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Promotion santé
E
n Flandre, la pyramide ali-
mentaire active constitue
depuis 15 ans le modèle
d’éducation de base d’une alimen-
tation saine. Le “Vlaams Instituut
voor Gezondheidspromotie en
Ziektepreventie” (VIGeZ), Domus
Medica (l’association flamande de
médecine générale), tous restent
fidèles à ce modèle. La pyramide
alimentaire active constitue éga-
lement le fil conducteur officiel
d’une alimentation saine dans les
nouvelles directives de santé des
autorités flamandes. Pourquoi
toutes ces instances optent-elles
pour ce modèle et pas un autre ?
“La pyramide alimentaire pro-
pose une représentation visuelle
claire des recommandations ali-
mentaires pratiques pour chaque
jour, déclare Erika Vanhauwaert du
VIGeZ. La taille, la répartition en
plusieurs groupes alimentaires et
le contenu de chaque groupe sont
basés sur les recommandations
du Conseil supérieur de la Santé
pour la Belgique. La pyramide tient
en outre compte des habitudes
alimentaires flamandes et des
produits alimentaires disponibles
en Flandre”.
Et en Wallonie ?
Au sud de la frontière linguistique,
les avis sur le modèle d’éducation
d’une alimentation saine sont
moins unanimes. La Wallonie
connaît en effet trois modèles dif-
férents, mais aucun n’est officiel.
Bref aperçu :
• Pyramide alimentaire de l’In-
stitut Paul Lambin et Diffu-
Sciences : un modèle qui a ré-
cemment été actualisé sur la
base de nouvelles recomman-
dations scientifiques. Ce mo-
dèle est également suivi par
Food in Action, plateforme in-
ternet privée dédiée aux profes-
sionnels de la nutrition.
• Modèle pyramidal du CIHIRA :
un modèle reprenant les bases,
lié à la Haute école Lucia De
Brouckère et à la Vrije Universi-
teit Brussel (VUB). Ce modèle
n’a pas encore été actualisé.
• Pyramide alimentaire de Spa :
un modèle comportant 6 grands
groupes dans lequel l’eau (pas
étonnant) occupe la première
place.
Substances alimentaires
et produits alimentaires
En Belgique, le Conseil supérieur
de la Santé (CSS) formule des
recommandations alimentaires
étayées par une très large base
scientifique. “Nos recommanda-
tions alimentaires sont exprimées
en termes de nutriments ou de
substances alimentaires, explique
Jean Nève, président du Conseil
supérieur de la Santé. Cela se
complique lorsque nos recom-
mandations sont traduites en
conseils exprimés en termes de
produits alimentaires. Le carac-
tère strictement scientifique de
nos recommandations disparaît
alors, entraînant des différences
entre les Communautés”.
Le bât blesse donc principalement
au niveau de la structure fédérale
de notre pays. “Chaque Commu-
nauté assume la responsabilité de
son modèle alimentaire et le CSS
ne peut pas intervenir à ce niveau
en tant qu’organe fédéral. La
fragmentation des compétences
complique considérablement
la traduction des dernières
recommandations en modèles
alimentaires”, déclare Jean Nève.
Un modèle uniforme :
une utopie ?
Ces différences entre recomman-
dations alimentaires régionales
peuvent-elles encore être élimi-
nées ? “Ce n’est pas une mince
affaire, constate Jean Nève. Un
modèle national uniforme requiert
en effet une large concertation
avec les principaux acteurs. Sans
ça, il n’est pas possible d’arriver
à un compromis acceptable d’un
point de vue scientifique. Nous
avons déjà essayé de réunir tout le
monde autour de la table en 2011,
avec notre projet “Food-based die-
tary guidelines for Belgium”, mais
les différences entre recomman-
Manger sain et équilibré,
oui mais selon quel modèle ?
Une alimentation saine et équilibrée est et reste une condition de base à une bonne
santé. La manière de joindre le geste à la parole s’avère moins évidente ! En Flandre,
les instances compétentes ne jurent que par la pyramide alimentaire active, alors que
d’autres modèles sont en vigueur en Wallonie. D’où proviennent ces différences entre
les recommandations alimentaires ? Un modèle national uniforme ne serait-il pas une
meilleure chose ? Le sujet idéal pour un débat passionnant !