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ÉVÈNEMENT
Santé-MAG N°26 - Janvier 2014
Santé mag: L’hépatite C continue d’être
à l’origine de la grande majorité des
hépatites aiguës, ou chroniques, chez
les polytransfusés et les hémodialysés.
A quoi sont dues ces contaminations ?
Pr. T. Rayane: Le VHC est l’agent étio-
logique principal des hépatites aigues,
ou chroniques, chez les patients hémo-
dialysés. Ainsi, d’après les recomman-
dations des KDIGO, l’infection à VHC
doit être recherchée chez les patients
atteints de maladie rénale chronique,
de stade 5 (IRC terminale), les patients
traités par hémodialyse, les receveurs
de dérivés de produits sanguins et les
greés d’organe.
Chez les patients hémodialysés, la
contamination est, essentiellement,
nosocomiale, comme cela a été démon-
tré dans plusieurs études épidémiolo-
giques. La cause la plus vraisemblable
de la transmission du VHC, chez des
patients traités dans la même unité de
dialyse, est une contamination croisée
(surface, matériels, gants…) entre pa-
tients. Ceci est dû au non-respect des
normes d’hygiène, par le personnel soi-
gnant. C’est ce que nous avons constaté,
au cours d’une enquête nationale, eec-
tuée en 2006, sous l’égide du ministère
de la Santé, de la population et de la
réforme hospitalière. La transmission,
par le générateur de dialyse, est ex-
ceptionnelle. Elle est due, dans ce cas,
au non- respect des procédures de
stérilisation entre deux branchements,
et parfois, au reflux de sang dans
le capteur de pression veineuse.
Y a-t-il une cause unique spécifique, ou
plusieurs facteurs, favorisant la trans-
mission de patient à patient ?
Il n’y a pas une seule cause spécifique,
favorisant la transmission de patient
à patient. Le non-respect des mesures
d’hygiène semble être la cause princi-
pale. D’autres modes de contamination
sont possibles, comme les contacts
directs entre les patients, ou par une
transfusion sanguine, provenant d’un
donneur infecté (situation exception-
nelle, actuellement).
Le circuit interne du générateur de dia-
lyse est, très rarement, en cause; sauf en
cas de rupture de la membrane de dia-
lyse, avec contamination du dialysat et
absence de stérilisation du générateur.
Il faut souligner que les particules du
VHC, ne traversent pas la membrane du
filtre de dialyse.
La contamination, par le virus de l’hépa-
tite, se fait, surtout, par manu-portage,
lors des soins et exceptionnellement, par
l’intermédiaire de la machine de dialyse.
Et c’est pour toutes ces raisons qu’il fau-
drait insister sur l’application des pré-
cautions universelles d’hygiène et le res-
pect des recommandations, rapportées
dans l’instruction ministérielle numéro
573 du 13-12-2000 (Recommandations
de protocoles d’hygiène hospitalière,
pour la prévention des maladies virales,
dans les centres d’hémodialyse).
L’histoire naturelle de l’infection, par le
virus de l’hépatite C, chez l’hémodia-
lysé chronique, est caractérisée par une
"La contamination par le virus
de l’hépatite se fait, surtout,
par manu-portage, lors des soins"
Interview réalisée par Chahra Ramzy
Pr. Tahar Rayane*, à Santé Mag:
ÉVÈNEMENT
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ÉVÈNEMENT
Santé-MAG
N°26 - Janvier 2014
évolution silencieuse. Cette maladie, en
Algérie, est-elle détectée à temps, dans
les centres d’hémodialyse?
L’histoire naturelle de l’hépatite virale
C, chez l’hémodialysé est, en eet, très
silencieuse. Le taux des transaminases
est, généralement, bas, chez les pa-
tients insusants rénaux chroniques et
leur augmentation peut passer inaper-
çue, sans symptomatologie spécifique,
chez les hémodialysés. Comme l’asthé-
nie est un symptôme fréquent, chez
ces patients, l’ictère est, généralement,
absent et la découverte de la contami-
nation est, souvent, révélée, grâce à une
sérologie systématique, qui objective la
présence d’anticorps anti-VHC.
La recherche des anticorps anti-VHC
doit être eectués chez tout patient,
qui débute ses séances d’hémodialyse,
grâce aux tests indirects (tests immu-
no-enzymatiques de 3ème génération)
complétée, si possible, par un test di-
rect, mettant en évidence l’ARN-VHC.
La recherche des AC anti-VHC doit être
renouvelée tous les 6 mois, pour l’en-
semble des patients dialysés.
Que faut-il faire, pour améliorer les
conditions d’hygiène, dans les centres
et services d’hémodialyse et limiter les
risques de contamination ?
Pour limiter les risques de contami-
nation, par le virus de l’Hépatite C, il
faudrait respecter les recommanda-
tions édictées par la fondation KDIGO
(Kidney Disease Improving Global Out-
comes), concernant la prévention, le
diagnostic, l’évaluation et le traitement
de l’hépatite virale C.
