L`EXPÉRIENCE DU BLOC-OPÉRATOIRE VÉCU DU PATIENT

L’EXPÉRIENCE DU BLOC-OPÉRATOIRE
VÉCU DU PATIENT
Recherche réalisée dans le cadre
du Diplôme d’Université de Psychologie Clinique
PLAN GÉNÉRAL
INTRODUCTION :OBJET DE LA RECHERCHE
A. Cadre de la recherche
a. Les faits, l’accueil au bloc opératoire
b. Mécanisme d’apparition de l’anxiété, définitions
c.
Information donnée au malade par le chirurgien,
l’anesthésiste et le généraliste ; quelques considéra-
tions éthiques
6.
Échantillonnage
a. Critères de sélection
b. Présentation des quatre groupes de patients
C. Méthodes
a. Terrain de recherche
b. Interview préparatoire et exploratoire : guide d’in-
terview, éléments conducteurs
c.
Le questionnaire
d. Procédure
D. Résultat de la recherche
a. Dépouillement des questionnaires
1) tableau
I
-discussion
2) tableau II -discussion
b. Interview
c.
Réflexion implication sur
le
terrain
CONCLUSION
INTRODUCTION :
OBJET DE LA RECHERCHE
Infirmière de salle d’opération et surveillante de bloc
opératoire, je m’interroge sur la souffrance du patient
qui traverse mon service.
Souvent muet, prostré dans son lit, le malade parle peu
ou s’il parle, le discours est difficilement compréhensi-
ble. Nous nous efforçons de le soigner au mieux sans
comprendre ce qui se passe exactement.
Est-il simplement anxieux, craint-il l’intervention en
elle-même, l’anesthésie ou les séquelles possibles
?
A-t-il été informé, par qui, comment, dans quelles
conditions ! Comment a-t-il accepté le pronostic vital.
Autant de facteurs, que nous soignantes ne maîtrisons
pas.
La lecture du dossier médical nous informe sur la
pathologie dont souffre le malade. Mais nous ne savons
rien sur la manière dont il perçoit la maladie et appré-
hende les risques, sur les rapports entre la perception
de la situation et la représentation de l’après interven-
tion.
En post-opératoire immédiat une seule chose lui im-
porte : sortir le plus rapidement possible. Cette envie
de fuir est-elle en rapport direct avec son vécu au bloc
opératoire ! Dans ma recherche je me suis efforcée de
repérer l’angoisse que le malade exprime, sa nature, ses
manifestations, en m’attachant plus particulièrement à
l’impact psychologique de cette anxiété liée au geste
opéatoire, les répercussions psychiques après I’inter-
vention, de cette agression sur l’être humain et éven-
tuellement leur persistance.
ARIATION
L’EXPÉRIENCE DU BLOC-OPÉRATOIRE
-
VÉCU DU PATIENT
gi
A. Cadre de la recherche
a. Les faits : l’accueil au bloc opératoire
A toutes les étapes qui va le conduire au bloc opéra-
toire, l’homme malade traverse des états contraignants
et déroutants.
II se retrouve devant une situation qu’il ne peut fuir : il
doit y faire face. Ces états inhabituels, désagréables,
bouleversent sa vie et
le
forcent à réagir de manière
plus ou moins marquée selon sa personnalité.
La spécificité d’une
prsonnalité
c’est son unité, son
identité, sa vitalité et sa prise de consicence par rapport
au milieu. Une conduite peut s’expliquer par
I’interac-
tion entre la situation et la manière dont l’individu
l’appréhende. La maladie, la mort, la chirurgie attei-
gnent l’homme dans son intégrité.
En entrant à l’hôpital l’individu tend
à
abandonner la
faculté de penser, de réfléchir et de prendre des déci-
sions. II doit subir tel examen douloureux, tel protocole
de préparation sans connaître les résultats, craignant
qu’on lui mente et que la vérité sur son état soit bien
plus cruelle.
b. L’origine de l’anxiété
Par définition, l’anxiété c’est un état de désarroi psychi-
que
ressnti
en face d’un danger indéterminé et immi-
nent, s’accompagnant d’un sentiment d’insécurité.
La chirurgie, l’hospitalisation, et la maladie sont des
causes certaines généralement admises à l’origine de
l’anxiété.
Au décours d’un acte chirurgical,
JANIS
(1) détermine
différents types d’anxiétés :
-
A niveau élevé, le patient est sans arrêt tourmenté
par la souffrance et la peur de mourir sur la table
d’intervention.
