Comment intégrer les dimensions de l`irritabilité et de la labilité de l

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Comment intégrer les dimensions
de l’irritabilité et de la labilité de
l’affect lors des premiers épisodes
des troubles bipolaires
Andrée Daigneault, MD
Divulgation de conflits d’intérêt potentiels
AstraZeneca : conférencière, comité aviseur
BMS : conférencière, subvention de recherche
Lundbeck : conférencière, comité aviseur
Sunovion : comité aviseur
Prends soin de toi : subvention développement
clinique / recherche
 CIRH / NARSAD : collaboration avec UBC/Douglas





Jonathan… enfance et adolescence :
• Jonathan est décrit par ses proches comme ayant toujours été très actif
voire excessivement actif et il dormait peu lorsque comparé aux 2
autres enfants dans la famille.
• Dès l’âge de 2 ans, ses parents mentionnent que Jonathan nécessitait
une surveillance très étroite. Ses crises de colère sont explosives. Il
crie, lance des objets, mord les autres enfants. Sa mère rapporte
qu’elle devait le prendre dans ses bras pour le maîtriser et attendre peu
à peu qu’il se calme. La plupart du temps après les crises de colère,
Jonathan s’endormait et avait de vagues souvenirs de ce qui était
survenu.
• Jonathan, n’a jamais pu demeurer plus que quelques heures dans un
camp de vacances ou autres ressources, en raison de ses crises de
colère, les intervenants demandaient aux parents de revenir de toute
urgence et Jonathan était ramené à la maison.
Jonathan… enfance et adolescence :
• La scolarisation fût excessivement difficile. Une première
consultation en pédopsychiatrie émet les diagnostics de TDAH
et plus tard celui de trouble oppositionnel défiant s’ajoute.
• Une médication, Ritalin et Concerta etc…ne semble pas avoir
d’impact sur les crises de colère, mais améliore la concentration
du TDAH.
• Avec les années qui passent, Jonathan exprime plus clairement
sa détresse émotionnelle qui se manifeste par des fluctuations
rapides des niveaux d’énergie/d’humeur; ex: pleure le matin
refuse d’aller à l’école, désire mourir et dans l’après-midi, il est
excessivement énergique, irritable, il se bat dans la cour d’école
avec des étudiants de 6ième année, alors qu’il est en 3ième.
• Autres faits marquants des années du primaire : il frappe d’un
coup de tête un élève et lui casse le nez, il disloque l’épaule
d’une professeure qui tentait de le restreindre, il mord
violemment un élève au bras, dont les marques sont visibles
des années plus tard…
Âge au début des troubles bipolaires
 Estimation de la prévalence des troubles
bipolaires au cours de la vie selon
National Comorbidity Replication Survey
( n=9,282)
 Âge moyen d’apparition : 20,3 ans1
 Epidemiological Catchment Area (ECA)
15-19 ans: risque le plus élevé de développer de
la manie 2
Merikangas et al. Arch. Gen. Psychiatry 2007
Kessler RC et al., Arch. Gen. Psychiatry, 2005
Erreurs dans l’établissement du
diagnostic du trouble bipolaire
• Les erreurs diagnostiques ne se limitent pas aux
présentations bipolaires atténuées (type II), mais
touchent également le trouble bipolaire de type I
• Troubles bipolaires type I avec hospitalisation: 30%
d’erreurs
• Troubles bipolaires type I évalués en clinique
externe: 75% d’erreurs1
Mantere et al. 2008
.
Erreurs dans l’établissement du diagnostic
du trouble bipolaire
 Les présentations classiques avec hospitalisations, épisodes
maniaques et symptômes psychotiques amènent les cliniciens de
2ième ligne à faire plus facilement un diagnostic exact de TB-I.
 Lorsque la présentation classique est absente, comme chez les
patients TB-II, mais aussi chez une large proportion des patients
TB-I, le trouble bipolaire est moins souvent reconnu.
