une expédition de tout repos. Les représentations, annoncées d’abord par des crieurs
de rue, puis par voie d’affiche, ont lieu en matinée, en général deux fois par semaine.
Les horaires sont rarement respectés (voir Cyrano de Bergerac, acte I, scène 1). Le spec-
tacle comprend un prologue, une grande pièce, une farce et se clôt sur une chanson.
Au centre, le parterre accueille, debout, les spectateurs les moins fortunés, les plus raf-
finés s’asseyant dans les loges. Les personnes de qualité, dont le roi, vont s’asseoir sur
scène, de part et d’autre des acteurs.
Ces derniers sont habillés comme leurs contemporains, même s’ils jouent des tra-
gédies antiques, avec seulement des habits plus riches et des détails emblématiques.
Le rideau, assez rare, est utilisé seulement au début et à la fin de la pièce. Au milieu
de la scène, des rideaux partiels ou « tapisseries » rappellent les décors simultanés du
Moyen Âge. Les acteurs jouent ainsi devant les tableaux représentant les lieux où ils
sont censés être : l’unité de lieu a donc aussi une raison pratique. De même, l’éclai-
rage se fait aux chandelles. Or, il faut les changer toutes les demi-heures environ : un
acte ne peut donc matériellement se prolonger au-delà de trente minutes.
Quelques textes à consulter
1) Sur le mensonge
– Voir deux fables de La Fontaine : « Le Dépositaire infidèle » (IX, 1) et « Le
Statuaire et la Statue de Jupiter » (IX, 6).
– Voir les textes de Montaigne et Pascal sur l’imagination, la « folle du logis » :
Essais, III, 8, et Pensées, 78 (édition Sellier, Garnier, 1991).
2) Sur l’éloge ou la condamnation du théâtre
– Corneille, L’Illusion comique, acte V, scène 6 (v. 1781-1806) : le magicien
Alcandre rassure Primadant qui vient de découvrir, sans aucun enthousiasme, que
son fils est comédien.
– Bossuet, « Lettre au père Caffarro » (9 mai 1694) : « Songez seulement si vous
oserez soutenir à la face du ciel des pièces où la vertu et la piété sont toujours ridi-
cules, la corruption toujours défendue et toujours plaisante. […] Dites-moi, que veut
un Corneille dans son Cid, sinon qu’on aime Chimène, qu’on l’adore avec Rodrigue
[…] et qu’avec lui on s’estime heureux lorsqu’il espère de la posséder ? » (extraits)
– Pierre Nicole, Traité de la comédie : « La comédie par sa nature même est une
école et un exercice de vice, puisqu’elle oblige nécessairement à exciter en soi-même
des passions vicieuses. »
4
__ g