28 / / Veterinary Focus / / Vol 18 No 3 / / 2008
COMMENT JE TRAITE...
de la décompensation cardiaque, en excluant les chiens
morts dans les 60 premiers jours de l’étude. Cette analyse
n’était pas prévue initialement, mais elle a conduit les
auteurs à conclure à la possibilité étonnante d’un effet
bénéfique non cardiaque sur la survie. Les résultats de
ces deux études réunis ne suffisent cependant pas à me
convaincre du bénéfice du traitement, même chez les
chiens présentant une cardiomégalie au moment du
diagnostic.
Il est intéressant de souligner que seuls les IECA ont été
évalués en traitement de l’insuffisance cardiaque avant
l’apparition des signes cliniques dans des études sérieuses.
Il existe bien sûr d’autres médicaments potentiellement
intéressants en traitement précoce, mais aucun n’a été
étudié de façon aussi rigoureuse et tout ce que nous
pouvons en dire est « nous n’en savons rien ». Il se peut
qu’un traitement particulier fasse un jour la preuve de son
intérêt à ce stade de la maladie, mais pour l’heure, si on
pratique une « médecine basée sur les faits », les preuves
du bénéfice du traitement ne sont pas suffisantes pour
que je conseille de traiter les chiens asymptomatiques.
Une étude récente non encore publiée a conclu à un
bénéfice de la spironolactone en traitement de l’insuffi-
sance cardiaque non décompensée, mais comme tous les
résultats ne sont pas connus, il nous est impossible de les
analyser et je continue donc à ne pas traiter ces animaux.
Ma politique de prise en charge des chiens et de leurs
propriétaires à ce stade de la maladie repose toujours sur
l’information et la surveillance. Il est important de savoir
reconnaître les signes de la décompensation cardiaque
quand ils apparaissent pour pouvoir instaurer un
traitement qui a prouvé son efficacité. Nous pouvons
apprendre à nos clients à mesurer chez eux la fréquence
respiratoire et à savoir repérer des signes très légers d’une
intolérance à l’effort. Ceci étant dit, il y a toujours de
nombreux cas de régurgitation mitrale avec cardio-
mégalie qui mettent des années à décompenser, et il est
donc inutile de trop insister sur la possibilité d’apparition
de signes cliniques au risque de surinquiéter les pro-
priétaires et d’entraîner de nombreuses « fausses alertes ».
Insuffisance cardiaque
La meilleure technique d’objectivation de l’insuffisance
cardiaque congestive (ICC) est la radiographie thoracique.
Dès qu’il existe des signes d’ICC due à une régurgitation
mitrale, nous avons des preuves qu’un traitement est
bénéfique, en termes d’amélioration de la qualité de vie,
voire de prolongation de la durée de vie avec certains
médicaments. Nous disposons de plusieurs études
contrôlées dont nous pouvons tirer des conclusions
valables sur lesquelles baser notre traitement. De
nombreuses études ont démontré les bénéfices des IECA
dans le traitement de la maladie mitrale chez le chien.
L’étude LIVE (7) et l’étude BENCH (8) font partie des
premières études à avoir été publiées. Elles ont montré
que par rapport au placebo, les IECA permettaient de
prolonger la survie des chiens lorsqu’ils étaient associés
au traitement classique de l’insuffisance cardiaque
(diurétique +/- digoxine +/- autres médicaments). Les
populations de ces études incluaient des chiens souffrant
de régurgitation mitrale. Une sous-analyse de l’étude
LIVE (7) a montré un bénéfice particulier dans le groupe
des chiens présentant une régurgitation mitrale. Les
IECA sont donc supérieurs au placebo pour le traitement
des chiens en ICC secondaire à une maladie mitrale.
Plus récemment, le pimobendane a démontré son
efficacité. Des études réalisées sur des cas de maladie
mitrale ont montré que le pimobendane permettait
d’améliorer la qualité de vie des chiens et de retarder
certains évènements comme par exemple l’hospitali-
sation (9). L’étude VetSCOPE indiquait que les effets
bénéfiques du pimobendane pourraient être supérieurs à
ceux des IECA (10) bien que de nombreuses questions
restaient encore en suspens après la conclusion de
l’étude. L’étude QUEST récemment publiée (11), une
étude prospective en simple aveugle avec contrôle positif
comparant le bénazépril au pimobendane a conclu que
les bénéfices du pimobendane étaient supérieurs à
ceux du bénazépril (et probablement ceux des autres
IECA par déduction) avec une prolongation de 91 %
du temps jusqu’au critère principal combiné de mort,
euthanasie pour raisons cardiaques ou échec de traite-
ment (Figure 2). Cette étude laisse à penser que si un
seul traitement doit être choisi pour compléter le traite-
ment classique (diurétique +/- digoxine +/- autre), il est
préférable d’utiliser le pimobendane plutôt qu’un IECA.
Elle ne nous permet cependant pas de conclure quant
à l’efficacité de l’association pimobendane-IECA. Une
étude non encore publiée montre également l’effet
bénéfique de la spironolactone chez le chien souffrant de
régurgitation mitrale avec signes de décompensation
cardiaque.
La façon dont je traite les animaux à ce stade dépend
en partie des préférences du client et de la faisabilité
d’administrer plusieurs médicaments. Le traitement
optimal associe jusqu’à quatre médicaments différents.
Ce qui est sûr, c’est la nécessité d’administrer du