L`EXPÉRIENCE DU BLOC-OPÉRATOIRE VÉCU DU PATIENT

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L’EXPÉRIENCE DU BLOC-OPÉRATOIRE
VÉCU DU PATIENT
Recherche réalisée dans le cadre
du Diplôme d’Université de Psychologie Clinique
PLAN GÉNÉRAL
INTRODUCTION :
OBJET DE LA RECHERCHE
INTRODUCTION :OBJET DE LA RECHERCHE
A. Cadre de la recherche
a. Les faits, l’accueil au bloc opératoire
b. Mécanisme d’apparition de l’anxiété, définitions
c. Information donnée au malade par le chirurgien,
l’anesthésiste et le généraliste ; quelques considérations éthiques
6. Échantillonnage
a. Critères de sélection
b. Présentation des quatre groupes de patients
C. Méthodes
Infirmière de salle d’opération et surveillante de bloc
opératoire, je m’interroge sur la souffrance du patient
qui traverse mon service.
Souvent muet, prostré dans son lit, le malade parle peu
ou s’il parle, le discours est difficilement compréhensible. Nous nous efforçons de le soigner au mieux sans
comprendre ce qui se passe exactement.
Est-il simplement anxieux, craint-il l’intervention en
elle-même, l’anesthésie ou les séquelles possibles ?
A-t-il été informé, par qui, comment, dans quelles
conditions ! Comment a-t-il accepté le pronostic vital.
Autant de facteurs, que nous soignantes ne maîtrisons
pas.
a. Terrain de recherche
b. Interview préparatoire et exploratoire : guide d’interview, éléments conducteurs
c. Le questionnaire
d. Procédure
D. Résultat de la recherche
a. Dépouillement des questionnaires
1) tableau I -discussion
2) tableau II -discussion
b. Interview
c. Réflexion implication sur le terrain
CONCLUSION
La lecture du dossier médical nous informe sur la
pathologie dont souffre le malade. Mais nous ne savons
rien sur la manière dont il perçoit la maladie et appréhende les risques, sur les rapports entre la perception
de la situation et la représentation de l’après intervention.
En post-opératoire immédiat une seule chose lui importe : sortir le plus rapidement possible. Cette envie
de fuir est-elle en rapport direct avec son vécu au bloc
opératoire ! Dans ma recherche je me suis efforcée de
repérer l’angoisse que le malade exprime, sa nature, ses
manifestations, en m’attachant plus particulièrement à
l’impact psychologique de cette anxiété liée au geste
opéatoire, les répercussions psychiques après I’intervention, de cette agression sur l’être humain et éventuellement leur persistance.
ARIATION ’
L’EXPÉRIENCE DU BLOC-OPÉRATOIRE - VÉCU DU PATIENT
gi A. Cadre de la recherche
- l’atteinte à l’intégrité physique
- l’état de dépendance liée à l’hospitalisation
a. Les faits : l’accueil au bloc opératoire
- la possibilité d’une rechute
A toutes les étapes qui va le conduire au bloc opératoire, l’homme malade traverse des états contraignants
et déroutants.
- l’échec de l’intervention (erreur de coté, risque possible de mort)
II se retrouve devant une situation qu’il ne peut fuir : il
doit y faire face. Ces états inhabituels, désagréables,
bouleversent sa vie et le forcent à réagir de manière
plus ou moins marquée selon sa personnalité.
La spécificité d’une prsonnalité c’est son unité, son
identité, sa vitalité et sa prise de consicence par rapport
au milieu. Une conduite peut s’expliquer par I’interaction entre la situation et la manière dont l’individu
l’appréhende. La maladie, la mort, la chirurgie atteignent l’homme dans son intégrité.
En entrant à l’hôpital l’individu tend à abandonner la
faculté de penser, de réfléchir et de prendre des décisions. II doit subir tel examen douloureux, tel protocole
de préparation sans connaître les résultats, craignant
qu’on lui mente et que la vérité sur son état soit bien
plus cruelle.
b. L’origine de l’anxiété
Par définition, l’anxiété c’est un état de désarroi psychique ressnti en face d’un danger indéterminé et imminent, s’accompagnant d’un sentiment d’insécurité.
La chirurgie, l’hospitalisation, et la maladie sont des
causes certaines généralement admises à l’origine de
l’anxiété.