 Patients sont aussi non-diagnostiqués en raison de leur manque
d’insight, d’un déni des symptômes ou de difficultés au niveau de
la communication (ex: type II Pallanti et al., 1999)
Mantere et al., 2004; Zimmerman et al., 2004; Akiskal et Benazzi, 2005, Judd et al., 2005, Hirschfeld et al., 2003
DSM-IV-TR
Humeur exaltée, euphorique
•
•
•
•
•
•
•
3 symptômes
 besoin de dormir
 énergie
 discours
 accélération des idées
grandiosité  idées délirantes
comportements à risque
Jugement perturbé
Humeur irritable
4 symptômes
DSM-IV-TR
Humeur euphorique Humeur irritable
3 symptômes
besoin de dormir
énergie
discours
accélération des
idées
Grandiosité  idées
délirantes
comportements à risque
Jugement perturbé




4 symptômes
État mixte
3-4 symptômes
+ symptômes
dépressifs
rencontrant les critères
EDM
MEL : cheminement de 1998 à 2010
N total patients adressés au MEL: 18,111
N total d’évaluations au MEL: 10,492 (58%)
Daigneault A., Saury S., Beaulieu S., Dumont D.
Références pour suspicion de trouble
bipolaire : données démographiques
1,237 patients adressés TB/Spectre Bipolaire
=> 640 cas DSM-IV suite à l’évaluation du MEL
Provenance:
1ère ligne
72%
3ème ligne
25.9%
2ème ligne
1.1%
Autres prof.
0.6%
Démographie:
Age
40.3 (ds=11,6)
F/H
57.5%/42.5%
Daigneault A., Saury S., Beaulieu S., Dumont D.
Taux de concordance KAPPA
MEL:
Troubles bipolaires : 0.34
Groupe d’experts : DSM-5 : type I : 0.54
type II : 0.4
Daigneault A., Saury S., Beaulieu S., Dumont D
American Journal of Psychiatry jan,2013
.
18-25
36-45
Troubles relationnels
Maladies affectives
Troubles anxieux
Hospitalisation
Retour à omnipraticien
CLSC
Administratif
Jeunes psychotiques
Privé
Psychotiques chroniques
Psychogériatrie
26-35
>45
Stabilité diagnostique du trouble bipolaire
Ruggero et al. Bipolar Disorders 2010:12:21-31.
Existe-t-il un prodrome bipolaire?
S’il y en a un,
quels sont ses caractéristiques?
combien de temps dure-t-il?
14 études ont été identifiées: rétrospectives et prospectives
Howe et al., 2011. A comprehensive review and model of putative prodromal features of bipolar affective disorder.
Existe-t-il un prodrome bipolaire?
Résultats:
 Symptômes : l’humeur dépressive, des fluctuations d’humeur
(cyclothymie) , colère importante, de l’irritabilité et un manque
de contrôle.
 Les symptômes peuvent être présents des mois avant qu’un diagnostic
franc de TB ne soit fait.
 Souvent ces patients ne se présentaient pas aux services de santé
pour demander de l’aide.
 Pas de caractéristique prodromique unique mais plutôt un
ensemble de caractéristiques
 Stratégie alternative : combiner des facteurs de risque (une histoire
familiale positive) avec les symptômes prodromiques (comme pour le
prodrome de la psychose).
Howe et al., 2011. A comprehensive review and model of putative prodromal features of bipolar affective disorder.
Existe-t-il un prodrome bipolaire?
Le modèle proposé :



Les caractéristiques comme les traits cyclothymiques et/ou les symptômes
maniaques/hypomaniaques peuvent être apparents plusieurs années avant le
développement d’une maladie franche, dans une phase pré-prodromique (flèche 1)
Avec le temps, et possiblement déclenché par des évènements ou autres facteurs
(flèche 2), des symptômes persistants et s’empirant deviennent apparents et
indiquent un prodrome de TB (flèche 3)
Premier épisode maniaque (flèche 4)
Howe et al., 2011. A comprehensive review and model of putative prodromal features of bipolar affective disorder.
