du syndicalisme est impressionnant. Il connaît tous les arcanes du système de santé,
préside MG France depuis 2009, le plus important syndicat de généralistes, plutôt à gauche.
Et entre ce trio, cela a plutôt bien marché. Non pas qu’ils soient d’accord sur tout, leurs
intérêts ne convergeant pas toujours, mais le dialogue n’a jamais cessé. Ils se respectent,
s’apprécient même. «Le syndicalisme médical a souvent engendré des fortes personnalités,
analyse Didier Tabuteau, qui dirige la chaire santé de Sciences-Po. Et là, c’est le cas, la
configuration était positive.»
Nicolas Revel, dont c’est les premières grandes tractations, se révèle fin négociateur. Son
rôle n’est pas simple. Il débarque dans le monde compliqué de l’administration de la santé.
Le contexte ne lui est pas favorable : le fonctionnement de la médecine libérale autour d’une
convention médicale (fruit d’un accord entre syndicats et Sécurité sociale) peut apparaître de
plus en plus archaïque. A quoi rime, en effet, une convention nationale alors que les
conditions d’exercice entre un généraliste de la Creuse n’ont rien à voir avec celles d’un
médecin d’une grande ville française ?
De plus, le paysage politique est à l’affrontement. Les maladresses répétées de Marisol
Touraine, la ministre de la Santé, ainsi que sa loi, qui prévoit notamment l’obligation du tiers
payant, ont braqué la médecine de ville, y compris dans ses composantes les plus sociales.
Enfin, les candidats de droite pour la présidentielle promettent aux médecins monts et
merveilles. De quoi donner envie à ces derniers d’attendre le changement de majorité.
Il n’empêche, Nicolas Revel veut un accord. Il réussit au passage à arracher aux pouvoirs
publics un peu d’argent. «Le défi de cette convention était de rendre possible le virage vers
la médecine ambulatoire, analyse Claude Leicher. Et cela devait s’appuyer sur la
revalorisation de la médecine générale.»
«Geste significatif»
Les syndicats se mettent ainsi d’accord sur une revendication centrale : la consultation du
généraliste à 25 euros, soit deux euros de plus. Ce qui représente quand même, sur une
année, près de 500 millions d’euros. Pendant cinq mois, ils discutent toutes les semaines.
«Les 25 euros, on en a fait la mesure symbole. Que la consultation d’un médecin généraliste
passe au prix d’une consultation spécialiste, il le fallait pour revaloriser la médecine de base,
insiste Claude Leicher. On savait bien que cela voulait dire qu’il y aurait moins d’argent pour
le reste, c’est-à-dire pour les médecins spécialistes.»
Un risque de fracture existe donc avec les spécialistes. «La grande habileté de Nicolas
Revel a été d’intégrer les chirurgiens, et de faire en leur faveur un geste significatif. Car ils
veulent rester dans un cadre conventionnel», note-t-il. «Revel a eu de grandes qualités
d’intelligence et de négociateur», poursuit Jean-Paul Ortiz. A deux reprises, la CSMF claque
la porte. Mais les contacts sont maintenus. «Depuis des années, on ne pouvait pas dire
qu’on était très écoutés par les pouvoirs publics ou par l’assurance maladie, explique-t-il. Là,
on l’était.»
Bref, durant les négociations, cela avance, petit à petit, mais se cristallise toujours sur la
consultation à 25 euros, l’assurance maladie voulant que cela se fasse en deux temps.
Refus catégorique des syndicats. Et ce n’est que le dernier jour que la Sécu lâche.
MG France crie victoire. «C’est vrai qu’au final, les généralistes bénéficient de 70 % de
l’enveloppe globale, fait remarquer Claude Leicher. Mais l’Etat a mis près de 1,3 milliard
d’euros. En ces temps de rigueur, c’est une belle victoire pour tous.»
Pour Jean-Paul Ortiz, la tâche est plus complexe, car la CSMF regroupe aussi bien des
généralistes que des spécialistes. Qui plus est, dans ses troupes, il y a beaucoup de
médecins spécialistes obsédés par la liberté des honoraires. Comment tenir les deux bouts,
Quelle attitude adopter ? Il se dit partagé : «Dans l’accord, il y a des avancées, mais on reste
sur un projet de convention à l’ancienne, avec du bricolage, analyse-t-il. Néanmoins, pour la