Au décours d’un acte chirurgical, JANIS (1) détermine
différents types d’anxiétés :
- A niveau élevé, le patient est sans arrêt tourmenté
par la souffrance et la peur de mourir sur la table
d’intervention.
- A niveau moyen, une partie seulement de I’anesthésie et de l’acte chirurgicale tourmente le malade (la
cicatrice par exemple).
- La peur anticipée de faible niveau fait voir un genre
de personne optimiste face à l’intervention et qui dénie
sa peur.
L’origine de l’anxiété commence en fait avec les premiers symptômes de la maladie et varie selon la gravité
du pronostic médical.
Puis s’ajoute la peur de :
- la douleur
- l’anesthésie
II faut parler aussi du stress lié :
- à la possibilité d’une rechute possible dans les cas de
maladïe’cancéreuse
par exemple.
- au risque d’une intervention ratée
- au risque de l’anesthésie.
En arrivant au ,bloc opératoire, le malade a subi une
accumulation de facteurs déclencheurs
de stress pathogène et certains auteurs tel ECKENHOFF (2) sou$nrient que certains peuvent éprouver suffisamment d’anxiété pour qu’elle les conduisent à la mort.
c. L’information donnée aux malades
Dans la pyramide des besoins de MASSLOV, l’information correspond à un besoin de sécurité morale. Elle est
une obligation pour que l’individu s’assume pleinement.
Pour HENDERSON, le besoin de se renseigner est le
quatorzième point fondamental à assurer pour une
prise en charge globale de l’homme malade.
Le but de l’information est d’assurer une réponse au
malade et lui faire accepter l’évidence du geste opératoire. Dans le cadre du droit français, le patient a droit
à des soins de santé, mais également à l’intimité, à la
confidentialité et à son intégrité psychique et corporelle.
Pour cela il doit pouvoir donner un consentement
éclairé et volontaire et non pas subir un geste qu’il
n’aurait pas compris.
Divers partenaires s’associent pour lui procurer cette
information. Le médecin généraliste en première intention pose le diagnostic, et propose l’intervention.
Comme nous l’explique un médecin généraliste que
nous avons rencontré le patient est souvent interloqué :
Certains auteurs décrivent différentes phases de réactions possibles, qui amènent le patient à accepter le
geste. Après l’annonce du verdict c’est d’abord le refus
et l’isolement. Puis il s’informe auprès d’amis, de parents, dans des livres médicaux. II prend à parti les
décisions du médecin. C’est la démarche du contre
diagnostic par un autre médecin. Ensuite, il retourne
voir son médecin et marchande avec lui pour minimiser son geste. Puis le malade se sent abattu devant
l’évidence de l’agression future et accepte I’intervention.
Ce processus ainsi décrit ressemble à une démarche
d’acceptation du deuil en l’occurrence deuil du corps
malade et de l’agression physique.
Après cette première phase, le patient rencontre le
chirurgien.
Dans le cadre du droit français, la personne n’est pas
obligée d’accepter, pour sauver sa vie, des moyens
extrêmement pénibles, elle garde la possibilité de refuser une mutilation importante. Mais qu’en est-il en
réalité ? La tentation est forte ici de relater des faits.
Ainsi un patient se rend chez un chirurgien. II porte une
tumeur cancéreuse sur le larynx. Le médecin lui explique le geste chirurgical ; c’est-à-dire une laryngectomie totale avec trachéotomie définitive en lui expliquant que ce n’est rien. II va très vite se remettre et il
pourra ensuite faire une rééducation pour réapprendre
à parler !
Et plus tard ce même médecin ne comprend pas pourquoi le patient prit ses jambes à son cou pour consulter
un confrère qu expliquera de manière plus psychologue, le geste opératoire, et la possibilité de ne pas
effectuer un geste aussi mutilant si les biopsies per
opératoire sont négatives.
Un chirurgien ne peut intervenir contre l’avis de son
patient, il n’a pas à passer outre un refus.
Selon VERSPIERREN (3) « le premier devoir du médecin est de faire son possible pour permettre au malade
de vivre selon ses propres convictions, son échelle de
valeur, son choix les plus personnels ». L’attitude de
certains médecins est peut-être encore imprégnée de
toute l’histoire de la médecine.
