crises de colère sont explosives. Il crie, lance des objets, mord les autres enfants. Sa mère rapporte qu’elle devait le prendre dans ses bras pour le maîtriser et attendre peu à peu qu’il se calme. La plupart du temps après les crises de colère, Jonathan s’endormait et avait de vagues souvenirs de ce qui était survenu. • Jonathan, n’a jamais pu demeurer plus que quelques heures dans un camp de vacances ou autres ressources, en raison de ses crises de colère, les intervenants demandaient aux parents de revenir de toute urgence et Jonathan était ramené à la maison. Jonathan… enfance et adolescence : • La scolarisation fût excessivement difficile. Une première consultation en pédopsychiatrie émet les diagnostics de TDAH et plus tard celui de trouble oppositionnel défiant s’ajoute. • Une médication, Ritalin et Concerta etc…ne semble pas avoir d’impact sur les crises de colère, mais améliore la concentration du TDAH. • Avec les années qui passent, Jonathan exprime plus clairement sa détresse émotionnelle qui se manifeste par des fluctuations rapides des niveaux d’énergie/d’humeur; ex: pleure le matin refuse d’aller à l’école, désire mourir et dans l’après-midi, il est excessivement énergique, irritable, il se bat dans la cour d’école avec des étudiants de 6ième année, alors qu’il est en 3ième. • Autres faits marquants des années du primaire : il frappe d’un coup de tête un élève et lui casse le nez, il disloque l’épaule d’une professeure qui tentait de le restreindre, il mord violemment un élève au bras, dont les marques sont visibles des années plus tard… Âge au début des troubles bipolaires Estimation de la prévalence des troubles bipolaires au cours de la vie selon National Comorbidity Replication Survey ( n=9,282) Âge moyen d’apparition : 20,3 ans1 Epidemiological Catchment Area (ECA) 15-19 ans: risque le plus élevé de développer de la manie 2 Merikangas et al. Arch. Gen. Psychiatry 2007 Kessler RC et al., Arch. Gen. Psychiatry, 2005 Erreurs dans l’établissement du diagnostic du trouble bipolaire • Les erreurs diagnostiques ne se limitent pas aux présentations bipolaires atténuées (type II), mais touchent également le trouble bipolaire de type I • Troubles bipolaires type I avec hospitalisation: 30% d’erreurs • Troubles bipolaires type I évalués en clinique externe: 75% d’erreurs1 Mantere et al. 2008 . Erreurs dans l’établissement du diagnostic du trouble bipolaire Les présentations classiques avec hospitalisations, épisodes maniaques et symptômes psychotiques amènent les cliniciens de 2ième ligne à faire plus facilement un diagnostic exact de TB-I. Lorsque la présentation classique est absente, comme chez les patients TB-II, mais aussi chez une large proportion des patients TB-I, le trouble bipolaire est moins souvent reconnu. Patients sont aussi non-diagnostiqués en raison de leur manque d’insight, d’un déni des symptômes ou de difficultés au niveau de la communication (ex: type II Pallanti et al., 1999) Mantere et al., 2004; Zimmerman et al., 2004; Akiskal et Benazzi, 2005, Judd et al., 2005, Hirschfeld et al., 2003 DSM-IV-TR Humeur exaltée, euphorique • • • • • • • 3 symptômes besoin de dormir énergie discours accélération des idées grandiosité idées délirantes comportements à risque Jugement perturbé Humeur irritable 4 symptômes DSM-IV-TR Humeur euphorique Humeur irritable 3 symptômes besoin de dormir énergie discours accélération des idées Grandiosité idées délirantes comportements à risque Jugement perturbé 4 symptômes État mixte 3-4 symptômes + symptômes dépressifs rencontrant les critères EDM MEL : cheminement de 1998 à 2010 N total patients adressés au MEL: 18,111 N total d’évaluations au MEL: 10,492 (58%) Daigneault A., Saury S., Beaulieu S., Dumont D. Références pour suspicion de trouble bipolaire : données démographiques 1,237 patients adressés TB/Spectre Bipolaire => 640 cas DSM-IV suite à l’évaluation du MEL Provenance: 1ère ligne 72% 3ème ligne 25.9% 2ème ligne 1.1% Autres prof. 0.6% Démographie: Age 40.3 (ds=11,6) F/H 57.5%/42.5% Daigneault A., Saury S., Beaulieu S., Dumont D. Taux de concordance KAPPA MEL: Troubles bipolaires : 0.34 Groupe d’experts : DSM-5 : type I : 0.54 type II : 0.4 Daigneault A., Saury S., Beaulieu S., Dumont D American Journal of Psychiatry jan,2013 . 