Protocole d’enquête audiométrique et de dépistage des atteintes auditives en usine bruyante. Présenté par : Dr Bouamama Radja Directeur : Pr Rezk-kallah Baghdad Date de soutenance : septembre 2009 Résumé : L’audiométrie en milieu de travail occupe une place primordiale dans l’évaluation du risque sonore en entreprise, cependant cette technique se heurte à un certain nombre de problèmes méthodologiques (technique de mesure, dépouillement, traitement, interprétation restitution des résultats). La présente étude a pour objectifs : • d’évaluer auprès des travailleurs exposés aux bruits industriels les pertes auditives subies en terme de fréquence et de gravité ; et dégager ainsi le profil audiométrique de cette population ; • d’évaluer les conditions de réalisation des tests audiométriques en entreprise ; • de proposer, à la lumière des résultats obtenus, un protocole de surveillance médicale des personnes exposées au bruit en vue de fournir une base valide de suivi et de comparaison de la sévérité des problèmes d’atteinte de l’audition due au bruit ; Il s’agit d’une étude épidémiologique transversale concernant une population exposée professionnellement aux bruits industriels. La démarche proposée englobe le recueil des données médicales et audiométriques, leur analyse statistique et l’interprétation des résultats. L’enquête a concerné 383 travailleurs de sexe masculin issus de différents secteurs d’activité notamment le secteur de la construction métallique (25%), l’industrie du métal et métallurgie (18%), l’industrie du verre, des cuirs et peaux, l’industrie mécanique, l’imprimerie, l’industrie du gaz et la construction navale. La population est âgée de 40 ans et se situe majoritairement (39%) dans la tranche d’âge 40-49 ans. La durée d’exposition au bruit est de 16 ans, c’est vers cette période que la sensibilité cochléaire est la plus importante. Prés de la moitié de la population a une ancienneté au poste actuel inférieure à 5 ans traduisant une mobilité importante des travailleurs, ce qui complique davantage l’évaluation du risque. La population comprend en majorité des ouvriers qualifiés, cette catégorie professionnelle est réputée pour être la plus exposée aux bruits lésionnels. Seulement le quart des sujets interrogés déclarent porter régulièrement des PICB. De plus, on remarque que les sujets de plus de 50 ans portent moins les PICB. Sur l’ensemble de la population d’étude, 130 sujets (34%) présentent une audition normale compte tenu de l’âge et 253 sujets (66%) présentent des atteintes auditives significatives (AS) Parmi les AS, 19 % ne sont pas attribuables aux seuls effets du bruit, c'est-à-dire que la perte auditive est attribuée non seulement à l’exposition au bruit mais à d’autres facteurs notamment l’âge, les différentes atteintes de l’oreille moyenne et de l’oreille interne et les pathologies chroniques associées. Des courbes audiométriques typiques de surdité professionnelles ont été observées parmi 47% de la population. La durée d’exposition moyenne au bruit est de 17 ans et 45% de cette catégorie sont exposés depuis 20 ans et plus. Dans cette étude, 36 travailleurs présentent un déficit auditif ≥35 dB(A) sur la meilleure oreille. La réalisation des examens audiométriques sur les lieux de travail a posé un certain nombre de problèmes liés à la programmation journalière, à la présence le jour du test de bouchons de cérumen, à la faible implication des travailleurs, à la durée de mobilisation des travailleurs pour le test, aux conditions du test et à la difficulté d’interprétation de certains résultats. En conclusion, l’étude a permis de décrire les conditions de réalisation des tests audiométriques en entreprise et de proposer un protocole d’enquête audiométrique dans le but d’évaluer précisément l’importance du problème de surdité en industrie. Une campagne audiométrique bien menée constitue bien le complément indispensable aux mesures sonométriques dans une optique de santé publique appliquée à la question du bruit en milieu de travail.