Selon PORTES (4), médecin, premier président de l’on
dre » autrefois le malade était considéré comme un
enfant., « Au plan émotif, le patient ne peut éprouver
que de l’angoisse ou une confiance éperdue envers son
thérapeute, son intelligence est amoindrie et il ne peut
parvenir à une connaissance claire et distincte de sa
maladie. Sa volonté qui au plein de sa maladie se
manifeste d’ailleurs assez peu, est plus aveugle que
lucide, plus déterminée que libre ».
Finalement le malade ne peut exercer qu’un seul acte
de liberté : le choix de son thérapeute, après avoir
choisi son médecin, il s’implique dans un processus qui
ne lui permet plus de s’exprimer ou de faire machine
arrière.
Le corps médical vit toute attitude de refus ou de retrait
comme un acte déraisonnable et non fondé, qui entraînent une mauvaise relation entre les deux parties, à
l’origine parfois des procès que nous relatent les médias.
/Iii B. Echantillonnage
a. Critères de sélection
Les hommes ne naissent pas égaux devant la maladie.
Bien portant devant des situations difficiles à résoudre
l’homme réagit de façon différente en fonction de son
caractère et de sa personnalité, mais également en
fonction de l’importance du préjudice subi.
Par exemple, le comportement ne sera pas identique
devant un petit dégât matériel tel qu’un accrochage de
voiture et l’incendie de la maison familiale.
En fonction du type d’intervention que le malade va
subir il appréhende le milieu qu’il va traverser de façon
différente suivant les contraintes que la maladie et le
traitement vont lui imposer.
Pour comprendre les mécanismes de l’anxiété générée
par l’intervention, il convient de prendre en considération des critères bien définis.
Pr critère : le pronostic vital
En fonction de la pathologie dont le malade souffre, le
pronostic vital à court ou long terme est mis en jeu.
L’intervention améliore l’état de l’individu en atteingant ou non l’intégrité physique de l’individu en le
mutilant ou pas.
En fonction de la gravité de l’affection, l’anxiété peut
s’accroître avant l’intervention. Nous pensons qu’il
existe une corrélation entre l’anxiété liée à I’intervention et l’atteinte possible à l’intégrité physique.
.F critère : le choix
L’individu devant la maladie qui le contrait à se soigner
peut ou non choisir son chirurgien.
Nous pensons qu’il existe une corrélation entre I’obligation de soins et la possibilité de choisir.tout de même
l’intervenant, le lieu et la date de l’agression.
L’individu se sentira peut être plus apte à subir I’agression s’il en a choisi quelques composantes.
3e critère : la motivation
Quelle est la motivation qui pousse le patient à se faire
opérer ?
- motiktions
fonctionnelle
physiologiques : douleur, impotence
- motivations psychologiques : esthétiques, besoin de
maternage, de se sentir pris en charge par un groupe de
soignant qui assumera le rôle de tampon contre les
agressions de la vie quotidienne.
de critère : degré d’obligation
L’obligation de se faire opérer est une réponse rationnelle à la maladie. Si le médecin n’intervient pas la
maladie risque d’entraîner la dégénérescence de l’état
de santé, et la mort du patient.
i
En fonction de ces quatre critères, il est possible de
définir quatre cas de situations différentes.
b. Présentation des quatre groupes
Croupe 1 : L’intervenf;on est destinée à améliorer le
confort de vie.
Le pronostic vital n’est pas en jeu.
Choix possible du chirurgien, de la clinique.
Motivation esthétique.
Pas d’obligation.
Exemple : interventions de chirurgie esthétique.
Groupe 2 : Intervention destinée à soulager une gêne
occasionnant une qualité de vie médiocre
Pronostic vital : danger à long terme.
Choix : il existe.
Motivation : dépend du degré de la gêne.
Obligation : plus ou moins.
Exemples : éventration de la paroi abdominale, varices.
Obligation : absolue
Exemples.: anévrisme de l’aorte, ulcère hémorragique.
I,&
C. Méthodologie
a. Terrain de recherche
II s’agissait de service de chirurgie. L’échantillonnage
était des patients opérés depuis peu. Le recueil de
données s’est effectué entre j + 1 et J + 5.
