La communication de Sasse et l’industrie publicitaire -. Par Graham Murdock et Noreene Janus . avec des contributions de N.N. Pillai V.P. Shestakov P.P. de Win \ ISBN 92-3-202291-5 edition anglaise 92-3-102291-1 fidition espagnole 92-3-302291-9 Publib en 1985 par l'organisation des Nations Unies pour l'tducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy, 75700 Paris, France Imprime dans les ateliers de l'Unesco Unesco 1985 Printed in France Préface La publicité a pris une grande place dans le monde moderne. On le constate surtout dans les économies de marché, mais diverses formes d'annonces et d'information existent dans toutes les sociétés, de sorte que très peu de gens sont désormais B l'abri des messages publicitaires. Le phénomène publicitaire est ressenti h tous les niveaux, aussi bien local qu'international et transnational, et les dépenses mondiales de publicité ont été estimées à des montants compris entre 35 et 122 milliards de dollars. C'est dans ce contexte que le paragraphe suivant (par. 4382) a été inclus dans le Programme et budget approuvés de l'Unesco pour 1981-1983 : "Des études de cas seront effectuées en vue d'analyser l'impact de la publicité, notamment sur le contenu des messages et sur la gestion des moyens de communication nationaux. Une attention particulière sera accordée aux liens d'interdépendance entre l'industrie publicitaire et certaines industries de la communication, ainsi qu'aux conditions financières propres aux organes d'information." Le contenu de la publicité, ses messages et leur conception, la légitimité de ses techni.ques, son influence sur le comportement des organes d'information en général et sòn rôle à l'égard de certains publics, les femmes par exemple, ont déjà fait l'objet d'un nombre considérable de travaux. I1 y a en revanche peu d'études, notamment comparatives, qui traitent du rôle de la publicité dans les processus contemporains de la communication de masse. C'est un domaine auquel l'Unesco s'intéresse tout particulièrement et oh elle est bien placée, en raison de son caractère international, pour encourager la recherche. Le présent rapport, qui constitue ;ne modeste introduction 1 cette recherche, a été établi par Tamas Szecsko, directeur du Centre de recherche sur la communication de masse de Budapest, 2 partir d'une série d'études sur les relations entre les communications de masse et l'industrie publicitaire réalisées 1 la demande de l'Unesco. Les études en question traitent de la politique et des pratiques publicitaires au Royaume-Uni, en Amérique latine, 'en Inde et en Union soviétique, et une cinquième a trait B l'autoréglementation de l'industrie publicitaire. Leurs titres et leurs auteurs sont les suivants : "Advertising in Britain : Trends and Development" (La publicité en grande-Bretagne : tendances et évolution) - Graham Murdock, University of Leicester, 1982. "Advertising and the Communications Media in Latin America : History, Regulation and Social Effects'' (La publicité et les médias en Amérique latine : histoire, réglementation et répercussions sociales) - Noreene Janus, Instituto Latinoamericano de Estudios Transnacionales, 1982. "A Study on Advertising in India" (Etude sur la publicité en Inde) - N.N. Pillai, Indian Institute of Mass Communication, 1982. "Nature, Scope and Impact of Advertising in the Communication Media of the USSR" (Nature, portée et impact de la publicité dans les organes d'information en URSS) - V. Shestakov, Institut des Etats-Unis et du Canada, Moscou, 1982. "Self-Regulation in the Field of Advertisink" (L'autoréglementation dans le domaine de la publicité) - P.P. de Win, Bruxelles, 1983. Comme le souligne Tamas Szecsko dans l'introduction du rapport, ces études n'ont pas été commandées et pas davantage rédigées dans la perspective d'un plan de recherche précis, de sorte que leur comparabilité est limitée. Elles permettent néanmoins de mettre en regard différents systèmes de communication sociale et de masse et fournissent des renseignements d'un intérêt considérable pour le présent ainsi que pour des analyses plus poussées. 3 Le rédacteur a rassemblé des extraits des études originales pour construire un rapport synthétique autour de grands thèmes traités en y ajoutant une introduction ainsi qu'une brève conclusion oh figurent des recommandations concernant des recherches et enquêtes ultérieures. Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs des études citées ou du rédacteur du rapport et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de 1 'Unesco. 4 Table des matières PREFACE ......................................................... : LE DEVELOPPEMENT DE LA PUBLICITE ....................... Qu'est-ce que la publicité ? ........................... INTRODUCTION CHAPITRE 1 Tendances des dépenses de publicité : Grande-Bretagne IO Autres modes de publicité : l'essor du parrainage commercial (sponsoring) 14 La publicité dans le secteur public : le cas de l'Inde 17 ........................................ ................................ ...... de la publicité britannique .......... Structure et organisation de la publicité en URSS 19 L'américanisation 19 L'expansion de la publicité transnationale en Amérique latine ........................................ La publicité des sociétés transnationales en Inde CHAPITRE 2 : LA PURLICITE ET LES MEDIAS ...... ............................. Les tendances d'évolution de la publicité dono les différents médias CHAPITRE 3 : 24 29 32 ...................................... Le cinéma : plus qu'un "média mineur" .................. Panorama des médias en Union soviétique ................ La région de l'Amérique latine ......................... La publicité dans la presse au Royaume-Uni ............. Le coût de la publicité dans la presse indienne ........ PUBLICITE ET NOUVEAUX MDIAS EN GRANDE-BRETAGNE ........ 49 L'extension de la rediodiffusion-télévision commerciale 49 ............................................ La vidéo domestique .................................... Le videotex ............................................ Les réseaux commerciaux par câble ...................... La diffusion par satellite ............................. 32 36 36 38 43 45 50 52 53 55 5 Page CHAPITRE 4 ............................ Les contrôles législatifs en Grande-Bretagne ........... LE CONTROLE DE LA PUBLICITE 58 L'autoréglementation : le point de vue de la profession 59 L'application pratique du système d'autoréglementation 60 Les propositions relatives à la mise en place d'une surveillance de la publicité 63 ........................... L'IMPACT SOCIAL DE LA PUBLICITE ........................ Aspects économiques .................................... La transnationalisation des habitudes de consommation et de la culture ....................................... Considérations politiques ............................... Publicité et éducation .................................. Vues nouvelles sur l'impact de la publicité ............. 65 65 66 67 68 69 La publicité et le travail des journalistes : interventions positives et négatives .................... 69 Publicité et politique rédactionnelle : les pressions cachées 71 Les subventions par la publicité et la diversité des médias 75 ................................................. .............................................. Publicité et consommation sociale ....................... Publicité et croyances populaires ....................... CONCLUSION .............................................................. REFERENCE .............................................................. 6 56 Lois et codes de conduite régissant la publicité : l'exemple indien ....................................... CHAPITRE 5 : 56 77 78 80 82 Introduction Les murs en torchis vantent des produits transnationaux (N.N.PILLAI) On ne peut plus comprendre l'information de masse sans analyser l'industrie publicitaire. "Les médias, dit un chercheur américain, sont créés et accaparés par le monde des affaires pour diffuser un message continu de consommation. Le système d'information est transformé en un système de commercialisation"/l. L'importance de cette transformation varie naturellement d'un pays 1 l'autre, en fonction du degré d'interpénétration entre les mécanismes des médias et ceux du marché, mais la publicité s'est imposée comme partie intégrante de l'information, même dans les sociétés oÙ domine une économie de type planif ié. On ne peut donc plus analyser la communication de masse sans tenir compte de l'argent qui circule entre les médias et l'industrie publicitaire. Nous étudierons plus loin les chiffres globaux de ces courants de capitaux. I1 suffit ici de citer deux exemples pour illustrer l'importance des sommes en cause. En Colombie, vers le milieu des années 70, les dépenses consacrées par les sociétés transnationales à la publicité télévisée représentaient le qundruple du budget national consacré par le pays 1 la télévision. A la même époque au Kenya, les sociétés transnationales .dépensaient quelque 12 millions de shillings pour promouvoir leurs produits et leurs services, alors qu'en cinq ans le gouvernement ne consacrait pas plus de 7,5 millions de shillings 1 la construction d'un réseau de postes de santé dans les zones rurales (oÙ vivaient 90 X de la population) /2. En restructurant les habitudes de consommation - l'un des principaux objectifs des annonces - l'industrie publicitaire impose aux populations des pays en développement des modes de vie exogènes et en partie Strangers. Ainsi, 1 la Jamafque, les gens mangent de plus en plus de céréales pour leur petit déjeuner à la place de leur régime traditionnel, plus nutritif, de poisson et de bananes. Au Mexique, l'un des principaux pays exportateurs d'oranges, la consommation de boissons sucrées Fanta et Orange Crush monte en flèche, mais jusqu'à 1974, date 1 laquelle une réglementation gouvernementale a obligé les fabricants 2 mettre un minimum de 10 X de fruits dans leurs boissons, celles-ci ne contenaient pas du tout d'oranges. En Côte d'Ivoire, la consommation moyenne de cubes Maggi est de deux par jour et par-foyer! ce qui favorise une dangereuse carence en protéines animales dans la population/3. blême pour la vente de boissons alcoolisées, dont ia plupart des pays s'efforcent de reprendre la publicité, les annonces publicitaires s'infiltrent dans les médias. Si l'on en croit les chiffres les plus récents, le marché mondial des produits alcooliques - qui est de plus en plus dominé par les multinationales - approche les 170 milliards de dollars, dont plus de -1 % ( 2 milliards de dollars) est investi dans la publicité/4. Outre le fait qu'elle façonne et transforme la vie quotidienne, la publicité véhiculée par les médias crée un environnement symbolique pour le public auquel elle s'adresse, et renforce ainsi une culture de consumérisme. "L'ggence de publicité est le point d'assemblage critique des talents les plus adaptables dans beaucoup des arts créatifs : musique, photographie, littérature, cinéma, télévision et théâtre. Ce talent est appliqué de façon massive et persévérante à stimuler la demande et, d'une façon qui n'est pas entièrement fortuite, à renforcer l'idéologie du système. Depuis peu, elle a aussi embrigadé une grande variété d'autres domaines de la vie - 1. 2. 3. 4. SCHILLER, H.J. : La communication suit le capital (Commission internationale d'étude des Droblèmes de la communication, no 47) - Unesco, Paris, 1978 p. 3. REIFFERS, J.L. et al. : Sociétés transnationales et développement endogène Unesco, Paris, 1981, p. 148 et 158. Id. : p . 159 et 162. VICHNIAC, I. : "Le commerce mondial de l'alcool est de plus en plus dominé par les sociétés transnationales" Monde, 15 février 1983. - . 7 sociale-politique, administration, sport et distractions. La fonction fondamentale de la publicité est donc de créer l'atmosphère culturelle qui engendre la mentalité de consommation exigée par le capitalisme avancé"l5. Dans l'ensemble, l'Unesco ne se penche guère sur la dimension publicitaire du syst h e de communication sociale. Ces dernières années cependant, avec 1'6mergence du concept d'un nouvel ordre mondial de l'information et de la communication, les Etats membres - pays en développement pour la plupart - ont réclamé avec de plus. en plus d'insistance que soit étudiée la question fondamentale des relations entre les moyens de communication de masse et l'industrie publicitaire. Cette question a été l'objet de controverses lors des délibérations de la Commission MacBride ellemême. Le rapport de la Commission affirme, certes, que ''des mesures juridiques ef ficaces devraient étre mises au point en vue réduire l'influence de la publicité de sur la politique rédactionnelle et les programmes de radiodiffusion", mais le membre américain de la Commission a jugé bon de faire l'observation suivante : "Là oÙ il est possible de démontrer qu'elle existe, l'influence des agents de publicité sur le contenu de la presse ou des programmes radiodiffusés mériterait d'être soígneusement étudiée. Mais exiger en termes généraux qu'une telle influence soit réduite sans s'arrêter à étudier cette influence ou à tenter de la mesurer dans des circonstances spécifiques est signe de préjugé idéologique/6. Consciente de la nécessité d'une approche posée et objective, fondée sur une analyse solide et de caractère professionnelle, l'Unesco a fait effectuer cinq étades pour tenter de préciser les divers aspects du rôle de la publicité dans la communication de masse contemporaine. Graham Murdock, de l'université de Leicester, a &rit un rapport sur la publicité en Grande-Bretagne ; Noreene Janus, de l'Institut0 Latinoamericano de Estudios Transnacionales, a analysé la situation en. ... 8 Amérique latine ; les études de N.N. Pillai et V.P. Shestakov traitent de l'impact de la publicité sur la communication de masse en Inde et en URSS, tandis que P.P. de Win s'est concentré sur une question particulière, l'autoréglementation de l'industrie publicitaire. Le présent rapport est une compilation de ces cinq études. Ces études ne sont ni directement ni facilement comparables entre elles. Elles portent sur des pays développés et des pays en développement, sur des économies de marché et des économies planifiées, et si, dans certaines cas, l'abondance de données statistiques brutes en facilite l'analyse, dans d'autres, les auteurs reconnaissent que ces données de base leur font défaut. Aussi, a-t-il fallu faire des choix. Le présent rapport reprend essentiellement les études de Murdock et de Janus, ne citant les autres que dans la mesure oh elles apportent des éléments nouveaux ou spécifiques utiles pour l'analyse globale. Je me suis toutefois efforcé de préserver la logique de l'argumentation de chaque auteur. En conséquence, le rapport se présente comme un assemblage de morceaux choisis tirés des études originales, le nom de l'auteur étant irìdiqué 2 la fin de chacun des extraits cités. Le plan de l'ouvrage suit dans l'ensemble celui de l'étude de Graham Murdock. Les opinions exprimces ici sont celles des auteurs des études. Elles ne reflztent pas nécessairement les vues de l'Unesco, et ne sont pas non plus le fruit d'une concertation entre les auteurs, dont j'ai seulement cherché à présenter les points' de vue respectifs dans le cadre d'un développement logique continu. Tamas Szecsko -5. 6. SCHILLER, H.J. : Op cit., p. 4 . Voix multiples, un seul monde, Unesco, Paris, 1 9 8 0 , p. 331. Chapitre premier : Le développement de la publicité Ce chapitre d'introduction traite du développement de la publicité dans les économies de marché et les économies planifiées, tant dans les pays développgs que dans les pays en développement. I1 y sera question des fonctions de la publicité, des dépenses toujours croissantes qui lui sont consacrées ainsj que des grandes tendances qui se dégagent pour l'avenir, avec, pour finir, un examen du rôle et des activités des plus puissants publicitaires de notre temps : les sociétés transnationales. Les noms des auteurs des etudes dont des passages sont repris dans le présent chapitre (et dans les chapitres suivants) sont indiqués entre parentheses après chaque citation. Qu'est-ce que la publicité ? Au sens le plus large du terme, la publicité englobe tous les moyens utilisés par des particuliers et des organismes pour faire connaître les produits et les services qu'ils ont à offrir et donner d'euxmêmes une image positive. Toutefois, les commentateurs préfèrent généralement une ,définition plus restrictive selon laquelle le terme ne s'applique qu'à la publicité directe faite dans les moyens d'information de masse, les dépenses correspondantes comprenant le coût de la création des annonces publicitaires elles-mêmes et celui de l'achat d'espace ou de temps pour leur diffusion. Cependant, la publicité n'est pas le seul moyen utilisé par les firmes pour promouvoir leur image de marque ou leurs produits. Nombre d'entre elles consacrent aussi beaucoup d'argent à une publicité indirecte, sous la forme d'offres gratuites, de concours, de stands de vente et d'activités de relations publiques. Ces formes de publicité sont également importantes si l'on veut bien comprendre les structures actuelles du marketing et de la consommation. Un mode particulier de publicité utilisé par les grandes sociGtés, le "parrainage" (sponsoring) s 'est développé rapidement en Grande-Bretagne au cours des dernières années, mais est difficile à cerner avec précision. Certaines formules ne sont qu'uce autre façon de se faire connaître par les médias, comme lorsque le nom du "parrain" figure au générique d'un reportage télévisé qu'il a contribue 2 financer, alors que d'autres exemples comne les guides Shell sur l a csmpagne et la nature en Grande-Bretagne relèvent plutôt de l a publicité indirecte (Murdock). L'industrie publicitaire a donné d'ellem ê p une définition moins ambiguë, qui met l'accent sur la fonction de service de la publicité. C'est dans le mémorandum explicatif de la Directive sur la publicité trompeuse et déloyale proposée par la Commission des communautés économiques européennes au Conseil des ministres des Etats membres qu'on trouve la meilleure définition de la publicité moderne : "La publicité fait partie intégrante du système de production et de distribution de masse au service du grand public. Les producteurs de biens et de services doivent avoir l'occasion d'informer le public et de lui rappeler l e s biens et les services qu'ils offrent ; ce système d'information est utile 1 une économie de production. Quant aux consommateurs, ils ont besoin d'informations afin de pouvoir exercer leur choix entre les nombreux biens et services qui leur sont offerts." D'après ce mhorandum, la publicité contribue en outre B l a stabilisation de l'emploi en permettant un écoulement sûr ¿e la production ; elle crée la base d'une concurrence sur le marché, elle favorise la mise au point et le développement de nouveaux produits ainsi que la fourniture 1 des prix avantageux de biens et de services auparavant considérés comme trop chers pour un marché de grande consommation. Enfin, la publicité joue un rôle vital dans la couverture des dcpenses des médias (de Win). Dans une économie planifiée comme celle de l'Union soviétique, la définition fonctionnelle de la publicité comporte évidemment des aspects différents. 9 Tableau 1. Année 1907 1924 1930 1938 1948 1952 Royaume-Uni : Dépenses publicitaires totales pour certaines années entre 1907 et 1980 (aux prix courants) Dépenses en millions de livres sterling 20 45 50 59 79 123 Sources : Critchley (1972), Dépenses en millions de livres sterling 1955 1960 1965 1970 1975 1980 tableau 1 ; Waterson (1981), Quels sont 'les objectifs et les fonctions de la publicité en URSS ? Ses fonctions principales consistent (a) à régulariser la demande de biens et de services ; (b) 2 susciter des besoins rationnels ; (c) B fournir des informations 2 la population sur les techniques nouvelles, les transports et la vie familiale ; (d) 5 l'informer dans le domaine de l'éducation, de la culture et de l'art ; (e) P former son goût. Comme on le voit, l'accent est mis davantage sur l'information et l'éducation que sur les aspects commerciaux et de marketing, ce qui ne signifie pas, naturellement, que la publicité soit totalement dégagée de préoccupations commerciales. La publicité crée des besoins chez le consommateur, l'incite 5 acheter et guide ses orientations, ce qui permet de régulariser la demande (Shestakov). Tendances des dépenses de publicité : Grande-Bretagne Les estimations les plus complètes des dgpenses totales sont données chaque année par l'un des principaux organismes professionnels, l'advertising Association, d'après les chiffres fournis par les fabricants, les agecces et les medias. Des chiffres distincts indiquent les recettes publicitalres des principaux groupes de presse et les sociétés commerciales de radio et de télévision, mais comme il s'agit de recettes, ces chiffres ne recouvrent que les prix d'achat d'espace ou de temps d'antenne et ne comportent pas le prix des annonces elles-mêmes ni les sommes payées aux agences. Ils ne sont donc pas aussi complets que les chiffres de l'Advertising Association. Cette dernière a des chiffres annuels précis depuis 1938 et des estimations approximatives remontant à 1907. On trouvera dans le tableau 1 les chiffres correspondant B certaines années sélectionnées. 10 Année 176 323 435 554 967 2 562 tableau 1. Ces chiffres semblent indiquer une tendance nette et constante 1 la hausse, avec une augmentation de deux fois et demie au cours des trente premières années du siècle, une certaine stagnation pendant la crise des années 30, un redressement assez lent après lâ Seconde Guerre mondiale, puis une accélération régulisre 2 partir des années 50, le chiffre des dépenses ayant plus que triplé entre 1955 et 1965, plus que doublé entre 1965 et 1975, et plus que doublé b nouveau entre 1975 et 1980. Toutefois, si l'on exprime les dépenses totales de publicité en prix constants (tableau 2 ) , il devient ï?vident que la croissance au cours des vingt dernières années a été plutôt moins spectaculaire qu'il ne ressort les chiffres en prix courants. Les dépenses de placards publicitaires (comprenant l'affichage) se sont particulièrement ralenties, et ont été pratiquement stables entre 1965 et 1975, conséquence des problèmes économiques croissants de l'industrie manufacturière britannique. I1 est évident que pendant la récession des années 70, les fabricants ont considérablement réduit I.eur budget de publicité pour tenter d'abaisser leurs coûts. Toutefois afin d'avoir un tableau plus complet de la situation, il convient de rapprocher les chiffres des dépenses Publicitaires des principaux indicateurs de l'activité économique générale : le produit national brut (PNB) et les dipenses totales de consommation. Certes, ces chiffres font apparartre une expansion assez rapide au début du siècle, époque oh le système actuel de production de masse-consommation de masse se mettait en place, tandis que le rapport des dépenses de publicit6 au PNB comme aux dépenses de consommation a plus que doublé entre 1907 et 1938, ce qui montre l'importance croissante prise par la publicité dans le nouvel ordre économique (voir Nevett 1982 : 7 1 ) . Mais les chiffres montrent aussi que la Seconde Guerre d'essor de la consommation du début des années 60. Au cours des deux dernières années de la période considére, toutefois, on a assisté 5 un léger redressement, le rapport des dépenses de publicité aux dépenses de consommation étant remonté juste au-dessus de son niveau de 1961 pour les dépenses publicitaires totales et approchant le niveau des années 60 pour les placards publicitaires. En revanche, pour ce qui est de cette dernière forme de publicité, le rapport des dépenses publicitaires au PNB demeurait en 1980 bien en dessous de son niveau des années GO, à cause des problèmes persistants de rentabilité et de liquidités de beaucoup d'entreprises, encore qu'il apparaisse que les sociétés hésitent davantage que pendant les années 70 à réduire leur budget de publicité, convaincues dCsormais que ces économies à court terme risqueraient 1 long terme d'avoir des conséquences préjudiciables pour leur position sur le marché. Par ailleurs, la relation de l'industrie britannique avec la publicité n'est pas demeurée entièrement statique. Certaines statistiques globales dissimulent d'importantes modifications de la répartition des dépenses entre les secteurs. Tout d'abord, comme le montre le tableau 3 , les deux dernières décennies ont été marquées par un net changement dans la répartition des dépenses totales entre les deux principales formes de publicités, la part des placards publicitaires baissant de mondiale et la période d'austérité qui lui a succédé ont eu des répercussions beaucoup plus graves sur le développement de la publicité que les chiffres des dépenses brutas du tableau ne le donnent 1 penser. Cela n'a rien d'étonnant, étant donné que jusqu'en 1954 la consommation a été soumise 2 un rationnement et que la publicité sous forme de placards et affiches a été limitée jusqu'en 1956 par le rationnement du papier journal. En conséquence, ce n'est que vers 1955 que le rapport de la publicité P la production et à la consommation retrouva son niveau de 1938. Le tableau 2 fait aussi apparaTtre les répercussions de la récession de plus en plus profonde qui a succédé 2 l'essor de la consommation des années 60. En 1975, le rapport des dépenses de publicité au PNB était tombé au-dessous de s o n niveau de 1956 (1,08 %), du fait de la tendance générale des fabricants à réduire leur publicité en période de récession pour abaisser leurs coûts, tendance qui a été accentuée par la forte augmentation des tarifs publicitaires pratiqués par les principaux médias. (Entre 1970 et 1975 par exemple , les tarifs publicitaires des quotidiens nationaux ont augmenté de 72 % en termes réels, et ceux de la télévision de 5 3 % ) . De même, en 1975, le rapport des dépenses de publicité aux dépenses de consommation dépassait à peine son niveau de 1956 (1,43 %), après avoir atteint le niveau record de 1,9 % pendant la période. DEPENSES DE PUBLICITE TOTALES En millions de livres sterling aux prix de 1970 Année DEPENSES EN PLACARDS PUBLICITAIRES En pourcenEn pourcentage des tage du dépenses de produit consomation national brut En millions de livres sterling aux prix de 1970 En pourcentage des dépenses de consommation En pourcentage du produit national brut 1938 n/a 1.39 1.18 n/a 1948 n/a 0.96 0.78 n/a 1952 n/ a 1.15 0.89 n/ a 1956 n/ a 1.43 1.O8 n/ a 1961 436 1.90 1.40 334 1.46 1.07 0.90 1.39 3 70 1.37 1.00 1965 ~~~~~ 514 ~ ~~ ~ ~ 1970 554 1.74 1.27 373 1.17 0.86 1975 565 1.50 1.03 379 1. o 1 0.69 1980 628 1.91 1.34 44 3 1.35 0.94 Sources : Critchley (19721, tableau 3, et Waterson (1981, tableaux 1 à 3. 11 Tableau 3. Pourcentages des placards publicitaires et des annonces par rapport aux dépenses de publicité totales (pour certaines années de la période 1938-1980) 1 Pourcentage du total. en Type de publicité 1938 1948 1956 1960 1972 1975 1980 Placards publicitaires (y compris affichage) 76.3 65.8 75.6 75.8 67.8 67.1 70.6 Annonces classées 11.9 17.7 13.2 13.3 21.2 22.5 20.0 11.9 16.5 11.2 10.9 11.0 10.3 9.5 59 79 Autres formes de publicité/ 1 Total des dépenses de publicité en millions de livres sterling (au prix courant) Sources 1. : 197 . 323 708 967 2.562 Critchley ( 1 9 7 2 ) , tableau 5, et Waterson ( 1 9 8 1 ) , tableau 5. Dont : la publicité dans des revues professionnelles et techniques ; les rapports et prospectus d'entreprises ; et les autres informations financières. 75,8 % à 70,6 %, et celle des petites annonces (annonces classées) progressant de 13,3 % à 20 %.Ce dernier chiffre est legèrement redescendu en 1981 (18,s % ) , ce recul s'expliquant par la diminution du nombre des offres d'emplois et la faiblesse du marché immobilier mais, dans l'ensemble, la croissance relative des petites annonces demeure significative et a des implications noc négligeables pour les organes de presse dont elles constituent une importante source de revenus. En ce qui concerne les placards publicitaires, l'évolution a également été sensible. Comme nous l'avons signalé plus haut, l'avènement de l'industrie publicitaire moderne a été lié 5 la promotion des produits de marque, et notamment des produits consomptibles qui doivent être régulièrement renouvelés comme les produits alimentaires, I n confiserie, les boissons et le tabac. Ces produits continuent 2 jouer un rôle clé dans le système publicitaire o Ù , comme le montre le tableau 4 , les fabricants de produits conditionnés occupent huit des dix premières places. I1 s'agit dans certains cas d'entreprises britanniques, comme Cadburys, Levers et Players qui s e sont imposés sur le marché à la fin du XIXe siècle, et dans d'autres de sociGtés américaines comme Mars et Kelloggs, qui se sont développées depuis lors. La liste des gros annonceurs comprend cependant aussi de "nouveaux venus", qui sont les grands services publics de distribution d'électricité et des chemins de fer, et deux des principaux constructeurs d'automobiles, British Leyland et Ford Motors. Les grandes chahes de magasins de détail occupent aussi un bon rang, avec en tête Woolworth (a' la 23e place) et les pharmacies Boots (à la 26e place), les magasins 12 I : Coopérative et les supermarchés Tesco se classant respectivement au 39e et au 40e rang. L'apparition de ces sociétés parmi les plus gros annonceurs de l'économie est relativement récente et révélatrice d'une évolution importante de la répartition des dépenses de publicité, qu'illustre le tableau 5. Comme le montre le tableau 5, Is part globale du secteur traditionnel des fabricants de produits conditionnés (produits alimentaires, produits de toilette et produïts pharmaceutiques, boissons et tabacs) dans les dGpenses publicitaires totales est tombée de 26,2 % 1 20,5 % entre 1971 et 1981. tandis que le secteur de la distribution de détail voyait sa part augmenter de 6,6 % et devenait le plus gros annonceur. Ce glissement des fabricants aux détaillants reflète une importante réorganisation de la distribution, les grandes chahes imposant de plus en plus leurs spécifications aux fabricants et vendant leurs produits sous leur propre marque et non plus sous la marque du fabricant. Cet essor des produits vendus sous la marque du distributeur a été particuliGrement marqué dans les chahes de supermarchés en libre service comme Sainsbury's, Tesco's et Fine Fare, et les nouvelles chaînes de magasins "discount" comme Asda. Dans les deux secteurs, cet essor a été favorisé par de grandes campagnes de publicité destinées b détourner le consommateur des marques traditionnelles en faveur de la marque du magasin. Cette pression exercée sur les marques s'est trouvée accrue par les nouveaux systèmes de lecture optique du code des articles aux caisses, qui transmettent les données 5 l'ordinateur du magasin. Ce procédé permet de savoir rapidement et avec précision quels sont les produits qui se Tableau 4. Royaume-Uni Sociétéholdin Annonceur Siège : L e s v i n g t p l u s g r o s annonceurs, 1 9 8 1 I Nom Dépenses Pourcentage consacré : de p u b l i c i t é P r i n c i p a u x p r o d u i t s en m i l l i o n s a l a publide l i v r e s c i t é dans sterling télévisée (1981) écrite 1' i Etats-Unis L e s s i v e s , shampooings, d ' Amérique produiits d ' e n t r e t i e n ménagers (3) (4) Mars Inc. Etats-Unis d'Amérique :adbury Schweppes Cadbury Schweppes RoyaumeUni Confiserie bwntrees Rowntree Mackintosh RoyaumeUni Confiserie RoyaumeUni L e s s i v e s , produits d'entr. Levèr Uestlë Nestle SA Kellogg Company Zelloggs Suisse Confiserie I Etats-Unis d'Amérique II - I Potages, s a u c e s , confiserie C é r é a l e s poux p e t i t s déjeuners, aliments p r ê t s à servir 24,89 1 20,79 1 1 19,16 18,89 14,04 1 13,65 I 1 I 1 13,55 99 % 1 % 99 - % 1 % 94 I % 99 % 9 1 % 83 % 1 I 1 6 % 1 % 9 % 17 % 9 % 91 % 1 3erghs ?layer (11) Chauffage c e n t r a l , Appareils électriques 13,04 73 % RoyaumeUni Margarine 12,99 83 % RoyaumeUni Cigarettes , cigares , tabac 12,40 Aliments pour a n i maux de compagnie 12,29 100 % - Cigarettes, cigares, tabac 11,68 30 % 70 % Potages, a l i m e n t s pour n o u r r i s s o n s , a l i m e n t s pour a n i maux de compagnie 11,60 89 % 11 % - zity Zouncil Group ?et f oods American Brands Inc. Sallaher 3. J.Heinz H. J. Heinz Co. E t a ts- Unis d'Amérique Etats-Unis d 'Amérique . 27 % 17 % 92 % 8 % 1 British R a i1 I - Chemins de f e r , s e r v i c e s de f e r r y boat à travers La Manche I lustin Rover 3rook , Aalls Foods BL ( B r i t i s h Leyland) Brook Bond 11,33 I RoyaumeUni RoyaumeUni 53 % Automobi l e s 11,13 39 % 61 % Thé, c a f é , viande en conserve 10 ,92 86 % 14 51 % Ford Motor Co. Etats-Unis d'Amérique Automobiles 10,85 49 % Unilever RoyaumeUni Glaces , a l i m e n t s prêts à servir 10,73 94 % Etats-Unis d'Amérique Café, a l i m e n t s prêts à servir 10 ,71 92 % Corp. 47 % I I % 6 % 8 % 1 I'yphoo Schweppes RoyaumeUni Thé, c a f é , a l i m e n t s prêts à servir 10,18 89 % 11 % Source : Campaign, 11 j u i n 1982, p. 28-33. 