Ainsi, les patients, en hémodialyse chro-
nique, doivent être testés, pour le VHC,
à l’initiation de l’hémodialyse, ou lors du
transfert vers une autre unité d’hémo-
dialyse. Pour le suivi, il est conseillé de
tester à nouveau, tous les 6 à 12 mois,
par un test immuno-enzymatique, les
patients qui sont négatifs pour le VHC
et par un test moléculaire, pour le VHC,
chez les patients hémodialysés, qui ont
une élévation, inexpliquée, des transa-
minases plasmatiques.
En cas d’apparition d’un nouveau cas,
dans une unité de dialyse, tous les pa-
tients, qui pourraient avoir été exposés
au VHC, doivent être soumis à un test
moléculaire. Un deuxième test molécu-
laire est suggéré, 2 à 12 semaines après
un premier test négatif.
Le Comité médical national de néphro-
logie et le Comité national de lutte
contre les infections nosocomiales ont
rédigé des recommandations natio-
nales, qui ont été adressées à tous les
directeurs des structures de santé, pour
prévenir les infections nosocomiales,
dans les centres d’hémodialyse (arrêté
ministériel numéro 573 du 13-12-2000):
Les mesures universelles de stérilité et
d’hygiène doivent être respectées;
Les malades doivent être vaccinés,
contre l’hépatite B, avant leur prise en
charge par dialyse;
Tous les malades en dialyse doivent
être vaccinés, contre l’hépatite B, avec
des rappels tous les 5 ans;
Les sérologies de l’hépatite B, C et HIV
doivent être faites tous les 6 mois;
Idéalement, les malades HBS positifs
et HCV (+) doivent être dialysés séparé-
ment, avec un personnel spécifique;
Il n’est pas nécessaire de réserver des
générateurs spécifiques, pour l’hépatite
C, mais la désinfection doit être rigou-
reuse;
Les mêmes précautions que pour l’hé-
patite C, doivent être appliquées aux
malades HIV (+);
Le personnel doit être vacciné contre
l’hépatite B;
Les cathéters centraux doivent être dé-
sinfectés, avant et après branchement,
par de la Bétadine 2%.
I. Recommandations pour la prévention
des risques d’accident exposant au sang
(AES):
Précautions standards:
Prévention des AES et protection du
personnel;
Vaccination obligatoire contre l’hépa-
tite B et vérification de l’immunisation
des personnels;
Formation des professionnels aux pré-
cautions standard;
Utilisation de conteneur pour objets
piquants, coupants tranchants (OPCT)
de volume adapté, imperméables, im-
perforables pour éliminer les circuits
de circulation extracorporelle (CEC),
conforme aux exigences, à proximité du
soin;
Gants adaptés à chaque tâche et de
taille adaptée. Les gants doivent être
changés entre deux patients, et entre
deux activités;
Protections oculaires (masques à vi-
sière);
Port de sur-blouse
II. Recommandations pour la prise en
charge de patients infectés:
Patients porteurs du VHB ou du VHC ou
du VIH:
Respect des précautions standard et
des règles de nettoyage et désinfection
des générateurs;
Protection des patients susceptibles
Pas de machine, séance ou personnels
dédiés;
III. Recommandations pour la désinfec-
tion des générateurs:
Il est nécessaire de procéder à une dé-
sinfection du générateur; entre chaque
malade;
Le choix des produits est guidé par
les instructions du fabricant du généra-
teur, par les résultats de la surveillance
bactériologique, et par l’organisation du
centre de dialyse;
Il est recommandé de réaliser un détar-
trage, selon les indications du fabricant;
En cas de générateur non utilisé pen-
dant plusieurs jours, le protocole doit
préciser la nature du liquide à laisser
dans le circuit; sachant que le produit
désinfectant est la meilleure solution.
IV. Désinfection:
a/ Désinfection chimique: il est indis-
pensable de suivre les indications du
fabricant; pour les produits et méthodes
utilisées. Les produits désinfectant
doivent être utilisés dans des conditions
permettant une action bactéricide, fon-
gicide et idéalement virucide.
b/ Désinfection thermique:
désinfection
par la chaleur (90°C; ou 130°C; pendant
25 minutes).
c/ Rinçage: après une désinfection
chimique, le rinçage s’eectue à l’eau
osmosée et doit éliminer toute trace de
désinfectant.
Le protocole de désinfection doit préci-
ser les consignes de sécurité à respec-
ter, pour la manipulation des produits
désinfectant. Il doit préciser, également,
les méthodes de nettoyage et de désin-
fection de l’environnement proche des
patients (surface et tableau de com-
mande du générateur, tablettes, tables,
montants des lits ou fauteuils), entre
deux séances de dialyse et en cas de
souillures, par du sang, ou liquides bio-
logiques.
V. Les recommandations d’hygiène
et de prévention des maladies virales
doivent être conformes à l’instruction
ministérielle n°573 du 13/12/2000: Pro-
tocole d’hygiène hospitalière, pour la
prévention des maladies virales, dans
les centres d’hémodialyse
* Professeur Tahar Rayane,
- Professeur des Universités,
- Chef de Projet de l’Institut Algérien
du Rein et des Grees d’Organes.
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