Questions portant sur :
















Statut marital
Âge au déclenchement du trouble
Nombre d’épisodes précédent (model 1)
Manies (modèle 2)
Hypomanies (modèle 3)
Nombre de dépressions (modèles 2 et 3)
Symptômes psychotiques au cours de la vie
Usage de substance au cours de la vie
Troubles anxieux au cours de la vie
Trouble de la personnalité
Historique familiale de TB
Tentative de suicide au cours de la vie
Cycles rapides durant la dernière année
Délais entre le déclenchement de la maladie et le contact psychiatrique
Temps en traitement
Existence d’hospitalisations précédentes
Mantere et al. Clinical predictors of unrecognized bipolar I and II disorders;2010 (2):238-244
Qu’en est-il de la bipolarité chez
l’enfant et l’adolescent ?
Comparaison du taux de trouble bipolaire
lors d’hospitalisation entre 1996-2004
Patients âgés: 5-64 ans avec un diagnostic bipolaire
1996
2004
Enfants
1.3 par 10,000 enfants
É.U
7.5 par 10,000 enfants
É.U
Adolescents
5.1 par 10,000
20.4 par 10,000
Adultes
10.4 par 10,000
16.2 par 10,000
Chez les adolescents, le taux du diagnostic du trouble bipolaire a quadruplé
depuis 1996.
Joseph C. Balder and Gabrielle A. Carlson, Biol Psychiatry 2007; 62:107-114
Trouble bipolaire juvénile
Controverses entourant la bipolarité chez l’enfant et
l’adolescent:
• Le diagnostic de manie nécessite-t-il une démarcation
« épisodique » de l’humeur clairement définie ?
• Quelle devrait être la durée minimale de ces épisodes ?
• Quels devraient être les symptômes « cardinaux »
caractérisant la manie juvénile ?
Trouble bipolaire chez l’enfant
Tableau atypique de la manie chez le jeune enfant
– Euphorie très rare
– Crises de colère explosives
– Irritabilité sévère, persistante, chronique
– Comportements violents envers: membres de la famille
autres enfants ou adultes
professeurs, etc
– Diagnostic: trouble des conduites . . .
Carlson et al., 1983-1984; Wozniak et al., 1995; Biederman et al., 2000
Bipolarité juvénile
– Plus souvent retrouvé chez l’enfant vs l’adulte :
– Caractéristiques « non-épisodiques »
– Fluctuations rapides de l’humeur
– Agressivité
– Perturbations du sommeil
– Augmentation plus marquée du niveau d’énergie
Danielyan et al. 2007
Trouble bipolaire chez l’enfant

Comportement idiot, risible, désinhibé plutôt qu’ une humeur expansive,
euphorique
Carlson et al., 2009

Humeur: euphorique /élévation marquée et/ ou de la grandiosité doivent
nécessairement être présentes dans le tableau hypo/maniaque
B. Geller et al. 2002; H. Leibenluft
– Irritabilité
– Agressivité
– Fluctuations très rapides de l’humeur

NOS: Cohorte COBY
– Élévation de l’humeur
+ 2 symptômes
– Irritabilité
+ 3 symptômes
Durée : 4 heures sur une période de 24 heures
à 4 reprises dans une année
Birmaher et al. 2009
Difficultés dans l’établissement du
diagnostic bipolaire à l’adolescence



Description des symptômes: discordance entre parents et adolescents
Désordre du spectre bipolaire: adolescents vont sous-estimer leurs
symptômes hypomaniaques et l’altération modérée de leur fonctionnement
Présentations: complexité de poser un DX
Symptômes
psychotiques
- Délires
- Troubles de la pensée
« exagération de
l’adolescence»
- Grandiosité
- Hallucinations
- abus de substances
- trouble des conduite
- trouble oppositionnel défiant
Trouble Bipolaire durant l’adolescence
1er épisode de manie est celui où les symptômes
psychotiques, incluant des troubles sévères de la
pensée, sont les plus à risque de se manifester
≠
diagnostic différentiel avec trouble schizophrénique