13 Tableau 5. Repartition en pourcentage des dépenses publicitaires totales, par secteur, 1971-1981 Secteur Petites annonces Alimentation Industrie/' Détail Produits d'entretien et loisirs Boissons et tabacs Produits de toilette et produits pharmaceutiques Tourisme, loisirs, étranger Epargne, finances Automobi les Gouvernement Industries nationalisées Vêtements Editions , livres Oeuvres de bienfaisance, éducation Dépenses totales en millions de livres sterling (aux prix courants) Sources : 1981 20,14 11,84 11,84 10,66 9,98 8,46 18,94 9,08 5,92 4,06 4,74 3,05 2,70 2,36 2,03 1,86 0,34 59 1 10,oo 17,28 10,71 7,23 4,22 3,79 5,53 4,89 1,98 2,05 1,lO 1,80 0,32 Augmentation/ diminution en % - 1120 2,76 0184 + 6,62 + 0,73 - 1,23 - 1,70 - 0,27 + 0,79 + 1,84 - 0,72 - 0,31 - o173 - 0,06 - 0102 2.818 Renseignements fournis par 1'Advertising Association. vendent bien, et ainsi d'évaluer l'efficacité de la publicité propre du magasin et de déterminer la contribution d'autres marques aux bénéfices. Cela signifie que les marques qui se vendent mal ou trop lentement risquent d'être assez vite abandonnées, ce qui oblige les fabricants 2 poursuivre leur propre effort de publicité en dépit des frais occasionnés et de la compression des bénéfices qui en résulte en période de récession. Comme l'a expliqué récemment Peter Gittoes, de la Banque Barclays, "il faut mettre en regard le coût de la publicité et le coût de la disparition de la marque. Une usine peut ralentir son activité et se faire. oublier un certain temps mais, lorsqu'il s'agit d'une marque, d'autres risquent de se faufiler sur le marché et de prendre sa place. C'est un exercice de corde raide oÙ l'on ne peut arrêter d'innover car aucune grande marque ne peut se permettre de laisser une chance à quiconque'' (Chatburn 1982 : 3 8 ) . Le tableau 5 fait aussi apparaître une progression modeste des dépenses publicitaires dans les secteurs de l'automobile, des produits ménagers et des équipements de loisirs, ainsi qu'en ce qui concerne les plans d'épargne et les services financiers offerts par les banques et les compagnies d'assurance. Dans ce dernier cas, cependant, 14 1971 les chiffres des dépenses d e publicité dans les médias n'expliquent pas tout car depuis une dizaine d'années, les organismes financiers font également un effort accru pour promouvoir leurs services en parrainant des manifestations sportives et culturelles. Les sociétés de deux autres branches d'activité - pétroles et tabacs - les ont rejoints dans cette tentative. Cet "autre" mode de publicité est relativement nouveau en Grande-Bretagne sous sa forme et P l'échelle actuelles, mais il a déjà un impact important tant sur l'industrie publicitaire que sur les médias (Murdock). Autres modes de publicité : l'essor du parrainage commercial (sponsoring) I1 faut bien faire la distinction entre parrainage (ou ''commandite") et mécénat. Depuis longtemps, des entreprises financent des manifestations artistiques de bienfaisance sans en attendre aucun avantage publicitaire. En revanche, le parrainage est un marché, oÙ l'entreprise (le sponsor) investit de l'argent dans une manifestation donnée en échange de la publicité qui la fera mieux connaître du public et contribuera P donner une image favorable de ses produits et de ses activites. Certaines formes de parrainage remontent aux débuts du système de commercialisation de masse moderne. Après l'introduction de la scolarité obligatoire en 1880, par exemple, plusieurs entreprises, notamment Lever Brothers et Beechams, commencèrent 1 distribuer aux écoles des livres et du matériel pédagogique (tel que cartes et tableaux muraux) pour essayer de faire connaztre les noms de leurs sociétés 1 la nouvelle génération de consommateurs. D'autres sociétés lancèrent sur le marché des ouvrages qu'elles parrainaient, les plus connus étant les guides Shell sur la campagne et la nature en Grande-Bretagne (destinés 1 compenser l'inquiétude du public 1 l'égard de la pollution causée par l'industrie pétrolière), et le livre Guinness des records, qui est vite devenu l'un des best-sellers mondiaux. Le parrainage des manifestations sportives a également une longue histoire que l'on fait généralement remonter 1 1887, lorsque la revue française Vélocipède finança la première course automobile. Ce sont d'ailleurs les courses automobiles qui absorbent aujourd'hui encore en GrandeBretagne la plus grande part des fonds provenant de tels parrainages, suivies par les arts et par divers autres sports, avec en tête les courses de chevaux, le tennis, le golf et le cricket. I1 est difficile d'évaluer avec précision l'importance actuelle du parrainage commercial, car beaucoup d'entreprises refusent de déclarer la totalité de leur budget promotionnel ou englobent leurs frais de parrainage avec d'autres formes de dépenses "non comptabilisées". Toutefois, même si l'on s'en tient aux parrainages "visibles", les sommes en jeu sont impressionnantes. En 1973, ce parrainage "visible" était estimé 1 quelque 15 millions de livres sterling. En 1977, il atteignait 25 millions de livres et en 1981 les estimations dépassaient 50 millions de livres (Simpkins 1981 : 12). Les raisons de cette expansion rapide sont aisées 1 déterminer. Le coût de l'organisation des manifestations sportives et artistiques a monté en flèche au cours des années 70, dans une proportion souvent bien supérieure au taux général de l'inflation. Parallèlement, l'aggravation de la crise budgétaire du secteur public s'est traduite par de fortes amputations des subventions de 1'Etat en faveur des activités culturelles et de loisir. Cette réduction des subventions s'est encore accentuée depuis l'élection, au printemps 1979, de l'actuel gouvernement conservateur qui s'est engagé lors de sa venue au pouvoir à restreindre les interventions de 1'Etat en encourageant les entreprises privees à jouer un rôle plus actif dans le financement d'oeuvres sociales et culturelles qui relevaient jusque-là du secteur public. Il est donc facile de comprendre pourquoi les organisations sportives et artistiques sont désireuses d'obtenir le parrainage de sociétés commerciales. C'est le seul moyen- dont elles disposent pour tenter de combler le déficit causé dans leurs finances par l'augmentation de leurs cofts et la réduction des subventions publiques. Mais quel intérêt les sociétés trouvent-elles à ce parrainage ? Quels avantages leur offret-il ? A quelques-unes, le parrainage des arts et des sports donne un accès privilégié à certaines manifestations et installations (loges et salons privés), ce qui peut leur être utile pour recevoir et impressionner d'éventuels clients ou des banquiers et leur permet de traiter leurs affaires dans un lieu agréable. Toutefois, pour beaucoup de sociétés, le souci du prestige est la raison dominante qui les pousse 1 financer les arts, "la dépense étant considérée comme une activité de relations publiques destinée 1 impressionner ceux dont l'opinion importe" ,(Carless et Brewster 1959 : 57). C'est particulièrement vrai pour les industries du pétrole et du tabac, qui font toutes deux l'objet d'attaques de plus en plus vives de la part des associations de défense de l'env,ironnement et de la -santé. Financer les arts est une façon relativement peu onéreuse pour une société de dcmontrer l'intérêt qu'elle porte à la "qualité de la vie" et de s'attirer la bienveillance des élites qui peuvent être à même de prendre des decisions de nature 1 influer sur leurs activités. Ainsi, une recherche effectuée par Imperial Tobacco a montré que les annonces promotionnelles insérées dans les programmes des opéras de Covent Garden que parraine la société touchent de façon efficace les décideurs influents de la City de Londres. Comme les élites sont leur cible privilégiée, les ,sociétés ont tendance 1 réserver leur parrainage aux manifestations artistiques implantées 2 Londres, et - en ce qui concerne les compagnies pétrolières - aux grandes manifestations organisées dans les régions oÙ elles ont des raffineries. Depuis quelque temps toutefois, les sociétés semblent s'intéresser davantage au grand public. Néanmoins, comme le montre le tableau 6, l'argent continue A aller surtout aux manifestations artistiques destinées à un public choisi. Depuis un an environ, il semble cependant que les fabricants de tabac, en particulier, cherchent davantage à utiliser la formule du parrainage pour promouvoir leurs produits que pour réhausser leur image de marque. Le soutien accordé par British American Tobacco (BAT), au Philharmonia Orchestra par exemple, est explicitement 116 1 la promotion de la marque de cigarettes Du Maurier. Plusieurs raisons font que le parrainage de manifestations artistiques prend de plus en plus d'importance aux yeux des fabricants de tabac pour la promotion de leurs produits. D'aboid, ces fabricants ne sont pas autorisés 5 faire de la publicité pour les cigarettes sur les chahes de télévisior._ 15 Tableau 6 . Quelques subventions accordées Z des organismes artistiques par des sociétés pétrolières et de tabac Comanditaires Organismes bénéficiaires Durée British American Tobacco Philharmonia Orchestra 600.000 1981-3 Gulf Oil Corporation Scottish National Orchestra 250.000 1981-8 Imperial Tobacco The National Theatre 240.000 1982-5 Mobil Oil The Scottish Chamber Orchestra 120.000 1982-6 London Symphony Orchestra 100.000 Renouvelable tous les ans Shell Oil Amoco Oil Welsh National Opera comerciales (la publicité pour le tabac 2 pipe et pour les cigares restant cependant permise) et en accord avec le gouvernement, ils se soumettent volontairement à certaines restrictions quant au type et P l'étendue des activités promotionnelles auxquelles ils peuvent associer le parrainage d'événements sportifs. Ensuite, ils doivent lutter depuis longtemps deja pour conserver à leurs marques leur part du march6 dans un contexte oÙ les ventes de cigarettes baissent régulièrement et oÙ la concurrence a été intensifiée par l'arrivée de BAT sur le marché britannique en 1978. Pareille intensification de la concurrence s'observe aussi dans le secteur des services financiers, oÙ les banques et les compagnies d'assurance rivalisent pour attirer une part accrue de l'épargne et des investissements populaires, en un temps où les revenus réels des mgnages diminuent. Cependant, c'est à la télévision que le parrainage publicitaire prend toute son importance, qu'il s'agisse pour la société "commanditaire" de promouvoir son image de marque ou ses produits. Ce procédé lui permet en effet d'atteindre un public beaucoup plus vaste que celui qui a réellement assisté à la manifestaticn, et multiplie l'efficacité potentielle de son message. D'emblée. les règlements de la télévis.ion britannique ont interdit le parrainage direct du type américain classique, oÙ un fabricant finance la production d'une émission et en profite pour promouvoir ses produits par des annonces au début et 2 la fin de l'émission et par des spots publicitaires en cours d'émission. Cependant, le système britannique autorise le parrahage "indirect1', oÙ la société de télévision couvre un événement qui porte le nom de la société commanditaire, encore que pendant 16 ~. Montant total en livres sterling 25.000 Renouvelable t o u s les ans quelque .temps les possibilités offertes par ce type de publicité se soient trouvées réduites par le refus de la BBC de mentionner la sociEt6 commanditaire tant au cours des émissions elles-mêmes que dans le programme des émissions donné dans Radio Ti=. Cette dernière interdiction a maintenant été abandonnée pour plusieurs raisons. La première est d'ordre technique. I1 est tout simplement devenu impossible d'éviter de photographier les publicités qui constellent les terrains de sport d'oÙ sont transmises les émissions, ce qui a rendu illusoire le refus de la BBC de nommer la société commanditaire. La seconde raison, décisive, est d'ordre Economique. La transmission de manifestations parrainées est avantageuse pour la BBC, qui peut offrir des rémunérations inférieures aux organisateurs, car ceux-ci reçoivent des annonceurs une contribution 2 leurs frais, ce qui, eu égard à la situation financière de plus en plus critique de la BBC, est pour elle un utile moyen de réduire ses dépenses. Toutefois, en échange de ces subventions déguisées, les sociétés commanditaires ont réclamé et obtenu d'être citées tant dans les émissions elles-mêmes que dans les programmes des émissions, et telle est maintenant la pratique courante. Bien que beaucoup des formules actuelles de parrainage n'aient été introduites que récemutent en Grande-Bretagne, elles ne sont pas neuves en soi. Comme tant d'autres techniques publicitaires, elles sont nées et se sont développées aux EtatsUnis, et leur adoption ici n'est qu'un nouvel exemple de l'influence croissante des méthodes américaines sur l'industrie publicitaire dans son ensemble (Murdock). La publicité dans le secteur public : le cas de l'Inde Si, globalement, ce sont les fabricants de produits qui, en Inde, dépensent le plus en publicité, le plus gros annonceur n'en est pas moins le secteur public. La plupart des annonces publicitaires paraissant dans la presse indienne proviennent du gouvernement central et des gouvernements des Etats, des entreprises du secteur public et d'autres organismes financés sur des fonds publics. Le montant exact des dépenses que cela représente n'est pas connu ; il dépasserait légèrement le tiers des dépenses totales de publicité dans la presse écrite du pays. Si l'on tient compte de la totalité des annonces payées au moyen de fonds publics, y compris celles des universités, des tribunaux, des administrations locales, etc., on arrive sans doute B une part totale beaucoup plus élevée. Ces annonceurs utilisent deux catégories d'annonces : les petites annonces classées et les placards publicitaires. Les avis d'appels d'offres, les offres d'en?ploi, etc., appartiennent au premier groupe, alors que les annonces institutionnelles et les annonces promotionnelles en faveur de produits ou de services appartiennent au second. Les campagnes promotionnelles du gouvernement ont pour objet de porter 5 la connaissance du public certains services et certaines idées. Les grandes campagnes sociales en faveur du planning familial, de l'épargne nationale, des programmes de santé publique, de l'intégration nationale, etc., cherchent B inculquer au peuple des habitudes, des attitudes et des valeurs nouvelles pour l'amener 1 adopter certaines pratiques et à prendre des décisions intelligentes qui l'aideront 1 améliorer la qualité de sa vie. Ces campagnes ont donné une nouvelle dimension et une nouvelle application 1 la publicité en tant que catalyseur du changement. Lorsque l'Inde, après l'Indépendance, entreprit de planifier son développement économique et social et, en 1951, lança le premier plan quinquennal, le gouvernement souligna que des tâches nationales telles que l'amélioration du bien-être des familles, l'alphabétisation des adultes, l'augmentation de la production agricole, l'élimination de certaines pratiques sociales malsaines, la mobilisation de l'épargne, la suppression des taudis, etc., devraient être menées à bien avec la participation et l'appui éclairé de la population. Plus de 80 % des habitants vivaient dans le cadre rural traditionnel, mal informés de ce qui se passait autour d'eux, ignorant même qu'il existât d'autres conditions d'existence que les leurs et donc incapables d'aspirer 1 une vie meilleure. Pour entraher ces gens, il fallait, même lorsqu'il s'agissait d'essayer d'améliorer leur sort, les convaincre qu'ils avaient quelque chose de mieux P espérer et b réaliser. C'est de cette nécessité qu'est née la politique de communication du gouvernement, qui s'employa 1 faire comprendre ses programmes et ses politiques 1 la population, et notamment aux éléments les plus défavorisés, en usant de leurs propres langues et symboles. Cette tâche de comunication fut confiée aux services des médias et au réseau d'information de la Division de la radio, de la télévision et du cinéma du gouvernement central, qui produit, sous l'autorité de ce dernier, des documentaires et des courts métrages servant B diffuser des informations sur les programmes de développement. D'autres services produisent et diffusent des documents publicitaires imprimés. D'autres encore organisent des tournées d'unités de publicité mobiles .et de spectacles folkloriques dans les vil-lages qui combinent divertissement et information. Pour appuyer et renforcer ces efforts, le gouvernement a organisé des campagnes de marketing social dans la presse et les autres médias afin d'éduquer et d'inspirer les leaders de l'opinion en même temps que le grand public. La direction des annonces et de la publicité visuelle, la DAVP, qui est le service de publicité du gouvernement central, assure la partie publicitaire de ces campagnes de propagande. Divers ministères et services ainsi que plusieurs entreprises publiques sont ses clients. En 1980-1981, la DAVP a dépensé environ 25 millions de roupies en petites annonces et 12 millions de roupies en placards publicitaires. Quelque 50 % des petites annonces concernaient des offres d'emploi au gouvernement central, dans des entreprises du secteur public et dans d'autres organismes publics. Contrairement aux avis d'appels d'offres et autres avis, les annonces d'offres d'emploi sont d'une utilité immédiate pour les jeunes de plus en plus nombreux qui se retrouvent au chômage 1 la fin de leurs études, et peuvent donc être considérées comme remplissant une fonction de service public. I1 n'y a pas d'informations plus importantes pour les jeunes Indiens d'aujourd'hui que celles qui concernent l'emploi. Employment News, publication hebdomadaire éditée en anglais et dans quelques langues indiennes par la DAVP et exclusivement réservée aux offres d'emploi de l'administration centrale et des administrations des Etats, est la seule publication du genre en Inde. Tant au plan qualitatif qu'au plan quantitatif, les campagnes éducatives et de service public de la DAVP n'ont pas la même importance que son service des petites annonces. Au total, une somme de 12 millions de roupies a été consacrée en 19801981 B l'ensemble des campagnes de service public. Investir beaucoup moins dans une campagne publicitaire d'ampleur nationale. portant sur des questions d'extrême importance et urgence que ne le fait l'annonceur d'un savon, d'un aliment pour nourrissons ou d'une valise lors d'une campagne fragmentaire n'a guère d'int6rêt. La publicité 7 est, comme la connaissance, dangereuse 1 petites doses ; elle ne sert alors ni l'annonceur ni le consommateur car elle ne produit de résultats que lorsqu'elle laisse une empreinte, par sa continuité et sa répétition. Peut-être serait-il plus exact de dire que la DAVP n'organise pas vraiment de campagnes ; elle se contente d'élaborer et de diffuser des annonces publicitaires. 11 est certain que le gouvernement central et les gouvernements des Etats dépensent beaucoup d'argent pour des actions publicitaires portant sur les causes mentionnées plus haut. Une campagne de marketing social, qu'il ne faut pas confondre avec une action 'publicitaire, est un effort de communica'tion scientifique, ayant un objectif précis. et dont on peut évaluer l'efficacité. Une telle campagne doit être soutenue : la publicité de la DAVP ne l'a pas été. Suivant les directives données par le gouvernement central, les Etats lancent leurs propres campagnes sur des questions d'intérêt national comme le planning familial et l'intégration nationale. Ils ont leurs propres programmes d'industrialisation, de développement agricole, etc. ,Plusieurs Etats ont attiré des industries et trouvé des fonds dans le public grâce 1 ,des campagnes publicitaires systématiques menées 1 l'intérieur et h l'extérieur de leur territoire. L'Economic Development Corporation de Goa, par exemple, a pu réunir en 1980, 270 millions de roupies auprès des investisseurs grâce P des campagnes intensives. La campagne publicitaire de la Gujarat State Corporation a remporté un tel succSs qu'elle a transformé l'image de 1'Etat du Gujarat "d'un centre textile et touristique en un lieu d'implantation industrielle de première valeur". Les campagnes de planification familiale de 1'Etat du Kerala ont donné des résultats remarquables. La campagne lancée par cet Etat en faveur de la State Electronics Corporation a placé les produits de la société parmi les grands favoris du marché national. Derrière toutes ces campagnes mémorables menées par les Etats, on trouve une agence de publicité réputée. Cela ~e singifie pas, toutefois, que l a publicité d'Etat n'ait pas entraIné des dgpenses inutiles et mal employées. Les dépenses faites par les gouvernements des Etats pout réhausser leur "image", révèlent les enqds'ces de l'ORG, se caractérisent par un gaspillage B la limite du colossal, consistant le plus souvent en pages entières de louanges 5 l'adresse de dignitaires de 1'Etat pubilges dans les principaux journaux à "l'heureuse occasion'' d'une pose de première pierre ou de l'inauguration de quelque projet local. Plusieurs campagnes publicitaires comme celle sur le problème de. l a dot brillent plutôt par leur absence dans la presse régionale. Le problème des intouchables, les affrontements communautaires et politiques, etc., qui devraient Eveiller la conscience populaire, ne peuvent 18 être réglés p'ar les seuls représentants de la loi. Ils sont l'expression d'attitudes profondément enracinges que l'appareil répressif est impuissant h modifier. I1 reste encore aux campagnes du gouvernement central et 1 celles des Etats 1 marquer de leur sceau ces questions brûlantes et d'intérêt général. Le secteur nationalisé qui s'est lissé au sommet de l'économie indienne au cours des 20 dernieres années est également un annonceur important. Plusieurs entreprises du secteur public fabriquent et fournissent des biens d'équipement et des produits intermédiaires qui contribuent à la production d'autres biens. D'autres s'occupent de services. Moins de 20 % de ces sociétés disposent d'un budget publicitaire appréciable pour leurs activités promotionnelles (relations publiques comprises). Les autres n'allouent h ces activités que des crédits négligeables et leur publicité est par conséquent marginale. I1 n'y a pas d'usage communément admis en ce qui concerne le rapport des dépenses de publicité au chiffre d'affaires. En 1980, Air India a dépensé environ 120 millions de roupies en publicité pour un chiffre d'affaires de 3.750 millions de roupies , tandis que Minerals and Metals Trading Corporation, qui a un chiffre d'affaires de 14.000 millions de roupies, a consacré à peine 2 millions de roupies aux annonces et à la publicité, et Food Corporation of India, avec un chiffre d'affaires de 50.000 millions de roupies, 2,5 millions de roupies. Les dépenses publicitaires totales des entreprises publiques sont estimées, pour 1980, 2 250 millions de roupies. Le secteur public, qui a jeté les bases du progrès industriel du pays, n'est toujours pas apprécié à sa juste valeur par le grand public - ni même par une partie importante des leaders de l'opinion. I1 est pourtant devenu la clé de voûte de la stabilité économique indienne et a comencé 1 enregistrer des bénéfices, parfois substantiels. Mais l'impression qui prévaut et qui est répétée sur les tribunes publiques et dans les colonnes des journaux est que le secteur public est un Iléléphant blanc". Aucun effort systématique n'a sté fait pour expliquer au public ce que font les sociétés de ce secteur. Comme nous l'avons dit précédemment, le budget alloué par chaque entreprise à la publicité et aux relations publiques ne suffit pas à organiser chaque année une véritable campagne publicitaire. Les maigres dépenses consacrées aux annonces et 2 la publicité sont elles-mêmes progressivement restreintes. En 1979-1980 et en 1980-1981, le budget publicitaire de ces entreprises a été chaque fois amputé de 25 %.Cela signifie qu'en deux ans les dépenses de publicité des entreprises du secteur public ont diminué de moitié, alors que les dépenses de publicité dans tous les médias ont plus que doublé. En fait, les entreprises du secteur public, en Inde, constituent un exemple parfait de bonne gestion à- '90 '% accompagnée d'une mauvaise réputation pour n'avoir pas fait l'effort de 10 % con- sistant 1 le dire. Le silence est si total que, dans certains cas, même ceux qui sont immédiatement concernés par les rEalisa'tions des entreprises ignorent la valeur du travail qu'elles accomplissent (Pillai). Structure et organisation de la publicité en URSS Le Conseil interministériel de la publicité est l'organisme qui coordonne toutes les activités publicitaires à l'intérieur de l'union soviétique. I1 est généralement présidé par un vice-ministre du commerce. Ce Conseil assume les fonctions suivantes : - la coordination du travail effectué par toutes les entreprises et agences publicitaires ; - la généralisation et la diffusion des expériences positives ; - la coordination des activités et le contact avec les médias ; - l'élaboration d'avis et de recommandations ; - l'aide 1 la publicaion ou 1 la recherche théorique dans ce domaine ; - l'organisation de colloques et de conférences en coopération avec des instituts scientifiques et des centres de formation. Le Conseil a un statut consultatif et ses décisions n'ont donc pas un caractère obligatoire. Il comprend des représentants des ministères concernés par la publicité : les ministères du commerce, de l'aviation civile, de la santé, de la culture et de 25 autres micistères producteurs de biens de consommation. La publicité commerciale B l'intérieur du pays est organisée par "Soyuztorgreclama". Cette agence n'existe que depuis 17 ans, mais ses activités se développent rapidement. Le volume total de la publicité faite par cette agence qui au début, en 1965, était de 2 millions de roubles, atteignait dix ans plus tard, en 1975, 25 millions de roubles. Onze groupes importants d'entreprises publicitaires et plus de 35 ateliers sont regroupés au sein de "Soyuztorgreclama", et plus de 4.000 spécialistes y travaillent. Les fonctions de "Soyuztorgreclama" sont les suivantes : - la publication d'avis et d'annonces publicitaires dans les journaux et périodiques ; - la distribution d'émissions publicitaires 3 la télévision ; - la production et la distributicn de films publicitaires ; - la production d'affiches, de catalogues, de prospectus, etc. ; - la décoration de vitrines et de bâtiments ; - l'élaboration des recommandations et des programmes du Conseil interministériel de la publicité. En plus de "Soyuztorgreclama" , qui fonctionne P l'échelon national, il existe cinq agences de publicité dans des répub 1iques nationales : ''Rostorgreclama" d ans la République fédérative de Russie, "Ukrtorgreclama" en Ukraine, "Uztorgreclama" en Ouzbékie "Littorgreclama" en Lituanie et "Esttorgreclama" en Estonie. Toutes ces agences, en comptant "Soyuztorgreclama", dépensent annuellement plus de 100 millions de roubles en publicité commerciale. Le système de publicité en URSS n'est pas centralisé. Il existe de nombreuses agences publicitaires aux programmes différents. Beaucoup de.ministères, comme le Ministère de la santé, le Ministère du commerce, le Ministère de l'aviation civile, le Ministère de la marine, le Comité national du cinéma, etc., ont des services de publicité. I1 existe aussi plusieurs sociétés de publicité - "Orbita". "Rassvet", "Radiotechnica" - qui font de la publicité pour des postes de radio, des téléviseurs, des magnétophones ; il y a également une entreprise appelée "Ocean" qui fait de la publicité pour les produits de la mer. Tout cela donne un système publicitaire souple orienté vers les besoins et les intérêts particuliers des consommateurs (Shestakov). L'américanisation britannique de la publicité Depuis les débuts de l'industrie publicitaire moderne, les entreprises et agences britanniques se sont inspirées du modèle américain. William Lever, l'un des fondateurs de l'empire des savons et détergents Lever Brothers, par exemple, a appliqué ,servilement les techniques américaines, allant jusqu'à acheter des slogans 1 des ,publicitaires américains (Tunstall 1964 : 3 4 ) . Toutefois, jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cette influence est restée en trPs grande partie indirecte et s'est limitée 1 l'emprunt de techniques de persuasion et de modes d'organisation. A l'époque, les agences américaines concentraient leurs activités sur le marché intérieur, en pleine expansion ; en 1937, quatre d'entre elles seulement s'étaient risquées à créer des filiales de l'autre côté de l'Atlantique. I1 y avait toutefois des exceptions : McCann, par exemple, avait établi un bureau 1 Londres dès 1927 1 la demande de son principal client, Standard Oil of New Jersey, qui 2 l'époque étendait ses activités en Europe, tandis que J. Walter Thompson avait ouvert son bureau de Londres avant même la Première Guerre mondiale et, lorsque éclata la Seconde, il était l'un des grands de la publicité britannique. Mais ce n'est qu'après la guerre que les autres grandes agences américaines suivirent leur exemple et firent un effort concerté pour pénétrer le marché britannique. 19 Tableau 7. Les dix principales agences de publicité de Londres en 1962 I Agence Rang Chiffre d'affaires au Royaume-Uni en millions de livres Source : 11/81 Royaume-Uni Etats-Unis d'Amérique Royaume-Uni Royaume-Uni 9/44 8,83 7/50 7/20 6/43 6/30 Etats-Unis d Amérique Royaume-Uni .Royaume-Uni Etats-Unis d Amérique Royaume-Uni Etats-Unis d'Amérique 16/37 16/30 15/00 London Press Exchange J. Walter Thompson S.H. Benson Mather and Crowther Erwin, Wasey , Ruthrauff and Ryan Masius and Fergusson Colman, Prentis and Varley Young and Rubicam Lonsdale-Hands Foote, Cone and Belding Nationalité de la société mère Tunstall 1964, Tableau 8, p. 271. Tableau 8. Les dix principales agences mondiales de publicité en 1981 Siège de la société mere Agence Rang Dentsu Young and Rubicam J. Walter Thompson Ogilvy and Mather McCann-Erickson Ted Bates and Co BBDO International Leo Burnett Co SSC and B Foote, Cone and Belding Sources : Financial Times, 3 mars 1982, p. 1 La fin de la guerre marqua l'avènement des sociétés transnationales modernes, avec en tête les grandes compagnies américaines. Ayant 6té épargnées par les bombardements et l'oocupation militajre alors que leurs principaux concurrents européens ou japonais avaient besoin de temps pour se remettre des effets de la guerre, les entreprises américaines étaient bien placées pour se lancer à l'assaut des marchés mondiaux. Les principales agences de publicité arrivèrent dans leur sillage et, en 1960, 36 d'entre elles avaient des filiales en dehors des Etats-Unis et disposaient d'un total de 2 8 1 bureaux outre-Atlantique (Nevett 1982 : 195). L'Europe était une cible de choix pour l'expansion des entreprises américaines : plus d'un millier d'entre elles y ouvrirent des filiales entre 1946 et 1959 20 Japon Etats-Unis Etats-Unis Etats-Unis Etats-Unis Etats-Unis Etats-Unis Etats-Unis Etats-Unis E tats-Unis : d'Amérique d'Amérique d'Amérique d'Amérique d'Amérique d'Amérique d'Amérique d'Amérique d'Amérique Chiffre d'affaires mondial en millions de dollars n/a 2.355,O 2.212,7 1.933,8 1.927,3 1.578,l 1.400,O 1.336,O 1.168,3 1.153,3 Advertising Age, 24 mars 1982, p. 10 (voir Janus : 1 9 8 1 : 293). En outre, l'avantage de disposer d'une base dans un pays de langue anglaise incita plusieurs grandes sociétés à choisir Londres c o m e siège de leurs activités en Europe. I1 en résulta que presque toutes les grandes agences américaines ouvrirent un bureau à Londres. Certaines, comme Doyle, Dane et Bernbach, partirent de zéro, mais la plupart des agences préférèrent fusionner avec des 'agences britanniques existantes ou la racheter. En 1958, par exemple, Benton and Bowles acheta Lamb and Robinson, tandis qu'en 1960 BBDO achetait Dolan, Ducker, Khitcomb et Stewart. Les agences américaines étaient bien placées pour impressionner l'industrie publicitaire britannique quelque peu léthargique de l'époque. D'abord, le rationnement faisait qu'il n'était guère utile de pousser à la consommation et la plupart des campagnes se bornaient à régulariser la demande en persuadant les gens d'économiser leurs maigres ressources ou en leur montrant comment utiliser au mieux les produits rationnés. Les hommes étaient encouragés 2 utiliser certaines lames de rasoir de longue durée pour contribuer 1 economiser les ressources en acier de la nation, tandis qu'on apprenait aux ménagères 2 faire des gâteaux sans oeufs et à prolonger l'usage de leurs vêtements (voir Dyer 1982 : 5 1 - 5 2 ) . En conséquence, les agences britanniques avaient perdu l'habitude de stimuler la demande et se préoccupaient surtout de "trouver quelque chose de joli et d'amusant pour combler les vides'' (Nevett 1982 : 1 9 4 ) . Mais avec la fin du rationnement en 1954 et le début de la secor.de "révolution de la distribution de détail", une attitude plus offensive s'imposait. Les petits détaillants étant de plus en plus évincés par les supermarchés en libre service et les magasins 2 succursales multiples, le rôle traditionnel du vendeur comme maillon de la chaîne de vente disparut : le produit se vendait tout seul. Aussi devenait-il de plus en plus important de différencier les marques er. vantant la particularité, réelle ou imaginaire, qui distinguait chacune de ses rivales et la reliait aux désirs et aux rêves des acheteurs en puissance. Armées de la doctrine de la "qualité unique du produit" de Rosser Reeve et s'appuyant sur "l'analyse des motivations" du consommateur, d'Ernest Dichter, les agences américaines étaient parfaitement au fait des techniques nécessaires. En outre, contrairement aux agences britanniques ''mal équipées 5 tous égards pour faire face b la situation'' (Garnett 1972 : 1 3 3 ) , elles avaient aussi l'expérience du nouveau grand support publicitaire de l'époque - la télévision commerciale - qui, en 1955-1956, commençait B pénétrer dans les zones de forte population. Malgré ces avantages, cependant, les agences américaines n'avaient établi au début des années 6 0 qu'une domination limitée sur l'industrie publicitaire britannique. Comme le montre le tableau 7 , en 1 9 6 2 , quatre seulement des dix grandes agences londoniennes étaient des filiales de sociétés américaines. Les six autres étaient des entreprises britanniques. Parmi ces dernières figuraient le leader du marché, le London Press Exchange, et deux des plus grandes entreprises fondées à la fin du XIXe siècle : Benson's et Mather and Crowther. Cependant, depuis cette époque, les sociétés américaines ont-nettement accru leur participation iì l'industrie publicitaire britannique par l'effet combiné de leur croissance -naturelle et de rachats. Deux des plus importantes fusions datent de 1 9 6 9 . Au mo& de mäi de cette année, le London Press Exchange fusionnait avec l'agence -new-yorkaise de Leo Burnett, tandis que le mois suivant Sullivan Stauffer, Colwell and Boyles (SSC and B) achetait 49 % des parts de Lintas, qui avait la par- ticularité d'être la seule agence britan-nique appartenant directement 2 un gros fabricant (en l'occurrence Unilever). SSC and B était absorbé 1 son tour en 1979 par le gigantesque Interpublic Group ; ce-rr'est toutefois qu'en 1982 qu'hterpublic devait acquérir le reste des parts de Lfntas qui allait lui en donner le contrôle total. L'autre grande fusion eut lieu en 1977 lorsque l'agence américaine de d'ArcyMacManus se rendit acquéreur de Masius. Ce dernier avait été l'une des principales agences publicitaires britanniques dans les années 5 0 et 6 0 , l'une des rares à tenter de renverser le courant d'influence en s'introduisant sur le marché américain. En 1 9 6 8 , elle avait acheté une petite agence américaine, mais la progression se faisait lentement et au bout de cinq ans la société choisit de s'associer avec D'Arcy-MacManus qui cherchait 5 s'étendre en dehors des Etats-Unis et s'intéressait au réseau européen de Masius. Dans le cadre de ce marché, d'Amy prit une participation m h o ritaire chez Masius, préparant le succès de son offre de rachat en 1 9 7 7 . Comme le montre clairement le tableau 8 , les agences américaines dominent maintenant l'industrie publicitaire, occupant toutes les places sauf une parmi les "dix grands'' actuels, la seule exception étant Dentsu au Japon. En réalité, le pouvoir exercé sur le marché par les plus importants de ces groupes américains est encore plus grand qu'il -n'apparaIt sur le tableau, car, même si dans leurs opérations quotidiennes plusieurs des grandes agences fonctionnent indépendamment , elles sont financièrement des filiales de la même société holding : Interpublic Group. Interpublic est actuellement propriétaire de McCann-Erickson (qui vient du troisième rang par son chiffre d'affaires mondial, de SSC and B (8e rang) et de Marschalk Campbell-Ewald (15e rang), ce qui en fait la plus grande puissance de l'industrie publicitaire internationale. En outre, comme elle l'a déclaré à ses actionnaires en 1 9 8 0 , la société a bien l'intention d'étendre encore ses activités internationales pour profiter des perspectives de développement des marchés en dehors des Etats-Unis, estimant que : "Même si l'on prévoit pour les dix prochaines années une croissance soutenue des dépenses publicitaires aux EtatsUnis, l'expansion devrait être encore plus rapide sur beaucoup d'autres marchés. En tant que branche d'activité, la publicitg, 2 l'étranger, en est généralement à un stade de développement moins avancé et devrait voir sa part des dépenses publicitaires mondiales augmenter régulièrement Les trois réseaux publicitaires d'Interpublic sont bien implantés 2 travers le monde. Ils constituent le groupe d'agences de publicité sous contrôle d'un même holding le plus ... 21 important du globe. Ils sont exceptionnellement bien placés pour profiter de l'expansion de l'industrie mondiale de la publicité." (Interpublic Group 1980 : 6-7). Comme on peut le voir grâce âu tableau 9, les principales agences ambricaines dominent aussi 1'industrie britannique, occupant 16 des 20 premières places du tableau des chiffres d'affaires pour la publicité en 1982, et sept des dix premières, avec en tête J. Walter Thompson, D'Arcy-MacManus and Masius, Ogilvy and Mather, et la principale filiale du groupe Interpublic, McCann-Erickson. Cependant, la liste des "vingt grands'' comprend aussi le nom de trois agences britanniques dont l'ascension a cohcidé avec le renforcement de la prédominance américaine. Ce sont Collet, Dickenson, Pearce, fondée en 1960, Allen Brady Marsh, lancée en 1966, et Saatchi and Saatchi créée en 1970. Toutes trois ont été fondées par de jeunes publicitaires dynamiques issus d'agences plus importantes, qui en firent de grandes agences indépendantes. Mais c'est l'ascension de Saatchi, parti de presque rien pour devenir en dix ans 2 peine la plus grande agence de Grande-Bretagne, qui a été sans aucun doute la plus spectaculaire. L'affaire démarra assez modestement lorsqu'en 1970 les deux frères Maurice et Charles Saatchi entreprirent de créer "une grande agence offrant aux clients toutes les ressources nécessaires, mais se distinguant par une approche moderne, jeune et innovante'' (Saatchi and Saatchi 1980 : 15). Ils atteignirent relativement vite ce second objectif, donnant d'eux une image de jeunesse et même d'impétuosité, mais restèrent de dimensions modestes pendant les cinq premières années. Leur percée date de 1975. L'agence bien établie Compton UK (dans laquelle Compton de New York était minoritaire) décida pour donner plus d'éclat à son image de marque de fusionner avec une agence plus jeune car, si sa clientèle était de tout premier ordre, comportant notamment Proctor and Gamble et Rowntrees, sa réputation manquait de dynamisme. Leur proposition de rachat ayant été refusée par Kirkwoods, elle se tourna vers les frères Saatchi qui, renversant habilement la situation, donnèrent leur nom 1 la nouvelle société, s'y taillèrent la part du lion et exclurent les Américains. Ne se contentant pas de garder les'principatix clients de Compton parmi les fabricants d'articles conditionnés , ils se lancèrent avec succès dans une offensive pour trouver de nouvelles affaires, qui leur rapporta entre autres la campagne publicitaire du parti conservateur pour l'importante élection de 1979, laquelle allait porter au pouvoir Mme Thatcher. Depuis lors, les Saatchi ont poursuivi leur expansion. En juillet 1981 ils achetaient pour 5,6 millions de livres le groupe bien , Tableau 9. Les vingt plus grandes agences de publicité britanniques en 1982 (classées suivant leur chiffre d'affaires)/l Agence Rang Saatchi and Saatchi J. Walter Thompson D'Arcy-MacManus and Masius Ogilvy and Mather McCann-Erickson Adver tising Allen Brady and Marsh Leo Burnett Foote, Cone and Belding Young and Rubicam Dorland Advertising Collett Dickenson Pearce Ted Bates Boase Massimi Pollitt Geers Gross SSC and B : Lintas Davidson Pearce Grey Advertising Benton and Bowles Doyle, Dane, Bernbach Abbott Mead Vickers SMS (4) (5) Source 1. 