-
A niveau moyen, une partie seulement de I’anesthé-
sie et de l’acte chirurgicale tourmente le malade (la
cicatrice par exemple).
-
La peur anticipée de faible niveau fait voir un genre
de personne optimiste face à l’intervention et qui dénie
sa peur.
L’origine de l’anxiété commence en fait avec les pre-
miers symptômes de la maladie et varie selon la gravité
du pronostic médical.
Puis s’ajoute la peur de :
-
la douleur
-
l’atteinte
à
l’intégrité physique
-
l’état
de
dépendance liée à l’hospitalisation
-
la possibilité d’une rechute
-
l’échec de l’intervention (erreur de coté, risque pos-
sible de mort)
-
l’anesthésie
II faut parler aussi du stress lié :
-
à la possibilité d’une rechute possible dans les cas de
maladïe’cancéreuse par exemple.
-
au risque d’une intervention ratée
-
au risque de l’anesthésie.
En arrivant au
,bloc
opératoire, le malade a subi une
accumulation de facteurs déclencheurs de stress patho-
gène et certains auteurs tel ECKENHOFF
(2)
sou$n-
rient que certains peuvent éprouver suffisamment d’an-
xiété pour qu’elle les conduisent à la mort.
c. L’information donnée aux malades
Dans la pyramide des besoins de MASSLOV, l’informa-
tion correspond à un besoin de sécurité morale. Elle est
une obligation pour que l’individu s’assume pleine-
ment.
Pour HENDERSON, le besoin de se renseigner est le
quatorzième point fondamental à assurer pour une
prise en charge globale de l’homme malade.
Le but de l’information est d’assurer une réponse au
malade et lui faire accepter l’évidence du geste opéra-
toire. Dans le cadre du droit français, le patient a droit
à des soins de santé, mais également à l’intimité, à la
confidentialité et à son intégrité psychique et corpo-
relle.
Pour cela il doit pouvoir donner un consentement
éclairé et volontaire et non pas subir
un
geste qu’il
n’aurait pas compris.
Divers partenaires s’associent pour lui procurer cette
information. Le médecin généraliste en première inten-
tion pose le diagnostic, et propose l’intervention.
Comme nous l’explique un médecin généraliste que
nous avons rencontré le patient est souvent interloqué :
Certains auteurs décrivent différentes phases de réac-
tions possibles, qui amènent le patient
à
accepter le
geste. Après l’annonce du verdict c’est d’abord le refus
et l’isolement. Puis il s’informe auprès d’amis, de pa-
rents,
dans
des livres médicaux. II prend à parti les
décisions du médecin. C’est la démarche du contre
diagnostic par un autre médecin. Ensuite, il retourne
voir son médecin et marchande avec lui pour minimi-
ser son geste. Puis le malade se sent abattu devant
l’évidence de l’agression future et accepte I’interven-
tion.
Ce processus ainsi décrit ressemble à une démarche
d’acceptation du deuil en l’occurrence deuil du corps
malade et de l’agression physique.
Après cette première phase, le patient rencontre le
chirurgien.
Dans le cadre du droit français, la personne n’est pas
obligée d’accepter, pour sauver sa vie, des moyens
extrêmement pénibles, elle garde la possibilité de refu-
ser une mutilation importante. Mais qu’en est-il en
réalité
?
La tentation est forte ici de relater des faits.
Ainsi un patient
se
rend chez un chirurgien. II porte une
tumeur cancéreuse sur le larynx. Le médecin lui expli-
que le geste chirurgical ; c’est-à-dire une
laryngecto-
mie totale avec trachéotomie définitive en lui expli-
quant que ce n’est rien. II va très vite se remettre et il
pourra ensuite faire une rééducation pour réapprendre
à parler !
Et plus tard ce même médecin ne comprend pas pour-
quoi le patient prit ses jambes à son cou pour consulter
un confrère
qu
expliquera de manière plus psycholo-
gue, le geste opératoire, et la possibilité de ne pas
effectuer un geste aussi mutilant si les biopsies per
opératoire sont négatives.
Un chirurgien ne peut intervenir contre l’avis de son
patient, il n’a pas à passer outre un refus.
Selon VERSPIERREN (3)
«
le premier devoir du méde-
cin est de faire son possible pour permettre au malade
de vivre selon ses propres convictions, son échelle de
valeur, son choix les plus personnels
».
