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Association des psychiatres du Canada —Énoncé de principes
La Revue canadienne de psychiatrie, vol 60, no 4Encart, Page 4
inadéquat), la responsabilité criminelle (absence de
consentement), le délit de voies de fait ou l’infraction
disciplinaire entraînant une sanction comme la
révocation des droits hospitaliers.
On peut passer outre au consentement libre et éclairé
dans certains cas, lorsqu’une autre obligation a priorité.
De nombreuses autres obligations éthiques prévalent sur
l’obtention du consentement libre et éclairé ou limitent
cette exigence dans certaines circonstances. Par exemple,
pour des raisons de sécurité publique, les interventions
que le patient peut refuser ou choisir seront limitées. Le
droit d’autrui de ne pas subir de préjudice ou de ne pas
être mis en danger peut supplanter le droit du patient de
refuser les soins psychiatriques.
Le consentement n’oblige pas le patient à accepter les
soins ni ne le prive du droit de retirer son consentement
à sa guise. Dans l’éventualité où le patient retire son
consentement pendant l’épisode de soins, le médecin doit
cesser ceux-ci, à moins que la science médicale démontre
que l’interruption des soins mettra la vie du patient en
péril ou posera des problèmes immédiats et graves pour sa
santé. La Cour suprême a rendu une décision en ce sens
en 1993 dans la cause Ciarlariello c. Schacter7, au sujet du
retrait du consentement durant une angiographie cérébrale.
Un tel scénario est possible en psychiatrie également, par
exemple dans un cas où l’arrêt brusque d’un traitement
médicamenteux pourrait provoquer un syndrome de
sevrage aigu ou un épisode de délirium.
Les types de consentement
Le consentement peut être exprès, tacite, implicite ou
présumé8. Le consentement exprès, qui comprend le
consentement libre et éclairé, se dit de tous les types
de consentement activement exprimés par le patient8.
Le consentement libre et éclairé exprès représente
le consentement optimal parce qu’il suppose la
connaissance et la compréhension de l’information
nécessaire et une prise de décision active. En revanche,
le consentement tacite s’exprime de manière passive
ou en silence (la racine latine du mot, le verbe tacere,
signie « taire ») et il est le fruit d’un processus
passif marqué par l’absence de réexion délibérée. Le
consentement implicite est celui qui peut se déduire
du comportement ou de l’action de la personne (faire
appel à une équipe mobile d’intervention d’urgence
ou demander une ambulance). Le consentement
présumé relève de la théorie voulant que les cliniciens
adoptent certaines hypothèses fondées sur les principes
généraux du bien humain et de la volonté rationnelle8,
particulièrement en situation d’urgence. La présomption
au cœur de ce type de consentement veut que le médecin
soigne le patient au mieux des intérêts (perçus) de
celui-ci, sauf s’il y a raison valable de croire que le
patient aurait refusé ces soins (par exemple, existence de
directives préalables en ce sens).
Une exception à la règle du consentement libre et éclairé
existe lorsque le patient renonce au droit d’accorder son
consentement. Ainsi, il y renonce lorsqu’il refuse de
prendre connaissance de l’information nécessaire à une
prise de décisions éclairées ou s’il refuse tout bonnement
de prendre quelque décision que ce soit. Avant d’accepter
ce renoncement, il convient de tenter de connaître les
motifs qui incitent le patient à ne pas participer à sa prise
en charge ou au traitement de sa maladie.
Le processus et la procédure de consentement
Le médecin doit discerner la procédure de consentement
(obtention du consentement ou expression du
consentement sur un formulaire) du processus de
formation du consentement. Le consentement libre et
éclairé n’est pas forcément le consentement formel
(formulaire de consentement signé).
Le processus de formation du consentement désigne le
dialogue qui facilite la communication et la compréhension
de l’information pertinente et qui permet de soupeser les
avantages relatifs des options thérapeutiques proposées
et d’examiner les options de rechange le cas échéant.
Le consentement libre et éclairé exprès nécessite un
réel échange d’information qui s’amorce à la première
rencontre entre le médecin et le patient et se poursuit tout
au long de la relation thérapeutique9.
La procédure de consentement consiste essentiellement
en la documentation du processus à l’aide d’un formulaire
de consentement ou sous une autre forme de consignation
appropriée de la discussion à propos du consentement.
Cette preuve documentaire n’est rien d’autre que la
démonstration de la procédure de consentement à un
moment précis. Ce n’est pas le consentement libre et
éclairé comme tel4. En 1993, dans la cause ontarienne
Ciarlariello c. Schacter, la Cour suprême du Canada a
souligné cette distinction en notant que
le consentement ne vise pas un moment précis,
mais représente plutôt un rapport entre patient et
médecin. Le consentement est, en d’autres termes,
un processus, pas un instant déterminé10, p 137.
Le consentement peut être exprimé par écrit ou
verbalement. Alors que le consentement écrit constitue
la forme de consentement optimale, le consentement
verbal documenté suft habituellement, sauf en cas
d’intervention effractive, telles l’électroconvulsivothérapie
ou la psychochirurgie, pour laquelle il vaut mieux utiliser
un formulaire de consentement. Le médecin devrait
documenter au dossier médical les discussions menant au
consentement verbal, notamment le sujet de la discussion,
les principaux points abordés, le traitement et le pronostic,
les préoccupations ou inquiétudes du patient, la décision
du patient, la capacité décisionnelle du patient constatée
par le médecin et le caractère volontaire ou libre du
consentement.