22 Chiffre d'affaires 1982 en millions de livres : Nombre de salariés Pays de la société mère 114,OO 108,OO 555 518 Royaume-Uni Etats-Unis d'Amérique 90,OO 83,OO 469 Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique 74,15 65,ll 64,70 60,80 58,85 54,OO 52,17 48,81 48,lO 47 ,O0 40,40 39,OO 37,20 37,Ol 34,OO 29,60 374 347 245 329 316 270 225 298 188 175 130 205 170 138 219 174 84 Etats-Unis d'Amérique Royaume-Uni Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique Royaume-Uni Royaume-Uni Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique Etats-Unis d'Amérique E'tats-Unis d'Amérique Campaign, 7 janvier 1983, p. 21. Par chiffre d'affaires (billings), on entend les sommes dépensées par les clients par l'intermédiaire des agences énumérées. Ce tableau a été établi d'après les chiffres fournis par les agences à fin novembre 1982. ' établi Dorlands qui leur apporta l'agence Crawford et l'agence Dorlands elle-même (alors au dixième rang). Cette acquisition, outre qu'elle renforçait leur position générale sur le marché britannique de la publicité, donna aux frères Saatchi une base financière solide qui leur permit d'étendre leurs activités. Ils utilisèrent une partie de cet argent B l'achat d'actions dans deux sociétés 2 l'avant-garde de la révolution télévisuelle européenne : Greenwich Cable-vision, qui détient actuellement l'une des deux licences d'exploitation d'une chahe de télévision payante P Londres, et Satellite Television, qui exploite le premier service satellite transnational d'Europe continentale, diffusant ses émissions et ses publicités d a m les foyers de Malte et de Finlande, par l'intermédiaire des câblo-distributeurs locaux. Le câble, les satellites et les autres technologies nouvelles de communication offrent aux annonceurs d'importantes possibilites nouvelles, et les frères Saatchi considèrent leurs acquisitions comme un moyen utile de "se maintenir et de maintenir leurs clients P l'affût de toutes les techniques et possibilités dans ce domaine et de leurs incidences pour les marques paneuropéennes" (Koski 1982 : 3 ) . Pourtant, les frères Saatchi ont utilisé la plus grosse partie de leurs capitaux pour tenter de s'introduire sur le marché publicitaire américain. Cela commença en mars 1982 1orsqu"ils achetèrent Compton Communications pour 16,2 millions de livres, payés comptant, plus 27,6 millions de dollars qu'ils s'engageaient & verser en dix ans aux principaux dirigeants à la condition que Compton réalise un bénéfice annuel moyen net (après impôt) d'au moins 4,07 millions de dollars. En 1981, Compton venait au 14e rang des grandes agences mondiales, avec un chiffre d'affaires global de 812,6 millions de dollars, et les commentateurs n'hésitaient pas 1 prcdire qu'en 1982 les chiffres d'affaires réunis de Compton et de Saatchi hisseraient le groupe parmi les ''dix grands" mondiaux. Cependant, malgré cette croissance spectaculaire, Saatchi and Saatchi demeure une entreprise familiale, les deux frères conservant, avec environ 30 % des parts, le contrôle de l'affaire. A l'heure actuelle, l'industrie publicitaire britannique est donc dominée par de grandes agences transnationales, filiales pour la plupart de grandes sociétés américaines, mais les entreprises britanniques y sont représentées de façon non négligeable, avec en tête les Saatchi. I1 ne faut pa.s croire cependant que ces agences nationales contrebalancent l'influence américaine. Au contraire, leur succès vient de l'usage habile qu'elles font des techniques et de l'organisation américaines et de leur aptitude P "battre les Américains sur leur propre terrain'' sur le marché de la concurrence. La plupart des gros clients qui quittent une agence sont récupérés par une autre grande agence. En 1982, par exemple, le plus grand changement de ce genre s'est produit lorsque British Airways a transféré sa clientèle B Saatchi. et le second lorsque Davidson Pearce a obtenu celle de Fiat Auto. I1 ne faut toutefois pas conclure de cette domination soutenue des "vingt grandes'' agences que l'industrie est complètement statique. A la périphérie de ce noyau central d'agences bien établies gravite un ensemble dynamique d'agences plus modestes et plus récentes dont les meilleures finiront peut-être par rejoindre les rangs des plus grandes, comme l'ont fait Collet Dickenson, Allen Brady Marsh et Saatchi and Saatchi. Ces deux dernières années ont vu s'accroItre l'activité de ce secteur périphérique P la suite de deux déplacements de clientèle liés entre eux. D'abord, plusieurs agences nouvelles ont été établies par d'anciens cadres expérimentés de grandes agences qui les ont quittées pour créer leur propre affaire entraînant à leur suite d'importants clients. L'un des exemples les plus connus est celui de Grandfield Rork Collins (CRC) , agence fondée en 1979 par trois anciens dirigeants de McCann-Erickson (y compris son président Nigel Grandfield) qui, en quittant cette société, ont réussi B emporter avec eux la clientèle des supermarchés Tesco. Cependant, afin de réduire leurs frais ghéraux, plusieurs de ces agences "transfuges" ont débuté sans service médias, ce qui a permis le développement de "boutiques médias" (media shops) indépendantes, spécialisées dans l'achat de temps et d'espace dans les principaux médias. En raison de la récente prolifération de débouchés dans les médias due à l'expansion continue des radios commerciales locales, le lancement imminent de la quatrième chafne de télévision et l'avècement de nouveaux médias comme le télétexte, la vidéo et les satellites, la publicité "médias" devient un travail de plus en plus complexe et spécialisé, et les "boutiques médias" affirment que, comme c'est leur unique fonction, elles sont en mesure d'offrir un service meilleur et plus complet que l'agence de publicité classique. Ces maisons se sont certainement étendues rapidement et leur nouvel organisme professionnel, l'Association of Media Independents, a annoncé que ses membres avaient fait en 1 9 6 1 un chiffre d'affaires total de publicit6 de 234 millions de livres, soit plus que le total des deux principales agences, Saatchi and Saatchi et J. Walter Thompson. Le développement des "boutiques médias" spécialisées et la décision de Saatchi d'investir dans les sociétés de distribution par câble et Satellite moctrent comment l'industrie publicitaire répond aux défis des Eouveaux médias et aux possibilités qu'offrent les nouvelles techniques de communication (Murdock). 23 L'expansion de la publicité transnationale en Amérique latine Bien que les agences de publicité américaines aient ouvert leurs premières succursales outremer dès 1890, cette expansion s'est limitée pendant la première moitié du XXe siècle 2 l'ouverture de quelques agences dans quelques pays. La transnationalisation des agences de publicité américaines date essentiellement des années 6 0 et du début des années 70. Une étude portant sur quinze grandes agences transnationales montre qu'en 45 ans, de 1915 1 1959, elles ont ouvert au total 5 0 bureaux 2 l'étranger, alors qu'au cours des douze années suivantes, de 1950 b 1971, elles en ont ouvert ou acheté 210 (Weinstein, 1973). D'après une estimation, le chiffre d'affaires total des agences- transnationales américaines en dehors des Etats-Unis et du Canada s'élevait en 1960 B 380 millions de dollars (Miracle, 1966, p. 56). En 1977, le revenu brut de leurs publicités 1 l'étranger atteignait au total 755,8 millions de dollars et, la même année, le chiffre d'affaires étranger des dix plus grandes agences représentait 49 % de leur chiffre d'affaires total. (Fejes, 1982). Aujourd'hui, cette tendance 5 s'étendre b l'étranger reprend. Confrontées dans leurs propres pays B des monnaies faibles et b des économies déprimées, les agences américaines et européennes se soct remises en quête de fusions et d'achats 5 l'étranger, et l'Amérique latine, malgré une inflation galopante et des monnaies en chute libre, constitue aujourd'hui le principal lieu d'expansion de l'industrie publicitaire (Advertising A s , 19 avril 1982, p. M-8). L'importance de l'Amérique latine pour l'expansion des agences publicitaires américaines est le reflet de son importance historique pour l'investissement économique des Etats-Unis. En 1945, les investissements des Etats-Unis dans l'industrie manufacturière latino-américaine représentaient environ 14 % des investissements nord-américains dans la région. En 1977, sur un total de 18.7 milliards de dollars d'investissements américains, les investissements dans le secteur manufacturier atteignaient au total 9,3 milliards de dollars, soit 5 0 % des investissements totaux des Etats-Unis dans la région (US Department of Commerce, cité dans Fejes, 1982). La montée des sociétés transnationales observée après la Seconde Guerre mondiale répondait 2 la fois au besGin d'accroître encore les possibilités d'investissement et 2 celui de produire et commercialiser des biens de consommation et des biens industriels, principale forme de l'activité économique. Bien qu'il soit difficile d'évaluer le montant des dépenses de publicité réelles d'après les statistiques disponibles, en raison du problème posé par. les spirales inflationnistes de l'économie mondiale, on peut affirmer avec certitude que le volume 24 absolu de ces dépenses a augmenté rapidement dans toutes les parties du monde, et en particulier dans les pays en développement oÙ les taux de croissance et de profit de la publicité sont plus élevés que dans les pays développés. Entre 1960 et 1964, par exemple, le volume de la publicité a augmenté de 26 % dans quatorze grands pays industriels, mais de 5 0 % dans 18 pays en développement, notamment en Colombie, au Costa Rica, en Equateur et au Pérou (Wells, 1972, p. 127). A la suite de l'expansion rapide de la publicité en Amérique latine, trois pays de la région figurent maintenant aux côtés des Etats-Unis, de l'Europe et du Canada parmi les 2 0 plus grands marchés publicitaires du monde (tableau 10). Comme le montre le tableau 11, les pays en développement comptent pour environ 8 % des dépenses mondiales en publicité, et l'Amérique latine à elle seule pour environ 4 %.Mais l'analyse des activités des principales agences transnationales fait appara?tre l'importance réelle du march& latino-américain de la publicité. Si la plupart des agences font la majorité de leurs affaires aux Etats-Unis, elles en tirent une part relativement réduite de leurs bénéfices. Des diverses régions du monde, ce sont les marchés de la publicité latino-américains qui rapportent dans l'ensemble les plus gros bénéfices par rapport au chiffre d'affaires. C'est vrai en particulier pour International Needham, SSC et B Lintas et Ogilvy and Mather (Janus, 1980, p. 133). La plupart des grandes agences transnationales américaines ont des bureaux dans un ou plusieurs pays d'Am6rique latine. Le tableau 12 présente le réseau latinoaméricain des bureaux de ces agences. I1 semble que les agences se soient partagé le "gâteau" du marché publicitaire latinoaméricain p2r rggion géographique : McCannErickson a pratiquement le contrôle de la publicité en Amérique centrale, tandis que J. Walter Thompson et Kenyon and Eckhardt se partagent les pays andins et le Cône sud. Les Caraïbes sont réparties entre Compton, Kenyon and Eckhardt et McCannErickson. Les plus gros marchés, le Brésil et le Mexique, offrent assez d'affaires pour supporter la concurrence de plusieurs agences. Si l'on admet que le nombre total de bureaux étrangers donne une indication sur l'importance de la présence d'agences transnationales en Amérique latine, on constate que ce sont le Brésil et le Mexique et, dans une moindre mesure, l'Argentine, le Venezuela et Porto Rico qui connaissent la plus grande pénétration publicitaire transnationale. Les années 6 0 ont vu une augmentation considérable des investissements et des .dépenses publicitaires des agences transnationales en Amérique latine. Le tableau 13, établi d'après des renseignements tirés de l'étude annuelle d'Advertising& sur les agences de publicité, résume l'augmentation 2 la fois du chiffre d'affaires et Tableau 10. Les v i n g t p l u s grands marchés mondiaux de l a p u b l i c i t é Recettes publicitaires b r u t e s 1981 Pays Recettes publicitaires b r u t e s 1980 (en m i l l i o n s de d o l l a r s ) Etats-Unis d'Amérique Japon Royaume-Uni République €éd. d'Allemagne France Australie Brésil Canada Italie Pays-Bas Afrique du Sud Suède Mexique Espagne Belgique Suisse Argentine Finlande Norvège Danemark Augmentation en % 1981 I 4.670,O 948 ,5 449,3 316,4 244,O 168,4 86,4 114,4 71,6 88,8 59,6 66,l 46,2 43,l 51,3 5.189,5 1.020,2 521 ,O 323,6 286,3 206,6 205,2 137,l 94,2 91,2 79,9 72,2 65,7 56,3 55,O 54,l 52,l 48,9 35,4 24,7 Inflation ll,o 7t6 16,O 2,2 17,O 23,O 137,7 19,8 31,5 2J 34,O 9,o 42,O 31,O 713 10,7 148,5 16,4 13,O 713 48,8 21,o 42,O 31,3 23,2 8,9 4,3 12,o 14,O 12,o 11,3 100,7 12,l 17,9 7,2 13,9 9,2 28,7 14,4 8,l % % % % % % % % % % 8 % % % 6,6 % 131,3 12,o 11,9 12,2 % % % % % : Morgan Guarantee T r u s t Co. New York. L e s c h i f f r e s des r e c e t t e s b r u t e s de 1980 o n t é t é r e c a l c u l é s aux t a u x de change a c t u e l s . Les t o t a u x annuels f l u c t u e n t s e l o n l e nombre d'organismes q u i o n t communiqué l e u r s c h i f f r e s . Source : A d v e r t i s i n g Age, 19 a v r i l 1982. Tableau 11. Dépenses p u b l i c i t a i r e s p a r r é g i o n géographique, 1979 Régions T o t a l des dépenses publicitaires pour 1979 Pourcentage des Dépenses p a r h a b i t a n t dépenses mondiales dans les pays pour chaque r é g i o n considérés ( e n m i l l i o n s de d o l l a r s ) Etats-Unis e t Canada 52.612,3 214,48 54 Europe 26.740,5 76,GO 27 Japon 8.851,O 76,37 9 A s i e ( 2 l ' e x c e p t i o n du Japon) 1.674,3 1,45 2 Amérique l a t i n e 4.154,7 12,14 4 A u s t r a l i e e t Nouvelle-Zélande 1.925,7 110,04 2 Moyen-Orient e t Afrique 1.531,9 3,12 2 I T o t a l , Monde/ 1 97.490,4 37,20 100 25 Tableau 12. R é p a r t i t i o n géographique des bureaux i n t e r n a t i o n a u x des grandes agences a m é r i c a i n e s en Amérique l a t i n e (1977)Ll a, c, c, a, G TOTAL a, ’ Mexique x Guatemala x Honduras E l Salvador Costa Rica Nicaragua Panama Colombie 17~nezuela x Equateur Pérou X Brésil x Paraguay x Chili X Argentine x Uruguay x P o r t o Rico x République dominicaine T r in i t é Jamaïque Barbade Bermudes TOTAI. x x x x x x x x x 13 2 1 x x X X X X 1 1 1 1 4 8 1 X X X x x x x x x X X x x X X X X x x x x x X X x x X X X X X x x x X X X X 3 12 3 2 8 2 X x x x X X x X 8 X 2 5 4 2 1 X x x x x x X X X X X X 10 5 1 9 X 6 4 3 O 4 1 3 2 1 2 710 1 O 4 2 O O 1 85 Tableau 13. C h i f f r e s d ’ a f f a i r e s des agences t r a n s n a t i o n a l e s a m é r i c a i n e s de p u b l i c i t é en Amérique l a t i n e , 1960-1977, e n m i l l i o n s de d o l l a r s . (Nombre de bureaux e n t r e p a r e n t h è s e s ) 1960 - 1964 Argentine - (2) 10.3 (5) Brésil 15.0 (3) 16.1 (5) Chili - (1) 5.0 (4) Colombie 3.0 (3) Costa Rica .5 (1) Equateur - (1) E l Salvador . 3 (1) Guatemala 1.5 (2) Honduras Mexique 4,O (6) 19.7(14) Nicaragua - (1) - ( 2 ) Panama (2) - (2) Pérou - (1) -4 (2) Uruguay - (2) 6.9 (7) Venezuela - TOTAL Augmentation du c h i f f r e d’a f f a i r e s T o t a l en % * En 1968 23.9 ( 8 ) 42.2 (8) 6.3 ( 5 ) 2.6 (3) ’ .6 (1) .8 (1) .7 (2) .9 (2) .3 (1) 51.5(18) .4 (1) 1.6 (2) 4.2 (4) .4 (2) 32.5 ( 8 ) 1970 41.7(10) 78.3(10) 9.0 (4) 6.2 (5) 1.3 (1) 1.1 (1) 1.0 (1) 1.4 (1) .8 (1) 63.3(17) .9 (1) 2.6 (2) 5.9 (4) 1.0 (2) 43.0 (9) 1972 33.5(10) 92.7(11) .3 (2) 6.4 (5) 1.8 (1) 1.3 (1) .9 (1) 1.8 (1) .5 (1) 74.1(14) 1.0 (1) 2.4 (3) 6.2 (4) .3 (2) 40.9 ( 8 ) 1974 1976 10.9 (7) 29.7 (6) 168.3(14) 174.3(12) .4 (2) 4.1 (1) 6-8 (4) 9.2 (3) 1.4 (1) 2.4 (2) 1.3 (2) 2.0 (1) - 5 (1) 1.0 (1) 2.3 (2) 4.1 (2) .3 (1) .8 (2) 88.9(14) 76.0(10) .8 (1) .9 ( 2 ) 1.8 (2) 2.6 (2) 8.3 (4) 6.2 (2) .6 (2) .7 (2) 39.8 (7) 57.4 (8) 1977 44.6 (6) 239.0(12) 6.7 (1) 11.4 (3) 2.9 (2) 3.1 (1) 1.6 (1) 5.7 (2) 1.6 (2) 62.5(10) 1.1 (2) 3.4 (2) 1.2 (2) 8.1 (2) 69.8 (8) 19. O (18) 63.7 (49) 168.9 (66) 257.5 (69) 265 .O (65) 332.4 (65) 371.4 (56) 462.7 (56) 235 165 52 3 26 12 25 1960 e t 1964, c e r t a i n e s agences m u l t i n a t i o n a l e s n ’ o n t p a s comuniqué l e u r c h i f f r e d’a f f a i r e s . Source : Fred F e j e s , “ M u l t i n a t i o n a l A d v e r t i s i n g , a n d t h e T h i r d World : The Case of L a t i n America”, m a n u s c r i t , 1982. 26 du nombre de bureaux des agences publicitaires transnationales américaines en Amérique latine (on n'a pris en considération que le premier bureau ouvert dans chaque pays). I1 y avait en 1960 18 bureaux d'agences transnationales, faisant un chiffre d'affaires total d'environ 19 millions de dollars. Ces chiffres correspondent essentiellement à la présence des agences J. Walter Thompson et McCannErickson, qui avaient toutes deux implanté des bureaux en Amérique latine avant la Seconde Guerre mondiale. En 1970, le nombre total de bureaux d'agences transnationales s'établissait h 69, avec un chiffre d'affaires total d'environ 257,5 millions de dollars, soit plus de 1 3 fois le montant de 1960. En 1977, le chiffre d'affaires total des agences transnationales avait atteint 462,7 millions de dollars, soit une augmentation d'environ 8 0 % par rapport B 1970, alors que le nombre de bureaux était descendu 1 56, ce qui témoigne du développement continu du chiffre d'affaires des agences et du processus de regroupement de certaines agences. Bien que les agences transnationales déploient leurs activités dans tous les pays d'Amérique latine h l'exception du Paraguay, le gros de leurs affaires est concentré au Bréil, au Venezuela, au Mexique et en Argentine, le chiffre d'affaires total pour ces quatre pays représentant environ 90 % du chiffre d'affaires total réalisé par les agences transnationales en Amérique latine en 1977. En outre, parmi les agences transnationales, la majeure partie du chiffre d'affaires était, B la même date, le fait des grandes agences. Bien qu'il y eût, en 1977, quinze agences transnationales implantées en Amérique latine, les cinq plus grandes J. Walter Thompson, McCann-Erikson, Kenyon and Eckhardt, Leo Burnett et Grey Advertising - concentraient entre elles 66 % du chiffre d'affaires de publicité et 6 4 % des recettes totales de l'ensemble des agences transnationales. Les deux plus grandes agences, J. Walter Thompson et McCannErickson, réalisaient ensemble 40 % du chiffre d'affaires de publicité total et 39 % des recettes totales des agences transnationales d'Amérique latine (Fejes, 1982). Les chiffres d'affaires correspondant aux différents pays ont parfois connu des périodes de fléchissement dues souvent B des dévaluations de la monnaie locale (comme au Mexique en 1976) qui réduisent le montant en dollars des chiffres d'affaires communiqués. I1 importe toutefois de souligner que si, dans l'ensemble, le développement de la publicité transnationale en Amérique latine a été continu, on note des différences sensibles entre les pays. Si l'on examine chaque cas séparément. on constate que la pénétration de la publicité transnationale n'a pas toujours augmenté de façon continue et régulière mais qu'elle a plutôt reflété les fluctuations politiques et économiques du pays considéré. Si ces évolutions varient considérablement, une analyse des différents pays montre que la grande période de croissance de la publicité transnationale correspond 1 la période de croissance intense de l'industrie manufacturière caractérisée par une transnationalisation accrue de l'économie." Le Brésil et le Chili sont représentatifs de deux modes d'évolution de la publicité transnationale. distingue trois Portales (1981) grandes périodes dans la pénétration de la publicité transnationale au Chili : ( 1 ) la période de substitution des productions nationales aux importations (période des années 60) ; (2) la période du gouvernement d'Unité populaire (1971-1973) ; et ( 3 ) le modèle néolibéral d'économie ouverte (de 1974 à aujourd'hui). Pendant la première période, la publicité représentait environ 0,s % du PNB, chiffre bien inférieur B celui des grands pays industriels et h celui des autres pays d'Amérique latine. Au cours de ces années, la publicité a connu une croissance régulière reflétant celle de l'économie mais est restée soumise h des facteurs contradictoires. Les facteurs favorables à son développement ont é t é notamment l'augmentation de la production de biens de consommation durables (automobiles, matériel électronique, appareils ménagers, etc.), sous le couvert d'une politique gouvernementale protectionniste, et l'essor de la télévision. Les facteurs qui ont entravé le développement de la publicité pendant cette période ont été : le faible taux de croissance industrielle et la politique des pouvoirs publics limitant l'usage des mass media pour la publicité. Sous le gouvernement d'Allende, l'accroissement rapide de la masse monétaire, la politique redistributive de 1'Etat et l'accessibilité accrue de tous les biens de consommation rendirent la publicité superflue, et le pourcentage représenté par celle-ci par rapport au PNB diminua donc rapidement. En 1975, alors que l'industrie publicitaire se ressentait encore des effets des années Allende, ce pourcentage était tombé 2 0,26 % (Portales, 1981). Ce chiffre peu élevé montre aussi que sous le gouvernement Allende. beaucoup d'agences transnationales quittèrent le Chili en raison de ce qu'elles considéraient comme "un climat politique et économique déf avorable'' L'évolution de l'industrie publicitaire a été, en revanche, très diff5i:nte après 1975. Entre 1975 et 1980, le volume des dépenses de publicité est passé de 0,26 % h 1,31 % du PNB, plaçant le Chili parmi les premiers pays du monde pour le rapport de la publicité au PNB (Portales, 1981). Les principales causes de cette croissance phénoménale sont les suivantes : l'ouverture de l'économie au commerce, le développement des secteurs industriels producteurs de biens et de services, le taux de croissance et la concurrence intérieure, ainsi que l'offre et la demande de . 27 temps et d'espace publicitaires dans les médias. Pendant cette période, la politique économique du gouvernement a notamment abouti 1 une augmentation de 469 % de l'importation de biens de consommation non essentiels par rapport aux chiffres de 1970 (Portales, 1 9 8 1 ) . Cette augmentation fut particulièrement sensible pour les produits dont l'importation était auparavant rendue impossible par la politique protectionniste : les parfums, les postes de télévision et les boissons alcoolisées principalement. La publicité est en effet le principal outil de promotion de ces articles. En outre, dans le même temps, le gouvernement d6veloppa sensiblement son activité d'annonceur, achetant du temps d'antenne dans les grands médias nationaux pour faire connaTtre les nouveaux services qu'il offrait en matière de santé, d'éducation, de logement et pour promouvoir l'image d'un r6gime qui se présentait comme supérieur à celui d'Allende. C'est pendant cette troisième et dernisre période de l'histoire économique et politique du Chili que les agences transnationales de publicité ont prospéré. L'histoire de la publicité au Brésil a suivi un cours différent. Mattos ( 1 9 8 2 ) distingue trois grandes étapes dans cette évolution : (1) le stade "professionnel", de 1914 à 1950 ; ( 2 ) la phase "industrielle", de 1950 à 1964 ; et ( 3 ) la phase actuelle, de 1964 à aujourd'hui. Pendant la première période, deux des premières agences américaines à se "transnationaliser", J. Walter Thompson et McCann-Erickson, ouvrirent des bureaux au Brésil 2 l'intention de leurs gros clients. A l'époque, la publicité intercationale consistait essentiellement à traduire les annonces publicitaires envoyées par les bureaux situés aux Etats-Unis. Ce fut une période de croissance urbaine e t d'industrialisation rapides dans le cadre d'un programme de modernisation intense. La politique de substitution de productions nationales aux importations pratiquée par le Président Vargas de 1937 1 1945 allait dans le sens du développement des industries locales en biens de consommation, ce qui offrit un important stimulus P la publicité. Le développement rapide de la radio comme support publicitaire national contribua également 5 son essor. Au cours de la seconde période, qui fut aussi une période d'industrialisation intense, les investissements étrangers furent encouragés dans la plupart des secteurs de l'industrie brésilienne. Les marchés urbains se développsrent rapidement, facilitant la consommation de la production industrielle en expansion et attirant les investisseurs étrangers. A l'époque, les principales agences et les grands annonceurs étaient pratiquement tous des societes trmsriationales. Les agences brésiliennes locales commençaient alors 3 démarrer mais s'inspircierlt étroitement des techniques et de l'organisation des géants 28 américains. C'est aussi pendant cette période que la télévision fit une entrée massive dans les foyers brésiliens. La troisième phase de l'industrie publicitaire brésilienne correspond à la période nationaliste, oÙ les gouvernements militaires ont entrepris de faire du Brésil un pays capitaliste avancé en encourageant les investissements brésiliens dans les principaux secteurs de l'économie, y compris la publicité et les moyens d'information de masse. Les entreprises br&siliennes figurent sur la liste des principaux annonceurs et les agences brésiliennes de publicité sont devenues les plus importantes et les plus dynamiques depuis la décision des pouvoirs publics de confier exclusivement 1 des agences locales les annonces du gouvernement. Les agences transnationales continuent 1 se développer sur le plus grand masché d'Amérique latine mais, contrairement à ce qui s'était passé pendant la seconde phase, elles -n'opèrent plus librement et ne constituent plus la force dominante de la publicité brésilienne. En Argentine, l'évolution de la situation politique et économique a également influencé la croissance de la publicité. Le chiffre d'affaires des agences transnationales en Argentine est brutalement tombé de 41,7 millions de dollars en 1970 1 1 2 , 6 millions en 1 9 7 5 . Ce fléchissement est dÛ P plusieurs facteurs, 'notamment au taux élevé de l'inflation en Argentine au cours de cette période, 1 une série de dévaluations, au climat instable offert aux investissements étrangers ainsi qu'l une loi adoptée pendant la brève durée du gouvernement Campora qui a limité l'étendue de la participation des agences publicitaires transnationales dans les agences d'Argentine. Cependant, mars 1976 allait porter au pouvoir um Souvernement resolu 2 prendre des mesures énergiques pour crGrr u11 climat économique plus favorable aux investissements étrangers (Business Week, 1 9 7 6 ) . En 1 9 7 7 , le chiffre d'affaires des agences transnationales était remonté à 44,6 millions de dollars (Fejes, 1 9 8 2 ) . Comme cela avait été le cas au Chili, le gouvernement argentin a fait appel aux services de Burson Marsteller, le service de relations publiques de la grande agence transnationale de publicité Marsteller Inc., pour l'organisation d'une campagne d'ampleur mondiale destinée P améliorer l'image du gouvernement dans l'opinion (Jacobson, 1978). Ainsi, la publicité est devenue dans l'economie de -nombreux pays d'Amérique latine un secteur en rapide croissance ; plusieurs de ces pays ont un volume d'affaires de publicité aussi élevé que certains pays développés. L'Amérique latine constitue un champ d'investissement lucratif pour les grandes agences transnationales, qui ont étendu leurs réseaux et qui dominent désormais l'industrie publicitaire de tous les pays de la région à l'exception du Brésil !Janus). La publicité des sociétés transnationales en Inde En Inde, sur 1 7 sociétés ayant des dépenses de publicité supérieures A 10 millions de roupies, neuf étaient des sociétés transnationales. Ces sociétés font beaucoup de publicité dans tous les médias pour leurs produits, qui vont des biens de consommation immédiate ou des biens de consommation durables aux produits intermédiaires et mécaniques. Une proportion considérable des annonces qu'elles insèrent dans la presse le sont dans le cadre de campagnes de prestige visant à donner à la population et au pays une image favorable de leurs services. Ce sont 11 peut-être les meilleurs exemples d'annonces institutionnelles efficaces, conçues par des professionnels compétents. Pour mieux faire comprendre la cause et le but de ces campagnes publicitaires des sociétés transnationales, il est utile de rappeler comment ces sociétés se sont implantées en Inde. L'activité effective des sociétés étrangères en Inde remonte 1 l'East India Company, qui ouvrit la voie P la domination britannique. A l'époque de l'indépendance. en 1947, de nombreuses sociétés étrangères, britanniques pour la plupart, travaillaient dans le pays par l'intermédiaire de leurs filiales. Le débat sur le rôle des sociétés étrangères dans l'économie indienne, qui avait commencé bien avant la libération du pays, s'intensifia. La sensibilité politique aux forts bénéfices réalisés et rapatriés par les sociétés transnationales et l'attitude du gouvernement à l'égard du capital étranger mettaient ces sociétés dans une situation peu confortable. Un nombre de plus en plus grand de filiales se convertirent en sociétés indiennes. Ce processus d'indianisation des filiales étrangères fut accéléré par la promulgation du Foreign Exchange Regulation Act (FERA) (loi sur la réglementation des changes) en 1973. Le FERA obligeait les filialei étrangères implantées en Inde 5 devenir des sociétés indiennes travaillant en roupies. Le FERA n'excluait cependant pas toute participation étrangère dans ces sociétés. L'objectif de la loi n'était pas de classer les capitaux étrangers du marché indien mais d'orienter les capitaux étrangers déjà présents ou nouveaux vers ce qu'on appelait les secteurs prioritaires. Or, le capital étranger ne s'intéressait pas à ces priorités. Ce que souhaitaient les sociétés étrangères, c'était la liberté et la possibilité d'investir dans les secteurs les plus lucratifs, quels qu'ils soient, en Inde ou ailleurs. Elles ne tenaient guère 2 apporter de l'étranger des capitaux frais ou des technologies nouvelles. Les nouveaux apports de capitaux Ctrangers n'ont représenté entre 1956 et 1975 qu'l peine 5,3 % des investissements de croissance faits par les entreprises étrangères. Le reste provenait de ressources intérieures. Ces nouveaux apports de capitaux étrangers ne couvraient même pas le coût en devises de leurs programmes d'expansion. Ces sociétés ne dépensaient pas de devises même lorsqu'elles étendaient leurs affaires sur le marché indien. Pour sortir de l'impasse provoquée par le maintien des secteurs prioritaires, le gouvernement modifia la réglementation du FERA, la dilution des participations étrangères étant en soi considerGe comme suffisante pour l'expansion. Cette mesure eut un effet immediat. Les sociétés étrangères se ruèrent sur des secteurs non prioritaires à haute rentabilité, c o m e l'hôtellerie, les détergents, les produits pharmaceutiques, l'industrie alimentaire, etc. Les sociétés transnationales profitèrent ainsi pleinement de l'occasion - sans apporter de l'étranger ni capitaux frais ni technologies nouvelles. Les réserves accumulées en Inde ont été réinvesties dans les secteurs rentables. Ces invesissements, faits à l'aveuglette, vont 1 l'encontre de la politique de planification du pays selon laquelle les ressources doivent servir en priorité iì satisfaire les besoins économiques et sociaux du pays. Les sociétés pharmaceutiques, en particulier, ont été fortement critiquées pour "avoir multiplié démesurément le nombre des spécialités pour certains médicaments, dans le dessein de s'emparer d'une plus grosse part du marché pour un même produit pharmaceutique". Sur plus de 20.000 formulations disponibles sur le marché, on estime l 93 % la proportion de celles qui sont e.ntre les mains de sociétés transnationales, et 1 6 % seulement celles du secteur public de l'industrie pharmaceutique ! I1 y a 15.000 spécialités pharmaceutiques en vente sur le marché indien contre 14.000 aux Etats-Unis. Une commission gouvernementale chargée d'étudier l'industrie pharmaceutique en Inde a jugé que 115 spécialités suffiraient pour répondre aux besoins de santé essentiels du pays. La publicité de la plupart de ces médicaments se fait directement par la poste et par d'autres moyens auprès des membres des professions médicales et des pharmaciens. Les produits vendus sans ordonnance comme Vicks Vaporub, Coldarin, Halls, Vocacil, Aspro, Rubex, etc., font Ggalement l'objet, et avec succès, d'une intense publicité. La consommation de médicaments par habitant atteint en Inde environ 18 roupies par an. Soixante pour cent de ces produits sont vendus aux 20 % de la population habitant les zÔnes urbaines, qui sont les plus sensibles à l a publicité des médias, quels qu'ils soient et les plus faciles à atteindre. L'opposition que suscitent les sociétés transnationales est indépendante de l'affiliation politique : non seulement les partis notoirement de gauche, mais plusieurs autres formations politiques les accusent d'être des forces antinationales occupées b fabriquer des produits qui répondent aux besoins de la couche la plus aisée de la population et faussent l'orientation du développement socio-économique du 29 pays. Voici un commentaire explicite sur la nature de l'activité industrielle des sociétés transnationales, qui révèle ce qu'en pensent leurs détracteurs. L'auteur décrit en ces termes la place que tiennent les sociétés transnationales dans la vie quotidienne d'un citoyen indien appartenant aux classes moyennes ou supérieures de la société : "Dès qu'il se lève le matin, il prend sa brosse 1 dents Colgate sur laquelle il étale du dentifrice Colgate (produits tous deux par Colgate Palmolive , India Ltd. , filiale d'une société amgricaine du même nom), pour la cérémonie matinale du brossage des dents, qui est précédée ou suivie d'une tasse de thé conditionné et distribué par Lipton (société contrôlée par Unilever) ou Brooke Bond (filiale d'une société britannique). Le thé a été préparé sur une cuisinière allumée 2 l'aide d'une allumette fabriquée par WIMCO, firme suédoise. Après cela, il utilise sa crème à raser Palmolive puis sa lotion après-rasage du même fabricant. Sa lame de rasoir est soit une Ersamic (de Hindustan Lever, filiale d'Unilever) fabriquée en collaboration avec une société étrangère avec de l'acier inoxydable fourni par le collaborateur étranger. Pour son bain, il utilise du savon Lux ou Rexona (Hindustan Lever). Pour ses cheveux, il emploie une lotion capillaire à la vaseline produite par Ponds. A son petit déjeuner, il prend du pain de mie grillé Britania, produit de la Britannia Biscuit Company (filiale de la société britannique), qu'il arrose d'une tasse de son "Nescafé" favori - un produit Nest16 de Suisse. Pour se rendre 1 son usine ou 2 son bureau, il revêt un costume de térylène, tissu mélangé qui est certainement P base de "Terene" fabriqué par Chemicals and Fibres India Ltd., (Une filiale de ICI). I1 doit prendre un autobus Leyland ou bien une Tats-Mercedes Benz équipée de pneus fabriqués par Goodyear, Dunlop ou Firestone. Au bureau, il é m i t beaucoup, avec de l'encre Parker Quink ou sa variante Chelpark, et se rafraîchit avec du Coca Cola. Pour obtenir les chiffres et les données dont il a besoin, il consulte un ordinateur loué 1 IBM. ICL, et ses rapports sont tapés sur une machine 2 &rire Remington. Le soir, en rentrant chez lui, il prend une tasse de Bournvita, un produit Cadbury's. Lorsqu'il emmène s e s enfants en promenade, ceux-ci lui réclament du chocolat Gadbury's ou de 1'Amul Chocolate, qui est fabriqué sous licence étrangère. I1 fume des cigarettes fabriquées par l'India Tobacco Company, filiale de British-American Tobacco Company ; mais un ami lui conseille d'essayer les Charminar de Vazir Sultan, qui a des rapports privilégiés avec India Tobacco. Pour les grandes occasions, il se rend 1 des déjeuners organisés par ses amis dans l'un des hatels de l'India Tobacco Company, Chola ou Maurya, ou P 1'0beroiSheraton. Le soir, sa femme dresse la table 30 pour le dîner avec des couverts fabriqués en collaboration avec une société étrangère et lui sert des pooris frits dans de l'huile Dalda de Hindustan Lever. I1 va se coucher sur un matelas "dunlopillo", produit par Dunlop, après avoir pris, s'il a dépassé 45 ans, du Digene de Boots ou du Celucil de Warner Hindustan. S'il souffre d'insomnie, il absorbe du "Valium" de chez Roche. Pour sa femme il achète naturellement les meilleurs cosmétiques ; de la crème de beauté Ponds, fabriquée par Chesebrough Ponds Inc. USA, et de la poudre fabriquée par la même maison, ainsi que du rouge 2 lèvres de Max Factor. Sa f e m e utilise pour faire la cuisine une cocotte "Hawkins" ou ''Killicks", fabriquée sous licence étrangère. Lorsque son mari n'est pas là, elle fait de la couture avec une machine à coudre Singer ou lui tricote un pull-over ou un gilet avec une machine 1 tricoter Singer (bien que fabriquées par Merritt, ces machines sont commercialisées par Singer). Lorsqu'elle veut se reposer ou se distraire, elle allume la radio ou la télévision fabriquée par Philips/Murphy/GEC. Pour sa lessive, elle utilise bien entendu "Surf" de Hindustan Lever ou Rin de la même maison. Lorsqu'elle va faire des courses, elle n'oublie pas d'acheter des chaussures ou des sandales "Bata" pour son mari ou ses enfants. Si elle a mal à la tête, comme c'est souvent le cas, elle prend du Saridon de chez Roche ou du Crocin suivant la prescription de son médecin" (Goyal, S.K.). Depuis lors, Coca Cola et ICM, mécontents de la politique du gouvernement, ont quitté l'Inde. Plusieurs autres sociétés ont diversifié encore davantage leurs activités dans les secteurs industriels mentionnés plus haut. C'est dans ce contexte qu'il faut considérer les campagnes publicitaires des sociétés transnationales pour en comprendre le sens. Toutes les publicités exploitent le thème de la contribution des sociétés transnationales au développement de l'Inde. Invariablement, elles se présentent comme des "sociétés indiennes" entièrement au service de l'économie indienne. Colgate Palmolive, India Tobacco Company, Brooke Bond, General Electric Compagny, Siemens, Peico Electronics and Electricals, International Computers Indian Manufacture Ltd., etc., ont insisté sur ce point dans leurs campagnes promotionnelles de ces deux dernières années. Certaines se réfèrent à des saints indiens dans leurs annonces pour se rendre plus crédibles et relient leurs produits à la sagesqe indienne traditionnelle. Elles citent les livres saints indiens pour prouver l'efficacité des plantes indiennes utilisées dans les dentifrices. Cet accent mis sur l'indianité apparart sans doute peu sérieux aux sceptiques mais très convaincant aux crédules et de toute façon la publicité ne -cherche pas b convertir les sceptiques. Conscients du ressentiment croissant d’une partie des fntellectuels, les sociétés transnationales adoptent des techniques ingénieuses pour se faire_ accepter de la population, et cela réussit. La réputation dont jouissent ces sociétés auprès de l’élite, démontrée par le succès que rencontrent leurs émissions de titres, peut raisonnablement être attribuée en partie au fait qu’elles réussissent, grâce à leur publicité, 1 se faire accepter du grand public. Ce ne sont pas les intellectuels qui investissent. Et d’ailleurs, ils ne sont guère nombreux (Pillai). 