Nous aurions aimé faire une étude sur les jours précédents les interventions, mais cela fut impossible car
nousvouIionsexplorer
surtout toutes les manifestations
post-opératoires
liées au geste et établir une corrélation
avec le degré d’atteinte de la pathologie sur l’individu.
Les opérés appartiennent au groupe 1, 2, 3 ou 4.
b. Les interviews
Elles ont servis à préparer le questionnaire. Nous avons
rencontré plusieurs malades dont nous relaterons le
discours dans la dernière partie.
Le fil conducteur de la discussion fut le rendu de
l’expérience du bloc opératoire.
Après les présentations, nous avons expliqué notre
démarche de recherche et demandé aux malades de
relater leurs expériences en recherchant :
- si le malade a été informé, par qui,
- s’il a pu se situer dans le milieu bloc opératoire,
- comment il a vécu l’expérience sur le plan émotionnel, anxiété, angoisse,
- comment il a vécu son réveil, et le retour au service ;
Groupe 3 : La maladie risque d’entraîner une atteinte
importante à /‘intégrité physique ou /a mort.
- et puis si dans les jours qui ont suivi, il a ressenti des
manifestations particulières qui lui semblaient directement liées au geste opératoire.
Pronostic vital en jeu.
Choix restreint.
Motivation : la douleur.
Obligation : absolue, risque de mort à moyen terme.
Exemples : hernie étranglée, cholecystite aiguë.
Dans beaucoup de cas, les patients que nous avons
interrogé, nous parleront de leurs expériences chirurgicales antérieures et établiront un lien bénéfique ou
néfaste face à la nouvelle agression.
c. Le questionnaire
Groupe 4 : Urgence vitale
Pronostic vital : fortement compromis
Choix : aucun
Motivation : désir de s’en soTtir
Grâce aux interviews, nous avons élaboré un questionnaire que nous expliquons brièvement : en en-tête,
présentation de la démarche, questions destinées à
classer le patient dans l’un des groupes.
1) Questions sur l’information donnée avant l’intervention, par qui et de quelle nature.
2) Arrivée au bloc :
qu’avez-vous ressentiiagréable
désagréable
perception de l’entourage ; accueil
perception de l’environnement ; locaux, matériel
Elles avaient pour consignes de les distribuer de manière aléatoire en début de semaine (la plupart des
patients étant hospitalisés à cette période).
Le recueil fût fait en fin de semaine, nous partions du
principe que l’un des services et un service d’hospitalisation à la semaine et qu’il se vidait en fin de
semaine.
31 Les soins :
Avez-vous recu des explications
Etes-vous satisfait 3
ii; D. Résultat de la recherche
4) Questions ouvertes en dernières parties
Qu’avez-vous ressenti après l’intervention !
Quel souvenir gardez-vous !
Avez-vous été suffisament informé !
Avez-vous des réflexions particulières à formuler ?
a.
Dans chaque service nous avons envoyé 15 questionnaires, soit 75 au total. Nous avons également tenu
compte de 5 interviews dans l’échantillonnage.
Soit au total, 80 questionnaires répartis comme suit :
16 patients dans le groupe 1 : 30 %
18 patients dans le groupe 2 : 33 %
16 patients dans le groupe 3 : 30 %
4 patients dans le groupe 4 : 5 %
Dépouillement
des
questionnaires
1. Tableau A, B et C - discussion
Les questions suivantes furent posées, puis traitées par
catégories de patients dans plusieurs tableaux groupant
les différents types de réponses.
Un tableau avec les réponses « oui >
A
Un tableau avec les réponses « non »
B
Puis un tableau récapitulatif pour donner une idée plus
générale opposant les « oui » et les « non » tous groupes confondus C
d. Procédure
Les questionnaires furent remis aux surveillantes des
différents services et répartis par elles aux patients de
leurs services.
Question no 1 : Le malade a-t-il été informé ?
Question ~‘2 :Avez-vous ressenti de l’anxiété ?
Tableau A
-ses oui par gmupa
de patient
100.00
90.00
60.00
70.00
60.00
z 50.00
40.00
30.00
20.00
10.00
0.00
n
groupe 1
= groupe 2
groupe 3
1111 groupe 4
Tableau
Lt
100.00’
90.00 30.00
70.00
60.00.
#
50.00.
