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ÉVÈNEMENT
Santé-MAG
N°26 - Janvier 2014
évolution silencieuse. Cette maladie, en
Algérie, est-elle détectée à temps, dans
les centres d’hémodialyse?
L’histoire naturelle de l’hépatite virale
C, chez l’hémodialysé est, en eet, très
silencieuse. Le taux des transaminases
est, généralement, bas, chez les pa-
tients insusants rénaux chroniques et
leur augmentation peut passer inaper-
çue, sans symptomatologie spécifique,
chez les hémodialysés. Comme l’asthé-
nie est un symptôme fréquent, chez
ces patients, l’ictère est, généralement,
absent et la découverte de la contami-
nation est, souvent, révélée, grâce à une
sérologie systématique, qui objective la
présence d’anticorps anti-VHC.
La recherche des anticorps anti-VHC
doit être eectués chez tout patient,
qui débute ses séances d’hémodialyse,
grâce aux tests indirects (tests immu-
no-enzymatiques de 3ème génération)
complétée, si possible, par un test di-
rect, mettant en évidence l’ARN-VHC.
La recherche des AC anti-VHC doit être
renouvelée tous les 6 mois, pour l’en-
semble des patients dialysés.
Que faut-il faire, pour améliorer les
conditions d’hygiène, dans les centres
et services d’hémodialyse et limiter les
risques de contamination ?
Pour limiter les risques de contami-
nation, par le virus de l’Hépatite C, il
faudrait respecter les recommanda-
tions édictées par la fondation KDIGO
(Kidney Disease Improving Global Out-
comes), concernant la prévention, le
diagnostic, l’évaluation et le traitement
de l’hépatite virale C.
Ainsi, les patients, en hémodialyse chro-
nique, doivent être testés, pour le VHC,
à l’initiation de l’hémodialyse, ou lors du
transfert vers une autre unité d’hémo-
dialyse. Pour le suivi, il est conseillé de
tester à nouveau, tous les 6 à 12 mois,
par un test immuno-enzymatique, les
patients qui sont négatifs pour le VHC
et par un test moléculaire, pour le VHC,
chez les patients hémodialysés, qui ont
une élévation, inexpliquée, des transa-
minases plasmatiques.
En cas d’apparition d’un nouveau cas,
dans une unité de dialyse, tous les pa-
tients, qui pourraient avoir été exposés
au VHC, doivent être soumis à un test
moléculaire. Un deuxième test molécu-
laire est suggéré, 2 à 12 semaines après
un premier test négatif.
Le Comité médical national de néphro-
logie et le Comité national de lutte
contre les infections nosocomiales ont
rédigé des recommandations natio-
nales, qui ont été adressées à tous les
directeurs des structures de santé, pour
prévenir les infections nosocomiales,
dans les centres d’hémodialyse (arrêté
ministériel numéro 573 du 13-12-2000):
Les mesures universelles de stérilité et
d’hygiène doivent être respectées;
Les malades doivent être vaccinés,
contre l’hépatite B, avant leur prise en
charge par dialyse;
Tous les malades en dialyse doivent
être vaccinés, contre l’hépatite B, avec
des rappels tous les 5 ans;
Les sérologies de l’hépatite B, C et HIV
doivent être faites tous les 6 mois;
Idéalement, les malades HBS positifs
et HCV (+) doivent être dialysés séparé-
ment, avec un personnel spécifique;
Il n’est pas nécessaire de réserver des
générateurs spécifiques, pour l’hépatite
C, mais la désinfection doit être rigou-
reuse;
Les mêmes précautions que pour l’hé-
patite C, doivent être appliquées aux
malades HIV (+);
Le personnel doit être vacciné contre
l’hépatite B;
Les cathéters centraux doivent être dé-
sinfectés, avant et après branchement,
par de la Bétadine 2%.
I. Recommandations pour la prévention
des risques d’accident exposant au sang
(AES):
Précautions standards:
Prévention des AES et protection du
personnel;
Vaccination obligatoire contre l’hépa-
tite B et vérification de l’immunisation
des personnels;
Formation des professionnels aux pré-
cautions standard;
Utilisation de conteneur pour objets
piquants, coupants tranchants (OPCT)
de volume adapté, imperméables, im-
perforables pour éliminer les circuits
de circulation extracorporelle (CEC),
conforme aux exigences, à proximité du
soin;
Gants adaptés à chaque tâche et de
taille adaptée. Les gants doivent être
changés entre deux patients, et entre
deux activités;
Protections oculaires (masques à vi-
sière);
Port de sur-blouse
II. Recommandations pour la prise en
charge de patients infectés:
Patients porteurs du VHB ou du VHC ou
du VIH:
Respect des précautions standard et
des règles de nettoyage et désinfection
des générateurs;
Protection des patients susceptibles
Pas de machine, séance ou personnels
dédiés;
III. Recommandations pour la désinfec-
tion des générateurs:
Il est nécessaire de procéder à une dé-
sinfection du générateur; entre chaque
malade;
Le choix des produits est guidé par
les instructions du fabricant du généra-
teur, par les résultats de la surveillance
bactériologique, et par l’organisation du
centre de dialyse;
Il est recommandé de réaliser un détar-
trage, selon les indications du fabricant;
En cas de générateur non utilisé pen-
dant plusieurs jours, le protocole doit
préciser la nature du liquide à laisser
dans le circuit; sachant que le produit
désinfectant est la meilleure solution.
IV. Désinfection:
a/ Désinfection chimique: il est indis-
pensable de suivre les indications du
fabricant; pour les produits et méthodes
utilisées. Les produits désinfectant
doivent être utilisés dans des conditions
permettant une action bactéricide, fon-
gicide et idéalement virucide.
b/ Désinfection thermique:
désinfection
par la chaleur (90°C; ou 130°C; pendant
25 minutes).
c/ Rinçage: après une désinfection
chimique, le rinçage s’eectue à l’eau
osmosée et doit éliminer toute trace de
désinfectant.
Le protocole de désinfection doit préci-
ser les consignes de sécurité à respec-
ter, pour la manipulation des produits
désinfectant. Il doit préciser, également,
les méthodes de nettoyage et de désin-
fection de l’environnement proche des
patients (surface et tableau de com-
mande du générateur, tablettes, tables,
montants des lits ou fauteuils), entre
deux séances de dialyse et en cas de
souillures, par du sang, ou liquides bio-
logiques.
V. Les recommandations d’hygiène
et de prévention des maladies virales
doivent être conformes à l’instruction
ministérielle n°573 du 13/12/2000: Pro-
tocole d’hygiène hospitalière, pour la
prévention des maladies virales, dans
les centres d’hémodialyse
* Professeur Tahar Rayane,
- Professeur des Universités,
- Chef de Projet de l’Institut Algérien
du Rein et des Grees d’Organes.