31 Chapitre 2 : La publicité et les médias Sans doute les médias imprim&, les médias électroniques et le cinéma se partagent-ils le marché de la publicité dans des proportions variables d'un pays à l'autre, mais il y a un dénominateur commun : dans tous les cas, les annonceurs cherchent à.toucher le plus vaste public possible et choisissent leurs médias en conséquence. Dans les périodes de prospérité, les annonceurs ont besoin de plus d'espace ou de temps dans les médias ; dans les phases de récession, les médias ont besoin de plus de publicité, mais le résultat est finalement le même : de plus en plus, les annonces publicitaires deviennent le message des médias. Les tendances d'évolution de la publicité dans les différents médias Dans le cas de la Grande-Bretagne, considérons d'abord les médias publicitaires les moins importants. Le tableau 1 4 fait apparaître une chute brutale de la part du cinéma dans les dépenses totales de publicité qui reflète la baisse spectaculaire de la fréquentation. Pendant et aussitôt après la guerre, le cinéma était l'une des grandes distractions, et la séance de cinéma était un événement hebdomadaire dans la vie de beaucoup de couples et de familles. En 1 9 4 5 , le nombre des entrées annuelles s'élevait 2 1.585 millions. En 1 9 5 8 , ayant baissé de plus de 5 0 %, il n'était plus que de 755 millions et en 1 9 6 4 , encore réduit de plus de moitié, il était tombé à 343 millions. Depuis lors, il a continué à diminuer et au milieu de 1 9 8 2 , les entrées sont restées pour la première fois dans les annales audessous du million par semaine. Ce déclin peut être attribué en grande partie P l'essor rapide, après 1 9 5 5 , de la télévision commerciale, source de distractions diverses plus commode et moins coûteuse pour le public des classes laborieuses qui, auparavant, fréquentait réguliGrement les salles de cinéma. Cette perte de spectateurs issus du grand public conduisit à une réorientation en direction du nouveau march6 des jeunes de moins de vingt ans, déjà repéré par les études de prospection de débouchés comme un secteur de croissance 32 à forte consommation. Le cinéma demeure important pour les annonceurs qui veulent toucher le public des jeunes par des campagnes visuelles d'une grande force d'impact, car elles échappent à certaines des restrictions frappant la publicité télévisée, comme l'interdiction de faire de la réclame pour les cigarettes. Contrastant avec le déclin du cinéma, le tableau 1 4 fait apparaître une modeste progression de la part de la radio dans les recettes publicitaires. La radio commerciale est apparue en Grande-Bretagne dans les années 30, oÙ des stations installées en Europe continentale commencèrent 2 émettre par-dessus la Manche pour lancer un défi au monopole officiel de la BBC en matière de radiodiffusion. Radio-Luxembourg, qui pouvait être captée dans une vaste portion de la région du sud de l'Angleterre englobant le marché londonien, d'importance primordiale, réussit particulièrement bien et, à la fin de la décennie, elle attirait un public assez nombreuxj surtout le dimanche, jour oÙ la BBC supprimait ses émissions récréatives pour éviter des difficultés avec le groupe de pression religieux. Juste avant le début de la guerre, les stations d'Europe continentale s'adjugeaient 3 % des budgets publicitaires, soit autant que l'industrie cinématographique. I1 leur fallut un peu de temps pour retrouver leur rythme d'activité normal après la guerre et, lorsqu'elles y furent parvenues, elles subirent, comme le cinéma, l'impact de la télévision. Et comme le cinéma, elles s'y adaptèrent en se réorientant vers le consommateur de moins de vingt ans. A Radio-Luxembourg, les anciennes émissions destinées aux familles c o m e les "Ovaltineys" (financée par Ovaltine, la boisson du soir) disparurent au profit de présentations de disques 2 l'américaine ("disc-jockey shows"), telles que le "Teen and Twenty Disc Club", en prise directe sur le nouveau marché des jeunes dominé par l'industrie naissante du ''rock and roll''. Au milieu des années 6 0 , ces stations allaient être rejointes par des stations pirates, comme Radio-Caroline, émettant depuis des bateaux au large des Tableau 14. Répartition en pourcentage, par média, des dépenses totales de publicité au Royaume-Uni (Pour certaines années de la période 1938-1980) Pourcentage des dépenses totales en I Médias Journaux nationaux Journaux régionaux Magazines et périodiques d'information générale Revues professionnelles et techniques Affiches et transports en commun Cinéma Radio Télévision Dépenses totales en millions de livres (aux prix courants) Source Nota - : : I 1938 1948 1953 1955 1958 1960 1970 : I 1975 1980 I 25 27 14 31 18 30 18 32 19 24 20 24 20 26 17 29 17 25 15 13 18 18 13 12 9 8 8 12 16 15 12 10 10 10 9 8 8 3 3 14 4 8 2 5 4 4 0,7 0,; - - - 59 79 138 Op7 9 2 016 1 176 6 2 O,4 19 249 2 013 22 323 1 2 27 554 I 2.562 967 D'après des renseignements fournis par 1 ' "Advertising Association". Tous les chiffres ont été arrondis à l'unité la plus proche, sauf dans le cas pourcentage est inférieur à un. côtes ou depuis des forts désaffectés et débitant de la musique pop vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour exploiter l'essor du marché des loisirs constitué par les jeunes qu'avaient déclenché les Seatles et les Rolling Stones. Ces stations "pirates'' furent déclarées illégales en 1968 mais elles avaient ouvert la voie 1 un réseau officiel de stations commerciales locales contrôlées par 1'"Independent Broadcasting Authority" (IBA), qui supervise aussi le système de télévision commerciale. Le réseau d'émetteurs est entré en service en 1973, avec l'ouverture des deux stations londoniennes, "Capital'' et LBC ; 2 l'heure actuelle, il en compte quarante et d'autres sont prévues, de sorte qu'8 la fin de la décennie, il couvrira toutes les grandes et moyennes agglomérations du pays. Des concessions de durée déterminée sont accordées pour chaque circonscription locale sur la base de la libre concurrence. Elles confèrent des droits exclusifs de radiodiffusion et de vente d-es tranches horaires de publicité 2 l'intérieur de la zone sous contrat, de sorte que chaque zone' n'ait qu'une station commerciale locale en concurrence avec le réseau de la BBC et les services locaux. La durée et le contenu de la publicité autorisée sont toutefois soigneusement contrôlés. Le temps réservé à la publicité est limité B un maximum de six minutes par heure en moyenne, réparties sur les émissions de la journée, et les textes des messages projetés sont soumis 5 l'approbation préalable de l'IBA, qui vérifie qu'ils sont conformes à son "Code des normes et pratiques de la publicité". Les émissions patronnées directement par un annonceur, selon le modèle courant aux Etats-Unis, sont interdites sur toutes les stations fonctionnant sur le territoire des 5 OÙ le îles britanniques, b la seule exception de Manx- Radio qui, émettant depuis l'í'le de Man, se trouve en dehors de la juridiction de 1'IBA. I1 n'empêche qu'en dépit de ces restrictions, la radio commerciale locale est devenue un support de publicité trZs accessoire, certes, mais non négligeable, dont les recettes publicitaires ont augmenté rapidement pendant les années 70 pour passer de 3 à 5 4 mi2lions par an (en prix constants de 1 9 8 0 ) , ce qui représente 2 % .des dépenses totales de publicité (et près du triple de la part du cinéma). Enfin, dernier des médias publicitaires mineurs, l'affichage sur la voie publique ou dans les transports en commun a vu sa part des dépenses totales diminuer sensiblement depuis le milieu des années 50, comme le tableau 14 permet de le constater. Auparavant, ce secteur avait pourtant connu un essor passager 2 ì'époque où des palissades avaient été dressées 5 la hâte pour dissimuler les ruines des quartiers bombardés dans les grandes villes et oh le rationnement du papier journal continuait à restreindre les possibilités d'insertion de placards publicitaires dans la presse. En conséquence, en 1 9 4 8 , ce secteur absorbait 14 % des dépenses publicitaires, soit plus que les magazines d'information générale et autant &e les journaux -nationaux représentant cette année-là 21 % des dépenses consacrées aux placards publicitaires, soit près du double de son niveau d'avant-guerre. Toutefois, dans la seconde moitié des années 50, l a ffn du rationnement du papier journal et l'avènement de la télévision commerciale devaient lui faire perdre rapidement du terrain et, en 1960, sa part avait baissé des deux tiers et était tombée 5 7 % des placards publicitaires, -niveau aux alentours duquel elle s'est maintenue 33 depuis lors. Néanmoins, il demeure un support important pour les campagnes télévisées. Puisque le temps d'antenne I la télévision et l'espace disponible sur les palissades et dans les transports en commun peuvent également être achetés 1 l'échelle régionale , des affiches reprenant les images en couleur des annonces télévisées peuvent constituer un appoint et un suivi utiles complétant la courte "exposition" assurée par les "spots" de la campagne télévisée par les expcsitions plus longues et répétées que permettent les supports extérieurs. Toutefois, malgré l'importance croissante de la t6lévision. le tableau 14 montre clairement que la presse reste le principal média publicitaire, les journaux .nationaux et regionaux représentant 42 % des dépenses totales de publicité et les magazines 16 %, contre 2 7 % pour la télévision, en 1980. Même abstraction faite de toutes les petites annonces classées, la presse demeure en tête pour la publicité sous forme de placards avec 52 X du total, contre 38 % à la télévision. De plus, comme le montre le tableau 15, bien que la télévision ail: plus ou moins pris la relève pour la promotion des articles conditionnés traditionnels tels que denrées alimentaires, articles de ménage et de toilette et produits pharmaceutiques, notamment, les journaux dominent encore les deux branches de ce secteur qui progressent le plus vite - le commerce de détail et les services industriels et firianciers - et continuent à se tailler la part du lion dans le cas du tabac. C'est la télévision commerciale ellemême qui est iì la source d'une partie de la hausse des dépenses de publicité, puisque son expansion a cohcidé avec le retour à 12 consommation de masse aprzs I n fin du rationnement. "Les années 1956 5 1960 auront été une période d'essor rapide pour la production et la commercialisation des articles de grande consommation" (Masson 1970 : 156) et pour le développement du réseau de télévision indépendante (ITV). En 1956, 9 % seulement des ménages ayant la télévision pouvaient recevoir 1'ITV ; en 1960, la proportion était passée à 78 % (Flash 1982 : 1 2 ) . Les sociétés fabriquact des produits tels que denrées alimentaires, dentifrices et produits d'entretien ont adopté avec enthousiasme ce -nouve2u &dia pour tLansmettre des réclames percutantes au lieu même oÙ les décisions d'achat Ftaierlt effectivement prises, c'est-à-dire au foyer. En cons6quence, vers le milieu des années 60, beaucoup des principales agences de publicité (surtout celles qui étaient américaines) avaient transféré de la presse à la télévision commerciale la majeure partie des dépenses de leurs clients en la matière. Pourtant, d'après certains observateurs, cela n'a pas nui 2 la presse autant qu'il y parait à première vue. Selon eux, la majeure partie des fonds 34 drainés par 1'ITV pour la publicité consistait en argent frais (comme l'indique l'accroissement de la part des dépenses de publicité dans le PNB, et non en ressources enlevées B la presse. Cependant, comme James Curran a raison de le faire remarquer, cette affirmation s'appuie sur les chiffres concernant la totalité du secteur de la publicité, qui englobent les dépenses relatives aux petites annonces classées et aux avis financiers, pour lesquelles la télévision n'est pas sur les rangs et dont l'expansion dissimule partiellement son impact. Les dépenses de publicité sous forme de placards sont plus significatives et, dans leur cas, 1'ITV s'est incontestablement adjugé une tranche de clientèle importante qui, autrement, serait allée à la presse (Curran 1981 : 48). En même temps, aux termes du Broadcasting Act, l'usage de la télévision, média, nouveau et important, était soumis à une série de restrictions impératives. La publicité était limitée 1 une moyenne de 'six minutes par heure ; les annonces ne pouvaient paraitre que groupées en "écrans" placés au début et 1 la fin d'une émission, ainsi qu'au milieu, pendant les pauses .dites "naturelles" ; leur contenu était soigneusement contrôlé pour réduire a.u minimum les effets antisociaux, et le patronage direct d'une émission était interdit. Néanmoins, l'avènement de la télévision commerciale a sans aucun doute exercé un impact sensible sur plusieurs branches de la presse. La première touchée aura été celle des magazines hebdomadaires populaires, qui faisaient appel au reportage photographique pour présenter 1 une grande masse de lecteurs des articles documentaires ou d'actualité. Cependant, 1 mesure que la télévision améliorait ses techniques de présentation des nouvelles et de l'actualité, les magazines se sont trouvés pris de vitesse et, entre 1957 et 1959, trois des DrinciDaux hebdomadaires illustrés - Picture Post, Illustrated et Everybody's - ont disparu. De même, le succès des émissions de 1'ITV auprès des femmes fut rude pour les hebdomadaires féminins. l'une des branches traditionnellement les plus solides de la presse : leur tirage global tomba de 10,18 millions en 1958 P 7,93 millions en 1961. En 1967, quatre de ces magazines seulement dépassaient le million d'exemplaires, contre sept en 1958. Cependant, B mesure que le marché des magazines d'information ,générale se r6tTécissâit, celui des publications spécialisées connaissait un essor rapide, facilité par la sophistication croissante des études de marché (cf. Curran 1981 : 52-3). Grâce aux enquêtes nationales classant les lecteurs d'après l'âge, le sexe et la classe sociale, dont les premières avaient été publiées en 1947 et qui au milieu des années 50, étaient entrées dans les moeurs, les prospecteurs de marchés pouvaient repérer les groupes aux besoins Tableau 15. R é p a r t i t i o n des r e c e t t e s p u b l i c i t a i r e s e n t r e les p r i n c i p a u x médias p a r groupe de p r o d u i t s (1 960) (pourcentages e n t r e p a r e n t h è s e s ) Recettes p u b l i c i t a i r e s en m i l l i o n s de l i v r e s s t e r l i n g pour : Groupe de p r o d u i t s Magazines d ’ i n f o r mation g é n é r a l e , suppléments en couleurs Télévision commerciale Magazines féminim Produits alimentaires e t a r t i c l e s de ménage 4 18 P r o d u i t s pharmaceut i q u e s e t de t o i l e t t e . Habillement 6 23 Boissons a l c o o l i s é e s 9 3 Edition, d i s t r a c t i o n s , gouvernement, éducat i o n , oeuvres de bienfaisance 9 2 M a t é r i e l de l o i s i r s 7 1 Commerce de d é t a i l 5 6 Automobile 9 - 15 1 Appareils ménagers 3 5 Vacances, voyages, transports 8 2 Equipement ménager, horticulture, agriculture 9 9 Tabacs, c i g a r e t t e s 10 5 Ventes p a r correspondance 15 5 109 80 M a t é r i e l de bureau, services financiers, industriels, i n s ti t u t i o n s Dépenses t o t a l e s en m i l l i o n s de l i v r e s s t e r l i n g (aux p r i x courants) 598 272 Source : A d v e r t i s i n g A s s o c i a t i o n . 35 desquels la télévision commerciale, orientée vers les masses, ne répondait pas d'une façon satisfaisante. L'un des premiers 2 être ainsi "découverts" aura été celui des moins de vingt ans, que Mark Abrams désignait comme un marché en expansion d'une importance capitale dans son ramtort .. souvent ciié de 1959,-The Teenage Consumer (Le consommateur de moins de vingt ans), publié sous l'égide du "London Press Exchange'', la première agence britannique du moment. Cette ''découverte" allait provoquer une avalanche de nouveaux magazines, les uns consacrés aux toutes neuves industries de la musique et de la mode des moins de vingt ans, d'autres s'adressant expressément aux adolescentes. Vers la fin des années 6 0 , la recherche ayant encore progressé, des enquêtes fournissaient régulièrement des profils détaillés de groupes caractérisés par leur mode de vie, ce qui a contribué 1 susciter une nouvelle vague de magazines s'adressant à des publics définis par leurs activités de loisir ou leur passe-temps favori. Les quotidiens populaires, lus surtout dans les classes laborieuses, ont eux aussi été touchés par l'essor de la télévision commerciale et par la hausse des prix de vente imposée par la montée des coûts de production. En conséquence, de plus en plus de lecteurs ont cessé d'acheter plus d'un journal par jour et les tirages ont baissé. En revanche, les journaux dits "sérieux" (comme le Times et le Guardian) n'ont guère été touchés par les programmes de 1'ITV destinés aux masses, et leurs ventes ont même augmenté de 14,5 % entre 1961 et 1975 (Murdock et Golding 1978 : 132). Comme le moxtre bien cet exemple, les tendances d'évolution sont plus complexes dans le secteur de la presse que ne l'indiquent les simples chiffres globaux et il'n'est donc pas inutile de les étudier un peu plus en détail (Murdock). permanente (soit 6.000 environ) sont utilisés régulièrement pour la publicité. Comme il est difficile de se procurer les copies et que certaines salles ne sont pas bien équipées pour la projection de films publicitaires, les annonceurs ne s'adressent qu'à un petit nombre de cinémas temporaires, et encore trop peu souvent. Le nombre quotidien de spectateurs de cinéma est estimé 2 12 millions de personnes en moyenne. Le nombre total de billets de cinéma vendus dans tout le pays a atteint 3 milliards en 1981, contre 2 milliards en 1971. Plus de 300 films publicitaires sont produits chaque année en Inde. Quelques-uns des plus grands producteurs de films artistiques travaillent pour la publicité, ce qui explique 'l'excellente qualité de certains films. Le nombre hebdomadaire moyen de projections d'annonces publicitaires dans la totalité des salles fonctionnant régulièrement était de l'ordre de 36.000 en 1981. La production de ces films a augmenté de 20 a 25 X au cours des dernières années. Dans les villes de plus de cent mille habitants, la demande des annonceurs dépasse de beaucoup le temps disponible. Des annonceurs de premier plan comme Hindustan Lever, Brooke Bond ou ITC, qui ont des réseaux de vente étendus, utilisent les cinémas de villes encore plus petites. Hindustan Lever qui, à une certaine époque, affectait 50 X de son budget publicitaire aux journaux, en consacre maintenant, uniquement aux films, à peu près le même pourcentage, sur un total de 32 millions de roupies. D'après son directeur des relations publiques, la société s'est aperçu que les films revenaient beaucoup moins cher et compte "utiliser désormais la publicité imprimée uniquement pour maintenir l'image de marque de la firme'' (Pillai). *. Le cinéma : plus qu'un "média mineur" Panorama des médias en Union soviétique En Inde, le cinéma est le média national le plus utilisé après la presse puisqu'il est présent jusque dans les villes de moins de 5.000 habitants. I1 ressort d'une enquête conduite par "Tata Economic Consultancy Services" dans les villes jumelles de Hyderabad et Secunderabad que le cinéma est le second média publiciLaire (33 W), ne le cédant en influence qu'à la 'presse (46 %) et surclassant la radio (29 %) et la publicité extérieure (3 %). D'autres études aussi ont établi l'importance du cinéma comme support publicitaire. Attirant également toutes les catégories sociales, y compris les illettrés, il se prête aussi bien aux campagnes de publicité collective qu'5 la promotion de produits. Sur les 10.813 cinémûs itinérants, permanents et temporaires existant en Inde, seuls ceux qui fonctionnent d'une façon I1 existe en URSS 690 journaux, qui tirent au total 1 102 millions d'exemplaires. Certains, comme "Sovetskaya torgovlja" (Le commerce soviétique) se spécialisent uniquement dans la publicité et l'information, d'autres ont des suppléments spéciaux consacrés en majeure partie h l a publicité et aux avis et communiqués. Les journaux soviétiques publient 73 suppléments publicitaires hebdomadaires, dont le tirage varie entre 6.000 et 235.000 exemplaires. Le plus lu est le supplément publicitaire du journal "Vechernaja Moskwa" (Moscou-Soir), avec 78 numéros par an. Les magazines constituent aussi un support imprimé de premicre importance. A la différence des journaux, ils s'adressent à un public sélectif et la publicitë f'est habituellement de plus haute tenue que dans les journaux. 36 Tableau 16. Evolution de la répartition des fonds affectés à différents types de publicité dans la période 1976-1980 (en pourcentage) Type de publicité 1976 1977 1978 1 . Magazines et journaux 10,4 10,8 12,l 12,o 917 9,7 11,2 10,9 3,8 4,1 5,8 6r1 9,1 11,2 8,O 30,9 30,O 28,9 29,8 6,4 5,3 6,3 7,2 30,2 31,O 25,3 26.0 1979 1980 2. Autres formes de publicité imprimée 3. Télévision et radio 4. Décoration de vitrines 5. Enseignes lumineuses 6. Expositions 7. Conception et condition- nement de produits En URSS, 6 0 magazines font régulièrement de la publicité. Certains d'entre eux ne comprennent que de la publicité et des avis. C'est le cas, notamment, de "Nouveaux outils", "Exportation soviétique", "La voix du commerce'', "Cinéma soviétique", "Théâtre soviét ique" , "Revue S tankoimport'I , "Automobiles d'URSS" et "Publicité de l'exportation automobile". Les autres magazines utilisent des pages-dépliants, des illustrations et des reproductions pour les couvertures-réclames. I1 y a en URSS 137 millions de postes de radio au total (postes installes dans les foyers, postes portatifs et auto-radios). En 1971, la publicité radiophonique organisée par l'agence commerciale "Soyuztorgreclama" utilisait 60 heures seulement sur l'année, en 1972, elle en utilisait 80, en 1973, 85 en 1974, 120 en 1976, 220 et en 1979, 660. La télévision est le support publicitaire le plus puissant parce qu'elle combine l'image, le son et le mouvement et s'adresse 2 de vastes auditoires. D'après les données de l'Annuaire statistique de l'Unesco (pour 1980), il y a 75 millions de téléviseurs en URSS. Le temps consacré aux émissions publicitaires s'accroît constamment : en 1971, l'agence "Soyuztorgreclama" ne disposait que de 120 heures par an à cet effet ; en 1979, elle s'en adjugeait 260. La deuxième chaîne de la télévision nationale produit une émission spéciale appelée "Reclama", qui est diffusée deux ou trois fois par semaine pendant quinze minutes et se compose ordinairement de sept ou huit messages publicitalres durant chacun deux minutes et fournissant une information brève. Ce programme publicitaire fait intervenir la dramatisation, les dialogues, l'animation, la musique et la chanson. I1 equilibre ghéralement la réclame de produits par la publicité pour des services. Par ailleurs, il y a d'autres émissions qui contiennent aussi de la publicité, par exemple les informations télévisées , "Santé", "Culture physique et sports'', "Sputnik des cinéphiles", ou %inopanor amall La publicité extérieure, ou "hors du foyer", comprend notamment les enseignes , les panneaux d'affichage, les affiches apposées sur les bâtiments ou le long des routes, la publicité dans les transports en commun et les enseignes lumineuses. Elle englobe également la décoration des rues, des places et des vitrines. Aujourd'hui, elle représente plus de 30 % des dépenses totales de publicité. Par rapport aux pays b économie de marché, les budgets publicitaires sont assez modestes en URSS, mais ils sont en progression constante : ainsi, pour six grandes agences de publicité - "Soyuztorgreclama" , "Rostorgreclama" , "Uk torgreclama" , "uz torgreclama',', "Littorgreclama" et "Esttorgreclama", ils sont passés, entre 1976 et 1980, de 69,6 b 85,4 millions de roubles, soit une augmentation de 22,7 X . Le financement de la publicité commerciale est assurc par un prélèvement égal 5 0 , 0 5 X du prix de gros des produits de grande consommation, qui permet d'alimenter un fonds publicitaire spécial des magasins, supermarchés et entreprises. En outre, la publicité est financée par des contributions volontaires des ministères, aux Echelons central et local. En 1976, ces ministères ont affecté 1 "Soyuztorgreclama" 1,1 million de roubles , et en 1979, 1,6 million. Au total, le montant des allocations des ministères industriels a triplé entre 1 9 7 1 et 1979. Pendant la dernière décennie, des changements visibles sont intervenus dans le financement de divers types de publicitb, comme le montre clairement le tableau 16. . 37 I1 apparazt que deux types de publicité se taillent la part du lion : les enseignes lumineuses et la conception et le conditionnement des produits, qui, en 1980, ont bénéficié respectivement de 29,8 % et 26 % du total. Les magazines et les journaux occupaient la troisième place ( 1 2 %) , suivis des autres formes de publicité imprimée (10,9 X ) , de la décoration de vitrines (8,O %) et des expositions (seulement 6.2 %). Mais l'analyse de l'évolution d'une année 1 l'autre permet de constater que la part des enseignes lumineuses et celle de la conception de produits ont tendance 2 baisser cependant que celle de la radio et la télévision augmente progressivement pour passer de 3,8 % en 1976 1 6,l % en 1980. I1 y a aussi certaines modifications des parts respectives des produits et des services : à mesure que la pratique publicitaire se développe, la publicité pour les services bénéficie d'allocations supplémentaires, au détriment du secteur des produits, accroissant ainsi sa part de 41,9 % entre 1976 et 1980 (Shestakov). (Janus, 1980). I1 ressort d'une étude réalisée en 1977 portant sur 22 grands journaux latino-américains que les journaux y contiennent en moyenne plus de 50 % de publicité si l'on tient compte des petites annonces classées, et plus de 30 % si on les exclut. Les- résultats, présentés au tableau 17, indiquent qu'en dehors de deux d e ces journaux qui sont subventionnés par 1'Etat (El Nacional au Mexique et crónica au Pérou). cette règle générale souffre peu d'exceptions. Plusieurs de ces journaux contiennent plus de 60 % de publicité, ce qui amène à s e demander si un grand journal d'Amérique latine n'est pas . un support publicitaire plutôt qu'un organe d'information de l'spinion. Toutefois, il s'agit là d'éditions des jours de semaine ; celles du dimanche contiennent souvent davantage de publicité : jusqu'à 70, par exemple, au Brésil (Bechtos, 1973, p. 35) et de 10 1 20 % de plus que les éditions de la semaine au Pérou dans le cas des principaux journaux. Les principaux magazines latinoaméricains destinés au grand public comportent une proportion analogue de publicité par rapport au contenu rédactionnel. I1 ressort d'une étude des 25 magazines féminins qui ont les plus forts tirages que 15 contiennent plus de 30 % de publicité, La région de l'Amérique latine Les médias font une place plus importante 1 la publicité dans l'ensemble de cette région que dans aucune autre région du monde Tableau 17. Trois journées de la presse latino-américaine : journalisme, publicité, annonces classées, espace total acheté et publicité transnationale La El La El Prensa (Nicaragua) Mercurio (Chili) Nación (Costa Rica Imparcial (Guatemala) Tiempo (Colombie) Excelsior (Mexique) El Heraldo (Mexique) El Comercio (Equateur La Naci& (Argentine) El Clarin (Argentine) ~l Sol (yexique) La Opinion (Argentine El Diario (Bolivie) El Nacional (Rép. dominicaine) Tiempo (Honduras) El Universal (Mexique Presencia (Bolivie) La Prensa (Argentine) O Estado de Sao Paulo (Brésil) El Nacional (Mexique) EI::D (Mexique) La Cronica (Pérou) Totaux généraux Source 38 : (41 communiques des grands organismes (5) (1) (2) (3) Zontenu rédactionnel Publicite Annonces classéer % % % % 36,5 49,l 35,8 57,7 43,2 40,5 3,9 6r7 16,4 1,9 019 7,4 63,5 (n= 223 442) 50,9 (n= 156 555) 64,2 (n= 218 816) 5211 35,2 44,4 53,l 36,9 34,7 44,9 71.0 72,l 44,4 38,3 37,7 36,7 36,l 33,7 33,2 33,O 27,7 26,5 26,5 6,8 24,5 13,3 813 18,4 30,3 19,6 2,7 2,6 5r6 2,s 2t5 1,2 l,4 9,7 47,9 64,8 55,6 46,9 63,l 65,3 55,l 29,O 27,9 55,6 (n= (n= (n= (n= (n= (n= (n= (n= (n= (n= 58,7 70,9 42,3 54,9 26,3 23,2 22,5 22,3 22,o 319 11,2 519 2,3 1016 5,4 41,3 29,l 57,7 45;l 41,l (n= 69 828) 11,O (n= (n= 113 152) 11,9 (n= (n= 320 436) 11,3 (n= (n= 81 249) 36,l (n= (n= 101 115) 13,9 (n= 18 26 72 18 33,7 216 5r2 l,4 2,4 54,l 16,4 10,l 8,9 (n= 240 832) (n= 92 856) (n= 150 727) (n= 102 790) 42 989) 15,l 410 49,9 (n=3 763 667 58,Q 45,9 83,6 89,9 91,l 17,9 11,2 50,l 30,8 -- 19,4 32,9 12,l 13,7 818 615 10,9 118 (5= 2+3+4) Espace total vendu Publicité transnationale % % 105.456) 233 301) 270 000) 240 240) 223 740) 263 126) 195 494) 176 748) 67 734) 116 025) 22,l (n= 22,l (n= 24,8 (n= 84 282) 67 679) 88 533) (n= (n= (n= (n= (n= (n= (n= (n= (n= (n= 40 432) 34 962) 99 009) 22 404) 10 937) 87 305) 64 591) 49 048) 17 983) 30 758) 20,7 39,7 25,8 25,8 14,5 19,l 23,l 49,l 3,6 35,7 18,8 (n= 386) 229) 098) 143) 22 245) 31,l ( n = l 178 064) Brockmann, M. "La Publicidad y la Prensa : Análisis Cuantitativo de Una Semana en los Diarios Latinoamericanos" Mexico : ILET, 1978. Tableau 18. Temps consacré 2 la publicité en pourcentage de la durée totale des émissions quotidiennes à la télévision mexicaine (de 1974 à 1977) r CHAINE 1974 2 4 5 6r7 8 11.1 I 11 13 Source : 3,7 M. Brockmanh, "Algunos Elementos Para El Análisis de la Publicidad y los Medios Masivos en México", Mexico : ILET, 1978. la moyenne se situant à 32,6 % pour l'ensemble de l'échantillon. I1 apparaît toutefois que la proportion est très variable suivant les magazines, puisqu'elle va de 9,9 % (Activa, au Mexique) 2 52,7 % (Claudia, au Mexique). Dans le cas de la radio et de la télévision, il en va autrement, car la part de ,la publicité y est conditionnée par la rareté de l'espace disponible. Etant donné cette rareté, la plupart des pays limitent le temps d'antenne dont la vente aux annonceurs est autorisée. Le maximum est de 18 % de la durée totale des émissions au Mexique et de 6 et 10 minutes par heure respectivement au Chili et en Argentine. Les données disponibles sur le Mexique et le Pérou indiquent que les chaînes commerciales mexjcaines transmettent en général 10 % environ de publicité, et la télévision péruvienne jusqu'à 20 %.Comme le montre le tableau 2 , 3 , la chaîne mexicaine subventionnée par 1'Etat (13) et la chaîne universitaire (1 1) contiennent une proportion moindre de publicité par rapport 5 l a durée totale de leurs émissions. Contrairement P ce qui se passe dans le cas de la presse, oc elle est répartie uniformément dans l'espace disponible, la publicité n'est pas répartie uniformément dans le temps à la télévision : elle est diffusée en majeure partie aux "heures de grande écoute", en gros entre dix-neuf heures trente et minuit. Le tableau 2.3 indique que, pour la journée étudiée, la publicité mexicaine s'est concentrée dans la proportion de 53,8 % sur cette tranche horaire, bier. que celle-ci ne représente que 19 % de la durée totale des émissions. On peut observer la même tendance sur la chaîne subventionnée par 1'Etat. La part de la publicité dans la durée totale des émissions télGvisées paraît avoir tendance 2 augmenter au fil des ans. I1 ressort du tableau 18 que dans le ci?s des chaînes de télévision commerciale mexicaines, oÛ les données ne sont pas définitives, trois des quatre principales d'entre elles ont considérablement accru leur temps de publicité entre 1974 et 1977. Toutefois, comme les chiffres n'indiquent pas d'accroissements réguliers chaque année, d'autres facteurs peuvent expliquer cette progression. En ce qui concerne la chaïne 13, l'augmentation enregistrée entre 1974 et 1977 correspond en tout état de cause P un changement de politique bien précis, la décision prise par la chaîne de rechercher désormais davantage la publicité afin de devenir financièrement indépendante. Et c'est ainsi que, depuis lors, cette chaïne accepte la publicité pour le tabac et les boissons alcoolisées (Noriega et Leach, 1978, p. 54). La pression que les publicitaires et leurs clients exercent sur les médias dépend de nombreux facteurs. D'une manière générale, plus la part de la publicit6 dans les ressources totales d'un média est élevée, plus les annonceurs ont de possibilités d'exercer un contrôle sur la forme et les contenus de ce média. Bien qu'il soit extrêmement difficile d'obtenir des données sur ce point, il est gén6ralement admis qu'un journal tire en moyenne de 70 B 80 % de ses ressources de la publicité et les 20 ou 30 % restants de la vente au numéro du journal lui-même. L'étude des 25 magazines féminins latino-américains dont il a déjà été question indique que ces magazines tirent approximativement entre 30 % (Buenhogar) et plus de 60 % (Claudia) de 39 leurs recettes de la publicité, le reste provenant de la vente du magazine lui-même. Quant 1 la radio et b la télévision latinoaméricaines, P l'exception des chaïnes subventionnées par les universités et par l'Etat, elles tirent pratiquement tous leurs revenus de la publicité. On pourrait supposer qu'une télévision qui dépend P 100 % de la publicité pour survivre et dont les annonceurs sont en majorité des firmes transnationales dotées d'une organisation collective est celle qui subit le plus l'influence des annonceurs. Mais, il faut y insister, ce pouvoir des annonceurs sur la télévision est limité par deux grands facteurs. En premier lieu, il est limité dans la mesure oh le temps ou l'espace que le média peut offrir b la publicité est lui-même limité et son contrôle très concentré. Le temps disponible P la télévision est extrêmement réduit, et son contrôle fait l'objet d'un quasi-monopole dans beaucoup de pays latino-américains. "Televisa'' au Mexique et "Rede Globo'' au Brésil, consortiums qui pratiquement contrôlent la télévision commerciale dans leurs pays respectifs, ont un pouvoir considérable vis-à-vis des annonceurs. Deuxièmement, la télévision est le média publicitaire le plus important en Amérique latine. Ainsi, bien que les médias dépendent de la publicit6 pour survivre, comme Mander (1978, p. 152) l'explique : "Le corollaire est également vrai. Sans un instrument unique et monolithique comme la télévision, il ne serait pas possible de mobiliser le pouvoir et le contrôle que ces énormes sociétés exercent P l'heure actuelle. L'entreprise économique monolithique a besoin de médias monolithiques pour répandre ses conceptions et peser sur l'évolution rapide des modèles de consouìmatien. Sans un instrument comme la télévision, capable de toucher toute la population du pays en même temps et de rétrécir le champ des besoins humains pour les adapter 5 l'environnement remodelé, les ,grandes sociétés elles-mêmes ne pourraient exister''. On a dit de la télévision elle-même qu'elle constituait "un progrès décisif de la publicité internationale" et "le plus important outil de vente jamais imaginé, maintenant disponible b l'échelle mondiale" (Coyle. 