L’attitude de
certains médecins est peut-être encore imprégnée de
toute l’histoire de la médecine.
Selon PORTES (4), médecin, premier président de
l’on
dre
»
autrefois le malade était considéré comme un
enfant.,
«
Au plan émotif, le patient ne peut éprouver
que de l’angoisse ou une confiance éperdue envers son
thérapeute, son intelligence est amoindrie et il ne peut
parvenir à une connaissance claire et distincte de sa
maladie. Sa volonté qui au plein de sa maladie se
manifeste d’ailleurs assez peu, est plus aveugle que
lucide, plus déterminée que libre
».
Finalement le malade ne peut exercer qu’un seul acte
de liberté : le choix de son thérapeute, après avoir
choisi son médecin, il s’implique dans un processus qui
ne lui permet plus de s’exprimer ou de faire machine
arrière.
Le corps médical vit toute attitude de refus ou de retrait
comme un acte déraisonnable et non fondé, qui entraî-
nent une mauvaise relation entre les deux parties, à
l’origine parfois des procès que nous relatent les mé-
dias.
/Iii B. Echantillonnage
a. Critères de sélection
Les hommes ne naissent pas égaux devant la maladie.
Bien portant devant des situations difficiles à résoudre
l’homme réagit de façon différente en fonction de son
caractère et de sa personnalité, mais également en
fonction de l’importance du préjudice subi.
Par exemple, le comportement ne sera pas identique
devant un petit dégât matériel tel qu’un accrochage de
voiture et l’incendie de la maison familiale.
En fonction du type d’intervention que le malade va
subir il appréhende le milieu qu’il va traverser de façon
différente suivant les contraintes que la maladie et le
traitement vont lui imposer.
Pour comprendre les mécanismes de l’anxiété générée
par l’intervention, il convient de prendre en considéra-
tion des critères bien définis.
Pr critère : le pronostic vital
En fonction de la pathologie dont le malade souffre, le
pronostic vital à court ou long terme est mis en jeu.
L’intervention améliore l’état de l’individu en attein-
gant ou non l’intégrité physique de l’individu en le
mutilant ou pas.
En fonction de la gravité de l’affection, l’anxiété peut
s’accroître avant l’intervention. Nous pensons qu’il
existe une corrélation entre l’anxiété liée à I’interven-
tion et l’atteinte possible à l’intégrité physique.
.F
critère : le choix
L’individu devant la maladie qui le contrait à se soigner
peut ou non choisir son chirurgien.
Nous pensons qu’il existe une corrélation entre I’obli-
gation de soins et la possibilité de
choisir.tout
de même
l’intervenant, le lieu et la date de l’agression.
L’individu se sentira peut être plus apte à subir
I’agres-
sion s’il en a choisi quelques composantes.
3e
critère : la motivation
Quelle est la motivation qui pousse le patient à se faire
opérer
?
-
motiktions physiologiques : douleur, impotence
fonctionnelle
-
motivations psychologiques : esthétiques, besoin de
maternage, de se sentir pris en charge par un groupe de
soignant qui assumera le rôle de tampon contre les
agressions de la vie quotidienne.
de
critère : degré d’obligation
L’obligation de se faire opérer est une réponse ration-
nelle à la maladie. Si le médecin n’intervient pas la
maladie risque d’entraîner la dégénérescence de l’état
de santé, et la mort du patient.
i
En fonction de ces quatre critères, il est possible de
définir quatre cas de situations différentes.
b. Présentation des quatre groupes
Croupe 1 : L’intervenf;on est destinée à améliorer le
confort de vie.
Le pronostic vital n’est pas en jeu.
Choix possible du chirurgien, de la clinique.
Motivation esthétique.
Pas d’obligation.
Exemple
:
interventions de chirurgie esthétique.
Groupe 2 : Intervention destinée à soulager une gêne
occasionnant une qualité de vie médiocre
Pronostic vital : danger à long terme.
Choix : il existe.
Motivation : dépend du degré de la gêne.
Obligation : plus ou moins.
Exemples
:
éventration de la paroi abdominale, varices.
Groupe 3 : La maladie risque d’entraîner une atteinte
importante à /‘intégrité physique ou
/a
mort.
Pronostic vital en jeu.
Choix restreint.
Motivation : la douleur.
Obligation : absolue, risque de mort à moyen terme.