18-25 36-45 Troubles relationnels Maladies affectives Troubles anxieux Hospitalisation Retour à omnipraticien CLSC Administratif Jeunes psychotiques Privé Psychotiques chroniques Psychogériatrie 26-35 >45 Stabilité diagnostique du trouble bipolaire Ruggero et al. Bipolar Disorders 2010:12:21-31. Existe-t-il un prodrome bipolaire? S’il y en a un, quels sont ses caractéristiques? combien de temps dure-t-il? 14 études ont été identifiées: rétrospectives et prospectives Howe et al., 2011. A comprehensive review and model of putative prodromal features of bipolar affective disorder. Existe-t-il un prodrome bipolaire? Résultats: Symptômes : l’humeur dépressive, des fluctuations d’humeur (cyclothymie) , colère importante, de l’irritabilité et un manque de contrôle. Les symptômes peuvent être présents des mois avant qu’un diagnostic franc de TB ne soit fait. Souvent ces patients ne se présentaient pas aux services de santé pour demander de l’aide. Pas de caractéristique prodromique unique mais plutôt un ensemble de caractéristiques Stratégie alternative : combiner des facteurs de risque (une histoire familiale positive) avec les symptômes prodromiques (comme pour le prodrome de la psychose). Howe et al., 2011. A comprehensive review and model of putative prodromal features of bipolar affective disorder. Existe-t-il un prodrome bipolaire? Le modèle proposé : Les caractéristiques comme les traits cyclothymiques et/ou les symptômes maniaques/hypomaniaques peuvent être apparents plusieurs années avant le développement d’une maladie franche, dans une phase pré-prodromique (flèche 1) Avec le temps, et possiblement déclenché par des évènements ou autres facteurs (flèche 2), des symptômes persistants et s’empirant deviennent apparents et indiquent un prodrome de TB (flèche 3) Premier épisode maniaque (flèche 4) Howe et al., 2011. A comprehensive review and model of putative prodromal features of bipolar affective disorder. Questions portant sur : Statut marital Âge au déclenchement du trouble Nombre d’épisodes précédent (model 1) Manies (modèle 2) Hypomanies (modèle 3) Nombre de dépressions (modèles 2 et 3) Symptômes psychotiques au cours de la vie Usage de substance au cours de la vie Troubles anxieux au cours de la vie Trouble de la personnalité Historique familiale de TB Tentative de suicide au cours de la vie Cycles rapides durant la dernière année Délais entre le déclenchement de la maladie et le contact psychiatrique Temps en traitement Existence d’hospitalisations précédentes Mantere et al. Clinical predictors of unrecognized bipolar I and II disorders;2010 (2):238-244 Qu’en est-il de la bipolarité chez l’enfant et l’adolescent ? Comparaison du taux de trouble bipolaire lors d’hospitalisation entre 1996-2004 Patients âgés: 5-64 ans avec un diagnostic bipolaire 1996 2004 Enfants 1.3 par 10,000 enfants É.U 7.5 par 10,000 enfants É.U Adolescents 5.1 par 10,000 20.4 par 10,000 Adultes 10.4 par 10,000 16.2 par 10,000 Chez les adolescents, le taux du diagnostic du trouble bipolaire a quadruplé depuis 1996. Joseph C. Balder and Gabrielle A. Carlson, Biol Psychiatry 2007; 62:107-114 Trouble bipolaire juvénile Controverses entourant la bipolarité chez l’enfant et l’adolescent: • Le diagnostic de manie nécessite-t-il une démarcation « épisodique » de l’humeur clairement définie ? • Quelle devrait être la durée minimale de ces épisodes ? • Quels devraient être les symptômes « cardinaux » caractérisant la manie juvénile ? Trouble bipolaire chez l’enfant Tableau atypique de la manie chez le jeune enfant – Euphorie très rare – Crises de colère