40.0030.00
20.00
Question n”3 : Perception de l’environnement du bloc
opératoire, architecture, couleur, souvenir de l’accueil
par le personnel, éclairage.
Question no 4 : manifestations post-opératoires, rêves,
cauchemars, atteinte à l’intégrité corporelle.
Question PS: avez-vous été suffisamment informé sur
votre intervention ?
Question no 1
Les patients ont répondu massivement oui (voir tableau
CL
Le chirurgien donne les informations au patient, puis le
médecin anesthésiste et le généraliste.
Question no 2
En ce qui concerne l’anxiété, le oui fût également
massifalors que nous aurions supposé qu’une information importante pouvait avoir une action favorable sur
la préparation psychologique du patient.
A peu près 50 % des patients dirent avoir ressenti de
l’anxiété en période péri-operatoire et cela malgré une
prémédication presque systématique des malades.
Cette anxiété est décrite par les patients :
* Etat de torpeur que le malade attribue à la douleur.
*
*
*
*
*
*
*
*
*
* Beau rêve, celui d’être soulagé de la douleur à la
limite de l’insupportable (fracture de la hanche).
crise d’angoisse
crispations des membres
crise de larmes
sensation de froidure
sueurs
tremblements
crise de diarrhée
palpitations
malaises
* Hallucinations (ablation de la vessie).
* J’ai du mal à me situer dans l’espace (résection de la
prostate).
* Lassitude due certainement aux suites opératoires !
A noter également des demandes pour pouvoir garder
des objets personnels : alliances, lunettes et à plusieurs
reprises des malades se plaignent d’une attente insupportable.
Question no 3
(Concernant la perception de l’entourage)
Voici comment les patients voient le bloc opératoire :
Ils parlent en priorité :
* des couleurs des murs,
* de l’accueil verbal,
* du plafond (commentaire à propos des couleurs défraîchies),
* d’une horloge placée à l’envers,
* de la configuration des locaux,
* du code d’entrée du bloc qu’ils ont vu faire,
* du nombre de lits en attente,
* de l’éclairage.
des
locaux
correspondent
Les manifestations post-op sont mises sur le compte de
l’anesthésie par la plupart des patients.
Beaucoup parlent de rêve sans en préciser le contenu.
D’autres
Les patients sont prémédiqués mais pourtant perçoivent leur entourage de manière très précise sauf pour
le groupe 4 ; ils se souviennent de manière trPs précise
des lieux et des personnes.
Les descriptions
à la réalité.
* Rêve de mort, mais sensation agréable le patient se
sentait entouré des membres de sa famille disparue.
exactement
Question no 4
Les réponses sont très surprenantes ; un nombre important de patients ont constaté des manifestations liées
directement au geste opératoire.
Groupe no 1
31 %
Perception
Groupe no 2
de manifestations
Groupe no 3
:z:
100%
opK%ires
Groupe no 4
Ces manifestations sont à type de cauchemar ou de
rêve dans la plupart des cas.
Voici le discours de certains :
* J’avais l’impression de m’endormir et de ne plus
jamais pouvoir me réveiller mais j’étais bien.
manifestations
sont
décrites
:
* simple fatigue
* sérénité
* soulagement
Question no 5
Pensez-vous avoir été suffisamment informé ?
Croupe 1
Groupe 2
Groupe 3
Groupe 4
31
28
38
67
%
%
%
%
Non
Non
Non
Non
L’information a été faite de manière massive, mais le
chiffre reste encore élevé pour tous les groupes.
2) Tableau II - discussion
Nous avons mis en corrélation les différentes questions
suivantes pour essayer de cerner des réponses plus
précises.
ire corrélation :
Question 1 : Le malade a-t-il été informé ? : oui
Question 5 : Etiez-vous suffisamment informé ! : non
Un tiers des patients estiment ne pas avoir été suffisamment informés.
Voici leurs doléances :
- Sans questions précises, nous obtenons une mauvaise information.
- Pourriez-vous, expliquer le déroulement de I’intervention.
- Plus de détails seraient les bienvenus.
Dans le groupe 4, l’anxiété existe mais le malade ne
porte plus attention du tout à son entourage immédiat.
Dans le groupe 3, 50 % ressentent de l’anxiété
50 % perçoivent l’environnement et parfois de manière
très précise. L’anxiété est alors exacerbée par le milieu
dans lequel le patient est plongé.
