Docteur MASI Bruno
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LE TROUBLE BIPOLAIRE
La tristesse comme la gaieté sont des émotions normales que chacun d'entre nous peut éprouver. Mais
chez les sujets atteints d'un trouble bipolaire de l'humeur, ces émotions peuvent être exacerbées de manière
durable (généralement plusieurs semaines à plusieurs mois) sans raison ou de manière disproportionnée,
constituant ainsi :
- Soit un épisode dépressif, marqué par une tristesse pathologique de l'humeur ;
- Soit un épisode dit « maniaque », marqué par une exaltation euphorique de l'humeur.
- Le trouble de l'humeur bipolaire, encore appelé maladie maniaco-dépressive, est donc défini par la
survenue chez un individu d'épisodes dépressifs (cf. fiche dépression) et d'épisodes maniaques (cf.
plus bas). Entre ces épisodes, l'humeur est dite « normale », c'est-à-dire ni dépressive ni maniaque. On
distingue ainsi grossièrement trois périodes dans l'évolution spontanée de la maladie : les épisodes
dépressifs, les épisodes maniaques et les périodes de rémission ou « intervalles libres ». Le sens du
terme « maniaque » n'a ici rien à voir avec celui du langage courant (être un maniaque du rangement,
de la propreté, etc.).
La cause de cette maladie est inconnue mais probablement en grande partie d'origine biologique et
notamment génétique. Les événements de la vie peuvent cependant jouer un rôle de déclencheur des
épisodes. Il faut aussi noter qu'en dehors des épisodes maniaco-dépressifs, aucune particularité
psychologique n'a pu être mise en évidence de manière claire chez les sujets atteints.
Le trouble de l'humeur bipolaire touche environ 1 % de la population adulte sans distinction de sexe, race ou
milieu social, soit environ 500 000 personnes en France.
Les personnes qui ont des antécédents familiaux (au moins un membre de la famille atteint) ont un risque
plus élevé de développer la maladie. Ainsi les enfants issus d'un couple dont l'un des deux est bipolaire ont
un risque sur six d'être eux-mêmes atteints.
Un épisode maniaque peut apparaître en quelques heures à quelques jours et se caractérise par des
symptômes d'excitation psychique et motrice. L'humeur est exagérément gaie, euphorique et exaltée, mais
également très changeante, le patient pouvant passer très rapidement du rire aux larmes, ou d'une
apparente insouciance à une intense colère, souvent déclenchée par une contrariété mineure.
Alors que le déprimé est inactif et sans énergie, le patient en phase de manie, bien qu'il ne dorme que peu,
déborde d'énergie et d'activité, mais souvent de manière désordonnée.
Alors que le déprimé est profondément pessimiste et inquiet de l'avenir, le patient maniaque est
maladivement optimiste et fait de nombreux projets souvent grandioses ou irréalistes. Plein d'une confiance
excessive, il dépense sans compter, jusqu'à parfois dilapider son patrimoine.
La pensée du patient maniaque s'accélère, parfois jusqu'à ce qu'il en perde le fil, au point de passer de
manière inadaptée d'un sujet à un autre, du coq à l'âne. Le patient devient très bavard, même si cela ne
correspond pas à son tempérament habituel, il devient plus à l'aise voire désinhibé ou familier dans les
relations sociales.
Hormis au début ou dans les formes légères, le sujet n'a pas conscience que son état n'est pas normal. Il ne
va donc plus écouter les conseils de ses proches ou des médecins. Les troubles risquent alors de s'amplifier
et l'inadaptation du comportement du patient peut aboutir à des conséquences fâcheuses sur le plan social,
familial et professionnel (ruptures, faillites, licenciement) ou à des conduites dangereuses (prises de risques
inconsidérés au volant, rapports sexuels non protégés) ou parfois agressives. Il est donc important que le
patient et son entourage soient capables de repérer un épisode maniaque dès son début, pour alerter le
médecin et faire soigner précocement cet épisode. L'hyperactivité et la réduction du temps de sommeil sans
fatigue accrue sont de bons signes d'alertes.