explosives – Irritabilité sévère, persistante, chronique – Comportements violents envers: membres de la famille autres enfants ou adultes professeurs, etc – Diagnostic: trouble des conduites . . . Carlson et al., 1983-1984; Wozniak et al., 1995; Biederman et al., 2000 Bipolarité juvénile – Plus souvent retrouvé chez l’enfant vs l’adulte : – Caractéristiques « non-épisodiques » – Fluctuations rapides de l’humeur – Agressivité – Perturbations du sommeil – Augmentation plus marquée du niveau d’énergie Danielyan et al. 2007 Trouble bipolaire chez l’enfant Comportement idiot, risible, désinhibé plutôt qu’ une humeur expansive, euphorique Carlson et al., 2009 Humeur: euphorique /élévation marquée et/ ou de la grandiosité doivent nécessairement être présentes dans le tableau hypo/maniaque B. Geller et al. 2002; H. Leibenluft – Irritabilité – Agressivité – Fluctuations très rapides de l’humeur NOS: Cohorte COBY – Élévation de l’humeur + 2 symptômes – Irritabilité + 3 symptômes Durée : 4 heures sur une période de 24 heures à 4 reprises dans une année Birmaher et al. 2009 Difficultés dans l’établissement du diagnostic bipolaire à l’adolescence Description des symptômes: discordance entre parents et adolescents Désordre du spectre bipolaire: adolescents vont sous-estimer leurs symptômes hypomaniaques et l’altération modérée de leur fonctionnement Présentations: complexité de poser un DX Symptômes psychotiques - Délires - Troubles de la pensée « exagération de l’adolescence» - Grandiosité - Hallucinations - abus de substances - trouble des conduite - trouble oppositionnel défiant Trouble Bipolaire durant l’adolescence 1er épisode de manie est celui où les symptômes psychotiques, incluant des troubles sévères de la pensée, sont les plus à risque de se manifester ≠ diagnostic différentiel avec trouble schizophrénique M. Tohen et al., 2000, 2003, 2009 Trouble bipolaire juvénile : Triade Trouble anxieux Troubles des conduite / oppositionnels Abus de substance SUGGÈRE FORTEMENT UN TROUBLE BIPOLAIRE Swann, 2007 Spectre des diagnostics bipolaires selon DSM-IV-TR Trouble bipolaire de type I Trouble bipolaire de type II Épisode maniaque Épisode mixte Hypomanie 4 jours Dépression récurrente Fonctionnement altéré Symptômes francs Habituellement avec présence de dépression récurrente Absence de manie ou d’état mixte Cyclothymie 2 ans Trouble bipolaire non spécifié Symptômes thymiques ne répondant pas complètement aux critères des épisodes dépressifs, maniaques ou mixtes Symptômes ne répondant pas aux critères d’aucun trouble bipolaire spécifié Ex: hypomanie < 4 jours L’hypomanie de brève durée Bipolar Disorder - Not Elsewhere Classified (BP-NEC) Les individus ayant une histoire de trouble de dépression majeure qui rencontrent tous les critères d’hypomanie sauf la durée (4 jours consécutifs) seront inclus dans la catégorie de Bipolar Disorder – Not Elsewhere Classified (BP-NEC) Mikita et Stringaris, 2013 Influencera le prévalence de la manie chez les jeunes et permettra un diagnostic plus précoce chez certains patients en incluant ceux qui présentent des symptômes maniaques pour des périodes de 2-3 jours – Environ 25% des jeunes avec hypomanie < 4 jours développent le trouble bipolaire (types I et II) après 2 ans; 38% reçoivent le diagnostic après 4 ans – COBY: les jeunes avec BP-NOS (DMS-4) sont indiscernables de ceux avec un TB classique quant à l’âge d’apparition de la maladie, la durée, la sévérité, la comorbidité, l’histoire familiale et la présence d’idées suicidaires Birmaher B et al., 2009 Prévalence du TDAH dans le Tr Bipolaire • Chez les enfants et adolescents: 38-98% Tamamet al., 2008; Sachs et al., 2000 • Chez les adultes: 9-35% Tamamet al., 2008; Nierenberg et al., 2005; Sentissi et al., 2008; Tamam et al., 2006 • Décroissance de la comorbidité avec l’âge Klassen, et al. J Affect Disord 124(1-2): 1-8 Caractéristiques du TB/TDAH • Les symptômes de manie • Lorsque comparé