Exemples
:
hernie étranglée, cholecystite aiguë.
Groupe 4 : Urgence vitale
Pronostic vital : fortement compromis
Choix : aucun
Motivation : désir de s’en
soTtir
Obligation : absolue
Exemples.: anévrisme de l’aorte, ulcère hémorragique.
I,& C. Méthodologie
a. Terrain de recherche
II s’agissait de service de chirurgie. L’échantillonnage
était des patients opérés depuis peu. Le recueil de
données s’est effectué entre j + 1 et
J
+ 5.
Nous aurions aimé faire une étude sur les jours précé-
dents les interventions, mais cela fut impossible car
nousvouIionsexplorer
surtout toutes les manifestations
post-opératoires liées au geste et établir une corrélation
avec le degré d’atteinte de la pathologie sur l’individu.
Les opérés appartiennent au groupe 1, 2, 3 ou 4.
b. Les interviews
Elles ont servis à préparer le questionnaire. Nous avons
rencontré plusieurs malades dont nous relaterons le
discours dans la dernière partie.
Le fil conducteur de la discussion fut le rendu de
l’expérience du bloc opératoire.
Après les présentations, nous avons expliqué notre
démarche de recherche et demandé aux malades de
relater leurs expériences en recherchant :
-
si le malade a été informé, par qui,
-
s’il a pu se situer dans le milieu bloc opératoire,
-
comment il a vécu l’expérience sur le plan émotion-
nel, anxiété, angoisse,
-
comment il a vécu son réveil, et le retour au service ;
-
et puis si dans les jours qui ont suivi, il a ressenti des
manifestations particulières qui lui semblaient directe-
ment liées au geste opératoire.
Dans beaucoup de cas, les patients que nous avons
interrogé, nous parleront de leurs expériences chirurgi-
cales antérieures et établiront un lien bénéfique ou
néfaste face à la nouvelle agression.
c. Le questionnaire
Grâce aux interviews, nous avons élaboré un question-
naire que nous expliquons brièvement : en en-tête,
présentation de la démarche, questions destinées à
classer le patient dans l’un des groupes.
1) Questions sur l’information donnée avant l’inter-
vention, par qui et de quelle nature.
2) Arrivée au bloc :
qu’avez-vous
ressentiiagréable
désagréable
perception de l’entourage ; accueil
perception de l’environnement ; locaux, matériel
31
Les soins :
Avez-vous
recu
des explications
Etes-vous satisfait
3
4) Questions ouvertes en dernières parties
Qu’avez-vous ressenti après l’intervention !
Quel souvenir gardez-vous !
Avez-vous été suffisament informé !
Avez-vous des réflexions particulières à formuler
?
Dans chaque service nous avons envoyé 15 question-
naires, soit 75 au total. Nous avons également tenu
compte de 5 interviews dans l’échantillonnage.
Soit au total, 80 questionnaires répartis comme suit :
16 patients dans le groupe 1 : 30
%
18 patients dans le groupe 2 : 33 %
16 patients dans le groupe 3 : 30
%
4 patients dans le groupe 4 : 5
%
d. Procédure
Les questionnaires furent remis aux surveillantes des
différents services et répartis par elles aux patients de
leurs services.
Elles avaient pour consignes de les distribuer de ma-
nière aléatoire en début de semaine (la plupart des
patients étant hospitalisés à cette période).
Le recueil fût fait en fin de semaine, nous partions du
principe que l’un des services et un service d’hospi-
talisation à la semaine et qu’il se vidait en fin de
semaine.
ii;
D. Résultat de la recherche
a. Dépouillement des questionnaires
1. Tableau A, B et C
-
discussion
Les questions suivantes furent posées, puis traitées par
catégories de patients dans plusieurs tableaux groupant
les différents types de réponses.
Un tableau avec les réponses
«
oui
>>
A
Un tableau avec les réponses
«
non
»
B
Puis un tableau récapitulatif pour donner une idée plus
générale opposant les
«
oui
»
et les
«
non
»
tous grou-
pes confondus C
Question
no
1
:
Le malade a-t-il été informé
?
Question
~‘2
:Avez-vous ressenti de l’anxiété
?
Tableau A
-ses
oui par gmupa de patient
100.00
90.00
60.00
70.00
60.00
z 50.00
40.00
30.00
20.00
10.00
0.00
n
groupe 1
=
groupe 2
groupe 3
1111
groupe 4
1 / 11 100%

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