1964, p. 9). Du point de vue publicitaire, la télévision (comme la radio) présente l'avantage particulier de permettre aux annonceurs de pénétrer les vastes zones d' analphabétisme du Tiers Monde. Wells (1972, p. 87) a constaté que le taux d'alphabétisation d'une population, indicateur très sûr pour prédire le tirage des journaux, est en revanche celui qui a la plus faible valeur prédictive lorsqu'il s'agit de la possession de récepteurs de radio ou de télévision. La télévision permet aux annonceurs de résoudre les problèmes posés par l'analphabétisme (et la multiplicité des langues) 40 parce que les émissions publicitaires, pour faire passer leur message, tirent parti au maximum de symboles visuels dont le sens est compris dans tous les pays. Tels sont les facteurs qui ont fait de la télévision le principal support publicitaire en Amérique latine. A l'échelle mondiale, l'analyse par média des dépenses totales de publicité des différents pays ou régions fait apparartre un schéma de répartition très frappant. En 1979, comme le montre le tableau 19, l'Amérique latine a consacré une part proportionnellement plus importante de son budget publicitaire P la télévision gu'aucune autre région du monde. I1 en va de même pour la radio, comme on peut le constater au tableau 20. Lorsqu'on analyse ensemble la radio et la télévision, comme au tableau 21, les pays latino-américains apparaissent comme les principaux utilisateurs de ces supports pour la publicité dans le monde. Non seulement cette région possède la plupart des sociétés de radio et de télévision commerciales (Katz et Wedell, 1977), mais ces sociétés y jouent un rôle relativement beaucoup plus important comme supports publicitaires que dans les autres pays ou régions du monde. Tunstall (1977, p. 56) décrit les trois principaux effets que l'essor de la publicité transnationale exerce sur les médias dans la plupart des pays : "L'apparition, sur une Schelle importante, des agences de publicité américaines a trois grandes conséquences. Tout d'abord, la dimension totale de l'industrie des médias (sur le plan des recettes et de,la durée d'écoute) s'en trouve accrue. Deuxièmement, les agences de publicité contribuent fortement à réorienter les recettes publicitaires vers la télévision commerciale, et partant, 1 accroître sa production. Enfin, ces agences jouent un rôle décisif dans le glissement de systèmes entiers de médias nationaux vers les modèles commerciaux, aux dépens des modèles politiqus traditionnels. Le phénomène s'est produit dans la plupart des pays d'Europe occidentale, d'Amérique latine et d'Asie". On peut observer ces changements d'orientation dans la plupart des pays latino-américains, encore qu'il soit diffisile de trouver des statistiques concernant la recherche et l'industrie. En premier lieu, la dimension totale de l'industrie des médias a augmenté. Dans le cas des magazines mexicains, par exemple, la publicité a été directement à l'origine de l'accroissement du nombre des magazines du groupe Hearst. Celui-ci s'étant fixé une règle pour déterminer le rapport de la publicité au contenu rédactionnel, l'augmentation du nombre des pages publicitaires intervenue pendant la dernière décennie l'a conduit 1 accroître 2 la fois le nombre total de pages de chacun de ses magazines (le nombre des pages rédactionnelles progressant en raison directe de celui des Tableau 19. & de p u b l i c i t é , p a r r é g i o n , e n 1979 Dépenses t o t a l e s consacrées 8 l a publicité télévisée en 1979 ( e n m i l l i o n s de d o l l a r s dee Etats-Unis d'Amérique) REGION Etats-Unis e t Canada Europe Asie Amérique l a t i n e A u s t r a l i e e t Nouvelle-Zélande Moyen-Orient e t Afrique 1 Ensemble du monde e n t i e r / Dépenses t o t a l e s c o n s a c r é e s 8 l a publicité télévisée en 1979 (en pourcentage des dépenser t o t a l e s de p u b l i c i t é ) 20 10.645,3 3.162,2 3.565,6 1.602,7 566,8 159,O 34 39 29 10 19.701,6 20 I L 1. Cinquante-neu€ pays. Source/* Tableau 20. P a r t , en pourcentage, de l a r a d i o dans l e s dég:enses t o t a l e s de p u b l i c i t é , p a r r é g i o n , en 1979 Dépenses t o t a l e s consacrées à l a p u b l i c i t é radiopho- nique en 1979 (en m i l l i o n s de d o l l a r s des Etats-Unis d'Amérique) REGION Etats-Unis e t Canada Europe Asie Amérique l a t i n e A u s t r a l i e e t Nouvelle-Zélande Moyen-Orient e t Afrique 1 Ensemble du monde e n t i e r / 1. Cinquante-neuf pays. Source/* : Dépenses t o t a l e s consacrées à l a p u b l i c i t é radiophonique e n 1979 ( e n pourcent a g e des dépenses t o t a l e s de p u b l i c i t é ) 7 3 3.685,9 927,7 601,1 671,6 177,5 88,6 6 16 9 6 6.152,4 6 I World A d v e r t i s i n g Expenditures ( L e s b u d g e t s p u b l i c i t a i r e s dans lemonde) I P a r s t a r c h i ~'INRA,HOO~eret1'InternationalAdvertisingAssociation,NewYorkr é d i t i o n 1980- Tableau 21. P a r t de. l a r a d i o t é l é d i f f u s i o n dans l e s dépenses de p u b l i c i t é s e l o n les pays, en 1979 P a r t en pourcentage de l a t é l é v i s i o n dans l e s dépenses de p u b l i c i t é ( 1 ) PAYS 60,5 54,2 58,9/l 43,3 40,O 46,3 Mexique Colombie Pérou Brésil Vene zue 1a Japon Chili Irlande Argentine Etats-Unis Australie Canada Autriche Italie Royaume-Uni -.- C h i f f r e s 39,l 33,l 31,3 30,7 30,3 20,5 23,3 21,4 20,4 de 1976. ' Part en pourcentage de l a r a d i o dans l e s dépenses de p u b l i c i t é (2) 23,3 17r3 1514/ 21 ,o 17,9 6r5 11,o 9,4 10,7 10,2 8r8 13,7 8,9 7,7 2,s P a r t de l a r a d i o t é l é d i f f u s i o n dans les dépenses de pub l i c i t é (1 + 2) 83,8 71,5 64,3/ 64,3 57,9 52,8 50,l 42,5 42,O 40,9 39,l 34,2 33,2 29,l 22,9 pages publicitaires) et le nombre de ses magazines. Pour faire face à l'expansion rapide de la demande publicitaire, le groupe Hearst est passé de quatre magazines en 1974 2 11 en 1978 (Janus, 1980). Ce chiffre cadre avec des données indiquant qu'entre 1959 et 1979, le nombre des magazines dont la liste figure dans l'annuaire mexicain des médias est passé de 69 P 105 (Janus, 1980, p. 158). En outre, dans la mesure oh les stations de radio et de télévision universitaires, religieuses ou subventionnées par l'Etat, cessent leurs émissions ou bien se tournent de plus en plus vers la publicité comme source de revenus, l'ensemble du système national de radiotélEvision se commercialise. Avec la réorientation de la chahe 13 subventionnée par 1'Etat vers 1'indCpendance financicre par des ventes accrues de temps de publicité, le système de radiotélévision mexicain dans son ensemble est fort près de devenir commercial à 100 %. De même, au Chili, c'est le développement rapide de la publicit& depuis 1975 qui a entrain6 l'essor financier et l'expansion de la télévision commerciale. Au cours des cinq années écoulées depuis que le gouvernement a décidé que la radio et la télévision devaient s'autofinancer, les quatre chabes de télévision ont porté leur chiffre d'affaires publicitaire de 7 , l millions de dollars (1975) P 127.5 millions de dollars (1980) (Èl Me;curio,- 19 juillet 1981). Beaucoup d'autres changements de cap de ce genre s o n t certainement en cours dans d'autres pays latino-américains. Mais il y a d'autres domaines importants dans lesquels la télévision a eu un impact sur les médias latino-américains : la publicité peut soit favoriser m e dépendance accrue P l'égard des programmes de télévision produits 1 l'étranger, soit déboucher sur une production nationale de haute qualité. A Santiago (Chili), un cadre de la chaîne 13 explique que la 1oi.n'autorisant que six minutes de publicité par heure, il est .nécessaire d'émettre treize heures par jour si l'on veut tirer de la publicité des recettes suffisantes pour survivre. Comme il est trop difficile et trop coûteux de produire sur place 13 heures d'émissions quotidiennes, on est obligé d'avoir recours B des programmes importés pour remplir une grande partie de ce temps d'antenne (El Mercurio, 19 juillet 1981). Au Brésil, c'est l'inverse : la concentration de plus en plus grande de la propriété des médias a permis la constitution d'une poignée de réseaux, dont le plus puissant, "Rede Globo", contrôle pratiquement toute la télévision au Brésil. Ce pouvoir accru et les options nationalistes du gouvernement qui favorise la création d'agences de publicité nationales et la production nationale d'émissions ont abouti à un système de télévision de plus en plus exclusivement brésilien, financé par l'accroissement spectaculaire des recettes 42 tirées de la publicité télévisée (Mattos, 1982). I1 reste que l'impact de la publicité sur les médias qui compte le plus est celui qu'elle exerce sur la "liberté de la presse''. C'est sur ce point que son pouvoir revêt une portée toute spéciale dans les régimes démocratiques. En Amérique latine, il y a de très nombreux cas oh ce pouvoir a servi à punir de grands journaux. A Caracas et à Lima, les annonceurs ont retiré leur publicité respectivement 2 El Nacional et El Comercio pour la confier P des journaux concurrents. Au Brésil, la publicité a été utilisée depuis la Seconde Guerre mondiale pour persuader les médias de défendre certains intérêts politiques ou économiques. Des agences de publicité étrangères et les grandes sociétés américaines opérant au Brésil font pression sur les m6dias brésiliens en se livrant 2 une discrimination 1 l'encontre des médias imprimés qui n'ont pas publié de propagande antinazie pendant la guerre. Dans les années 50 et 60, par exemple, J. Walter Thompson et McCann-Erickson, les deux plus grandes agences transnationales de publicité opérant au Brésil, ont fait pression sur les médias pour amener leur rédaction iì adopter des positions favorables aux intérêts de leurs clients. C'est ainsi que certains magazines et journaux ont disparu, faute de l'appui de la publicité, alors que d'autres zrospéraient : la Chambre de commerce de Sao Paulo et les agences transnationales américaines ont, par exemple, totalement retiré leur publicité au journal Anhembi parce qu'elles jugeaient la ligne politique de sa rédaction "excessivement indépendante" P l'égard de la politique étrangère des Etats-Unis (Rabelo, cité par Mattos, 1982). Et en 1953, la société Standard Oil en a fait autant à l'encontre du journal Diario de Noticias, qui avait publié un éditorial dénonçant les pressions exercées sur la presse par certains groupes économiques et politiques, nationaux ou étrangers, pour qu'elle incite le gouvernement B accorder une concession pétrolière nationale P ia Standard Oil (Rabelo, cité par Mattos, 1982). Les mesures de ce genre sont particulièrement efficaces lorsqu'un nombre relativement restreint d'annonceurs fourniss'ent une bonne partie des recettes publicitaires du média considéré. Cependant, le recours 2 la publicité comme instrument de contrôle politique du contenu des médias ne se limite pas B ces quelques cas où les annonceurs retirent leur publicité ou menacent de le faire. I1 existe d'autres formes de contrôle plus subtiles qui s'exercent quotidiennement. Catalan (1981) a étudié un large échantillon de magazines d'information chiliens sous le régime Pinochet. Après les avoir classés suivant qu'ils étaient progouvernementaux ou d'opposition, il a constaté qu'il n'y avait aucune corrélation entre le- Toutefois, comme le montre le tableau 23, il y a eu, depuis 1968, à l'intérieur même du secteur de la presse, d'importantes réaffectations de dépenses. La part des journaux nationaux dans les dépenses totales de publicité est revenue de 45 à 40 % et ce sont les quotidiens qui, parmi eux, ont subi la baisse la plus forte. En revanche, celle des journaux régionaux s'est maintenue à 35,5 %. Cette stabilité est due 2 deux grands facteurs, le relatif dynamisme du marché des annonces classées et l'essor de la publicité au niveau du commerce de détail entramé par l'expansion des chaïnes de supermarchés et d'hypermarchés pendant les années 70. Les hebdomadaires locaux ont eux aussi bénéficié de cette évolution mais, comme le montre le tableau 16, leur part a en fait baissé, pour passer de 19 % à 16,7 %.Ce fléchissement est presque entièrement dû à la concurrence des "feuilles gratuites", qui offrent aux annonceurs la possibilité de couvrir une zone donnée jusqu'b saturation en distribuant le journal gratuitement dans tous les foyers. Ce secteur a progressé tirage d'un magazine et ses recettes publicitaires. Celles-ci étaient moins importantes pour les magazines d'opposition, même si leur clientèle se situait dans des tranches de revenus aussi élevées. Et plus particulièrement les banques, les institutions financières et les compagnies d'assurances, toutes soutenues par des groupes économiques importants du pays, réservaient la majeure partie de leur concours aux magazines progouvernementaux, ne faisant de publicité dans les magazines d'opposition que lorsqu'elles optaient pour une campagne tous azimuths dans tous les magazines d'information du pays sans exception (Janus). La publicité dans la presse au Royaume-Uni En dépit des incursions de la télévision et de la radio commerciales, c'est la presse qui, au Royaume-Uni, reste de loin le support publicitaire le plus important : en 1980, elle s'est adjugé 52 % des dépenses consacrées aux placards publicitaires et 88 % des montants affectés aux annonces classées (voir le tableau 22). Tableau 22. Répartition par médias des dépenses consacrées aux annonces classées (pour certaines années de la periode 1960-1980) Médias 1960 1972 1975 1980 79 19 71 19 73 17 70 16 O 2 7 3 6 3 12 43 150 218 51 1 Journaux régionaux Journaux nationaux Annuaires (y compris les pages jaunes) Magazines et périodiques Dépenses totales en millions de livres (aux prix courants) 2 Tableau 23. Répartition par type de publication des dépenses publicitaires dans la presse (pour certaines années de la période 1968-1980) Journaux nationaux : Quotidiens Journaux du dimanche Journaux régionaux Quotidiens Hebdomadaires Feuilles gratuites : 1970 1972 1975 1978 1980 29,l 15,9 28,3 14,8 27,O 13,8 24,3 12,l 25,3 12,6 25,9 14,l 35,s 1910 35,9 20,3 015 Or8 37,4 20,l 1 i6 39,6 20,o 4,04 38,3 19,3 4,5 35,5 16,7 7,9 : Dépenses totales en millions de livres (aux prix courants) Source 1968 220 25 1 318 445 778 1.066 Waterson (1981), tableaux 12 et 13. 43 Tableau 24. Répartition par catégories des petites annonces classées publiées dans les journaux (pour certaines années de la Dériode 1970-1980) Pourcentage,du total Catégorie : 1970 1972 1974 Offres d'emploi 44 38 52 Biens immobiliers 18 18 15 Automobiles 1 Divers/ 12 18 14 26 26 19 25 22 26 106 133 198 210 339 409 Dépenses totales en millions de livres (aux prix courants) l. Nota : Cette catégorie comprend diverses annonces concernant des objets à vendrc et des annonces personnelles telles que naissances, décès, mariages et "coeurs solitaires". Source : Waterson (19811, tableau 14. rapidement au cours de la dernière dé.cennie, et l'on estime qu'il y a maintenant en Grande-Bretagne 500 "feuilles gratuites" ayant un tirage hebdomadaire global de l'ordre de 15 millions d'exemplaires, soit 3 millions de plus que les hebdomadaires vendus. I1 a aussi très bien réussi 1 attirer la publicité ; les fonds qu'il draine à ce titre augmentent rapidement, puisqu'ils sont passés de 1 million de livres en 1968 1 5 3 millions en 1979 (Curran, :1981 , p. 5 2 ) . Un journal de province de moyenne importance ayant besoin d'environ une colonne et demie de publicité pour financer une colonne de texte rédactionnel, il n'est pas surprenant que cette nouvelle forme de concurrence ait mis en péril la viabilité économique d'un certain nombre de journaux. Un autre support publicitaire imprimé important a fait son apparition pendant la dernière décennie : les annuaires spdcialisés de certaines industries ainsi que d'entreprises ou de commerces locaux, en particulier sous la forme des "pages jaunes". Ce sont des listes d'entreprises et de commerces locaux, classés par activité, qui sont imprimées sur papier jaune et publiées comme suppléments spéciaux aux annuaires téléphoniques locaux, et oÙ s'intercalent des annonces publiciatires. Ce média, qui a progressé rapidement au cours des cinq dernières années environ, représente maintenant 3 % des dépenses en placards publictaires et 12 X du total pour les annonces classées. Le tableau 24 permet de constater que, dans l'ensemble, la catégorie d'annonces classées la plus importante reste celle des offres d'emplois, bien que sa part ait considérablement baissé depuis 1970 pour revenir de 4 4 à 35 %, au fur et à mesure de l'aggravation de la récession et des baisses de l'emploi. En revanche, la part des annonces concernant les automobiles 44 I s'est accrue pour passer de 12 1 21 %, 1 la faveur d'un certain dynamisme du marché de l'occasion. Cependant, la publicité pour les biens immobiliers est restée stable 2 18 %, encore qu'elle ait fortement baissé au milieu des années 70 1 la suite de la hausse brutale des prix des maisons et de la difficulté d'obtenir des prêts et des hypothèques. La répartition de ces dépenses peut aussi être envisagée dans l'autre sens, c'est-à-dire du point de vue des recettes qu'elles procurent aux magazines et aux journaux et de leur importance relative pour la viabilité économique de différents secteurs de la presse. Comme le montre le tableau 25, les quatre compartiments du marché des journaux nationaux ont tous vu sensiblement baisser la part de leurs recettes provenant de la publicité, entre 1960 et 1975 du fait de la concurrence grandissante de la télévision, de la radio et d'autres médias. Le "trou" qui en est résulté dans leurs ressources a relancé la guerre des tirages des années 3 0 , oÙ les journaux se battaient pour attirer des lecteurs et les garder, surtout parmi les quotidiens "populaires", les plus touchés. Suivant l'exemple de The Sun, le tabloIde 1 sensation de Robert Murdoch, les grands journaux se sont lancés dans une action de promotion soutenue, appuyée par des campagnes publicitaires 1 la télévision et des concours de bingo dotés d'importants prix en espèces et par un style de journalisme qui combine les formules bien éprouvées du sexe, des sports, du sensationnalisme et des potins sur les vedettes. Les journaux nationaux "sérieux", eux aussi, touchés par une baisse de leurs recettes publicitaires par rapport 1 leurs ressources totales, ont réagi en offrant aux annonceurs des possibilités nouvelles de faire connaItre leurs produits. Aussi bien les quotidiens que les journaux du dimanche ont accru la place faite 1 la publicité en plaçant, en regard des placards publicitaires ou sur la même page, des articles rédactionnels traitant du même produit ou du même service. En outre, tous les journaux dominicaux ont lancé des suppléments en couleur sous forme de magazines qui sont distribués gratuitement aux acheteurs du journal et permettent l'insertion d'images percutantes. Dans le cas des journaux de province, en revanche, la part de la publicité dans les recettes est restée plus ou moins constante, et pour l e s hebdomadaires elle s'est même accrue de 6 Z (Murdock). Le coût de la publicité dans la presse indienne En Inde, les tarifs des annonces de presse ont augmenté de 240 X entre 1972 et 1982. De 1977 1 1980, la hausse a été de 82 % pour les quotidiens en langue anglaise et en langues indiennes régionales, dont le tirage a progressé dans le même temps de 31 %. La comparaison entre le pourcentage d'augmentation des tarifs publicitaires de ces journaux et celui de leur tirage en 1980-1981 par rapport à 1979-1980 permettra de s'en faire une idée plus nette ("Impact.. . I ' ) : Tableau 25. Part de la publicité dans les recettes totales des principaux secteurs de la presse entre 1937 et 1975 I Type de publication 1937 de variation Journaux nationaux Quotidiens "sérieux" 74 Quotidiens "populaires" 50 45 27 - 79 65 46 31 Journaux du dimanche "sérieux" Journaux du dimanche "populaires" ~ ~ ~-~ 58 Journaux du soir 1 58 Hebdomadaires Magazines et périodiques Information générale et loisirs 46 Professionnels et techniques 78 Sources : 14 - 18 - 14 15 I Journaux de province Journaux du matin - II 37 62 f O * 1 + 6 - 9 - 16 Royal Commission on The Press (1961-21, tableau D, p. 23. Nicholas Hartley, et autres (19771, tableau 5.1, p . 17. Royal Commission on The Press (19771, tableau 5.1, p. 32. (Murdock1 45 Pourcentage d'accroissement en 1980-1981 par rapport 1 1979-1980 : Journaux Tirage Tarifs d'insertion en langue anglaise 1 3 1 23,O en langues régionales 1.9 24,O Avant d'étudier la cause de la lenteur de progression des tirages, il n'est pas inutile de voir pourquoi cette escalade des tarifs de la publicité s'est produite. I1 faut l'envisager par rapport à celle des coûts de production des journaux (id.). Pourcentage d'accroissement des coûts de production : 1979 1 1981 Papier journal Encres d'imprimerie Fournitures d'emballage et autres Rémunération des agences de presse Salaires Presque tous les autres coûts de production ont aussi accusé une hausse spectaculaire, allant de 60 % à 200 %. Pour compenser l'alourdissement des coûts, il faut des revenus supp16mentaire.s. Les principales sources de revenus des journaux sont la vente au numéro et la publicité ; suivant la "First Press Commission", elles en assuraient respectivement en 1951 : Ventes 55 % Publicit6 45 % La part des fournitures dans les coûts de production de la presse était de 32 % pour les journaux en langue anglaise et de 45 % pour les journaux en langues indiennes. Comp-te tenu, entre autres, de ces éléments de l'aspect économique des journaux, la Commission a recommandé que la publicité n'occupe pas plus de 40 X de l'espace disponible et que 60 % en soient réservés aux nouvelles. L'accroissement phénoménal du coût de production des journaux observé pendant la dernière décennie a totalement bouleversé la situation. Celui des fournitures est passé de 32 4 des dépenses totales en 1951 2 plus de 58 X en 1981. Pour faire face 1 cette hausse, il a fallu accroître les recettes, c'est-à-dire le produit des ventes et celui de la publicité. Le produit des ventes, qui dans le passé couvrait une grande partie des coûts 46 45 65 135 160 150 , de production, est par la suite devenu juste suffisant pour payer le papier et finalement trop modeste pour en payer mgme la moitié. La seconde "Press Commission'' a relevé qu'il y a de plus en plus de journaux dont les recettes nettes tirées de la vente sont inférieures au coût du papier. A l'heure actuelle, la publicité rapporte b peu près autant B une entreprise de presse que la vente du journal. La stabilité financière d'un journal est donc dans une large mesure subordonnée 2 son aptitude 1 attirer la publicité. Cela est aussi vrai des journaux moyens et petits que des grands. Dans le cas, par exemple, d'un journal de tout premier plan publié en langue anglaise comme The Hindustan Times, l'écart entre le produit des ventes et le prix du papier est passé d'environ 1 million de roupies en 1975 2 plus de 21,5 millions en 1980. I1 a fallu le combler par la publicité. Les autres journaux se sont trouvés dans une situation assez semblable. Pour survivre à cette montée en flèche des coûts, les journaux ont à la fois majoré leurs tarifs d'insertion et accru l'espace consacré ii la publicité. La liste des révisions successiyes de tarif du journal The Hindustan Times est particulièrement éclairante. Tarif de la publicité A partir du 01.04.72 01.07.75 01.08.76 01.04.77 01.01.79 01.01.80 01.05.80 01.01.82 2 2 roupies par centimètre-colonne II II 25 II 11 27 II II 30 40 I' I' '1 11 45 II II 60 70 II II Une demi-page de publicité qui aurait coûté 4.752 roupies en juin 1975 était facturée 15.120 roupies en juin 1982. Dépassant les 23 % de hausse des tarifs appliqués par les quotidiens de langue anglaise entre 1979 et 1980, les quotidiens en langues régionales ont majoré les leurs de 24 %. Le prix de vente des journaux a subi sept révisions en hausse en dix ans. Tous les journaux (grands, moyens et petits) y ont Bté contraints, tout en étant cons- A partir du 01.02.71 07.12.73 01.05.74 23.09.74 02.09.76 03.12.79 22.09.80 14.10.81 soit 300 % de hausse en huit ans, 7 1 % en deux ans, entre le 14 octobre 1979 et le 14 octobre 1981. C'est ce qui explique que l'augmentation des .tirages soit restée marginale en dépit de la croissance de la population totale et de celle de l'effectif des personnes instruites. Quant 2 l'accroissement de l'espace disponible pour la publicité, son histoire a été rendue mémorable par le Parlement et la Cour suprême indiens. La première "Press Commission", remarquant la tendance des quotidiens à donner plus de place à la publicité aux dépens des nouvelles, avait lancé une mise en garde contre une proportion de publicitG dépassant 40 % de l'espace total. La question de la limitation de la publicité par rapport à l'espace réservé à l'information retient depuis lors l'attention du gouvernement. En 1956, le Parlement adoptait une loi ("Newspaper (Price and Page) Act") qui lui donnait le pouvoir de fixer le nombre de pages pouvant être offertes aux annonceurs à un prix donné et de réglementer l'affectation d'espace à la publicité. En 1961, quand le gouvernement prit un décret cients du ressentiment de leurs lecteurs et de la possibilité d'une chute de leur tirage. Les grands journaux en tout cas ne voulaient pas augmenter le leur, car ce n'aurait pas été rentable. Pour se faire une idée de la montée de leurs tarifs, considérons l'évolution de ceux de The Hindustan Times sur une période de dix ans : 20 paise (100 paise 25 en semaine128 le 30 en semaine/35 le 35 tous les jours 35 en semaine140 le 40 tous les jours. 50 en semaine/60 le 60 tous les jours 1 roupie) dimanche dimanche = dimanche dimanche d'application (Newspaper (Price and Page) Order), pour que la loi entre en vigueur/ celui-ci et la loi elle-même furent déclarés illégaux par la Cour suprême comme contraires à la liberté d'expression. En 1965, la commission d'enquête (Enquiry Committee on Small Newspapers) recommanda que la Constitution fût amendée pour permettre la promulgation d'une loi sur la presse analogue et que la part de la publicité ne dépassât pas 40 % de l'espace disponible dans les journaux. Aucune mesure n'a depuis lors été prise pour restreindre l'espace publicitaire dans les journaux, et la publicité a continué à évincer l'information dans des proportions variables suivant les catégories de journaux. Selon le rapport de la seconde "Press .Commission", les journaux, petits et moyens, qui, en 1980, fournissaient 50 % de l'espace total disponible pour la publicité, ne s'adjugeaient que le quart des recettes totales à ce titre, les trois autres quarts allant aux 50 % d'espace vendus par les grands journaux (ceux dont le tirage était égal ou,supérieur à 100.000 exemplaires). Pour le 47 m ê m e e s p a c e , les grands journaux r e c e v a i e n t ' t r o i s f o i s p l u s d ' a r g e n t , parce q u ' i l s sont d i f f u s é s s u r t o u t dans les grandes v i l l e s e t dans l e s agglomérations de l a classe I , oh v i t l a m a j o r i t é d e s consommateurs q u i a c h è t e n t 60 1 65 % de l a p l u p a r t d e s prod u i t s d e marque vendus dans l e pays. E t l e marché r u r a l , de p l u s en p l u s p r o s p è r e ? L e s grands journaux s ' a d r e s s e n t a u s s i à une p a r t i e de sa c l i e n t è l e , de s o r t e que f i n a l e ment les journaux moyens e t p e t i t s n ' o n t aucun t e r r i t o i r e r é s e r v é que ne fréqueat e r a i e n t pas l e u r s grands f r è r e s , 1 moins que l e marché ne s o i t t r o p désert. Outre l a t a i l l e , l a langue est a u s s i un c r i t è r e i m p o r t a n t . P l u s de 50 X d e s dépenses t o t a l e s de p u b l i c i t é d r a i n é e p a r l a p r e s s e s o n t a l l é s aux journaux de l a n g w 48 a n g l a i s e , 1 r a i s o n de 35 X de l ' e s p a c e d i s p o n i b l e . Bien que l e nombre e t l e t i r a g e d e s journaux en langues i n d i e n n e s s o i e n t en p r o g r e s s i o n r é g u l i è r e e t que l e h i n d i a i t dépassé l ' a n g l a i s s o u s ces deux r a p p o r t s , l e u r s revenus ne s u i v e n t que de t r è s l o i n . Au t o t a l , les p u b l i c a t i o n s en langue h i n d i o n t f o u r n i 20 % de l ' e s p a c e p u b l i c i t a i r e t o t a l en ne s ' a d j u g e a n t que 15 % d e s recettes à ce t i t r e . P i r e e n c o r e est la s i t u a t i o n d e s p e t i t s journaux (ceux dont l e t i r a g e est i n f é r i e u r 1 15.000 e x e m p l a i r e s ) , q u i a t t e i g n e n t 1 peine 5 % des r e c e t t e s public i t a i r e s pour 1 7 X de l ' e s p a c e t o t a l e t pour l e s q u e l s c e s r e n t r é e s r e p r é s e n t e n t 50 X d e s r e s s o u r c e s t o t a l e s ( P i l l a i ) , Chapitre 3 : Publicité et nouveaux médias en Grande-Bretagne Ce chapitre donne une idée de ce qui devrait se passer au cours des prochaines années dans une société hautement développée : la Grande-Bretagne. On n'y traitera pas des nouvelles percées réalisées dans les domaines de la radiodiffusiontélévision commerciale, de la télévision par câble et de la diffusion directe par satellite du strict point de vue des technologies en cause et c'est sans doute pourquoi les prévisions sont relativement pessimistes. Cela étant, l'avenir de l'industrie de la publicité apparaït plus radieux que jamais. L'extension de la radiodiffusion-télévision commerciale Lors de sa dernière série de débats consacrée aux attributions de concessions, 1'Independent Broadcasting Authority a décidé pour la première fois d'ouvrir la possibilité d'une diffusion au niveau nztional d'émissions de télévision matinales qui viendraient s'ajouter aux émissions existantes des stations régionales. Au terme d'une compétition acharnée, la concession a été attribuée au groupe TV-AN; dirigé par Peter Jay, ex-ambassadeur du Royaume-Uni 1 Washington et présentateur d'actualités averti, et la station a commencé à émettre le ler février 1983. A bien des égards, cette innovation est une des moins révolutionnaires en matière de télévision puisqu'elle ne fait qu'augmenter le nombre des créneaux publicitaires disponibles. Elle ne donne pas acccs à de nouvelles catégories de téléspectateurs, ni ne favorise l'apparition de nouveaux genres de publicité et de rapports avec les consommateurs. Cependant, la retransmission 2 l'heure du petit déjeuner ouvre indubitablement des perspectives, particulièrement aux détaillants et aux fabricants de produits alimentaires et d'articles ménagers. En effet, elle touche les gens au début de la journée, c'est-à-dire au moment oÙ vraisemblablement ils s'apprêtent 2 faire leurs courses, et partant, pourrait réduire le délai qui s'écoule entre le moment où ils sont en contact avec une annonce et celui oÙ ils prennent la décision d'acheter ; une augmentation des ventes devrait en résulter. Malgré tout, la publicité 5 l'heure du petit déjeuner souffre de deux handicaps importants. D'abord, elle est concurrencée par les émissions matinales de la BBC, lancées le 17 janvier 1983, deux semaines avant celles de TV-AM, bien que la chaïne ait le champ libre les samedis et les dimanches puisque la BBC a décidé de ne pas émettre pendant le week-end. D'autre part, beaucoup d'observateurs doutent que les émissions matinales (sur l'une et l'autre charne) puissent atteindre effectivement le public qu'elles visent. L'idéal pour la plupart des annonceurs éventuels serait que leurs messages touchent les gens alors qu'ils se préparent à partir au travail, au moment du maquillage, du petit déjeuner ou de la toilette, afin qu'un lien immédiat s'établissent entre leurs produits et ces activités quotidiennes. Mais des études montrent que dans la plupart des foyers le poste de télévision se trouve encore dans la pièce de séjour plutôt que dans la cuisine, la salle à manger ou la chambre 1 coucher, de sorte que regarder la télévision reste un acte volontaire et non quelque chose qui se fait en même temps qu'autre chose. En contrepartie, les partisans de ce nouveau service font valoir l'augmentation rapide du nombre des ménages qui acquièrent un deuxième téléviseur et le lancement imminent des récepteurs miniaturisés 2 écran plat que l'on peut tenir à la main ou poser sur le tableau de bord d'une voiture ; ils affirment aussi que ces facteurs nouveaux seront à la télévision commerciale ce que l'avènement des postes à transistors bon marché a été 1 la radio commerciale, puisqu'ils résoudr-bnt le problème que pose la fixité de l'appareil et donneront aux annonceurs accès 1 un public de masse quand les gens sont chez eux ou se rendent au travail. Cependant, beaucoup de commentateurs, appartenant OU mon aux milieux de la publicité, restent sceptiques et continuent 1 voir dans l'introduction des émissions matinales une innovation beaucoup moins importante que le lancement de la quatrième chaïne (Channel Four) le 2 novèmbre 1982. . 