M. Tohen et al., 2000, 2003, 2009
Trouble bipolaire juvénile : Triade
Trouble
anxieux
Troubles des
conduite /
oppositionnels
Abus de
substance
SUGGÈRE
FORTEMENT UN
TROUBLE BIPOLAIRE
Swann, 2007
Spectre des diagnostics bipolaires selon
DSM-IV-TR
Trouble
bipolaire de
type I
Trouble
bipolaire de
type II
Épisode maniaque
Épisode mixte
Hypomanie
 4 jours
Dépression
récurrente
Fonctionnement altéré
Symptômes francs
Habituellement avec
présence de dépression
récurrente
Absence de manie ou
d’état mixte
Cyclothymie
 2 ans
Trouble
bipolaire non
spécifié
Symptômes thymiques
ne répondant pas
complètement aux
critères des épisodes
dépressifs, maniaques
ou mixtes
Symptômes ne
répondant pas aux
critères d’aucun
trouble bipolaire
spécifié
Ex: hypomanie < 4
jours
L’hypomanie de brève durée
Bipolar Disorder - Not Elsewhere Classified (BP-NEC)
Les individus ayant une histoire de trouble de dépression majeure qui rencontrent
tous les critères d’hypomanie sauf la durée (4 jours consécutifs) seront inclus dans la
catégorie de Bipolar Disorder – Not Elsewhere Classified (BP-NEC)
Mikita et Stringaris, 2013
 Influencera le prévalence de la manie chez les jeunes et permettra un
diagnostic plus précoce chez certains patients en incluant ceux qui
présentent des symptômes maniaques pour des périodes de 2-3 jours
– Environ 25% des jeunes avec hypomanie < 4 jours développent le trouble
bipolaire (types I et II) après 2 ans; 38% reçoivent le diagnostic après 4 ans
– COBY: les jeunes avec BP-NOS (DMS-4) sont indiscernables de ceux avec un
TB classique quant à l’âge d’apparition de la maladie, la durée, la sévérité, la
comorbidité, l’histoire familiale et la présence d’idées suicidaires
Birmaher B et al., 2009
Prévalence du TDAH
dans le Tr Bipolaire
• Chez les enfants et
adolescents: 38-98%
Tamamet al., 2008; Sachs et al., 2000
• Chez les adultes: 9-35%
Tamamet al., 2008; Nierenberg et al., 2005; Sentissi et
al., 2008; Tamam et al., 2006
• Décroissance de la
comorbidité avec l’âge
Klassen, et al. J Affect Disord 124(1-2): 1-8
Caractéristiques du TB/TDAH
• Les symptômes de manie
• Lorsque comparé aux patients
débutent de 3 à 5 ans plus
avec TB seulement, les patients
tôt que chez les patients
avec TB/TDAH:
– ont une évolution plus sombre de la
avec TB seulement
maladie
• L’âge du début des
– ont une plus forte chance d’avoir un
diagnostic de TB-1
symptômes pourrait faciliter
– ont de plus fortes chances que leur
la différentiation entre le
premier épisode soit un épisode dépressif
TB/TDAH et le TB ?
(71% chez TB/TDAH vs. 22% chez TB)
– ont des épisodes dépressifs plus fréquents
– ont des périodes euthymiques moins
fréquentes
Klassen, et al. J Affect Disord 124(1-2): 1-8
Irritabilité
N’est pas concrètement définie dans le DSM-4
- Prévalence de l’irritabilité sévère et chronique chez les jeunes serait: 3 à
20% selon études
Brotman et al., 2006
Pickles et al., 2010
-
Symptôme non spécifique et retrouvé dans plusieurs conditions
psychiatriques:
-
Dépression majeure unipolaire
Anxiété généralisée
TDAH
Trouble oppositionnel défiant
Axelson et al., 2011
L’irritabilité pourrait-elle être traitée comme une dimension plutôt qu’une
catégorie?
Un tel modèle (Affective Reactivity Index) existe et pourrait être utile…
Mikita et Stringaris, 2013
Stringaris et al., 2012
L’irritabilité durant l’enfance et
l’adolescence
Raisons justifiant une hospitalisation chez l’enfant/adolescent sont
fréquemment associées à une irritabilité ou une colère explosives et
persistantes, ou bien à cause de crises de rage.