aux patients débutent de 3 à 5 ans plus avec TB seulement, les patients tôt que chez les patients avec TB/TDAH: – ont une évolution plus sombre de la avec TB seulement maladie • L’âge du début des – ont une plus forte chance d’avoir un diagnostic de TB-1 symptômes pourrait faciliter – ont de plus fortes chances que leur la différentiation entre le premier épisode soit un épisode dépressif TB/TDAH et le TB ? (71% chez TB/TDAH vs. 22% chez TB) – ont des épisodes dépressifs plus fréquents – ont des périodes euthymiques moins fréquentes Klassen, et al. J Affect Disord 124(1-2): 1-8 Irritabilité N’est pas concrètement définie dans le DSM-4 - Prévalence de l’irritabilité sévère et chronique chez les jeunes serait: 3 à 20% selon études Brotman et al., 2006 Pickles et al., 2010 - Symptôme non spécifique et retrouvé dans plusieurs conditions psychiatriques: - Dépression majeure unipolaire Anxiété généralisée TDAH Trouble oppositionnel défiant Axelson et al., 2011 L’irritabilité pourrait-elle être traitée comme une dimension plutôt qu’une catégorie? Un tel modèle (Affective Reactivity Index) existe et pourrait être utile… Mikita et Stringaris, 2013 Stringaris et al., 2012 L’irritabilité durant l’enfance et l’adolescence Raisons justifiant une hospitalisation chez l’enfant/adolescent sont fréquemment associées à une irritabilité ou une colère explosives et persistantes, ou bien à cause de crises de rage. Carlson et al 2009 Impératif d’identifier pour chaque enfant, les stresseurs psychosociaux, une histoire d’abus, de négligence, d’abandon, de conflits familiaux, de troubles d’apprentissage ou de communication, mais également les autres troubles de l’axe I, ou une combinaison de ces troubles/facteurs Axelson et al. , 2013 L’évolution de l’irritabilité The Children in the Community study Irritabilité chronique vs. irritabilité épisodique: Associations avec différents diagnostics à l’âge adulte? Temps 1: 13.8 ± 2.6 ans (n = 776) Temps 2: 16.2 ± 2.8 ans (n = 776) Temps 3: 22.1 ± 2.7 ans (n = 717) RÉSULTATS Stabilité longitudinale du type d’irritabilité avec l’âge – Corrélation: r = 0.79 entre temps 1 et 2 L’irritabilité épisodique (temps 1) = manie (temps 2 et 3) L’irritabilité chronique (temps 1) = TDAH (temps 2) = dépression unipolaire (temps 3) Leibenluft et al., 2006 L’évolution de l’irritabilité La présence de l’irritabilité chez l’enfant/adolescent peut-être prédire le développement de certains troubles psychiatriques? ÉVALUATION LONGITUDINALE • Jeunes adolescents avec irritabilité N = 680 • TEMPS 1: Moyenne d’âge au début de l’étude: 13.8 ± 2.6 ans • TEMPS 2: Moyenne d’âge à la fin de l’étude: 33.2 ± 2.9 ans • Irritabilité mesurée avec le Diagnostic Interview Schedule for Children et la Disorganized Poverty Index (selon réponses des parents) TEMPS 2: prévalence des maladies psychiatriques au cours de la dernière année (%) 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 Dépression unipolaire Anxiété généralisée Dysthymie TB TOC Agoraphobie Troubles de l'axe II Stringaris et al. 2009. American Journal of Psychiatry 166(9): 1048-1054. L’évolution de l’irritabilité Après ajustements pour la présence de troubles affectifs et de personnalité au TEMPS 1, l’irritabilité demeure un prédicteur de dépression majeure (unipolaire), d’anxiété généralisée et de dysthymie seulement. Stringaris et al. 2009. American Journal of Psychiatry 166(9): 1048-1054. Exaltation/euphorie vs. Irritabilité/dysphorie La caractéristique de la manie chez l’enfant serait-elle l’irritabilité et la dysphorie plutôt que l’exaltation et l’euphorie? Cohorte COBY (n = 438) Âge: 12.7 ± 3.2 ans (garçons 53,2%) BP-I et BP-NOS (n = 336) La présence de l’euphorie (92%) et l’irritabilité (84%), suggérant que la co-occurrence des deux traits est une caractéristique de la manie chez les jeunes avec TB Axelson, et al. 2006. Arch Gen Psychiatry 63(10): 1139-1148. Severe Mood Dysregulation (SMD) Prévalence à