TOME 138
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N° 2
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FÉVRIER 2016
LE CONCOURS MÉDICAL
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Initiatives
Maladies chroniques :
le réseau nantais
Née en avril 2015, l’association MC44 intervient à la
demande des médecins de Loire-Atlantique pour contribuer
à l’éducation thérapeutique et faciliter la coordination des
soins de leurs patients chroniques en situation complexe.
Dans les locaux nantais de
l’association MC44, il n’y a ni
stéthoscope ni consultation.
« Nous n’avons pas vocation à
nous substituer aux médecins,
mais à les suppléer, afin d’amélio-
rer le confort de vie du malade et
de diminuer le risque de compli-
cations ou d’hospitalisations à
répétition », souligne le Dr Magali
Abram-Winer. Diabétologue, elle est
l’une des quatre médecins coordina-
teurs de l’association. Depuis bien-
tôt un an, les médecins de
Loire-Atlantique peuvent se tourner
vers cette structure pour bénéficier
d’un appui dans la prise en charge de
leurs patients atteints de maladie
chronique. Financé par l’agence
régionale de santé, le dispositif est
issu de la fusion de trois réseaux de
santé respectivement dédiés à l’in-
suffisance cardiaque, au diabète et
aux pathologies pulmonaires
(asthme, BPCO). En leur temps, ces
structures proposaient déjà, qui des
programmes d’éducation thérapeu-
tique (ETP), qui un accompagne-
ment à la coordination des soins des
patients complexes. Médecins coor-
dinateurs, infirmières, diététiciennes,
kinésithérapeute mais aussi éduca-
teurs physiques, psychologues,
secrétaires et responsable adminis-
tratif font désormais partie d’une
Anne Le Pennec, journaliste
seule et même équipe pluridiscipli-
naire au service des professionnels
médicaux hospitaliers et libéraux du
département. Les uns sont salariés
de l’association, les autres mis à dis-
position par le CHU de Nantes.
Effecteur et promoteur d’ETP
MC44 dispense actuellement six
programmes d’ETP autour de
l’asthme et de la BPCO, du diabète,
du risque artériel et de l’insuffi-
sance cardiaque, du surpoids. Dia-
gnostics éducatifs, ateliers
éducatifs de groupe et séances
ouvertes à tous ont lieu dans les
murs de l’association. L’équipe est
mobile et peut se déplacer, soit
pour se rendre au domicile d’un
patient, soit pour animer des
séances dans des cabinets de
groupe, dans des maisons ou des
pôles de santé, à la demande des
professionnels. « Les médecins qui
nous sollicitent sont à la
recherche d’un soutien éducatif
et/ou organisationnel car ils
manquent de temps pour
répondre aux besoins multiples
de leurs malades chroniques, a
fortiori si la pathologie est grave
et doublée de difficultés sociales,
pointe le Dr Anne-Laure Laprérie,
cardiologue et médecin coordina-
teur. Or ce sont précisément ces
patients qui ont le plus besoin
d’éducation thérapeutique pour
gagner en autonomie. »
L’association MC44 a également
pour missions d’informer les méde-
cins sur les possibilités offertes par
l’ETP et de les accompagner dans la
mise en place de leurs propres
actions éducatives de proximité.
« La culture de l’ETP s’étend dou-
cement et certains médecins font
eux-mêmes les diagnostics éduca-
tifs. Quand les professionnels sont
formés à l’ETP, nous offrons sim-
plement un soutien thématique et
organisationnel pour élaborer un
programme, construire des outils
ou coanimer des séances »,
explique le Dr Laprérie.
Favoriser la coordination
La coordination des soins autour
du malade chronique constitue
l’autre volet de l’activité de MC44.
« Il s’agit de faire le lien entre les
différents praticiens qui gravitent
autour du malade chronique »,
indique le Dr Laprérie. Pour les dia-
bétiques, un bilan est effectué avec
le médecin traitant à six mois puis à
un an. « Nous l’alertons si le patient
qui s’est engagé à suivre le pro-
gramme d’ETP ne vient pas aux
séances ou si la pathologie s’ag-
grave », rapporte le Dr Abram-Winer.
Dans les mois qui viennent,
MC44 aimerait développer son offre
autour de la BPCO et
de l’asthme, pour
l’heure peu étoffée
sur le territoire. L’as-
sociation envisage
également de frapper
à la porte des Ehpad,
qui ne sont pas
encore acquis à la
cause de l’ETP.
Enfin, l’équipe s’intéresse de près
aux initiatives déployées pour amé-
liorer la coordination des soins
autour de la personne âgée. « Cer-
taines pourraient sans doute être
adaptées au malade chronique »,
juge le Dr Laprérie. •