Carlson et al 2009
Impératif d’identifier pour chaque enfant, les stresseurs psychosociaux,
une histoire d’abus, de négligence, d’abandon, de conflits familiaux, de
troubles d’apprentissage ou de communication, mais également les autres
troubles de l’axe I, ou une combinaison de ces troubles/facteurs
Axelson et al. , 2013
L’évolution de l’irritabilité
The Children in the Community study
Irritabilité chronique vs. irritabilité
épisodique: Associations avec différents
diagnostics à l’âge adulte?
Temps 1: 13.8 ± 2.6 ans (n = 776)
Temps 2: 16.2 ± 2.8 ans (n = 776)
Temps 3: 22.1 ± 2.7 ans (n = 717)
RÉSULTATS
Stabilité longitudinale du type d’irritabilité
avec l’âge
–
Corrélation: r = 0.79 entre temps 1 et 2
L’irritabilité épisodique (temps 1)
= manie (temps 2 et 3)
L’irritabilité chronique (temps 1)
= TDAH (temps 2)
= dépression unipolaire (temps 3)
Leibenluft et al., 2006
L’évolution de l’irritabilité
La présence de l’irritabilité chez
l’enfant/adolescent peut-être prédire le
développement de certains troubles
psychiatriques?
ÉVALUATION LONGITUDINALE
• Jeunes adolescents avec irritabilité
N = 680
• TEMPS 1: Moyenne d’âge au début
de l’étude: 13.8 ± 2.6 ans
• TEMPS 2: Moyenne d’âge à la fin
de l’étude: 33.2 ± 2.9 ans
• Irritabilité mesurée avec le
Diagnostic Interview Schedule for
Children et la Disorganized Poverty
Index (selon réponses des parents)
TEMPS 2: prévalence des maladies
psychiatriques au cours de la dernière
année (%)
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Dépression unipolaire
Anxiété généralisée
Dysthymie
TB
TOC
Agoraphobie
Troubles de l'axe II
Stringaris et al. 2009. American Journal of Psychiatry 166(9): 1048-1054.
L’évolution de l’irritabilité
Après ajustements pour la présence de troubles affectifs et de personnalité au TEMPS 1, l’irritabilité
demeure un prédicteur de dépression majeure (unipolaire), d’anxiété généralisée et de
dysthymie seulement.
Stringaris et al. 2009. American Journal of Psychiatry 166(9): 1048-1054.
Exaltation/euphorie vs. Irritabilité/dysphorie
La caractéristique de la manie chez l’enfant serait-elle l’irritabilité et la dysphorie plutôt que
l’exaltation et l’euphorie?
Cohorte COBY (n = 438)
Âge: 12.7 ± 3.2 ans (garçons
53,2%)
BP-I et BP-NOS (n = 336)
La présence de l’euphorie (92%)
et l’irritabilité (84%), suggérant
que la co-occurrence des deux
traits est une caractéristique de la
manie chez les jeunes avec TB
Axelson, et al. 2006. Arch Gen Psychiatry 63(10): 1139-1148.
Severe Mood Dysregulation (SMD)
Prévalence à vie de 3.3 % chez les 9-19 ans
Humeur chroniquement instable (non-épisodique)
Irritabilité importante
Mais distinctes du trouble bipolaire…
Précurseur DMDD proposée dans le DSM-5 et classé dans les
troubles unipolaires…
Severe mood dysregulation (SMD)
Trouble sévère de la dérégulation de l’humeur
Disruptive Mood Dysregulation Disorder
(DMDD)
Objectifs de la création du DMDD
1. Créer des critères permettant l’identification d’enfants qui
souffrent d’irritabilité extrême, sans les changements d’humeurs
caractéristiques du trouble bipolaire
2. Adresser le phénomène de surdiagnostic du trouble bipolaire
chez les enfants (diminution des faux positifs)
« … dans l’espoir qu’il s’agira d’une alternative au diagnostic du trouble
bipolaire chez les enfants qui souffrent d’irritabilité extrême et de fréquents
épisodes de perte de contrôle comportemental, mais qui n’ont pas
d’épisodes de manie. »
-Jan Fawcett, MD, Chaire du Groupe de travail sur les troubles de l’humeur du DSM-5
Disruptive Mood Dysregulation Disorder
(DMDD)
Trouble de dysrégulation de l’humeur explosive
Critères diagnostiques:
A.
