« Benchmark » Imagerie Scanner-IRMO - on n'améliore et pilote que ce que l'on mesure Mis à jour le 21/06/2011 par SFR E. Schouman-Claeys1, R. Richou2, F. Albert3, B. Falise-Mirat2 - 1. SFR. 2. ANAP. 3. CERCLH. Article issu des JFR 2010 - Mardi 25 Octobre L’ANAP a piloté au début de l’année 2010 une campagne de benchmark des plateaux d’imagerie disposant de scanners et d’IRM. Cette démarche innovante, fruit d’une étroite collaboration avec les ARS et les représentants des radiologues permet pour la première fois de disposer d’une mesure comparative à grande échelle de la performance de l’utilisation de ces modalités, dont l’importance dans la prise en charge des populations ne cesse de croître. La mesure a porté sur l’ensemble des examens réalisés sur 313 scanners et 182 IRM durant 28 jours consécutifs. Plus de 250 000 examens d’imagerie ont ainsi été recensés, sur plus des trois quarts des équipements des 14 régions participantes (Fig. 1 et Fig. 2). Les indicateurs mesurés exploraient la qualité du service rendu (délais de rendez-vous pour des cas cliniques concrets et délais de comptes rendus) et l’efficience des plateaux d’imagerie (taux d’occupation des équipements, temps d’ouverture, production d’examens mesurée en ICR produits par heure d’ouverture). Cet état des lieux permet d’observer de grandes tendances nationales, de comprendre l’adaptation de l’offre régionale aux besoins de la population, et d’analyser l’organisation des établissements ayant participé. Les grands enseignements : IRM et scanners, deux situations différentes Les scanners présentent des organisations très hétérogènes, avec une forte ouverture à l’urgence et au non programmé. Les IRM, beaucoup plus homogènes dans leur fonctionnement, ont des ouvertures au programmé élargies et des taux d’occupation optimisés, mais une faible activité d’urgence venant du SAU et en période de permanence des soins. Les examens réalisés sur scanner sont plus courts qu’en IRM, expliquant l’activité en nombre de patients hebdomadaires plus élevée sur cette modalité. Enfin, l’étude montre une disparité d’activité en période de permanence des soins entre les scanners et IRM, le scanner restant l’examen de référence dans ces situations. Scanners : une grande disparité de situations, des organisations perfectibles Les scanners affichent une grande disparité, tant sur Les taux d’occupation que le nombre d’ICR produits par heure. La variété des typologies d’activités cliniques a une influence claire sur ces facteurs (second scanner, taux d’urgences, état de validité des patients...). Toutefois, à typologies d’activité similaires, des variations subsistent ; elles témoignent d’organisations différentes laissant présager des marges d’améliorations parfois importantes. Les scanners réalisent 130 passages par semaine, pour des examens qui durent de 11 à 18 mn en fonction de l’état du patient (valeurs médianes). Le délai médian d’obtention d’un rendez-vous pour un patient ambulatoire est de 6,75 jours et de 2 jours pour un patient hospitalisé, 20 % des établissements n’étant pas en mesure de donner un rendezvous avant 4,5 jours pour un patient hospitalisé et 14,8 jours pour un patient ambulatoire. Les temps d’ouverture et les taux d’occupation sur les plages « programmées » sont très variables (valeur médiane à 60 %). Le taux d’urgences et l’organisation de leur prise en charge (insertion dans des vacations programmées ou vacations dédiées) impactent les résultats obtenus, expliquant en partie cette dispersion. IRM : Une situation plus homogène, avec des taux d’occupation élevés sur des plages horaires plus étendues, mais des délais de rendez-vous plus importants Les IRM présentent une plus grande homogénéité dans les valeurs des indicateurs mesurés, comme dans les profils des patients, souvent programmés et autonomes. Les délais d’obtention de rendez-vous sont en revanche nettement plus longs, avec un délai médian pour les patients en ambulatoire de 23 jours et de 7 jours pour les patients hospitalisés, 20 % des établissements n’étant pas en mesure de donner un rendez-vous avant 17 jours pour un patient hospitalisé et 37 jours pour un patient ambulatoire. Les machines, peu accessibles à l’urgence, sont ouvertes en plages programmées sur une durée médiane de 57 h, avec un taux d’occupation de 81 %. Les IRM réalisent 119 passages par semaine, pour des examens qui durent de 23 à 33 mn selon la validité du patient (valeurs médianes). Un outil de diagnostic pour les sites Les différents sites participants disposent de fiches détaillant leur situation et leur permettant de se comparer. Des marges organisationnelles existent, relativement importantes sur les scanners (démarrages tardifs, fins précoces, temps inter-examen…) et probablement marginales sur les IRM. Permanence des soins Cette étude a permis d’objectiver l’activité et les pratiques organisationnelles pendant la permanence des soins, d’identifier pour chaque site sa définition de la permanence des soins, les ressources humaines médicales et paramédicales présentes et la quantité et la nature des actes réalisés pendant cette période. L’étude permet d’objectiver quelques grandes tendances : les scanners restent la modalité de l’urgence (70 % des scanners du benchmark, contre 28 % des IRM), avec une activité en permanence des soins inégalement répartie : une vingtaine de scanners (soit entre 5 et 10 % du panel) présentent une activité forte (10 patients par nuit en semaine au moins), deux tiers ont une activité inférieure ou égale à 5 patients par semaine. L’activité IRM est dans l’étude assez faible. L’activité est inégalement répartie, plus concentrée sur la première partie de la nuit (20 h-0 h). Des résultats interpellants, mais qu’il faut interpréter avec prudence Si la performance opérationnelle des plateaux d’imagerie est fréquemment étudiée dans la littérature internationale, il n’existe à notre connaissance aucune autre expérience dont le nombre, la diversité des participants et la diversité des contextes territoriaux soit comparable. Certains choix, réalisés dès le début de l’étude, ont délibérément laissé certaines données de côté (analyse des temps médicaux, de la pertinence des examens réalisés, qualité et exhaustivité des comptes rendus…). Par ailleurs, les données sur les taux d’occupation des équipements doivent être lues avec une certaine réserve, notamment pour le scanner, car les durées d’examen courtes et le débit patient élevé n’ont pas nécessairement permis un relevé exact des entrées et sorties de machine. Toutefois, la richesse des données recueillies est grande, et permet, au-delà des premiers retours, de construire des plans d’action régionaux, ou de mettre en place dans les établissements des plans d’action pour améliorer les organisations. Des analyses plus poussées de cette base, par les régions, les sociétés savantes, ou autres acteurs autorisés, permettront d’en extraire des enseignements pertinents sur les pratiques ou réalités cliniques et organisationnelles des scanners et IRM (analyse des examens réalisés, capitalisation sur les organisations innovantes, analyse des durées d’examen…). La qualité et la performance sont un enjeu continu : un outil, une méthodologie à faire vivre Au-delà du constat chiffré, il reste aujourd’hui aux différents professionnels du monde de la santé à s’approprier ces données et la démarche, pour la généraliser sur tout le territoire, et la faire vivre et évoluer d’année en année. 1. G4 : Collège des Enseignants Radiologues de France, Fédération Nationale des Médecins Radiologues, Société Française de Radiologie, Syndicat des Radiologues Hospitaliers. 2. Indice de coût relatif : valorisation de l’activité réalisée en unité d’œuvre, en regard des coûts générés par la mobilisation de ressources humaines et matérielles directement nécessaires à la réalisation de chaque acte.