vie de 3.3 % chez les 9-19 ans Humeur chroniquement instable (non-épisodique) Irritabilité importante Mais distinctes du trouble bipolaire… Précurseur DMDD proposée dans le DSM-5 et classé dans les troubles unipolaires… Severe mood dysregulation (SMD) Trouble sévère de la dérégulation de l’humeur Disruptive Mood Dysregulation Disorder (DMDD) Objectifs de la création du DMDD 1. Créer des critères permettant l’identification d’enfants qui souffrent d’irritabilité extrême, sans les changements d’humeurs caractéristiques du trouble bipolaire 2. Adresser le phénomène de surdiagnostic du trouble bipolaire chez les enfants (diminution des faux positifs) « … dans l’espoir qu’il s’agira d’une alternative au diagnostic du trouble bipolaire chez les enfants qui souffrent d’irritabilité extrême et de fréquents épisodes de perte de contrôle comportemental, mais qui n’ont pas d’épisodes de manie. » -Jan Fawcett, MD, Chaire du Groupe de travail sur les troubles de l’humeur du DSM-5 Disruptive Mood Dysregulation Disorder (DMDD) Trouble de dysrégulation de l’humeur explosive Critères diagnostiques: A. Crises sévères et récurrentes d’humeur explosive I. II. B. C. Fréquence: les crises d’humeur explosive se produisent, en moyenne, 3 fois (ou +) par semaine Humeur entre les crises explosives: I. II. D. Se manifestent de façon verbale ou comportementale (ex: rages verbales, agressions physiques envers personnes ou objets) Sont inconsistantes avec le niveau développemental Presque tous les jours, presque toute la journée, l’humeur entre les crises est irritable et colérique de façon persistante L’humeur irritable et colérique est observable par d’autres (ex: parents, professeurs, pairs) Durée: critères A-C sont présents depuis 12 mois ou +. Au cours de cette période, le patient n’a pas eu plus de 3 mois sans la présences des symptômes mentionnés dans les critères A-C APA Disruptive Mood Dysregulation Disorder (DMDD) Trouble de dysrégulation de l’humeur explosive Critères diagnostiques (suite): E. Critères A ou C sont présents dans au moins 2 contextes (maison, école, avec pairs) et doivent être suffisamment sévère dans au moins 1 des 2 contextes F. Le diagnostic ne doit pas être émis avant l’âge de 6 ans ou après 18 ans G. Les critères A-E se manifestent avant l’âge de 10 ans H. Il n’y a jamais eu la présence d’une épisode de manie I. Les comportements ne se produisent pas uniquement durant une épisode du trouble de dépression majeure et ne sont pas le résultat d’un autre trouble psychiatrique, de drogues ou d’autres conditions médicales ou neurologiques APA Disruptive Mood Dysregulation Disorder (DMDD) • • • • • Adaptation du SMD, en retirant le critère d’hyperarousal « Temper dysregulation disorder with dysphoria » Constitue l’un des DX du DSM-5 les plus controversés Taux KAPPA: 0.25 (DSM-5 field trials) Critiques: critères établis par un groupe de recherche et dans un site. De plus la recherche a été faite essentiellement sur le SMD et non le DMDD SMD vs. DMDD Le SMD inclut les critères du DMDD, mais nécessite également des symptômes d’hyperexcitabilité chronique, tels l’insomnie, l’agitation, la distraction, accélération des pensées/discours, etc. Une étude a établi que seulement 39% des jeunes avec SMD rencontraient les critères diagnostiques du DMDD Copeland et al, 2013 Le SMD ou l’irritabilité sévère n’est pas un précurseur de la manie. Il a été démontré que les enfants avec le SMD à l’âge de 10 ans souffraient plutôt de dépression unipolaire, non du trouble bipolaire, à l’âge de 18 ans Brotman et al, 2006 Stringaris et al., 2009 Stringaris et al., 2010 Une des inquiétudes du DMDD est que le diagnostic se base largement sur l’irritabilité. L’irritabilité: • n’est pas un symptôme spécifique au trouble bipolaire dans le DSM-IV • est présente dans plusieurs maladies psychiatriques • peut se manifester par la colère ou l’humeur explosive DMDD vs trouble bipolaire : L’irritabilité: • n’est pas un précurseur de la manie, mais plutôt de la dépression unipolaire Stringaris et al., 2010 • (SMD) ne partage la même histoire familiale que celle du trouble bipolaire Brotman et al., 2006 Objectifs: faire état de l’utilité du DMDD et déterminer si les enfants qui présentent ce trouble démontrent un niveau de fonctionnement pathologique • Faible prévalence : 0.8 à 3.3% ( taux le plus élevé chez les pré-scolaires ) • Différence entre les sexes dans 1 des 3 cohortes (Great Smoky Mountains): – Prévalence de 3.6% chez les garçons et 1.9% filles in girls (p=0.007) DMDD: TRÈS COMORBIDE ! Comorbidités les plus fréquentes : Trouble oppositionnel défiant (Or entre 52.9 and 103.0) Troubles dépressifs (OR entre 9.9 et 23.5) En Comorbidités Le DMDD consiste-il réellement en une entité diagnostique distincte? Quels aspects de la pathophysiologie sont uniques au DMDD et lesquels sont partagés avec certains troubles de l’humeur et du comportement? Traitements DMDD • Lithium : étude auprès de patients hospitalisés non concluante/ peu efficace • Si co-morbidité avec TDAH : amélioration a été rapportée avec l’utilisation des psychostimulants qui ont entrainé une diminution des symptômes du TDAH, TOD, et de l’humeur • Combinaison de thérapie comportementale avec utilisation d’une médication psychostimulante a été développée pour les jeunes avec TDAH et SMD/DMDD • Thérapie de groupe avec utilisation de psychostimulants Waxmonsky et al., 2008 Traitements DMDD • Médications très souvent « hors indication »: • Utilisation judicieuse et prudente de la médication chez les jeunes antidépresseurs (ISRS) stabilisateurs de l’humeur (e.g., lithium, valproic acid) AA : risperidone, aripiprazole, olanzapine et ziprasidone, ont démontré certains bénéfices • Effets secondaires : sédation, difficultés cognitives symptômes extrapyramidaux, gain de poids, problèmes métaboliques etc… • Aspects éducationnels sont également très importants où cliniciens, parents, professeurs doivent travaillés étroitement ensemble • Axelson, 2013 Catégorie diagnostique à suivre… • Le DMDD a une stabilité diagnostique limitée • Le DMDD reflète un niveau de fonctionnement pathologique • Certaines études affirment que le DMDD diminuera le taux de diagnostics du trouble bipolaire chez les enfants • Le DMDD n’évolue pas vers le trouble bipolaire à l’âge adulte • Le diagnostic du DMDD n’est pas clairement dissocié du trouble oppositionnel défiant (TOD) • Les enfants se présentant avec troubles de l’humeur, d’anxiété, ou de comportements perturbateurs vont souvent rencontrer les critères diagnostic du DMDD • …Quelle sera l’utilité diagnostique du DMDD? Jonathan… enfance et adolescence : • Au niveau strictement académique, Jonathan est très intelligent ce qui lui permet d’accéder au secondaire sans reprendre d’année scolaire. • Vers 15 ans, il présente une tristesse marquée, dort 12 à 14 heures par jour, n’a aucun intérêt, se sent très fatigué, se concentre très difficilement, pense très souvent à la mort….mais n’en parle pas et continue d’aller à l’école • Ses notes baissent, ses parents lui proposent de voir un psychologue, qu’il accepte de voir à une seule reprise… • Cet épisode s’estompe quelques mois plus tard ie au printemps, Or Jonathan devient très excité, exalté par un voyage organisé par l’école: il dort peu, dicte aux autres ce qu’ils doivent faire, se fâche facilement et perturbe le groupe: sort de l’autobus et refuse de participer aux activités organisées car il les qualifie d’insignifiantes Durée 3 semaines Jonathan… enfance et adolescence : • Par la suite la tristesse se manifeste à nouveau et cette fois Jonathan accepte de revoir un pédopsychiatre. • Les crises de colère sont beaucoup plus rares par contre l’impulsivité et les changements d’humeur demeurent problématiques • Il se tourne vers la marijuana puis surtout vers les speeds pour apaiser son mal de vivre… • Merci de votre attention !