4e corrélation :
Question no 2 : Avez-vous ressenti de l’anxiété 1 : oui
Question 1 : Avez-vous été informé ? : oui
Question no 4 : Avez-vous perçu des manifestations
post-opératoires ? : oui
Question 2 : Avez-vous ressenti de l’anxiété 3 : oui
Malgré l’information, l’anxiété existe, et de manière
très importante.
Exemple groupe no 1 :
94 % des personnes informées,
56 % des personnes présentent des signes en étant
prémédiquées. L’information ne diminue pas le taux
d’anxiété du patient.
3e corrélation :
Ici c’est avec beaucoup de surprise que nous constatons que l’importance des manifestations est en corrélation directe avec le degré de gravité de la pathologie.
Nous pouvons conclure que : 1. L’information existe,
mais ne satisfait pas les patients.
2 . L’anxiété ne croît pas par rapport au degré de gravité de la pathologie comme nous l’avions avancé. Cette
angoisse est présente malgré l’information faite à plusieurs niveaux du parcours.
Question no2 : Avez-vous ressenti de l’anxiété 3 : oui
3. Le malade perçoit son entourage et le milieu qu’il
traverse.
Question no 3 : Avez-vous perçu votre environnement? : oui
4. Par contre, les manifestations post-opératoires sont
intimement liées au degré de gravité de la pathologie.
Ces manifestations ne sont pas décrites dans la littérature. Elles m’apparaissent être un élément nouveau
dans le vécu post-opératoire du malade. Ce fait est
important car une intervention mal assimilée sur le plan
émotionnel, aggrave une éventuelle agression future
(voir interview).
b. Interview
Nous retraçons à présent deux cas cliniques, ou plutôt
deux témoignages poignants de 2 malades ayant vécu
-~~“---‘------------------“-I”““”’rrrrrs~rl~~,~~~~~i-X~‘,,rrr~~,rii~;;~I~L,
LloroLri?e~i~raa.rrl*,~-‘=‘~*..‘...-i_____ ------” -.-.....-..-....,.,,,,.
L’EXPÉRIENCE DU BLOC-OPÉRATOIRE - VÉCU DU PATIENT
des expériences complètement différentes qui les affectent de manière profonde.
1 er cas
M. X est jeune, il vient d’être opéré d’une hernie discale
paralysante. II a perdu 8 kilos, auparavant, il ne pouvait
plus accomplir aucun geste de la vie quotidienne.
Des examens préparatoires douloureux lui provoquèrent des migraines violentes avec obligation de rester
alité.
L’intervention était attendue comme une libération,
l’hôpital étant un endroit où il voulait se rendre pour
guérir.
II se sentait prêt psychologiquement mais pas physiquement la maladie l’avait amoindri. II se souvient du
bloc opératoire et de son aspect vétuste.
Son repérage des lieux et sa situation dans le temps est
très bonne malgré la prémédication.
Concernant l’accueil de l’équipe soignante, il garde un
mauvais souvenir. II ne connaît pas leur qualification,
l’accueil n’est pas courtois les infirmières parlants,de
leurs week-end respectifs.
II ne garde pas un souvenir désagréable de son passage
en salle pourtant un fait le perturbe profondément.
A son réveil dans sa chambre, il apprend que ce n’est
pas le chirurgien qu’il a vu en consultation qui a
effectué l’intervention, mais une personne qu’il ne
connaît pas.
II dit: « J’aurais dû être prévenu, c’était mon droit, il est
anormal d’être opéré par une personne que l’on ne
connaît pas.
Ce fût une grosse surprise au réveil, je le ressens
comme une réelle agression physique par un étranger.
Cela ne devrait pas se produire. »
Le patient ressent cette expérience comme un viol de
sa personne. Le contrat moral établit lors de la consultation n’a pas été respecté. M. X est très énervé lorsqu’il
me parle de cette expérience, il n’accordera plus jamais sa confiance à un membre du corps médical.
Une u profanation » a été accomplie sur son corps,
alors qu’il n’aurait dû s’agir que d’une réparation, il ne
l’accepte toujours pas.
2e cas
M. Y vient d’être opéré d’un pontage aortique. Le
patient est retraité et il a déjà vécu une expérience
malheureuse, il se sent floué par le corps médical.