49 Cette chafne nationale touche 87 % de la population et est censée s'articuler avec ITV 1 ; chacune de ces chafnes annonce les programmes de l'autre et fait en sorte que sa grille de programmes concorde avec celle de l'autre chafne jusqu'à 2 1 heures de façon que les spectateurs puissent facilement passer d'une charne 1 l'autre. La nouvelle Channel Four Company est une filiale 1 100 % de 1'IBA. et contrairement aux sociétés de programmes existantes, elle ne vend pas elle-même son temps de publicité ni ne produit ses programmes. Elle est financée par des cotisations annuelles versées par les sociétés ITV en contrepartie du droit exclusif de vendre du temps d'antenne sur la nouvelle charne dans les régions dont elles détiennent la concession. Mais cet argent n'est pas utilisé pour produire des émissions. En effet, Channel Four a plutôt pour rôle d'acheter ou de commander des émissions aux sociétés ITV, aux producteurs indépendants et 5 l'étranger pour établir à partir de là une programmation distincte qui réponde mieux que la grande programmation commerciale aux besoins de certaines couches de population. Ainsi, c'est à Channel Four qu'il incombe de s'adresser aux jeunes de 16 à 30 ans, de faire ressortir l'aspect multiracial de la société briannique, d'offrir des programmes éducatifs plus variés et de fournir un service d'actualités plus large en insistant davantage sur le contexte et sur les explications. On espère que cet effort en faveur des minorités et d'une programmation renouvelée attirera des catégories de téléspectateurs assez peu enclins à regarder la télévision commerciale et qu'au cours d'une semaine moyenne, environ 10 % du public total se portera au moins une fois sur Channel Four. bien aue. trois mois aDr& la date de lancement, ce chiffre ne s'élève qu'A 3 %, sensiblement moins que ce que l'on escomptait. Autre avantage, Channel Four est relativement bon marché. A l'heure actuelle, par exemple, le prix maximal d'un créneau 2 une heure de grande écoute pendant le weekend dans la région de Londres est de 3.900 livres, ce qui représente juste un peu plus du quart (27,5 %) de ce que coûte l'achat du temps équivalent sur ITV 1. Les spots de Channel Four dans d'autres régions sont relativement plus chers, mais leur prix n'atteint jamais plus de 40 % de celui d'un créneau comparable sur ITV 1. Que la charne présente plusieurs avantages potentiels pour les annonceurs est difficilement contestable. Premièrement, elle donne aux petites et moyennes entreprises qui ne pouvaient auparavant se permettre d'acheter du temps d'antenne sur ITV 1 qu'aux heures creuses, au début de l'après-midi ou en fin de soirée, une chance d'atteindre le public du milieu de soirée sur Channel Four pour la même dépense (voir Flach 1982 : 14). Deuxièmement, elle offre aux grands annonceurs plus de souplesse dans leurs campagnes publicitaires. Jusqu'à 50 présent, les tarifs élevés facturés par les sociétés ITV 1 contraignaient les entreprises à consacrer à peu de choses près la totalité de leurs budgets 1 des spots programmés aux heures de plus grande écoute si 'elles souhaitaient faire une campagne télévisée ayant quelque impact. Les prix inférieurs pratiqués par la nouvelle charne leur permettent aujourd'hui d'engager des campagnes mixtes faisant appel à plusieurs médias, l'affiche et les annonces dans la presse écrite venant appuyer une publicité télévisée moins voyante (voir Young and Rubicam 1982 : 26). Troisièmement, l'intérêt privilégié accordé aux "minorités" donne 2 tous les annonceurs la possibilité d'atteindre des publics particuliers, comme 'les femmes ou les jeunes, pour un investissement raisonnable. De surcroTt, comme la chahe retransmet essentiellement des programmes financés et produits par d'autres organismes, 1'IBA a modifié ses règles de façon que le nom des commanditaires d'une émission puisse dans tous les cas être cité au début et 5 la fin de celle-ci, ce qui accrort Considérablement la valeur publicitaire du parrainage accordé. Cependant, quand l'annonceur figure ainsi au générique, il ne peut passer d'annonces ni au cours de l'émission ni immédiatement avant ou après (Murdock). La vidéo domestique La génération actuelle d'équipements vidéo domestique apporte au plaisir des yeux qu'on peut avoir chez soi ce que l'introduction du matériel haute fidélité compact a apporté aux plaisirs de l'oreille. Le consommateur se sert dans les deux cas de disques et de bandes magnétiques préenregistrées qu'il peut passer à son gré et il a en outre la possibilité d'enregistrer sur bandes vierges des émissions diffusées sur les ondes. Cependant, alors que le disque a ét6 5 la base de la révolution de la haute fidélité, les cassettes étant apparues par la suite, c'est sur la bande magnétique que s'est appuyé l'essor de la vidéo domestique, les disques n'arrivant que maintenant au stade de la grande production commerciale. Bien que les magnétoscopes à cassettes soient sur le marché depuis 1972, les ventes n'ont décollé que dans les trois dernières années. Quatre cent mille appareils ont été vendus en 1980. Un an plus tard, le chiffre avait plus que doublé et atteignait le million. Selon certaines estimations, 12 à 14 % des foyers disposaient d'un magnétoscope à la fin de 1982 et vers 1985 environ un quart des familles devraient en posséder un. Cette croissance rapide est due dans une large mesure au système des locations. La plupart des gens en Grande-Bretagne louent déjà leur poste de télévision principal dans une boutique moyennant un abonnement mensuel et pour une somme supplémentaire ils ont pu lui adjoindre un magnétoscope. En outre, la plupart des boutiques de location (ainsi qu'un certain nombre de magasins de vente au détail et de dépositaires de presse locaux) tiennent des vidéothèques de cassettes préenregistrées, que les clients peuvent louer pour la soirée ou le week-end pour une faible somme. Aussi la vidéo en Grande-Bretagne n'est-elle plus un luxe coûteux réservé à quelques privilégiés mais un moyen de communication de masse en plein développement, et il n'est pas surprenant que les producteurs de biens de consommation aient commencé à rechercher les moyens d'employer les cassettes préenregistrées comme support publicitaire. Pour nombre d'entre elles, les expériences faites en la matière se sont contenté de reprendre des techniques déjà utilisées pour la presse et le cinéma. En novembre 1982 par exemple, Catalyst Video Publishing a lancé un magazine vidéo intitulé Movie Video Magazine, version audiovisuelle des revues cinématographiques à grand tirage, contenant des extraits de plus de 30 films disponibles en vidéo. La projection dure une heure et comporte 10 minutes de publicité divisées en spots de 30 secondes. La cassette coûte 16,95 livres, c'est-à-dire guère plus qu'une cassette vierge ; elle peut aussi être louée dans les boutiques spécialisées pour environ 75 pence par soirée. Plutôt plus ambitieux est l'accord récent passé par Guild Home Video (deuxiGme distributeur de cassettes du pays) et In-Hom Video Advertising au sujet de la vente de spots publicitaires sur les principales productions de la Guild ; il s'agissait de reprendre le principe adopté pour les séances de cinéma qui consiste b faire suivre la présentation des bandes-annonce d'autres productions récentes d'un intermède publicitaire avant le début du grand film. Euro-Américan Video, pour sa part, a pas& un accord avec l'association professionnelle des détaillants vidéo aux termes duquel cette soci6té verse une redevance aux officines de locetion pour l'insertion de films publicitaires supplémentaires sur les bandes avant qu'elles ne les vendent ou qu'elles ne les louent. Les distributeurs, cependant, menacent d'intenter une action en justice pour empêcher les détaillants de toucher 5 leurs productions, et une interminable bataille pour le contrôle de la publicité vidéo est vraisemblablement sur le point de s'engager. La publicité sur les cassettes vidéo va certainement prendre de l'ampleur mais un certain nombre d'observateurs pensent que son potentiel est moindre que celui du parrainage des bandes, pour la simple raison que les spots publicitaires doivent être constamment réactualisés pour cadrer avec les nouvelles campagnes, tandis que le parrainage donne des résultats ininterrompus pendant plusieurs années (Chittock 1982 : 11). C o m e il est dit dans un rapport de J. Walter Thompson, "le domaine du parrainage est grand ouvert'' (J. Walter Thompson 1981 : 28). La première tentative pour tirer parti de ce potentiel a été faite en mai 1981 par la marque d'aliments pour animaux de compagnie, Ped-igree Petfoods. Celle-ci parrainait la production d'une bande intitulée Tout ce qu'il faut savoir sur les chiens ; son nom était inscrit sur la cassette et ses produits mis en valeur tout au long du programme, le but étant d'établir un lien direct entre les aliments pour animaux de compagnie de cette marque et les soins à donner à son chien. 'Pour attirer le consommateur, la cassette se vend 13 livres, c'est-à-dire moitié moins cher qu'une cassette préenregistrée ordinaire. D'autres grands annonceurs les ont suivis dans cette voie : Ford Motors a récemment sorti une bande de 4 3 minutes 'intitulée Comment entretenir soi-même sa voiture en collaboration avec l'Automobile Association. Certaines firmes cependant ont opté pour l'approche plus "douce", moins directe, vers laquelle tous s'acheminent en matière de parrainage et ont lié le nom de leurs sociétés à des sports et à des événements sportifs de grande audience. Courvoisier, la marque de cognac, par exemple, a récemment mis en circulation une cassette educative pour les amateurs de golf intitulée Les secrets des champions. D'autres entreprises expérimentent des moyens encore plus subtils de lier le spectacle vidéo 2 la vente. Toute personne faisant l'acquisition d'une copie du nouveau film d'espionnage de Linked Ring, Tangier, par exemple, reçoit un bon de 50 livres 2 valoir sur des réservations de vacances 1 faire auprès de toute une gamme d'agences de voyage réputces. 11 n'en reste pas moins que si elle a donné naissance 1 un nouveau support publicitaire, l'explosion de la vidéo B laquelle nous assistons vient aussi transformer les rapports entre la publicité et la télévision commerciale. Des recherches montrent que la plupart des propriétaires de magnétoscope utilisent surtout leur appareil pour échapper aux contraintes horaires ; ils enregistrent les programmes de telévi.sion qu'ils veulent revoir ou qu'ils ont manqué Ia première fois parce qu'ils n'étaient pas chez eux ou qu'ils voulaient regarder autre chose à la même heure. Selon l'enquête la plus récente, 86 % de tout ce qui est visionné au magnétoscope est repiqué sur les ondes, les grands films &tant de loin la catégorie de programmes la plus enregistrée (Douglas 1982 : 11). Cependant, les avis divergent quant aux conséquences de ce phénomène pour la publicité télévisée Certains soutiennent que l'enregistrement vidéo augmente le nombre de fois oÙ un spectateur est en contact avec une annonce et rallonge le temps pendant lequel elle fait de l'effet, et que, partant, les sociétés de télévision seraient en droit de prûtiquer des tarifs plus élevés pour ].es tranches horaires dans lesquelles passent les catégories d'émissions les plus enregistrées. Mais d'autres voient dans l'habitude d'enregistrer pour échapper aux contraintes , 51 - horaires qui est en passe de s'instituer une menace sérieuse pour la publicité télévisée du fait que la commande d'avance rapide dont sont équipés la plupart des magnétoscopes permet au spectateur de sauter les publicités lors d'une relecture, et surtout du fait que la nouvelle génération d'appareils peut bel et bien effacer les publicités lors de l'enregistrement. La question reste entière pour l'instant puisque les études sur l'utilisation des magnétoscopes ne sont pas encore suffisamment nombreuses pour permettre de dégager des tendances, mais il faut dire que d'ici à ce que nous ayons les él6ments nécessaires pour le faire, il s.e pourrait que les ressources financières des réseaux hertziens de télévision aient 'déjà 1 faire face aux attaques combinées des industries en expansion du videotex et du câble (Murdock). Le videotex ' Videotex est un terme générique qui désigne les systèmes permettant l'affichage sur l'écran d'un téléviseur ordinaire de trames ou de pages d'information tirées d'une mémoire centrale d'ordinateur. Ces systèmes sont principalement de deux types. Le service télétexte utilise les intervalles superflus ou les 'espaces blancs' des signaux hertziens de télévision pour transmettre dans un seul sens un flux continu d'informations aux spectateurs. Les utilisateurs peuvent choisir de recevoir une trame particulière d'après un "menu", mais ils ne peuvent pas envoyer d'instructions en retour ou de réponse par le même canal. On peut, cependant, disposer d'installations fonctionnant dans les deux sens avec le système "viewdata" par lequel la liaison entre l'utilisateur et l'ordinateur central s'effectue par le réseau téléphonique. Les deux systèmes fonctionnent actuellement en Grande-Bretagne et ils véhiculent tous deux de la publicité. Le système Prestel de British Telecom, lancé en 1979, est le premier service "viewdata" au monde ; on s'attendait à l'époque qu'il compte trois millions d'abonnés en 1983. Or, son développement a été beaucoup plus lent que prévu et au printemps de 1982 il ne comptait que .17.000 abonnés, pour la plupart des utilisateurs professionnels (Post Office Engineering Union 1982 : 28). Le problème principal pour les consommateurs privés est le coût. De même qu'ils doivent acheter ou louer l'équipement rkepteur spécial, les usagers de Prestel doivent payer pour chaque appel à l'ordinateur central, pour le temps pendant lequel ils sont connectés a lui, et pour chaque "page" d'informations qu'ils consomment, ce qui rend le système inabordable pour la plupart des familles ayant un revenu faible ou moyen. Aussi British Telecom a-t-il axé ses efforts sur la cocstitution d'une clientèle d'affaires 52 (Murdock 19831, encore qu'il se soit départi de cette politique en 1983 pour lancer une nouvelle campagne destinée à attirer les utilisateurs privés. Dans ce dessein, British Telecom a mis en place, en collaboration avec la Nottingham Building Society, un service limité de "banque électronique" et met la base de données Prestel à la disposition des utilisateurs d'ordinateurs domestiques pendant les weed-ends pour un abonnement annuel de 50 livres. Pour le moment, la portée de Prestel en tant que support publicitaire est encore assez restreinte, mais ses partisans continuent à insister sur les potentialités qu'il recèle, particuli& rement dans le domaine des petites annonces oÙ il présente des avantages certains par rapport aux journaux et aux revues. Premièrement, la rapidité et la souplesse de la nouvelle génération d'ordinateurs permettent beaucoup plus facilement aux annonceurs de réactualiser leurs textes publicitaires e't de lancer très rapidement de nouvelles annonces pour tirer parti de fluctuations imprévues du marché. Deuxièmement, du fait de leur capacité presque illimitée de stockage des données, les ordinateurs centraux modernes offrent aux annonceurs beaucoup plus d'espace que les journaux ou les revues, et les annonces peuvent être conservées dans le fichier -pendant plus longtemps, sans qu'interviennent des frais supplémentaires comme dans le cas d'une deuxième ou troisième parution. Enfin, et c'est lb peut-être le plus important, la nature interactive des systèmes "viewdata" permet aux annonceurs de contrôler avec une précision accrue les réactions à leurs annonces, puisque l'ordinateur enregistre automatiquement le nombre de personnes qui ont appelé telle ou telle annonce, combien de temps elles l'ont regardé, et si elles l'ont appelée de nouveau. De telles capacités ont alarmé plusieurs sociétés de presse, particulièrement les groupes régionaux qui, comme nous l'avons vu auparavant, tirent l'écrasante majorité de leurs revenues publicitaires des petites annonces. Par réaction, des grandes entreprises comme Birmingham Post and Mail se sont tournées vers le "viewdata" pour garantir leur avenir financier. Ainsi Birmingham Post and Mail s'est maintenant départi de sori attitude défensive du début et a commencé à explorer les possibilités offertes par "viewdata" ; de même qu'un autre important groupe de presse regional, Eastern Counties Newspapers, cette société a r6ussi à se placer parmi les cinq premiers fournisseurs d'informations de Prestel (Williams, 1981). Cependant, "viewdata" n'a pas encore définitivement pris pied sur le marché grand public. Seuls, pour le moment, se sont assurés une percée les services télétextes offerts par les deux principales organisations de télédiffusion : Ceefax de la BBC et Oracle de ITV. Contr'airement à Preste1 qui fait payer chaque service offert, Ceefax et Oracle peuvent être consultés gratuitement par toute personne possédant l'équipement récepteur voulu, ce qui leur a assuré un développement relativement rapide parmi le grand public. Selon une enquête récente, environ un demi-million de foyers en Grande-Bretagne, qui correspond à un million et demi d'usagers potentiels, étaient raccordés au réseau télétexte au milieu de 1982 (Large 1982 : 1 5 ) , La publicité est interdite sur le réseau Ceefax de la BBC, mais est autorisée sur l'oracle de ITV depuis août 1981, oÙ elle revat trois formes : des annonces pleine page, des 'encadrés' qui peuvent occuper jusqu'à 15 % d'une page rédactionnelle et des formules publicitaires en bas de page. Conformément aux règles générales qui régissent la publicité télévisée, cependant, 1'IBA exige que toutes les annonces apparaissent clairement comme telles et soient séparées du corps du texte, la proportion de pages de publicité ne devant de surcroît jamais dépasser 15 % du total ¿es pages consultables. Malgré ces restrictions, l'audience appréciable et croissante du télétexte en Grande-Bretagne fait d'oracle un support publicitaire potentiel assez important, mais son expansion future dépendra dans une large mesure de son aptitude b faire face à la concurrence des autres industries de télévision nouvelles, tout spécialement celle de la tél6vision par câble (Murdock). Les réseaux commerciaux par câble Bien qu'il existe en Grande-Bretagne depuis 1928, le réseau câblé dans ce pays n'a guère servi jusqu'ici qu'à relayer les signaux hertziens vers des zones oÙ la réception aérienne était difficile ou impossible pour des raisons tenant 2 l'environnement. A l'heure actuelle, environ 14 % des foyers dans le pays reçoivent la télévision, par câble et dix autres pour cent pourraient être connectés 1 relativement peu de frais. Deux tentatives visant ?idévelopper des utilisations nouvelles ont été faites ; un projet pilote de télévision payante dans les années 60 et une série d'expériences de services par câble 1 l'intention des collectivités dans les années 7 0 , mais ces tentatives ont toutes deux avorté relativement vite. Depuis deux ans la situation évolue cependant , considérablement. En mars 1981, les pouvoirs publics ont autorise les exploitants du réseau de relai par câble b créer une chaîne récréative fonctionnant par abonnement sur les mêmes circuits ; de telles chahes offriraient aux spectateurs un choix de grands films récents pour une redevance mensuelle oscillant entre 7 et 10 livres. Pour le moment cependant, ces expériences se heurtent à deux inconvénients majeurs. La publicité sur ces chaînes est interdite et les concessions actuelles expirent en 1983. Ces restrictions pourraient bien être levées dans un proche avenir, car les pouvoirs publics s'emploient activement 2 examiner la possibilité d'accroître très sensiblement l'ampleur du réseau commercial câblé. En juillet 1981, le gouvernement a chargé le Groupe consultatif sur les techniques de l'information (Information technology Advisory Panel) d'une étude des perspectives de croissance en la matière ; or le groupe a remis un rapport extrêmement favorable à la mise en place d'un réseau totalement commercial (ITAP 1982). Les grands ministres se sont sans hésitation rangés à cet avis et une commission d'enquête présidée par Lord Hunt a été chargée d'étudier les modalités d'organisation d'un tel système. Dans son rapport, remis en octobre 1982, cette commission apportait son soutien aux exploitants du réseau câblé dans leur revendication d'une extension rapide d'une diffusion commerciale que financerait les abonnements et la publicité et elle a recommandé l'abrogation de la réglementation limitant le temps maximal de publicité actuellement autorisé par heure pour permettre aux sociétés de télévision par câble de diffuser davantage de publicité que les télévisions commerciales traditionnelles, étant entendu cependant que la publicité par câble respecterait les règles déontologiques qui régissent la publicité sur ITV (Home Office 1982 : 15). La télévision par câble diffuse trois grands types de programmation. La plus courante est une programmation récréative destinée âu grand public, du type de celle diffusée dans les expériences en cours. On a ensuite ce qui est généralement dénommé le "narrowcasting", la diffusion restreinte, qui consiste à instituer des chaînes spécialisées s'adressant à des publics particuliers, par opposition 1 la télédiffusion ordinaire qui vise le grand public, c'est-à-dire une masse hétérogène. Enfin, des réseaux câblés de pointe s'ouvrent à la mise en place de circuits interactifs comme les services de "banque et d'achat électroniques". Les trois types de programmation offrent un champ d'action aux annonceurs. Les chaînes récréatives sont un moyen supplémentaire de toucher le grand public dans les zones urbaines grosses consommatrices à des tarifs sans doute inférieurs à ceux pratiqués par les sociétés ITV. Aussi ne faut-il pas s'étonner que les propositions contenues dans le rapport Hunt aient rencontré une forte opposition de la part des organismes de télévision commerciale en place qui ont eu le sentiment qu'elles menaçaient leurs sources de revenu. Les sociétés ITV ont réclamé un examen complet de "la quantité et de la forme de publicité autorisée sur les réseaux câblés et de l'impact probable sur les autres services financés par la publicité'' (ITCA 1982 : 4 ) . L'IBA est allé encore plus loin et a préconisé que les réseaux par câble soient intégralement financés par abonnements pour 53 empêcher la concurrence "déloyale" dans la répartition des revenus de la publicité (IBA 1982 : 7). On saura comment ce conslit d'intérêts aura été tranché quand le gouvernement rendra sa décision finale sur le 'futur de la transmission par câble. I1 reste que même si des restrictions étaient imposées à la publicité sur les cha'lnes grand public, les annonceurs pourraient encore largement profiter par ailleurs de l'expansion du câblage. Les milieux de la publicité pensent dans l'ensemble comme 1'Advertising Association que s'il est vrai que c'est à la télévision récréative grand public que le réseau câblé devra sa percée, c'est de ses autres applications que dépend son avenir 1 long terme. D G j à , toute une partie de la profession s'emploie H identifier, avec une précision accrue, les consommateurs potentiels de certains produits, ce pourquoi les cabinets d'études de marché ont mis au point des méthodes plus élaborées pour déterminer le profil du public des différents médias. Ils ne se contentent plus des décomptes et descriptions démographiques classiques (par âge, sexe et profession) mais prennent en considération les intérêts et les modes de vie des téléspecteurs. L'objectif est d'éviter le gaspillage inhérent aux campagnes de masse, qui atteignent un grand nombre de personnes que le produit n'inti5resse pas, en identifiant les médias dont le public, de par ses intérêts, sera davantage disposé B remarquer le produit. Et comme la "diffusion restreinte" par câble tend à s'adresser P des couches de population particulières, c'est un support idéal pour la publicité commerciable qui vise à atteindre une cible donnée. De surcro-rt, la télévision par câble, qu'elle s'adresse 5 un public restreint ou au grand public, donne aux annonceurs la possibilité d'imaginer des formules publicitaires autres que le spot classique de 30 secondes. Une expérience importante dans ce domaine a déjà été faite en Grande-Bretagne avec l'apparition des magazines de publicité dans les premières années de ITV. I1 s'agissait d'émissions d'une durée de 15 minutes habituellement, pendant lesquelles des personnalités connues présentaient des produits et en faisaient la démonstration, les fabricants versant une somme proportionnelle B la durée pendant laquelle leurs produits étaient visibles à l'écran. Le plus suivi de ces magazines publicitaires a 6té Jim's Inn, qui se passait dans un pub imaginaire tenu par le célèbre acteur Jimmy Handley, et oÙ la réclame pour les produits était intégrée aux conversations et aux activités des habitués, dont beaucoup sont devenus la coqueluche des spectateurs. En dépit de leur succès populaire, cependant, ces émissions ont été finalement interdites parce qu'elles violaient la règle selon laquelle la publicité télévisée doit être 54 clairement séparée des programmes (Gable -1980). Sur le réseau par câble des EtatsUnis, où la réglementaTion est moins contraignante cependant, les efforts pour entretenir la confusion entre les programmes et la publicité ont nettement repris grâce aux émissions de "publiinformation" et de "publi-dis traction'' (Hargreaves 1981 : 8 ) . Une "publiinformation" typique, par exemple, commence par l'interview d'un libraire local 2 propos des nouveaux titres qu'il recommande aux lecteurs et se termine par une annonce invitant les spectateurs 2 commander les livres dont il vient d'être question (Winklein 1979 : 37). Une version lus éladans borée en est le Home Shopping lequel les promoteurs payent pour être pré~. sentés comme des invités dans ce qui ressemble à un débat normal ; la réclame pour leurs produits gagne en légitimité du fait que la forme de l'émission est familière (Hartley and Moore 1981 : 26). Encore plus élaborés sont les projets visant à faire commanditer par des fabricants des émissions de 30 minutes, par exemple sur la réparation automobile ou les soins 5 donner EUX animaux de compagnie dans lesquelles seront exclusivement présentés leurs propres produits. Ce genre d'innovations a été dans l'ensemble approuvé par la Commission Hunt, d'après laquelle des émissions publicitaires plus longues aideraient le consommateur 2 choisir en meilleure connaissance de cause ; ainsi, si les pouvoirs publics font leurs ces recommandations, ce genre d'émission pourrait devenir classique sur les réseaux câblés britanniques. Au-del& de cette souplesse accrue dans les formules publicitaires, les réseaux par câble devraient permettre que s'instaurent des rapports d'un genre nouveau entre les producteurs et les consommateurs en offrant au spectateur la possibilité de réagir immédiatement aux annonces qu'il vient de voir. En utilisant des installations interactives, il pourra commander directement des marchandises, et fera débiter son achat sur son compte en banque ou sa carte de crédit. Si la technologie que suppose ce système d'l'achats électroniques" est nouvelle, les principes de vente par réaction directe qui les sous-tendent ne le sont pas. Ils sont depuis toujours 2 la base des stratégies commerciales déployées par les maisons de vente par correspondance, et ont été appliqués, en utilisant comme truchement le réseau postal, sur la télévision hertzienne, par des sociétés de disques comme K-Tel et Ronco au milieu des années 70. Quelques grandes agences de publicité, dont Ogilvy and Mather qui a de gros intérêts dans des sociétés de vente directe par correspondance, s'intéressent aussi à l'avenir de la vente directe par la télévision. Que ces initiatives soient ou non couronnées de succès à court terme, il fait peu de doute qÜe sur le long terme. le =, ~ développement des réseaux interactifs par câble élargira considérablement les possibilités d'achats à distance, ce qui pourrait avoir des répercussions non négligeables sur les structures existantes de la vente au détail. La diffusion par satellite ' Si les projets actuels se poursuivent comme prévu, la Grande-Bretagne disposera d'un réseau de diffusion par satellite entièrement opérationnel au milieu de la décennie comprenant deux nouvelles chahes de télévision gérées par la BBC. Ce réseau présentera plusieurs particularités importantes. Premisrement, il est destiné P desservir les ? l e s britanniques et P étendre l'actuelle capacité du réseau national de diffusion. Par conséquent, bien que "l'empreinte" du faisceau satellite doive déborder sur l'Europe continentale, on n'envisage nullement de s'adresser P ce public potentiel (et de récupérer ce faisant des ressources supplémentaires) par une programmation de portée transnationale. Deuxièmement, la publicité est interdite sur ces deux chaînes qui doivent dépendre uniquement d'une redevance supplémentaire versée par les spectateurs pour leur financement. Le gouvernement a certes pris soin d'insister sur le fait que les annonceurs ne seraient pas exclus des futures chahes mais, en l'état actuel de la réglementation, il est à prévoir que le réseau de télkvision par satellite national ne passera pas de publicité dans un avenir immédiat. I1 ne faudrait toutefois pas en conclure que la technologie des satellites n'ouvre pas de possibilités aux annonceurs britanniques, un réseau transnational financé en grande partie par la publicité est en effet en voie de se constituer. Les premiers pas dans cette direction ont Cté faits en avril 1982, avec le lancement réussi, par le groupe britannique Satellite Television Ltd, de la première charne de télévision commerciale transnationale d'Europe émettant en anglais, par le truchement du satellite expérimental Test Orbital de l'Agence spatiale européenne vers quelque 2C.000 foyers finlandais, norvégiens, suisses et maltais. I1 ne s'agit pas P proprement parler d'un réseau de diffusion directe puisque le signal satellite est repris, puis retransmis par câble 1 des abonnés dans les pays récepteurs et non reçu directement par le téléspectateur via une antenne parabolique privée reliée à son poste de télévision. Si ce système ?i"deux étapes'' visait 5 l'origine à résoudre un problème pratique, la mise en place de la chaîne sans attendre que les gens aient acheté des antennes paraboliques, il n'en présente pas moins certains avantages. I1 augmente le ,nombre des chahes que les réseaux câblés peuvent proposer à leurs abonnés, et il économise aux spectateurs les frais d'achat de leur propre antenne. De plus, comme les sociétés de télévision par câble peuvent s e permettre d'ériger des antennes plus grandes.et plus universelles que les particuliers ne sauraient en général le faire, elles peuvent fournir aux gens beaucoup plus de chahes retransmises par satellite qu'ils 'ne pourraient en capter eux-mêmes. Les rapports futurs entre les industries du satellite et du câble en Grande-Bretagne sont encore un sujet de dëbat animé, mais quelle que soit la façon dont le problème de la réception sera résolu, il fait peu de doutes que la télévision commerciale par satellite se développera en Europe au cours de la prochaine décennie et ouvrira de nouveaux champs d'action 5 la publicité. Les voies de transmission par satellite qui débordent des frontières nationales présentent plusieurs avantages évidents pour les annonceurs. Premièrement, elles permettent de toucher instantanément un public international et de prendre pied sur les marchés de pays oÙ la publicité sur les ondes nationales est sévèrement contrôlée, d'oÙ une augmentation du temps total d'antenne disponible (d'Arcy MacManus and Masius 1980 : 8/71. Deuxièmement, e l l e s offrent aux maisons de commerce la possibilité de lancer sur l'Europe entière une unique campagne de publicité normalisée et, partant, de réaliser des économies considérables (Mitchell 19ßO : 7). Enfin, du fait que dans l'état actuel de la réglementation, la publicité doit être conforme aux règlements du pays émetteur et non P ceux des pays récepteurs, la diffusion par satellite permet aux fabricants de tourner les règlements locaux qui régissent le contenu de la publicité. A l'heure actuelle pourtant, seule une poignée de sociétés britanniques sont en mesure de tirer parti de ces possibilités. Quinze seulement des 50 marques ou services du pays qui font le plus de publicité sont actuellement commercialisés dans toute l'Europe sous leur nom anglais et aucun d'eux n'a recours B des emballages ou 5 des publicit& normalisées. Les grandes soci6tés reconnaissent cependant qu'il y a 11 un problsme, et elles se sont mises en quête maintenant de thèmes et d'images nouvelles qui conviendraient pour une diffusion sur l'Europe tout entière (Murdock). 