INTRODUCTION
« En Italie, pendant 30 ans, sous le règne des Borgia, il y a eu la guerre, la terreur, des meurtres et des bains
de sang. Cela a donné Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu la fraternité, cinq
siècles de paix et de démocratie, et qu’est-ce que ça a donné ? La pendule à coucou ! »
Cette réplique, tirée du film « Le troisième homme » de Carol Reed en 1949, illustre parfaitement la thèse de
Parag Khanna développée dans son livre « How to run the world ». Ce dernier a fait l’objet d’une chronique publiée
dans le New York Times en janvier 2011 intitulée « For a New Renaissance ». Nous pouvons la résumer en ces
mots : «
c’est dans les périodes de chaos et d’incertitude que des bouleversements forts et vitaux interviennent.
Ce fut le cas en Europe il y a 6 siècles
» : la Renaissance.
Pour l’auteur, nous pouvons comparer notre époque en Occident à celle du Moyen-Age qui a connu la peste noire,
les invasions mongoles, un schisme papal, les famines, les guerres de religion et de découpage des frontières
en Europe. Pendant ce temps, la Chine et l’Inde connaissaient leur âge d’or respectivement sous la dynastie
des Song et des Chola. Depuis, l’ordre des choses s’est inversé et ce grâce à une période d’intense créativité en
Occident.
C’est en effet pendant la Renaissance que les plus grandes œuvres artistiques, philosophiques et politiques ont
été réalisées et ce hors du « chaos ». Les créations, les inventions et les découvertes ont été déclenchées par
besoin et non par goût. C’est face à l’adversité que nous réagissons le plus justement.
Quels sont les facteurs qui ont permis de faire émerger cette période faste ? Selon Parag deux ingrédients sont
nécessaires : une révolution technologique et une psychologique. Aux XVème et XVIème siècles, ce fut l’invention
de l’imprimerie et la Réforme protestante. Aujourd’hui, nous vivons ou du moins commençons à vivre deux
bouleversements pouvant jouer ce rôle de déclencheurs : Internet et le néocapitalisme « responsable ».
Il est indéniable qu’aujourd’hui Internet est une révolution technologique et sociétale. Il a changé la façon dont
les hommes communiquent et créent. Tous les secteurs sont peu à peu touchés par ce media. Il est de droit de
se demander dans quelle mesure la création pour ce média est influencée par son environnement.
Dès la naissance du web et surtout depuis sa « démocratisation », il existe des tendances de fond dans le
webdesign qu’il ne faut pas ignorer. Pourtant, dans notre société consumériste, l’utilisation de leviers impliquant
le consommateur est nécessaire pour optimiser l’impact des créations.
De fait, l’enjeu majeur de la création graphique est de mettre en adéquation les contraintes et évolutions
techniques avec les habitudes et les attentes des internautes. Attentes qui ne risquent pas de baisser à la vue de
des échéances technologiques et « politiques » à venir.