Lors d’une première intervention pour un canal carpien
le médecin anesthésiste lui propose une anesthésie par
bloc axillaire.
« Vous n’aurez pas mal ! »
Au décours de l’intervention, la douleur est insupportable, le patient est anesthésié au bout d’un certain
temps.
M. Y se sent mal à l’aise et a la sensation que je
chirurgien et tout le corps médical lui ment sur son état.
Lorsque le médecin généraliste lui annonce une nouvelle intervention, il a une réaction de refus immédiate
et une petite altercation avec lui, puis il finit par accepter.
Le contrat s’établit difficilement, les suites sont sans
incidents notables au point de vue physique mais M. Y
se plaint de cauchemars horribles. II a été transfusé au
cours de son opération et il craint d’être contaminé. Les
infirmières parlent de lui comme d’un patient grincheux, content de rien, difficile à soigner. II reste peu
satisfait de son opération il continue d’avoir mal au
mollet, cela l’invalide fortement.
Le corps médical lui a déjà menti une fois, et il pense
que c’est à nouveau le cas. II finit par m’avouer qu’il a
affreusement peur qu’il faille un jour ou l’autre lui
couper la jambe.
Dans ce cas la confiance, le contrat n’a pas été respecté
une première fois.
M. Y. ne peut plus l’accorder une deuxième fois. De
plus, il a le sentiment profond que sa pathologie va le
conduire de manière inexorable à l’amputation et le
chirurgie a omis de lui en parler par crainte d’une
mauvaise réaction du patient peut-être, ou parce que le
pronostic n’était pas encore possible.
L’intervention est acceptée par le patient parce qu’il se
trouve au pied du mur, il souffre trop mais sa méfiance
persiste et se manifeste par un refus des soins, des
récriminations, une envie de fuite du milieu hospitalier
et une attitude négative devant toute nouvelle situation.
Pourtant M. Y m’avoue se sentir mieux, après l’entrevue, d’avoir pu parler de son expérience.
c. Réflexion - implication sur le terrain
1. Discussion
Tout d’abord, nous voulons relater de nombreuses remarques bien particulières que les patients nous expriment dans les questionnaires. II nous semble que I’anonymat des questionnaires permit aux malades,de se
libérer plus facilement de leurs angoisses.
Nous constatons tout d’abord un discours contradictoire dans certains questionnaires.
malade à intégrer son intervention comme un fait, une
réalité.
Par exemple :
Le dossier soin est un support idéal pour une prise en
charge complète du patient. Le personnel du bloc connaît peu la personne qui arrive et il a besoin des
renseignements qui peuvent parfois paraître anodin.
Je n’ai pas ressenti d’anxiété, pourtant cela m’a fait un
grand bien de pouvoir parler au chirurgien avant mon
intervention.
A plusieurs reprises, les patients affirment être informés
sur l’intervention par leur médecin, mais en dernière
question, pensent ne pas l’avoir été suffisamment.
Très peu de patients ne se souviennent de rien, il reste
toujours une trace du passage au bloc alors que nous
soignantes, pensons souvent, que les patients sont déconnectés par la prémédication.
Beaucoup de patients sont ravis des soins reçus et
remercient l’équipe pour la qualité des relations humaines au bloc opératoire. Certains patients sont heureusement surpris par le bloc qu’ils pensaient être un
lieu froid et aseptisé.
Très peu se plaignent d’un accueil médiocre.
En règle générale, peu de patients prêtent attention à la
vétusté des locaux, mais apprécient le fait que les
soignants parlent d’eux et s’occupent de leur personne.
Les discussions d’ordre privé ne sont pas admises.
La perception des équipes soignantes est plutôt bonne.
Voici les propos relevés dans les questionnaires :
Personnel sympathique
Gentillesse
Accueil agréable
Equipe du « tonnerre »
Equipe met à l’aise
Excellente mise en confiance,
Une seule personne se dit choquée par la vision de la
nudité des autres patients.
Un patient se plaint du manque de chaleur humaine et
de dialogue. Beaucoup perçoivent l’arrivé au bloc
comme un soulagement, une délivrance, un acte qui va
les amélioreret estimeque lechirurgieest leur sauveur.