55 Chapitre 4 : Le contrôle de la publicité I1 existe au Royaume-Uni 80 textes de lois et règlements traitant de la publicité ; et il y en a une vingtaine en Inde, sans compter les différents codes de conduite et conventions. Suffisent-ils à assurer un contrôle social efficace sur le cpntenu et la diffusion des publicités ? I1 scmble bien que non, même quant ils sont complétés par des mesures d'autoréglementation de la part de l'industrie publicitaire. Cela vient peut-être de ce que la croissance de la publicité est plus rapide que la prise de conscience du problème dans les différentes sociétés ou qu'elle dépasse leur empressement à l'aborder. Ou encore de ce que les forces qui sont derrière l'industrie de la publicité sont trop puissantes pour être . contenues par de simples réglementations. Les contrôles 15gislatifs en GrandeBretagne I1 existe actuellement quelque 80 textes de loi sur le commerce et ?.a communication qui intéressent I n publicité. Un certain nombre d'entre eux répondent encore aux inquiétudes qui s'étaient exprimées dans les premiers temps de la publicité moderne. Les Obscene Publications Acts de 1958 et 1964, par exemple, renforcent les restrictions qu'avait instaurées 1'Indecent Advertisements Act de 1889 contre la publicité offensant la morale. De même, la préoccupation suscitée par les publicités vantant des sp6cialités pharmaceutiques qui s'exprimait dans le Venereai Diseases Act de 1917 (loi r6glementant la publicité relative aux traitements antivEn6riens) et dans le Cancer Act de 1939 (loi interdisant la publicité pour les "traitements anticancéreux") se retrouve dans le "Medicine Act" de 1968, qui réprime la publicité mensongère dans tous les domaines de la médecine. Mais parallèlement 1 ces préoccupations persistantes, les deux dernières décennies ont vu naître de nouveaux 'mouvements d'opinion qui ont conduit 2 de nouvelles restrictions d'ordre légal. Le premier de ces mouvements - le mouvement dc défense des droits des consommateurs - a ét6 lancé par le Consumer Prctection Act de 1961, loi de protection du c o n s ~ ~ a t e u2r ïilquelle ont ,fait suite 56 toute une série de lois destinées 2 reriforcer la position de l'acheteur moyen. La plus importante est le Fair Trading Act de 1973 qui prévoit la désignation d'un Director General of Fair Trading chargé d'étudier l'incidence des pratiques commerciales courantes sur les intérêts des consommateurs et de recommander, le cas échéant, une intervention des pouvoirs publics. Cette mission inclut la surveillance des comportements publicitaires et, en novembre 1978, l'office of Fair Trading a publié un rapport trGs critique sur le système actuel d'autoréglementation de la publicité, réclamant de nouvelles sanctions légales (Office or Fair Trading, 1978). I1 aura-it pu en résulter des mesures plus fermes s'il n'y avait eu le changement de gouvernement du printemps 1979. Tout en conduisant P un resserrement du contrôle officiel sur les formes de la publicité, le mouvement de défense des consommateurs a aussi suscité une nouvelle réglementation de son contenu. Le Consumer Credit Act de 1974, par exemple, impose des contrôles sévères sur le contenu des annonces proposant des prêts, tandis que le Mail Order Transactions (Information) Order de 1976 exige que toutes les publicit& pour les ventes par correspondance indiquent clairement le nom et l'adresse de l'entreprise qui offre ses services, afin d'éliminer les sociétés réclamant de l'argent sous des prétextes fallacieux. Plus généralement. îes Trades Descriptions A G - d e 1968 et de 1972 déclarent que toute publicité qui se présente comme la description objective d'un produit ou d'un service expose son auteur à des poursuites si le caractère fallacieux des faits ou des arguments qu'elle énonce peut être établi. Les principaux autres groupes de pression qui ont suscité la mise en place de nouveaux contrôles légaux de l a publicité sont les mouvements pour l'égalité des droits de la femme et des minorités ethniques. Leur action a entrainé l'adoption du Sex Discrimination Act de 1975 et du Race Relations A G de 1976, deux lois qui interdisent toute mention discriminatoire quant au sexe ou 2 la race dans la publicité, de telle sorte que les annonces d'offres d'emploi ou d'appartement 1 louer, par exemple, ne peuvent plus. désormais, spécifier que seuls des hommes ou des Blancs sont admis P postuler. Ces restrictions légales de portée générale s'appliquent P l'ensemble des médias, mais la publicité P la télévision et b la radio est assujettie en outre 2 une réglementation particulière appliquée par 1'Independent Broadcasting Authority (IBA) et dont le contenu n'est pas fixé par la loi. Aux termes de 1'Independent Broadcasting Authority Act, 1'IBA a pour mission de réglementer le volume et le contenu de la publicit6 2 la télévision et P la radio, de décider du moment et de l'emplacement des messages publicitaires dans la grille de programmation et de veiller h ce que la publicité soit nettement distincte.des programmes. La loi ne précise pas le volume exact de publicité qui peut être autorisé ; elle indique simplement que le temps alloué ''ne doit pas par son importance nuire la valeur informative, educative ou récréative des programmes". Cependant, depuis les premières émissions de télévision, en 1955, 1'Authority a interpreté cette disposition comme autorisant une durée maximale moyenne de six minutes de spots publicitaires par heure (cette moyenne étant calculée sur l'ensemble des programmes de la journée) avec une limite absolue de sept minutes par l'heure d'horloge''. Toutefois, dans le cas de programmes comme les retransmissions de concerts de musique classique, qui ne se prêtent pas facilement P des pauses publicitaires, il est permis de reporter le temps de publicité inutilisé sur "l'heure d'horloge'' suivante, P condition que cela ne nuise pas à la présentation des programmes. Pour éviter pareil inconvénient, la loi dispose que la publicité ne peut se situer qu'au début ou 5 la fin des émissions ou pendant les "pauses naturelles'' intervenant dans le déroulement de l'émission telles que les temps morts entre les questions dans les jeux radiophoniques ou télévisés ou les intervalles entre les scènes dans les dramatiques. Pour certaines catégories de programmes, cependant, la publicitc interne est absolument prohibée. I1 s'agit de toutes les émissions dont la durée est inférieure b 20 minutes, de certaines émissions d'une demi-heure, de certains documentaires et programmes d'actualit6, ainsi que de toutes les émissions religieuses, retransmissions de débats parlementaires et retransmissions de cérémonies ou autres événements royaux. En outre, deux dispositions de l'E ACT imposent une distinction absolue entre la publicité et les programmes. Premièrement, 1'IBA doit veiller à ce que les annonces publicitaires soient "clairement identifiables et distinctement séparées des programmes". Cela signifie non seulement que les annonces doivent être regroupées dans des "pauses" nettement marquées, mais aussi qu'il est interdit d'employer aux fins de publicité l'expression "flash . . d'information'' ou d'utiliser des situations ou des présentations évoquant certaines émissions de grande audience, qui risqueraient de créer dans le public une confusion entre les programmes et la publicité. Deuxièmement, 1'IBA doit s'assurer que les programmes ne contiennent rien "qui affirme, suggère ou laisse supposer" qu'une partie quelccnque de ceux-ci ''a été fournie ou inspirée par un annonceur". Cela exclut le "sponsoring" sur le modèle américain classique, dans lequel les annonceurs sont véritablement les producteurs des programmes, mais les directives révisées publiées au début de 1982 permettent en réalit6 que le nom des entreprises ou des organisations ayant financé des programmes documentaires ou la retransmission en direct de manifestations sportives ou CULturelles apparaisse sur l'écran. Outre le volume, l a répartition et les formes de la publicité, 1'IBA en règlemente aussi Gtroitement le contenu. L'lndependent Broadcasting Authority Act est en fait l'un des textes législatifs les plus puissants en matière de surveillance des pratiques commerciales et de défense du consommateur. Alors que les lois générales régissant les autres formes de publicité se limitent h la répression a posteriori, 1'IBA est habilitée B exercer sa censure sur toutes les publicités avant leur diffusion et P éliminer celles qu'elle trouve mensongères ou en contravention avec son Code of Advertising Standards and Practice. Ce code des normes et pratiques publicitaires est établi et périodiquement révisé en consultation avec l'hdvertising Advisory Committee, comité consultatif composé de représentants de l'industrie publicitaire et des intérêts des consommateurs, et avec un groupe d'experts médicaux qui donnent leur avis sur la publicité concernant des spécialités pharmaceutiques ou des traitements ou instruments chirurgicaux. Selon les termes du Code, toute publicité télévisée ou radiodiffusée doit être légale, décente, honnête et véridique. Autrement dit, elle doit respecter la loi, elle ne doit pas aller 1 l'encontre des principes généralement admis du bon goût et de la décence, elle ne doit pas chercher 1 abuser les consommateurs ou 2 mettre P profit leur manque d'expérience ou de connaissances et elle ne doit énoncer que des faits dont la véracité peut être établie. Comme nous le verrons ici, ces principes généraux sous-tendent le code de conduite volontaire qui régit la publicité dans les autres médias. Mais, du fait "de sa plus grande pénétration dans l'intimité des foyers", on considgre que la publicité radiotélévisée pose des problèmes spéciaux qui exigent des contrôles supplémentaires (IBA, 1961, p. 3). I1 en résulte qu'un certain nombre de produits et de services sont totalement interdits de publicité P la radio et 2 la télévision. I1 s'agit des cigarettes, des officines de paris, des agences matrimoniales, des détectives 57 privés, des voyant (e)s , des organisations religieuses, des contraceptifs, des tests de grossesse et des groupes ou partis politiques. En outre, conformément à l'obligation légale générale d'équilibre et d'impartialité dans la présentation des conflits politiques et économiques, 1'IBA n'autorise pas les annonces en rapport avec des conflits du travail ou des controverses sur la politique des pouvoirs publics. Ainsi, il n'est pas possible à un employeur de diffuser un appel invitant des grévistes 1 reprendre le travail, ni 1 une organisation professionnelle de publier une annonce s'élevant contre un projet gouvernemental de nationalisation des banques. Cette faculté privilégiée qu'ont la radio et la télévision de pénétrer dans les foyers a aussi amené P instituer des restrictions spéciales dans le cas de la publicité s'adressant aux enfants et aux jeunes, pour leur éviter de subir un préjudice "physique, mental ou moral" (IBA, 1981, p . 9 ) . C'est ainsi que les publicités pour les boissons alcoolisées, les cigares, le 'tabac, les allumettes et les chocolats 1 la liqueur ne peuvent être diifusées ni au cours des émissions pour enfants ni immé.diatement avant ou après, alors que les annonces pour les médicaments pédiatriques ne peuvent être diffusées qu'après neuf heures du soir (heure b laquelle on suppose que la plupart des jeunes enfants sont au lit). En outre, aucun jeune de moins de 25 ans non plus qu'aucune personnalité 'ayant de l'ascendant sur les jeunes ne doit figurer dans des publicités pour des produits alcoolisés. De plus, les publicités ne doivent pas inciter 1 la consommation permanente de sucreries tout au long de la journée ni représenter des enfants en situation potentiellement dangereuse, se penchant par la fenêtre, par exemple, escaladant une falaise dangereuse, jouant au milieu de la chaussée, ou se servant d'allumettes, d'essence ou d'appareils électriques. Enfin, tous les enfants figurant dans les publicités doivent se montrer raisonnablement bien élevés dans leur sage comportement. Pour s'assurer que ces diffErentes dispositions du Code sont bien respectées, 1'IBA exerce un contrôle préalable sur toutes les publicités télévisées. De fin mars 1980 B fin mars 1981, par exemple, le personnel de 1'Authority a examiné 7.092 scénarios de films publicitaires pour la télévision. A titre de double contrôle 1'Authority visionne aussi, conformément au Code, le film publicitaire une fois terminé ou sa version vidéo pour s'assurer que l'adjonction de l'image et du son n'a pas introduit des éléments qui n'auraient pas été apparents 1 la lecture du scénario d'origine. Pendant les 12 mois qui ont précédé mars 1981, elle a visionné 5.150 annonces publicitaires terminées. Le système de censure des publicités radiophoniques, bien que rigoureux, est moins centralisé. Le personnel de 1'IBA 2 Londres ne contrôle que les campagnes qui doivent bénéficier 58 d'une audience nationale soit, en 1980-1981, 1.003 scénarios. Les autres publicités des stations de radio commerciales, qui sont destinées au public local, sont vérifiées par la station concernée, laquelle consulte le personnel de 1'IBA en cas de doute (Murdock). Lois et codes de conduite régissant la publicité : l'exemple indien La publicité est un aspect important du processus social et intéresse l'ensemble de la vie de l'individu car elle influe sur ses opinions, ses attitudes et ses déci%ions : elle doit donc être disciplinée de façon appropriée, adéquatement maîtrisée et convenablement conçue afin de promouvoir de façon dccente et honnête les produits ou .les idées qui en sont l'objet. Indécence et malhonnêteté peuvent se manifester du fait que la publicité est une activité hautement compétitive d0r.t les différents protagonistes sont engagés dans d'lpres conflits d'intérêts. L'annonceur veut vendre sa marque et battre ses concurrents par les armes du marketing, dont la publicité fait partie. L'agence de publicité doit établir sa supériorité professionnelle en faisant vendre les produits et les idées qu'elle a entrepris de promouvoir. Le propriétaire du média a besoin de se procurer des recettes pour continuer son activité en transmettsnt les messages publicitaires. L'épreuve de force entre les concurrents de chacune de ces trois catégories peut conduire 2 des pratiques qui ne sont pas toujours loyales. Les dispositions légales sont donc là pour les maintenir dans le droit chemin et pour permettre à ceux qui auraient été lésés par de telles pratiques d'obtenir réparation. Les textes législatifs qui s'appliquent 1 la publicité sont en Inde les suivants : 1. The Law-of Contract (loi sur les contrats) ; 2. The Law of Torts (loi sur les délits et quasi-délits civils) ; 3 . The Law of Copyright (loi sur le droit d'auteur) ; 4 . The Law of Trade 2nd Merchandise M a r - (loi sur les marques de fabrique et de commerce) ; 5. The Law-of Drugs and Magic Remedce-s (loi sur les médicaments et remèdes magiques) ; 6 . The Law of Obscenity (loi sur les publications obscènes) ; 7. The Indian Penal Cojj (Code pénal indien) ; 8. The Criminal Procedure Code (code de procédure pénale) ; 9. The Emblems and Names (Prevention of Improper Use) Act (loi sur la prévention de l'usage abusif des emblèmes et des noms) ; 10. The Essential Commodities Act (loi sur les denrées essentielles) ; 1 1 . The Defence of India Act (loi sur la défense nationale) ; 12. The Legal Tender (Inscribed Notes) Act (loi sur les billets ayant cours léeal) : 13. The Prevention of Insults to National Eonour Act (loi sur la prévention des insultes à l'honneur national) ; 1 4 . Prevention of Food Adulteqation Act (loi sur 1'eltGration des produits alimentaires) ; 15. The Patents Act (loi sur les ~ ~~ Y ~I = brevets) ; 16. The Prevention of Publication of Objectionable Matters Act (loi sur la prévention de la publication de textes offensants) ; 17. The Indian Post Office Act (loi sur la poste indienne) ; 18. The Contempt of Courts Act (loi sur l'outrage P magistrat) ; 19. The Prize Competition A G (loi sur les concours) ; 20. The Young Persons (Harmful Publications) Act (loi sur les publications préjudiciables 2 la jeunesse). Même quand une l o i est d'application générale, celui qui veut s'en prévaloir devant les tribunaux pour obtenir réparation d'un préjudice est rebuté par les délais interminables qu'impliquent son interprétation et les d6tours de la procédure. La publicité obscène est punissable selon le code pénal indien, mais les gens préféreront s'en accommoder plutôt que d'engager une procédure complexe, avec tous les désagréments que cela suppose.Un autre obstacle est que la plupart des gens ne savent pas quels sont les textes applicables aux différents cas de publicité malhonnête ou illicite. La loi sur la matière est dispersée. L'Advertiaing Council of India (Conseil indien de la publicité), constitué en 1959 suivant une recommandation de la Press Commission (1954), a pris sur lui de "protéger" les intcrêts des consommateurs face aux fabricants et aux annonceurs. Ses principes de base sont que la publicité doit être conforme non seulement la loi mais aussi aux sentiments moraux, esthétiques et religieux de la population. Le code de déontologie approuvé et accepté par les associations qui le constituent, c'est-à-dire 1'Indian and Eastern Newspaper Society, 1'Indian Society of Advertising, 1'Indian Language Newspapers Association, l'Association of Advertising Agencies of India et la All India Federation of Hanufacturers, est en cours de révision. Le Conseil n'est pas en activité actuellement. L'Indian and Eastern Newspaper Society (IENS) a établi en 1967, pour les journaux qui en sont membres, un code normatif s'inspirant des principes de l'International. Council of Advertising Practice. Selon ce code, les journaux membres n'acceptent que les publicités licites, décentes, honnêtes et sincères. Ne contenant que des reccmmandations, le code de 1'IENS ne peut être considér6 comme un moyen efficace d'assurer le respect d'une certaine norme ou rsgle morale dans le domaine de la publicité. L'Indian Society of Advertisers, qui rassemble en Inde les principaux publicitaires, n'a pas seulement pour objectif la promotion de normes morales valables ; elle s'est aussi engagée 1 "démasquer" les pratiques publicitaires frauduleuses et dilapidatrices. Ses membres sont cependant trop peu nombreux et il y a trop de non-membres qui ne sont pas liés par ses règles. En pratique, il n'existe pas de code de conduite valable pour la publicité de presse, ni de dispositif efficace pour assurer le respect des normes qui peuvent exister. Sans dispositif coercitif, aucun code ne saurait remplir une fonction utile. La radio et la télévision, contrôlées par le gouvernement, appliquent les procriptions d'un code de la radiodiffusion commerciale, aux termes desquelles la publicité doit être conforme aux lois du pays et ne pas offenser la morale, la décence ou les suceptibilités religieuses de la population. En de nombreuses occasions, la radio et la télévision ont pour ces motifs refusé des publicités et ont même interrompu la diffusion de certaines annonces publicitaires qui avaient été diffusées sur les ondes B la suite d'erreurs d'appréciation. On comprend que les médias contrôlés par le gouvernement se doivent d'être attentifs, alors que les médias privés peuvent se permettre d'être indifférents (Pillai). Autoréglementation : Le point de vue de la profession Comme on l'a dit plus haut, la publicité est un outil professionnel : si les consommateurs doivent être protégés contre les abus qui peuvent en être faits (publicité mensongère), il doit en aller de même des annonceurs (concurrence déloyale par les techniques publicitaires), ainsi que de l'outil lui-mEme, afin qu'il n'en soit pas fait un mauvais usage. L'autorgglementation est un' moyen d'assurer ces différentes protections qui se situe entre deux extrêmes : l'absence totale de rcglementation et le contrôle total de 1'Etat (de la loi). Mais l'autoréglementation peut s'entendre de différentes façons. L'expression code créé même de "code de pratiques" pour définir des normes communes ou pour en assurer l'application dans le domaine de la publicité - peut prêter 1 confusion. Dans la définition non législative des codes, on doit faire la distinction entre l'autoréglementation proprement dite et les codes négoci& et accords ou conventions. Une autre distinction s'impose B propos des codes négociés (et accords ou conventions) ; il s'agit de la participation des organisations de consommateurs et/ou des pouvoirs publics aux négociations avec la profession. (a) L'autoréglementation : - code de pratiques universellement applicable : 6laboré par la profession sur la base d'une concertation. I1 est conçu pour servir d'instrument de contrôle et rédigé en termes clairs et non ambigus ; - code largement diffusé auprès des professionnels concernés et auprès de leurs clients et clients potentiels ; - procédure efficace et cohérente, établie par la profession de surveillance, d'instruction des - 59 réclamations et d'arbitrage, pour enquêter et se prononcer sur les infractions apparentes au code ; - sanctions efficaces en cas d'infraction au code. Ce code s'applique b tous les créateurs, utilisateurs ou éditeurs de publicites, qu'ils soient ou non membres d'une association professionnelle. et les sanctions comprennent l'interdiction d'espace publicitaire ou d'antenne pour les contrevenants (sauf quand la législation antitrust l'interdit). Les codes nationaux d'autoréglementation ont une base comune dans le code des pratiques publicitaires de la Chambre de commerce internationale, dont les prescriptions sont développées pour tenir compte des conditions, préoccupations et pratiques commerciales propres aux différents pays et pour compléter les législations nationales. Certains codes d'autoréglementation, dans le domaine du marketing, peuvent avoir un champ d'application plus limité, du fait qu'ils ne s'appliquent qu'aux entreprises membres de l'association professionnelle sous l'égide de laquelle le code est publié. Alors que l'autodiscipline se réfère 2 des contraintes individuelles librement consenties, l'autoréglementation est un concept plus large qui couvre l'adoption (et , si nécessaire, 1'imposition de sanctions), par le groupe de pairs, de mesures destinées b assurer l'application des règles de conduite convenues. Un système dans lequel les règles de base sont établies par une autorité extérieure ou peuvent être modifiées à sa demande n'est pas un système d'autoréglementation. (b) Les codes de pratiques négociés : Ces codes sont rédigés en collaboration entre un secteur de l'industrie et les organisations de consommateurs et/ou les pouvoirs publics. Ils définissent les normes comunes applicables par les membres d'une association professionnelle particulière, souvent dans des domaines oh la législation serait inadaptée ou trop lourde. On peut citer, 1 cet égard, les 20 codes sectoriels que l'United Kingdom Office of Fair Trading a négociés avec des associations professionnelles sur des sujets aussi divers que la cordonnerie et les pompes funèbres. L'application quotidienne est assurée sous la responsabilité de l'association professionnelle, mais des contrôles sont effectués de temps à autre par l'organisme officiel ayant négocié l'adoption du code. Les prescriptions de ces codes sont claires, non ambiguës et faciles à mettre en pratique. L'organisme officiel peut être très utile pour faire connaïtre au public les nouvelles dispositions des codes et leur assurer une large diffusion, et il 60 peut subventionner ou financer une documentation d'information appropriée. (c) Les accords ou conventions : Les deux genres de codes qui précèdent sont limités à un produit ou à une branche d'activité spécifique et bénéficient d'un soutien important dës avant leur publication. Dans chaque cas, des procédures de règlement des litiges font partie intégrante du code. Bien différents sont les accords imposés 1 une branche d'activité par une source extérieure. Parce qu'ils ne sont pas rédigés par les fabricants ou les praticiens, ils posent d'importants problèmes de définition et présentent des ambiguïtés et des difficultés d'interprétation qui sont source de mécontentement aussi bien pour les professionnels que pour lesz consommateurs. Le champ de l'accord s'étend parfois au-delà de ce qu'il est raisonnable (ou même souhaitable) de demafider 2 l'industrie de contrôler. 11 arrive que de tels accords ou conventions soient publiés avant même que l'.on n'ait étudié la question des procédures de surveillance ou de règlement des litiges. Par exemple, le "code'' de l'organisation mondiale de la santé concernant la commercialisation des substituts du lait maternel est rédigé de façon ambiguë. I1 règle non seulement le comportement des fabricants et des détaillants, mais aussi celui des membres des professions de santé, sur lequel on ne saurait demander aux premiers d'exercer un contrôle. Les procédures de surveillance et de règlement des litiges n'y sont pas clairement définies, en dépit du fait que les interprétations très divergentes que l'on peut donner de ce texte imposent une lourde responsabilité à ceux qui ont la charge de l'appliquer. Les accords et conventions de ce genre devraient être formulés et exprimés clairement, et les responsabilités des différents secteurs de la communauté nettement distinguées et définies. Des procédures de surveillance précises devraient être fixées dans le cadre de ces accords, de façon que la profession comme les consommateurs sachent à qui s'adresser en cas de réclamation qui doit se prononcer sur les infractions éventuelles, et selon quels critères. De tels codes doivent être appelés ''accords'' ou "conventions'' pour éviter la confusion avec les codes de pratiques sectoriels ou avec l'autoréglementation. Qu'il s'agisse d'accords nationaux ou internationaux, ils constituent une rcglementation et non une autoréglementation (de Win). L'application pratique d'autoréglementation du système En Grande-Bretagne, les premiers progrès dans la voie d'une autosurveillance plus efficace ont été réalisés en 1961 quand 1'Advertising- Association a adoDté. . -lors de sa conférence annuelle, le British Code of Advertising Practice et institué un comité permanent, le Code of Advertising Practice Committee, pour en assurer la mise à jour permanente. Un grand nombre des restrictions imposées par le Code sont semblables 2 celles qui découlent des règles de 1'IBA. Le Code exige que toute publicité soit clairement séparée de son contexte de telle façon ''que quiconque la regarde puisse se rendre compte qu'il s'agit d'une publicité sans avoir à l'étudier attentivement'' (Advertising Standards Authority, 1979, p. 19). I1 insiste sur le fait que toute annonce publicitaire doit être licite, décente, honnête et sincère. Et il témoigne de la même préoccupation particulière pour la publicité destinée aux enfants et pour la publicité médicale. Mais, contrairement P l'IBA, il ne va pas jusqu'à interdire la publicité pour des produits "controversés'' comme les cigarettes, les agences matrimoniales et les tests de grossesse. Cela n'est guère surprenant du fait que le CAP Committe qui compile le code n'est composé que de représentants des trois principaux groupes d'intérêts participant B l'activité publicitaire : les agences, les annonceurs et les organismes de médias et a surtout pour souci de nontrer son sens des responsabilités sociales sans porter indûment prhjudice au commerce et au développement de la publicité. I1 en résulte que ''la doctrine qui détermine ce qu'il est souhaitable de contrôler Est fondamentalement celle de la profession elle-même" et a pour limite les intErêts de celle-ci (Department of Trade, 1980, p. 29). Le CAP Committee rédige le code mais il ne se charge pas de vérifier qu'il est respecté ni d'enquêter sur les réclamations du public contre des publicités données. Ces tâches sont de la compétence de l'sdvertising Standards Authority (ASA), organisme mis en place un an après la promulgation du code pour lever les doutes sur l'aptitude de la profession assurer le respect de ses dispositions. L'ASA est une société par actions disposant d'un personnel 2 plein temps, financée par l'industrie de la publicité mais présidée par une personnalité indépendante des principaux intérêts publicitaires. Malgré tout, à ses débuts, l'ASA s'est montrée plus préoccupée de diffuser le Code auprès des professionnels que de représenter les intérêts des consommateurs, ce qui a suscité des critiques croissantes et des demandes renouvelées tendant 1 l'adoption d'un texte législatif. La profession a réagi en instituant en 1974 une surtaxe de 0.1 % sur le prix des annonces publicitaires, surtaxe dont le produit a servi 5 développer l'ASA, qui a étoffé son personnel et dépensé davantage pour informer le public des procédures de réclamation. Contrairement 2 l'IBA, 1'Advertising Standards Authority n'exerce pas une censure sur les publicités avant leur publication, sauf dans quelques domaines particuliers comme les tests de grossesse. Dans d'autres domaines controversés, les annonceurs sont encouragés à soumettre leurs textes avant publication mais sans y être obligés. Même s'ils l'étaient,. l'ASA n'a pas suffisamment de personnel pour assurer un contrôle préalable généralisé. On a estimé que, au cours d'une année moyenne, les journaux et les revues passent plus de 25 millions d'annonces, ce qui représente, même si l'on tient compte de toutes celles qui se répètent, beaucoup plus que les 7.000 scénarios examinés par 1'IBA. Le système s'en remet donc' aux annonceurs, aux agences et aux organes de presse pour effectuer eux-mêmes des vérifications et s'assurer que les annonces publicitaires qu'ils créent ou publient sont conformes au code. Inévitablement cependant, ce système d'autocensure n'est pas aussi complet et cohérent qu'il pourrait l'être, et des annonces contrevenant au code passent régulièrement B travers les mailles du filet. L'ASA réagit 1 ces "bavures" de deux façons. Elle exerce elle-même une surveillance pour vérifier que les publicités insérées dans les revues et les journaux sont conformes au code, et elle sollicite et instruit les réclamations du public. La surveillance s'effectue à plusieurs niveaux. Premisrement, un examen cursif des journaux et des revues a lieu corìtinuellement, par échantillonnage tournant, pour détecter les violations manifestes du Code et, quand cela est nécessaire, les infractions sont instruites et des sanctions sont prises. Deuxicmement, il est procédé régulièrement à une étude détaillée de la publicité pour des produits particuliers, allant dee services photographiques aux produits de beauté. Enfin, un souséchantillon d'annonces provenant du sondage général est vérifié pour voir si les annonceurs peuvent établir la véracité de ce qu'ils affirment. Le but de ces pratiques est de maintenir les annonceurs sur le qui-vive en contrôlant leurs agissements sans attendre les réclamations des consommateurs. Mais il est inévitable, étant donné le personnel et les ressources disponibles, que ces initiatives ne couvrent qu'une fraction des annonces paraissant P un moment donné, et l'ASA doit donc compter dans une large mesure sur le public pour combler les lacunes. Cependant, jusqu'à une date récente, l'ASA faisait peu d'efforts pour faire connaître ses procédures de recours, de sorte que les membres du public étaient relativement peu nombreux à écrire pour protester contre le contenu d'annonces publicitaires ou la conduite d'annonceurs. C'est en 1980 qu'elle décida de lancer une campagne de publicité pour améliorer sa notoriété et pour encourager les gens à ne pas hésiter 2 se plaindre. I1 peut arriver pour diverses raisons que des réclamations restent sans suite. Certaines, concernant des publicités passées à la radio ou h la télévision, sont transmises à 1'IBA ; d'autres se rapportent à des publicités qui font déjà l'objet d'une enquête de l'ASA ; d'autres encore doivent être classées parce que le requérant n'a 61 pas fourni de détails suffisants ; mais dans la plupart ces cas, lorsqu'il n'est pas donné suite à une réclamation, c'est parce que 1'Authority estime qu'"il n'y a pas lieu d'enquêter'' car la publicité en question ne contrevient pas au Code. Les principales critiques portées contre le système actuel d'autocensure sont au nombre de trois : il n'est pas assez étendu, il agit trop lentement pour être efficace et ses sanctions manquent de force. Bien que le British Code of AdvertiPractice prétende régir toute la publicité commerciale non radiodiffusée ou télhisée, plusieurs annonceurs et organes de presse ne sont pas membres des associations professionnelles représentées au CAP Committee qui rédige le Code, et ne s'estiment donc pas liés par cet instrument. L'exemple le plus manifeste est celui des éditeurs des magazines "érotiques" qui font .une grande place 5 la publicité pour les 'accessoires sexuels et l'e ''porno soft'' et, comme le font remarquer les critiques, c'est dans ces domaines que sont commises beaucoup des infractions les plus flagrantes au Code. Mais, disent les critiques, même lorsque les annonceurs et les organes de presse souscrivent au Code, il s'écoule t r o p de temps "entre le démarrage d'une campagne nocive, sa detection et son évaluation par le système de contrôle et les mesures prises pour l'arrêter'' (OFT, 1978, p. 4 0 ) . Selon les recherches de l'office of Fair Trading, la procédure de recours est particulièrement lourde, avec, dans la moitié des cas, des délais de plus de trois mois entre la réception d'une plainte et la suite qui lui est donnée, délai au bout duquel le mal éventuel est déjà fait (OFTI, 1978, p. 3 3 ) . C'est vouloir pousser le verrou de la porte de l'écurie alors que le cheval a déjà depuis longtemps pris la clé des champs. Les critiques formulées concernent aussi les sanctions dont dispose l'ASA. La plus lourde sanction qu'entraîne une infraction au Code est la non-publication de l'annonce par les médias. Lorsque l'ASA a établi que l'annonce est inacceptable, elle adresse un avis d'interdiction aux principales organisations de presse représentées au CAP Committee, qui envoient elles-mêmes une note confidentielle 1 tous leurs membres pour leur demander de ne pas publier l'annonce répréhensible. Ce système est relativement efficace pour les quotidiens puisqu'il est habituellement possible de retirer l'annonce de l'édition du lendemain. Mais dans le cas des périodiques oÙ les espaces publicitaires sont attribués bien avant la publication, il est souvent difficile d'apporter des changements de dernière minute 2 la mise en page ou de substituer une publicité à une autre, et la seule solution e s t de laisser un espace blanc en renonçant la recette publicitaire correspondante. On comprend que certains organes de presse 62 aient du mal 2 s ' y résoudre et attendent le numéro suivant, qui ne paraTt parfois qu'un mois plus tard, pour se conformer 2 l'avis d'interdiction. La modification des affiches, une fois celles-ci en place, présente des difficultés semblables et, 11 encore, les directives de l'ASA restent souvent lettre morte jusqu'l ce que le moment soit venu de remplacer l'affiche. La proposition qui va le plus loin est celle qui tend P transformer l'ASA en un organisme officiel avec des pouvoirs officiels dans le genre de 1'IBA. Mais cette proposition a été rejetée dans les conclusions de deux enquêtes récentes au motif que, comme le volume des publicitss non radiodiffusées ou télévisées rend impossible tout examen préalable efficace, cet organisme devrait lui aussi se contenter de n'intervenir qu'après publication et que rien ne garantit que son intervention serait plus efficace que celle d'un organisme volontaire. De même, les propositions tendant 1 la publication d'annonces rectificatives, sur le modèle américain, informant les ronsommateurs que les assertions de précédentes annonces étaient mensongères, ont été rejetées comme étant inefficaces car l e s gens qui lisent les premières annonces peuvent très bien ne jamais voir les rectificatifs. Cependant, les enquêtes ont toutes deux fourni des arguments de poids 2 ceux qui demandent que de nouvelles sanctions légales viennent renforcer le système volontaire actuel. Celles-ci revêtiraient la forme d'une injonction judiciaire prise 2 l'initiative du Director General of Fair Trading pour empêcher la publication des annonces inacceptables. Une nouvelle loi serait votée qui imposerait 2 l'industrie publicitaire l'obligation générale de ne pas publier d'annonce susceptible de tromper le public ou de l'induire en erreur sur un point de fait. Le Director General serait alors habilité 1 solliciter une injonction contre toute annonce qui contreviendrait à cette obligation. La dgsobéissance à cette injonction constituerait un délit d'outrage à magistrat et serait punissable c o m e tel, la peine la plus probable étant une amende. Le but de cette proposition est d'accElérer le processus réglementaire et d'étendre les contrôles aux organes de presse et aux annonceurs qui ne souscrivent pas actuellement au système volontaire. Mais malgré le soutien important apporté par deux enquêtes officielles, cette proposition n'a pas encore été suivie d'effet et le gouvernement actuel semble peu disposé 2 agir dans ce domaine. Même s'il le faisait, cela ne satisferait pas ceux qui critiquent la forme et le contenu de certaines publicités et les produits qu'elles vantent. Les principales attaques, 2 cet égerd, émanent de deux groupes de pression bien connus du public et qui font beaucoup de bruit : l e s "Pioral Crusaders", groupe de défense de la moralitg publique, dont le souci est la représentation de la violence et du sexe dans les médias, et le Groupe de défense de la santé qui milite pour une limitation plus sévère de la publicité pour les cigarettes et l'alcool (Murdock). Les propositions relatives à la mise er! place d'une surveillance de la publici2 En Inde, le premier souci d'une agence de publicité est d'employer ses compétences 5 promouvoir la vente d'un produit selon les instructions de l'annonceur. Le personnel des journaux et autres médias n'a lui non plus aucun moyen propre, en général, de vérifier la sincérit6 de ce qu'affirment les annonceurs. Ils insèrent l'annonce telle qu'elle se présente, dès lors qu'elle n'enfreint pas la loi et n'apparart pas suspecte. I1 est donc urgent de mettre en place un dispositif pour protéger les intérêts des consommateurs, des annonceurs et des médias. Si une autodiscipline ne s'exerce pas, mgdias et annonceurs risquent de voir leur crédibilité s'effondrer. Les acheteurs, bien entendu, sont perdants dans tous les cas. Le Directeur du Consumer Council of India et certains économistes éminents ont proposë d'instituer, au niveau national comme au niveau des Etats, un conseil de la publicité qui serait compos6 de représentants du gouvernement, des fabricants, des annonceurs et des consommateurs et serait chargE, non seulement d'établir des directives destinGes b empêcher toute publicité immorale mais encore de procéder 2 une vérification effective des annonces avant leur diffusion. Et pour être utile, font-ils valoir, cet organisme devrait avoir la sanction de la loi. Un autre c0urar.t de pensée est fortement opposé à la mise en place de tout organisme d'autor6glementation qui bénéficierait de la sanction légale. I1 est favorable 2 un organisme non officiel semblable 1 l'Advertising Standards Authority du RoyaumeUni, qui affirme "si une publicité est rEpréhensible, nous sommes là pour la corriger". Dans un pays aussi vaste que l'Inde, oÙ le taux d'alphabétisation est moins élevé que dans d'autres pays plus avancés, une combinaison judicieuse des deux systèmes apparait comme la solution la plus souhaitable. Hais la profession craint, ce qui est compréhensible, que l'organisme de réglementation ne perde son caractère volontaire et son indépendance si un représentant du gouvernement en fait partie. Le gouvernement, de son côté, hésite b prendre position car il ne veut pas avoir l'air de régenter la profession et d'essayer indirectement de porter atteinte à sa liberté d'expression. Dans la plupart des pays, c'est l'industrie publicitaire qui a été à l'origine du mouvement de réglementation de la publicité. En Inde également, l'AU1 a entrepris d'élaborer un code d'autorégulation. UR groupe de professionnels de la publicité nommé par 1'AAAI y travaille déjà depuis un certain temps. Le projet de code expose que la publicité porte une responsabilité sociale croissante, particulièrement envers le consommateur, responsabilité qu'elle doit apprendre 2 assumer. Cette responsabilité lui impose une vigilance de tous les instants, au-delà des paramètres officiels et légaux. Le code esquissé par l ' M I propose un système de surveillance. Voici un aperçu des principaux éléments du dispositif prGvu par le projet de code, tels que Zackar les expose dans l'Economie Times : Désignation d'un comité d'autorégulation (Committee for SelfRegulatory Controls). Ce comité (CSRC) représenterait les agences de publicité, les entreprises commerciales et industrielles et les principaux médias servant de supports publicitaires ; Constitution d'une equipe chargée de surveiller la publicité au niveau national dont les membres ne seraient pas tous &cessairement des professionnels de la publicité et seraient désignés par le CSRC, tant pour la langue anglaise que pour les langues indiennes. Cette équipe communiquerait chaque mois ou chaque trimestre les publicités déloyales ou immorales qu'elle aurait repérées dans la presse, b la radio, au cinéma, B la télévision ou sur des supports extérieurs. Des directives claires et énoncées en termes simples seraient élaborées par l e CSRC pour aider l'équipe de surveillance dans sa tâche. Réunion mensuelle ou trimestrielle lors de laquelle le CSRC passerait au crible les publicités comuniquées et écarterait celles qui n'entreraient pas dans la catégorie des publicités déloyales ou immorales. Diffusion auprès des publicitaires et des entreprises, par l'intermédiaire des comit6s d'associations professionnelles, de la liste définitive des publicités non conformes au code. En même temps que la liste ci-dessus, le CSRC ferait connartre sa position officielle sur ces publicités, en évitant de prendre une attitude non engagée, tiède ou indifférente. Changement des équipes de surveillance tous les deux ans pour soumettre la question à des esprits neufs et éviter que des rigidités ne s'installent. Campagne institutionnelle annuelle du CSRC pour instruire et informer les consommateurs du travail effectué par le Comité pour la protection de leurs intérêts. Cette campagne, de ton moJGrE, serait simplement destinée à rassurer le consommateur, b l'associer 1 l'activité du Comit6 et 1 le rendre plus vigilant à l'égard de la publicité. Constitutior progressive d'un dossier fait de cas d'espèce, de précédents, d'analyses récapitulatives et d'exposés de synthèse. Ce dossier pourra 63 servir de base 1 la diffusion régulière d'inforraations sur le code et sur son application par le CSRC,. ce qui contribuera 1 conserver h cet instrument un cacractère actif et vivant. (j) Publication d'une revue annuelle oh pourront s'exprimer les milieux informés et intéressés. Cette publication devra s'efforcer de jouer un rôle influent dans la formation de l'opinion et être d'une qualité telle qu'on ne puisse facilement l'ignorer. 