La prise en charge de l’hypothyroïdie | 5
espèces inhérentes dans le métabolisme des
hormones thyroïdiennes (rapport T4/T3, trans-
port sérique, métabolisme tissulaire), on ignore
si cela s’applique également aux humains43.
Essais cliniques comparant la T4 en
monothérapie et l’association T4-T3
Plusieurs essais cliniques à répartition aléatoire
ont comparé l’efficacité de la monothérapie par
la T4 à celle de l’association T4-T3. De façon
générale, il y a peu de données indiquant que le
traitement d’association substitutif serait plus
efficace que la T4 seule 44-53. Bunevicius et coll.
ont fourni les principales données disponibles
sur les bienfaits allégués du traitement d’asso -
ciation45. Dans leur étude, les chercheurs ont
comparé la T4 (à la dose moyenne de
175 μg/jour) à l’association T4-T3 chez
33 sujets souffrant d’hypothyroïdie. Le traite-
ment d’association consistait à substituer
50 mg de la dose quotidienne usuelle de T4 par
12,5 μg de T3. On a noté une amélioration de
la qualité de vie, de l’humeur et des aptitudes
psychométriques plus importante chez les
patients ayant reçu le traitement d’association
que chez les patients traités par la T4 seule.
Selon une analyse portant sur un sous-groupe
de 26 patientes, l’association T4-T3 s’est égale-
ment révélée supérieure quant à l’amélioration
des capacités mentales chez 15 patientes dont
l’hypothyroïdie était due à une thyroïdectomie,
peut-être parce que ces patientes dépendaient
davantage d’hormones exogènes46.
D’autres chercheurs ont fait des comparai -
sons similaires de la T4 et de l’association
T4-T3 dans le cadre de plusieurs études
portant sur un total de 936 sujets. Pour le
traitement combinant la T4 et la T3, on a
adopté l’une ou l’autre des stratégies suivantes :
substitution partielle de la dose de T4 par une
dose fixe de T347-50 ou traitement comportant
un rapport molaire T4 :T3 fixe51-53. En général,
les résultats de ces études de suivi n’ont pas
confirmé la supériorité de l’association T4-T3
sur la T4 seule au chapitre de la qualité de
vie47,49,51-53, de l’humeur50,53 et des fonctions
cognitives47-49,51-53. Certains patients ont toute-
fois semblé préférer le traitement d’association
à la monothérapie, même s’ils ne montraient
pas d’améliorations marquées à l’égard de la
qualité de vie47,52,53, de l’humeur53 ou des fonc-
tions cognitives47,52,53. Par conséquent, il est
possible que les paramètres cliniques utilisés
dans ces études n’aient pas permis de révéler des
différences entre les deux traitements quant à
leurs effets thérapeutiques41.
LE RÔLE DU PHARMACIEN
Les pharmaciens peuvent venir en aide de
plusieurs façons aux personnes atteintes
d’hypo thyroïdie. D’abord, ils doivent informer
les patients que, dans la plupart des cas,
l’hormo nothérapie thyroïdienne substitutive
est un traitement à vie. Il importe donc que les
patients comprennent bien l’objectif du traite-
ment pour assurer le maintien de l’observance.
Cet aspect est d’autant plus important que les
hormones thyroïdiennes ont un indice
thérapeutique relativement étroit. Il faut veiller
à ce que les patients ne fassent pas de réserves
de T4 à partir d’ordonnances antérieures de
teneurs différentes, car cela risquerait de mener
à des posologies inadéquates.
Deuxièmement, le pharmacien doit savoir
que la prise d’aliments et les interactions
médicamenteuses influent sur la biodisponi -
bilité de la T4. Il pourra fixer pour chaque
patient le moment précis de la journée où la T4
doit être prise, en tenant compte des autres
médicaments qui pourraient en altérer l’action.
À l’occasion, il portera certaines interactions
médicamenteuses à l’attention du patient et du
médecin afin de permettre un ajustement de la
dose de T4 ou de celle des médicaments pris en
concomitance, qui peuvent influer sur l’inter-
prétation des résultats des épreuves d’évalua-
tion de la fonction thyroïdienne.
Enfin, les pharmaciens doivent être
conscients des différences potentielles entre les
produits. En cas de substitution de produits, il
peut être important d’en informer le patient et
le prescripteur afin que ce dernier puisse au
besoin modifier la posologie ou demander de
nouveaux tests.
CONCLUSION
L’hypothyroïdie est une affection de la thyroïde
qui requiert habituellement un traitement à vie.
Une prise en charge optimale implique en
général une hormonothérapie thyroïdienne
nécessitant l’administration des doses adéquates
et la prise en considération des interactions
médicamenteuses. La surveillance régulière à
l’aide du dosage de la TSH et d’autres épreuves
d’évaluation de la fonction thyroïdienne est
essentielle au maintien de l’état euthyroïde chez
les personnes atteintes.
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