Crises sévères et récurrentes d’humeur explosive
I.
II.
B.
C.
Fréquence: les crises d’humeur explosive se produisent, en moyenne, 3
fois (ou +) par semaine
Humeur entre les crises explosives:
I.
II.
D.
Se manifestent de façon verbale ou comportementale (ex: rages verbales, agressions
physiques envers personnes ou objets)
Sont inconsistantes avec le niveau développemental
Presque tous les jours, presque toute la journée, l’humeur entre les crises est irritable
et colérique de façon persistante
L’humeur irritable et colérique est observable par d’autres (ex: parents, professeurs,
pairs)
Durée: critères A-C sont présents depuis 12 mois ou +. Au cours de
cette période, le patient n’a pas eu plus de 3 mois sans la présences
des symptômes mentionnés dans les critères A-C
APA
Disruptive Mood Dysregulation Disorder
(DMDD)
Trouble de dysrégulation de l’humeur explosive
Critères diagnostiques (suite):
E. Critères A ou C sont présents dans au moins 2 contextes (maison,
école, avec pairs) et doivent être suffisamment sévère dans au moins
1 des 2 contextes
F. Le diagnostic ne doit pas être émis avant l’âge de 6 ans ou après 18
ans
G. Les critères A-E se manifestent avant l’âge de 10 ans
H. Il n’y a jamais eu la présence d’une épisode de manie
I. Les comportements ne se produisent pas uniquement durant une
épisode du trouble de dépression majeure et ne sont pas le résultat
d’un autre trouble psychiatrique, de drogues ou d’autres conditions
médicales ou neurologiques
APA
Disruptive Mood Dysregulation Disorder
(DMDD)
•
•
•
•
•
Adaptation du SMD, en retirant le critère d’hyperarousal
« Temper dysregulation disorder with dysphoria »
Constitue l’un des DX du DSM-5 les plus controversés
Taux KAPPA: 0.25 (DSM-5 field trials)
Critiques: critères établis par un groupe de recherche et
dans un site. De plus la recherche a été faite
essentiellement sur le SMD et non le DMDD
SMD vs. DMDD
Le SMD inclut les critères du DMDD, mais nécessite également des symptômes
d’hyperexcitabilité chronique, tels l’insomnie, l’agitation, la distraction, accélération
des pensées/discours, etc.
Une étude a établi que seulement 39% des jeunes avec SMD rencontraient les
critères diagnostiques du DMDD
Copeland et al, 2013
Le SMD ou l’irritabilité sévère n’est pas un précurseur de la manie. Il a été
démontré que les enfants avec le SMD à l’âge de 10 ans souffraient plutôt de
dépression unipolaire, non du trouble bipolaire, à l’âge de 18 ans
Brotman et al, 2006
Stringaris et al., 2009
Stringaris et al., 2010
Une des inquiétudes du DMDD est que le diagnostic se
base largement sur l’irritabilité.
L’irritabilité:
• n’est pas un symptôme spécifique au trouble bipolaire dans le DSM-IV
• est présente dans plusieurs maladies psychiatriques
• peut se manifester par la colère ou l’humeur explosive
DMDD vs trouble bipolaire :
L’irritabilité:
• n’est pas un précurseur de la manie, mais plutôt de la dépression unipolaire
Stringaris et al., 2010
•
(SMD) ne partage la même histoire familiale que celle du trouble bipolaire
Brotman et al., 2006
Objectifs: faire état de l’utilité du DMDD et déterminer si les enfants qui présentent ce
trouble démontrent un niveau de fonctionnement pathologique
•
Faible prévalence : 0.8 à 3.3% ( taux le plus élevé chez les pré-scolaires )
•
Différence entre les sexes dans 1 des 3 cohortes (Great Smoky Mountains):
– Prévalence de 3.6% chez les garçons et 1.9% filles in girls (p=0.007)
DMDD: TRÈS COMORBIDE !