2. Implications sur le terrain
Deux supports méthodologiques peuvent aider la soignante à prendre en compte la douleur psychologique
du patient en pré et post-opératoire : le livret d’accueil,
et le dossier soins.
Le livret d’accueil est un outil qui diffuse une information précise et cohérente ; l’explication au pied du lit
du parcours à l’intérieur du bloc opératoire aide le
La visite pré-opératoire par le personnel soignant du
bloc opératoire déconcerte parfois un peu le futur
opéré. Cette visite pratiquée à l’heure actuelle par les
infirmières du bloc opératoire qui prendront le patient
en charge le lendemain, permet de briser les dernières
barrières. Le malade rencontre les partenaires du chirurgien et cela lui donne l’occasion parfois de poser les
dernières questions, peut-être un peu plus terre à terre,
et de comprendre simplement certains gestes préparatoires : le rasage, l’installation, la cicatrice, etc.
L’accueil au bloc doit se faire dans des locaux agréables, les détails doivent être élaborés, les plafonds en
particulier; c’est la seule partie des murs que le patient
couché dans son lit, voit de manière naturelle.
Le malade doit se sentir entouré et l’équipe lui permettra de conserver un abject auquel il tient particulièrement si l’anxiété est trop importante, les soignants ne
lui retireront qu’au dernier moment les appareillages
lui permettant d’entendre et de voir. Une soignante
prendra en charge le malade et lui portera de soins
adaptés à son état émotionnel, il est évident qu’une
discussion d’ordre privé n’a pas lieu d’être au pied du
lit du malade.
CONCLUSION
Le futur operé subit des agressions différentes en rapport aux degrés de gravité de l’affection qui l’atteint.
Malgré l’information qui peut être faite avec le support
du livret d’accueil, l’anxiété est présente à tous les
niveaux ; les manifestations post-opératoires apparaissent être un élément nouveau dans le vécu post-opératoire du patient.
L’accueil doit être personnalisé au support du dossier
de soins infirmiers, qui apportera des éléments précieux sur le vécu du patient jusqu’à son arrivée au bloc
opératoire. D’autre part il est primordial de clarifier la
situation au patient, et lui expliquer ce qui va se passer
au fur et à mesure des événements. De manière intuitive, le patient connaît les risques et lui cacher un
élément ne peut qu’aggraver le problème. Le chirurgien devrait être présent au moment de l’induction ; il
a un contrat avec son patient, il doit pouvoir l’assurer
jusqu’au bout pour ne pas rompre la confiance réciproque.
(3) VESPIERREN (PJ. - Liberté du malade et consentement aux soins. In LAENNEC, Printemps 1983, pp.
4-9.
Après son retour au service, les soignants devraient
pouvoir soigner le corps mais tenir compte de manière
importante de l’esprit. La feuille d’évaluation des besoins doit prendre en compte le bouleversement psychique profond que vient de subir le malade. La cicatrice sous le pansement et la douleur physique
représente l’agression physique, elleest priseen charge
de manière systématique et les plaies finissent un jour
par se refermer, la douleur disparaît.
(4) PORTES CL.). - Du consentement du malade à
l’acte médical. Recherche d’une éthique médicale.
Masson, Paris, 1964.
La douleur morale, verbalisée par des pleurs, des rêves,
des cauchemars, une sensation de mal être sont laissés
tel que, sans autre forme de procès. Le bouleversement
psychique profond que le patient vient de subir sont
attribués à de la fatigue, alors que le mal est sournois et
que des malades des années après l’intervention pleurent encore l’infraction commise et la brêche que personne n’a su combler.
La
différence entre /a douleur et /a souffrance morale
dont les malades se plaignent, c’est que lorsqu’il y a
douleur il s’agit d’une atteinte dans le corps matérialisé. II y a souffrance lorsqu’il y a ahnte à /‘image que
nous faisons de notre propre corps; ne pas tenir compte de cette différence fondamentale c’est peut-être
ne
pas savoir soigner /‘individu dans sa globaliré d’être
vivant.
jii
Bibliographie
(Ii JANIS (1.). - Psychological stress : Psychology and
behaviour studies of surgical patients. New York Wiley,
1968.
(2) ECKENHOFF (J.1. - Some preoperative warnings
of potential operating room deaths. In New Eng. J.
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