Comorbidités les plus fréquentes :
Trouble oppositionnel défiant (Or entre 52.9 and 103.0)
Troubles dépressifs (OR entre 9.9 et 23.5)
En
Comorbidités
Le DMDD consiste-il réellement en une entité
diagnostique distincte?
Quels aspects de la pathophysiologie sont
uniques au DMDD et lesquels sont partagés
avec certains troubles de l’humeur et du
comportement?
Traitements DMDD
• Lithium : étude auprès de patients hospitalisés  non concluante/
peu efficace
• Si co-morbidité avec TDAH : amélioration a été rapportée avec
l’utilisation des psychostimulants qui ont entrainé une diminution
des symptômes du TDAH, TOD, et de l’humeur
• Combinaison de thérapie comportementale avec utilisation d’une
médication psychostimulante a été développée pour les jeunes
avec TDAH et SMD/DMDD
• Thérapie de groupe avec utilisation de psychostimulants
Waxmonsky et al., 2008
Traitements DMDD
• Médications très souvent « hors indication »:
• Utilisation judicieuse et prudente de la médication chez les jeunes
 antidépresseurs (ISRS)
 stabilisateurs de l’humeur (e.g., lithium, valproic acid)
 AA : risperidone, aripiprazole, olanzapine et ziprasidone, ont démontré certains
bénéfices
• Effets secondaires : sédation, difficultés cognitives symptômes
extrapyramidaux, gain de poids, problèmes métaboliques etc…
• Aspects éducationnels sont également très importants où cliniciens,
parents, professeurs doivent travaillés étroitement ensemble
•
Axelson, 2013
Catégorie diagnostique à suivre…
•
Le DMDD a une stabilité diagnostique limitée
•
Le DMDD reflète un niveau de fonctionnement pathologique
•
Certaines études affirment que le DMDD diminuera le taux de diagnostics du
trouble bipolaire chez les enfants
•
Le DMDD n’évolue pas vers le trouble bipolaire à l’âge adulte
•
Le diagnostic du DMDD n’est pas clairement dissocié du trouble oppositionnel
défiant (TOD)
•
Les enfants se présentant avec troubles de l’humeur, d’anxiété, ou de
comportements perturbateurs vont souvent rencontrer les critères diagnostic du
DMDD
•
…Quelle sera l’utilité diagnostique du DMDD?
Jonathan… enfance et adolescence :
• Au niveau strictement académique, Jonathan est très intelligent
ce qui lui permet d’accéder au secondaire sans reprendre
d’année scolaire.
• Vers 15 ans, il présente une tristesse marquée, dort 12 à 14
heures par jour, n’a aucun intérêt, se sent très fatigué, se
concentre très difficilement, pense très souvent à la
mort….mais n’en parle pas et continue d’aller à l’école
• Ses notes baissent, ses parents lui proposent de voir un
psychologue, qu’il accepte de voir à une seule reprise…
• Cet épisode s’estompe quelques mois plus tard ie au printemps,
Or Jonathan devient très excité, exalté par un voyage organisé
par l’école: il dort peu, dicte aux autres ce qu’ils doivent faire,
se fâche facilement et perturbe le groupe: sort de l’autobus et
refuse de participer aux activités organisées car il les qualifie
d’insignifiantes
Durée 3 semaines
Jonathan… enfance et adolescence :
• Par la suite la tristesse se manifeste à nouveau et cette fois
Jonathan accepte de revoir un pédopsychiatre.
• Les crises de colère sont beaucoup plus rares par contre
l’impulsivité et les changements d’humeur demeurent
problématiques
• Il se tourne vers la marijuana puis surtout vers les speeds pour
apaiser son mal de vivre…
• Merci de votre attention !
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