64 Comme les agences de publicité prennent la question aux sérieux, il est possible que l'Inde ait bientôt elle aussi son Autorité des normes publicitaires (Advert,ising Standards Authority), ce qui répondrait B un besoin ressenti depuis longtemps (Pillai). Chapitre 5 : L'impact social de la publicité Si on analyse l'impact de la publicit6 sur l'économie, la culture, la politique et l'éducation en partant d'expgriences conecrètes, on aboutit inévitablement à des considérations abstraites et générales. Inversement, si l'on commence au niveau des macro-processus, on finit par discerner des micro-relations jusque-là inaperçues. L'idée centrale de ce dernier chapitre est que la publicité, en tant que processus social, doit être replacée dans un cadre d'analyse et d'interprétation plus large, 1 la fois historique et systémique, dès lors qu'on veut en comprendre la vraie nature. Aspects économiques Gans le cadre du capitalisme monopolistique, la publicité joue plusieurs rôles importants : (1) elle permet à la concurrence de s'exercer au niveau de la commercialisation plutôt qu'à celui de la production ; (2) elle contribue à accélérer le roulement du capital, procurant ainsi des profits plus élevBs ; (3) en stimulant artificiellement la demande, elle met le système dans son ensemble 1 l'abri des crises de production. De ce point de vue, la croissance et le développement de la publicité remplissent deux fonctions économiques majeures dans le processus de transnationalisation des économies du Tiers Monde : ( I ) l'écoulement de biens de consommation courants, en général ceux qui vont de pair avec un niveau de publicité et un niveau de profit &levés ; (2) l'édification dans de nombreuses branches industrielles de barrières faisant obstacle 2 la concurrence et favorisant la concentration. Alors que lû publicité est censée in-former la population au sujet de tout u11 ensemble de biens et de services, on s'aperçoit, à y regarder de près, qu'elle se borne 2 certains types de produits bien déterminés. Cette gamme restreinte de types de produits est plus limitée encore dans le cas de la télévision oÙ le nombre de firmes représentées e s t encore plus faible. Dans la quasi-totalité du monde non socialiste, ces produits faisant l'objet de la publicité la plus large sont généralement les savons, les détergents, le tabac, les remèdes et médicaments en vente libre, les parfums, les désodorisants, les denti.frices, les plats préparés, la. bière et les boissons non alcoolisées. Le plus frappant est que cette g a m e de produits est à peu de chose près la même au Panama, 1 la Trinité, en Corée du Sud, en Autriche ou aux Etats-Unis. Ces marchandises ne sont pas réparties au hasard sur le vaste éventail des biens produits par les économies capitalistes. Elles se caractérisent au contraire par de nombreux traits communs. Les industries concernées ont généralement de fortes marges bén6ficiaires et la publicité représente un pourcentage élevé de leurs ventes. Gela leur permet de dresser des obstacles 2 la pénétration du marché, qui perpétuent leur situation de monopole. Comanor et Wilson ( 1 9 7 4 ) , qui ont Gtudié 41 branches industrielles aux Etats-Unis, ont découvert que six d'entre elles (parfum, céréales pour le petit déjeuner, médicaments, savons, bière et boissons sans alcool) consacraient à 12. publicité plus de 6 % du montant de leurs ventes, que leur marge béngficiaire moyenne était de 1 1 , 9 % (c'est-à-dire supérieure de 65 % 2 celle des autres industries) et que ces 41 branches, prises dans leur ensemble, disposaient d'un marché solidement protégé. Dans les pays du Tiers Monde, les produits en question sont généralement ceux pour lesquels la pénétration de capitaux transnationaux est la plus forte. Au Ilexique, les secteurs industriels qui, en moyenne, dépensent le plus pour la publicité sont presque toujours ceux où la part des capitaux transnationaux est la plus grande (Janus, 1 9 8 0 ) . La publicité peut aussi contribuer 1 renforcer un monopole. Le niveau des dépenses qui lui sont consacrées est si élevé que seules les firmes les plus prospères peuvent se mettre sur les rangs. Mueller et Hamm ( 1 9 7 4 ) ont observé qu'aux Etats-Unis, les dépenses publicitaires étaient liées 1 l'accroissement de la concentration dans lü fabrication. Ils attribuent ce phénomène 1 65 l'influence de la publicité télévisuelle, laquelle contribue, semble-t-il, puissamment 1 la promotion des biens de conso-ation et favorise systématiquement les grandes firmes ayant les moyens d' acheter un temps d'antenne très coûteux. Ce rapport s'observe également dans les pays périphériques ; Conner et Mueller ( 1 9 7 7 ) ont établi que la publicité exerçait une forte influence sur la rentabilité des filiales au Brésil et au Mexique. Les mêmes constatations ont été faites pour la Colombie, la Malaisie et l'Inde (Lall-et Streeten, 1977 ; Gan et Tham, 1 9 7 7 ) . La publicité aide donc de nombreuses firmes à vendre leurs produits avec une marge bénéficiaire supérieure la moyenne tout en fermant le marché b d'autres firmes plus petites, qui sont souvent des firmes nationales. I1 en résulte une pénétration transnatioqale accrue de l'économie tout entière (Janus). La transnationalisation des habitudes de consommation et de la culture Les modalités de production déterminent dans une mesure importante les modalités de consommation. La production étant de plus en plus déterminée par les firmes transnationales, il s'ensuit que ces mêmes firmes doivent de plus en plus déterminer des habitudes de consommation compatibles avec leur production, quel que soit le pays oh leurs marchandises sont fabriquges et distribuées. Cette mutation que la publicité introduit dans les habitudes de consommation ainsi que les changements culturels qui l'accompagnent sont un fait reconnu non seulement par ceux qui critiquent la publicité mais par l'industrie publicitaire elle-même. Celle-ci met cependant l'accent sur la valeur éducative de la publicité, considérée comme un moyen de faire entrer les peuples arriérés dans le monde moderne. Stridsberg ( 1 9 7 4 , p. 76), expert en publicité internationale, explique que, "dans ce qu'on appelle sa phase pionnière, la publicité n'a pas pour fonction de voler des marchés aux concurrents ou de duper les esprits naïfs, mais d'inculquer de nouvelles habitudes de consommation (...). Elle montre aux gens comment utiliser les produits et leur permet d'essayer en confiance (...) de meilleurs aliments, de nouveaux moyens 'd'stre propre, le maniement d'outils, c ' est-à-d ire tout un ensemble d ' object ifs et de techniques que l'instituteur de village est incapable de faire connaïtre". I1 reste que la transnationalisation de la consommation et la création d'une nouvelle culture des consommateurs ne constituent pas un processus harmonieux. Les cultures locales n'acceptent pas toujours avec passivité les coutumes et les produits nouveaux. Ceux-ci sont parfois plus chers, de qualité inférieure ou moins nutritifs que les produits traditionnellement utilisés. Pour faire accepter un produit, il faut souvent que le fabricant recoure aux 66 agences de publicité transnationales qui, depuis des décennies, ont mis au point les techniques les plus perfectionnées pour vaincre la résistance du client. L'adaptation des habitudes locales de consommation b la logique d'une production transnationale exige donc souvent de lourds investissements dans la publicité. De nombreuses firmes transnationales n'hésitent pas'à reconnaître que la production et la distribution sur les marchés étrangers sont parfois des objectifs difficiles. Business International ( 1 9 7 2 , p. 284-285) décrit clairement la stratégie utilisée par l'une de ces firmes pour commercialiser ses produits en Amérique latine. "En raison de la nature du marché latino-américain, il est apparu aux sociétés internationales que l a . production et la vente de certains articles exigeaient un effort particulier de la part du consommateur comme de celle du fournisseur. Ce n'est pas sans mal que Gerber a pu faire accepter ses produits par les consommateurs. (. ..) En Amérique latine, passer aux aliments tout préparés pour nourrissons représente une mutation culturelle majeure par rapport 2 l'habitude qui consiste __ préparer ces aliments b la maison. En outre, ces derniers sont généralement plus économiques. Afin de convertir les consommateurs, Gerber présente ses produits comme un service rendu aux parents". (C'est nous qui soulignons). De même, Willatt ( 1 9 7 0 , p. 31) reconnaît que la résistance des consommateurs a été l'élément principal que Nestlé a pris en considération dans sa stratégie 1 long terme pour vendre du café instantané en Amérique latine. "Au Brésil comme dans d'autres pays latino-américains producteurs de café, l'un des objectifs essentiels de la politique commerciale e s t de vaincre les préventions de la population contre le café soluble, c'est-à-dire de combattre la théorie selon laquelle le café instantané est un mauvais ersatz du café moulu, lequel joue un rôle important dans l'économie nationale. (...) Cela implique sur tout nouveau marché une stratégie en trois )étapes. La première consiste b vendre le café soluble comme un article commode qui économise du temps et de la peine ; dans l'ctape suivante, il s'agit de le faire accepter comme un "vrai café" ; la troisième et dernisre étape doit convaincre le consommateur que le café soluble est en tous points comparable au café moulu". (C'est nous qui soulignons). L'exemple le plus connu de l'utiiisation de la publicité par les sociétés transnationales en vue de créer des marchés homogènes pour leurs produits est celui des préparations lactées pour nourrissons. Abbott Laboratories, American Home Products, Bristol Kyers et Nestlé vendent tous une préparation de ce genre aux pauvres des campagnes et des villes dans les pays en développement. On a eu beau montrer que ¿es produits sont i l'origine de graves problèmes de santé chez les nourrissons, la publicité n'en suggère pas moins "qu'ils donnent des enfants mieux portants. I1 est fréquent de voir dans les journaux des réclames montrant une femme bien habillée devant une maison propre et agréable et nourrissant au biberon un bébé dodu et satisfait'' (Greiner, 1975, p. iv) (Janus). Considérations p_olitiques Cette situation ne soulève pas seulement la question des mutations et des distorsions dans les structures industrielles et les habitudes de consommation d'un pays. Elle comporte certains aspects politiques très importants. Mattelart (1977) signale plusieurs des moyens par lesquels des agences de publicité étrangcres ont aidé des mouvements contre-révolutionnaires dans des pays d'Amérique latine. I1 explique que, dès la Seconde Guerre mondiale, l'agence américaine géante J. Walter Thompson collaborait avec 1'OSS (Office of Strategic Services des Etats-Unis) pour organiser des campagnes de recrutement et de propagande de guerre (Mûttelart, 1977, p. 288). A 1'6poque, l'agence affirmait déjà publiquement que la publicité était la méthode de persuasion la plus moderne, la plus rapide et la plus directe que l'homme ait jamais connue et qu'elle devrait être utilisée par les gouvernements, les partis politiques, les syndicats, etc. (Advertising Age, cité dansMattelart, 1977, p. 289). Mais il y a peut-être quelque chose de plus insidieux encore dans le message politique que contient implicitement une grande partie de la publicité 1 laquelle de vastes secteurs sont journellement expos&. Les messages transmis par une grande partie de la publicité dans le Tiers Monde présentent une option politique claire : s'il est un changement social majeur qui vaille qu'on se batte pour lui, c'est l'accroissement de la consommation. Celle-ci apportera le bonheur et l'épanouissement jusque-là inconnus dans le cadre sociopolitique existant. La technologie moderne produira des biens plus nombreux et meilleurs qui engendreront une vie meilleure. I1 n'y a qu'un petit pas à franchir entre cette attitude et celle qui consiste 2 penser que le gouvernement qui produit le plus de biens de consommation est le meilleur des gouvernements possibles. La diffusion de ce message risque de comporter des conséquences beaucoup plus graves pour les pays du Tiers Monde que la simple réclame en faveur d'un produit. Dans ce contexte, la question qui se pose est celle-ci : à quel type de développement le Tiers Monde est-il promis par une publicité axée sur la consommation, le changement extérieur, la promotion individuelle et l'hédonisme ? Barnet et Muller (1974, p. 175-176) ont publié le résultat des recherches menées par Evangelina Garcia, de 1'Université centrale du Venezuela. Cette chercheuse note que la conclusion la plus révélatrice et constamment vérifiée de ses études sur la publicité est que les secteurs marginaux de la société ont cessé de percevoir les différences de classes. Ils continuent à se rendre compte qu'il existe des riches et des pauvres, mais ils ont le sentiment d'avoir tous accès aux mêmes biens de consommation dont ils entendent parler à la radio ou qu'ils voient 1 la télévision. Ils semblent penser que ce qui détermine pour eux la possibilité ou l'impossibilité de posséder ces biens se résume à une question de chance, et que la chance peut tourner. Comme l'écrit Fejes (1982, p. 30), le rôle puissant que jouent la publicité et la consommation dans le désamorçage de troubles politiques potentiels n'est point passé inaperçu du personnel des agences publicitaires. "11 arrive, note-t-il, que les campagnes publicitaires comportent des thèmes politiques, explicites, exploitant ainsi les frustrations politiques ressenties par les groupes les plus instables de la population et poussant à une consommation qui apparait comme un acte pseudo-politique. C'est ainsi qu'au Brésil, l'agence publicitaire brésilienne affiliée à la société Kenyon & Eckhardt adapta au contexte brésilien la campagne "Génération Popsi" que son client Pepsi pratiquait de longue date sur le marché américain en parlant de "Révolution Pepsi". Le dirigeant de l'agence qui gérait le compte expliqua : "Dans ce pays, il n'y a rien pour canaliser la contesta,tion des jeunes. Comme la génération actuelle n'a reçu aucune éducatior. politique ou sociale, nous lui offrons un mécanisme de protestation. C'est la protestation par la consommation. En transférant l'idée de changement de la sphère de la politique 2 celle de la consommation, la publicité acquiert un pouvoir politique" (Ledogar, 1975, p. 113, cité dans Fejes, 1962). Analysant l'expansion de la publicit6 aux Etats-Unis, Ewen (1976, p. 18) y voit une réponse systématique à la montée des revendications ouvrières exigeant la démocratie politique en une période d'industria-, lisation rapide. Pour assurer le succès du mode de production capitaliste, il fallait réorienter les habitudes et les aspirations de la classe ouvricre en les adaptant aux conditions de la vie en usine. Les grands industriels et les experts en publicité des années 2 0 et 30 reconnaissaient 1 la publicité le pouvoir d'affaiblir les liens sociaux traditionnels, comme ceux de la famille, du voisinage ou du groupe ethnique, qui faisaient obstacle au processus d'industrialisation. Ils utilisèrent la publicité pour cr&er de nouveaux rapports sociaux, de nouvelles formes de conscience, en désamorçant et en neutralisant l'agitation potentielle du monde ouvrier. LE: développement d'une idéologie de la consommation répondait à la fois P la nécessité d'exercer un contrôle social accru sur les travailleurs et 2 celle d'ouvrir des marchés de masse pour absorber la production d'industries dont la productivité augmentait. 67 La publicité opGra la liaison entre les rapports matériels et les rapports sociaux, transformant l'existence des classes laborieuses en une culture de masse qui fournissait 1 la fois la main-d'oeuvre et un marché pour les biens et services de consommation. Victoroff (1978, p. 41) émet l'idée que la vraie force de la publicité comme moyen de désamorcer l'agitation sociale trouve peut-être sa meilleure explication dans le cas d'une société dont les valeurs traditionnelles issues de la religion et des idéologies politiques classiques sont en voie de désintégration. La publicité comble ce vide en se faisant le véhicule d'une valeur idéologique puissante. En créant un consensus social autour d'un ensemble de valeurs donné, elle joue un rôle essentiel d'intégration sociale (Janus). Publicité et éducation Parce qu'elle est facile d'accès, la télévision est l'un des premiers médias utilisés par les jeunes enfants. Souvent, elle sert même 1 divertir les nourrissons (Schramm, Lyle, Parker, 1961). Des études faites dans divers pays o& il existe un grand choix en matière de télévision ( 5 savoir les Etats-Unis, le Japon, l'Australie et le Cnnada) font toutes état du fait que les jeunes enfants (jusqu'à l'âge de 9 ou 10 ans) restent devant un poste pendant trois heures par jour en moyenne, et les plus âgés davantage encore. Ainsi, les enfants ont tendance 1 passer presque autant de temps 1 regarder la tbl6vision qu'à écouter leur martre d'école. Peut-être la concluslon la plus impressionnante a laquelle aient abouti l e s recherches sur l'enfance et les médias concerne-t-elle le volume énorme d'apprentissage qui parart avoir lieu, même 1 l'âge le p l u s tendre (Roberts, 1973, p. 199). Ces recherches permettent de conclure que ''la télévision peut exercer une forte influence sur le jeune téléspectateur selon des modalités qui n'ont absolument rien h voir avec la teneur des émissions'' (Murray, 1980, p. 24). Rares sont les études qui ont analysé la façon dont les médias commerciaux et leur fort dosage de publicité contribuent 1 renforcer ou à contrarier l'apprentissage scolaire. Au Venezuela, u m étude exploratoire a été faite auprès d'6lèves de sixième année pour déterminer dans quelle mesure les attitudes et les valeurs des enfants correspondaient 1 la teneur des programmes de télévision (Santoro, 1975). Au cours d'interviews h base de tests projectifs, les enfants inventaient des histoires oÙ il était question àe violence, de délits divers, de force physique, d e rivalité et d'actes de destruction motivés par la cupidité. Les personnzges de ces histoires étaient le plus souvent américains, anglais, chinois ou allemands et l'action se déroulait hors du Venezuela. L'auteur en a c o n c h que les 68 stéréotypes exprim& par les enfants reflGtaient exactement ceux qui font la matière des émissions télévisées et qu'ils contrastaient fortement avec le contenu de l'enseignement scolaire où l'accent est mis sur le pays, sur sa population et sur .ses coutumes. Dans une autre étude, réalisée au Mexique par 1'Instituto Nacional del Consumidor (1981), plus de 900 élèves de sixième année devaient répondre 1 une série de questions en rapport avec la teneur des manuels scolaires officiels et m e c celle des émissions de la télévision commerciale mexicaine. Les résultats indiquent sans la moindre ambiguïté que le contenu de la télévision commerciale a beaucoup plus d'impact que celui des manuels scolaires. Les jeunes Mexicains er, savent infiniment plus sur les feuilletons sentimentaux ou les films d'actiGn que sur l'histoire du Kexique ; plus aussi sur les emblèmes et les slogans publlcitaires que sur les symboles de la nation ; plus enfin sur les grandes vedettes de la télévision que sur les héros nationaux. Montoya et Rebeil (1981) ont, pour leur part, entrepris d'étudier 480 élèves mexicains bgés de 12 6 16 ans afin de déterminer l'impact comparé des cours télévisés d'enseignement secondaire et des émissions télévisées commerciales ordinaires. Ils ont constaté que, en plus des cours tGGvisés, les &lèves regardent la télévision 3,6 heures par jour en moyenne et qu'ils préfgrent les chaines commerciales mexicaines 2 et 5 aux stations publiques et éducatives. Ces résultats confirment l'hypothèse selon laquelle le nombre d'heures passées 1 regarder la télévision commerciale est directement lié B certaines valeurs présentées par celle-ci et absentes des émissions éducatives. Les auteurs en concluent que la tél6vision commerciale. qui comporte 20 % de publicité et environ 75 % d'émissions produites 2 l'étranger, a sur les élèves un impact plus grand que l'enseignement scolaire télévisé. Les études peu nombreuses consacrées à l'impact relatif de la télEvision commerciale et de l'enseignement scolaire sur l'esprit des Elèves permettent de penser que les mEdias ont sur les enfants une influence globale égale ou supérieure à celle de l'école. I1 importe cependant de souligner que l'influence de la publicité sur les enfants s'exerce à la fois à l'extérieur et P l'intérieur même du cadre éducatif. Les exemples viennent des EtatsUnis oÙ les programmes éducatifs sur l a nutrition sont patronnés par les principaux fabricants américains de produits alimentaires pour être utilisés en classe. En 1978, une sous-commission du Congrès a estimé que ces programmes n'étaient rien de plus que des "campagnes promotionnelles" pour certains produits, autrement dit qu'ils consistaient en une publicité destinée aux enfants qui, en raison des cifconstances, étaient obligés de l'absorber passivement. Le président de la sous-commission lança une mise en garde contre "le danger évident de voir les salles de classe devenir la nouvelle frontière de la publicité" (Advertising Age, 6 février 1978, p. 2 ) . Mais peut-être l'aspect le plus important des rapports entre publicité et éducation concerne-t-il la multitude d'enfants latino-américains qui ne peuvent accéder 1 l'enseignement scolaire ou qui, pour des raisons économiques ou culturelles, quittent l'école au bout de quelques années seulement. Pour eux les médias représentent l'unique source de savoir en dehors du quartier ou du village. Le caractère commercial des médias latino-américains revêt en l'occurrence une importance particulière parce que rien ne vient contredire la vision du monde qu'ils présentent à la masse des jeunes (Janus) . Vues nouvelles sur l'impact de la publicité La publicité contribue 2 façonner la consommation et les croyances populaires, directement par l'influence des messages publicitaires eux-mêmes et indirectement par la manière dont les intérêts des annonceurs influent sur les informations générales et l'imagerie transmises par les médias. Ces deux processus ont fait l'un et l'autre l'objet d'un vaste débat. La plupart des discussions relatives 5 l'impact direct de la publicité ont été axées sur les formes d'influence les plus immédiates. Les annonceurs eux-mêmes ont tendance à considérer que les effets produits sont P peu près synonymes de l'efficacité de telle ou telle campagne. Ce qui les intéresse, c'est de savoir si les gens ont été convaincus de changer de merque ou encouragés 1 essayer un produit nouveau ou encore s'ils sont dorénavant mieux disposés envers un fabricant à la suite des efforts déployés par celui-ci pour améliorer son image de marque. Une bonne part de la recherche universitaire leur a embofté le pas, en définissant les "effets avec une certaine étroitesse et en se limitant à l'impact exercé sur les comportements par une campagne donnée ou un type de publicité donné. De nombreux travaux continuent d'être réalisés dans cet esprit, mais depuis quelques années on voit aussi se modifier l'intérêt des chercheurs qui se détournent des "effets" immédiats et 1 court terme pour envisager des formes d' infhence plus générales qui se manifestent à plus long terme et de façon moins évidente. Les problèmes en jeu ici ne sont pas nouveaux. Ils nourrissent la critique culturelle depuis les débuts du système publicitaire moderne et il est possible de retracer une histoire quasiment ininterrompue des préoccupations de ce genre, en commençant par les premiers commentateurs comme Daniel Defoe pour aboutir aux auteurs de notre époque comme Kenneth Galbraith. Toutefois, c'est seulement depuis peu que les sociologues se sont mis 1 aborder ces problèmes de façon concertée et à explorer les voies par lesquelles la publicité contribue 5 structurer et 1 renforcer le modèle général de consommation sociale et les valeurs fondamentales qui lui servent de support. Des changements sont également perceptibles dans la recherche commerciale, les annonceurs s'intéressant de plus en plus aux liens qui existent entre, d'une part, la décision d'achat et les attitudes individuelles 5 l'égard des marchandises et, d'autre part, les structures générales de la consommation sociale. UR mouvement parallèle s'est également produit dans la recherche universitaire qui étudie l'impact de la publicité sur l'organisation et la production des médias. Là aussi, on est passé de travaux visant à déceler les rapports immédiats entre la pression publicitaire et le contenu des médias P une analyse de la manière dont le fonctionnement global de l'industrie publicitaire contribue 2 déterminer tout à la fois la structure du système des médias et la diversité de sa production. Cela ne veut pas dire que les questions soulevées par la recherche traditionnelle soient sans importance ou que ces questions n'aient plus besoin d'être étudiées, mais cela signifie que le plein impact de la publicité sur la production culturelle et la consommation sociale ne saurait être convenablement appréhendé dans le cadre établi par les recherches antérieures. Une approche plus globale exige du chercheur qu'il travaille au niveau de la macro-analyse comme de la micro-analyse, qu'il étudie les contraintes structuelles aussi bien que les actes conscients et qu'il se livre 5 l'btude de l'bconomie politique et des formations culturelles tout autant qu'à celle de la psychologie et de la sociologie du comportement quotidien. Les limites de l'approche traditionnelle apparaissent avec une évidence particulière dans le débat concernant l'impact de la publicité sur le fonctionnement des médias (Murdock). La publicité et le travail des journalistes : interventions positives et négatives Depuis l'avènement du système publicitaire de masse, les annonceurs demandent aux médias dont ils se servent d'offrir un contexte propice à la réceotion de leurs messages.' Dès 1902, Adveriising World précisait que, du point de vue des industriels, l'un médium publicitaire doit faire de son mieux pour créer un climat de confiance entre annonceurs et lecteurs et éviter de nuire volontairement 2 ceux dont l'argent alimente les propriétaires dudit médium" (cité dans Garnham, 1981, p. 1 4 ) . Quand le "mieux" d'un journal n'était pas encore assez bon, les annonceurs étaient 2 même d'exercer des pressions positives et négatives pour essayer d'obtenir une presse plus favorable. Ils pouvaient offrir aux journalistes des incitations sous forme de 69 déjeuners et autres 2 côtés ou bien ils pouvaient fournir à la rédaction des articles tout préparés, rédigés par leurs services de publicité, ce qui dpargnait au journal les dépenses qu'il eut consacrées à collecter lui-même les informations. Ou encore ils pouvaient menacer de retirer leur publicité, réduisant ainsi les recettes du journal et mettant en péril sa rentabilité. Cette dernière possibilité ne tarda pas à être perçue des critiques et nombreuses furent alors les accusations de censure publicitaire. Edward Ross devança venir lorsqu'il nombre .de ses confrères expliqua en 1910 : "Celui qui paie les violons choisit la musique. Quand les rubriques d'informations et la page des éditoriaux ne sont plus qu'un élément accessoire par rapport à la vente rémunératrice d'annonces mercantiles, il est strictement conforme au 'sens des affaires' de laisser les gros annonceurs censurer le tout'' (Ross, 1910, p. 3 0 4 ) . Ross étayait son argumentation par un exemple concret : "Lorsque fut déclenchce une grève légitime des tramways, les journaux étaient disposés P en rendre compte avec sympathie. Soudain, ils virèrent de bord ef devinrent unanimement hostiles aux grévist,es. Cómme ie révéla une enquête, le grand commerce avait menacé de retirer sa publicité si la presse ne changeait pas d'attitude'' (Ross, 1910, p. 306). Des accusations semblables ont été formulées maintes fois depuis lors. Selon une étude récente, par exemple, la firme de tabac W.D. & H.O. Wills a réussi, par ses pressions, 2 obtenir du Sunday Times qu'il adopte une attitude moins hostile à l'égard des dangers que la cigarette présente pour la santé. Dans un article sur les transplantations cardiaques, le chroniqueur médical du journal avait signalé que le coeur de plusieurs malades avait été atteint par le tabac, mentionnant nommément les cigarettes qu'ils fumaient, dont la marque "Embassy", fabriquée par Wills. Or, le hasard voulut qu'au beau milieu de l'article, il y eut une pleine page de publicité pour les cigarettes "Embassy". Wills se plaignit, on ne lui fit pas payer la page et on lui en offrit une autre gratuitement. Peu a p r h cependant, Wills décida de retirer au journal un demi-million de livres de publicité retenue 1 l'avance. On pretend que, h la suite de cet incident, le rédacteur en chef révisa la politique jusqu'alors suivie par le journal, qui dut dorénavant s'abstenir de faire campagne contre la publicite en faveur des cigarettes (Hird, 1981, p. 6). Ce genre d'incident a certes joué un rôle de premier plan dans les débats sur l'influence de la publicité, mais les éléments de preuve sont maigres. Ceux-ci proviennent presque tous de "fuites" et il n'existe aucun moyen de savoir s'il s'agit là de cas typiques. C'est pourquoi, comme l'a souligné la dernière 70 Cómmission royale sur la presse, nous ignorons le nombre de fois oÙ les menaces de retrait de la publicité réussissent "ou combien de fois les journalistes évitent le danger en se montrant moins stricts qu'ils ne le voudraient". Et nous ne sommes pas près d'en savoir davantage, dès lors que ceux qui sont directement impliqués n'ont aucun intérêt " 5 parler du succès que les annonceurs rencontrent en exerçant des pressions de ce genre'' (Commission royale sur la presse, 1977, p. 105). Cependant, les gens bien informés, y compris ceux qui critiquent les structures actuelles de la presse, s'accordent à penser qu'l'il est extrêmement rare de voir des articles d'information supprimes ou récrits pour apaiser des annonceurs potetìtiels" et que "les tentatives visant à influer sur les reportages ou les éditoriaux par un retrait de l a publicité sont beaucoup moins fréquentes qu'on ne le suppose communément" (Curran, 1981, p. 66). Toutefois, les interventions négatives destinées B supprimer ou 1 censurer des informations ou des articles ne sont pas les seules possibilités d'action directe dont disposent les annonceurs. Ils peuvent aussi exercer divers types de pressions positives. L'un des exemples les plus manifestes relevés par les critiques concerne une tentative qui consista à acheter ouvertement de la publicité positive sur le marché des 'magazines féminins dans les années GO, époque oÙ la conjonction de la hausse des coûts de.production et de la baisse des tirages rendait les rédacteurs en chef plus sensibles que de coutume aux possibilités de réduire les dépenses. Dans ce climat, "les agences de publicité réussirent h faire accepter par ces magazines des textes de fiction, des horoscopes et autres articles rédactionnels, Gcrits tout spécialement pour renforcer leurs messages". Certains de ces textes visaient expressément à contrer des informations défavorables aux produits des clients de l'agence. C'est ainsi qu'une agence de publicité "décida de réagir aux révélations médicales concernant les effets nocifs pour la peau d'un certain détergent en faisant insérer de la 'contrepropagande' dans la rubrique des soins de beauté de plusieurs magazines féminins, et ce sous la forme d'articles conseillant les lectrices sur 'la façon de se soigner les mains après une journée de lessive'" (White, 1977, p. 27). Comme pour les menaces de retrait de la publicité, il n'est pas possible de savoir dans quelle mesure ces formes d'intervention directe sont répandues. Les éléments dont on dispose permettent néanmoins de penser qu'elles sont relativement rares et qu'il est beaucoup plus important d'examiner les pressions indirectes que les annonceurs exercent dans leurs relations de travail normales avec les journalistes. Eeaucoup de ceux-ci ne voient aucun mal à écrire du bien de leurs annonceurs dans la mesure oÙ leurs produits sont acceptables. Comme l'a dit un ancien et distingué rédacteur en chef de Fleet Street : "Est-il condamnable de privilégier un peu les articles qui font de la réclame pour telle ou telle firme ? Pas du tout, 1 condition que ses produits soient bons. Pour de nombreux annonceurs, le journal sert de vitrine supplémentaire. Ceux qui contribuent à la survie de notre boutique ont droit 2 un coup de projecteur supplémentaire" (Wintour, 1 9 7 2 , p. 3 9 ) . Mais, ainsi que l'ont souligné certains critiques, cette attitude risque de pousser la presse 2 faire passer les intérêts des annonceurs avant ceux du public. Ce danger est particulièrement grand dans les pages consacrées 5 des sujets comme la mode, les voyages et l'automobile. Les hommes politiques et les personnalités qui figurent dans les pages d'informations générales ne sont pas ordinairement au nombre des grands annonceurs, mais les principales sources d'information pour les chroniqueurs spécialisés dans la mode ou l'automobile sont trGs souvent les sociétés mêmes qui apportent à leurs pages le plus de publicité. Cela signifie que les pressions positives pour obtenir une publicité rédactionnelle favorable ont beaucoup plus de chance d'aboutir. Comme le fait remarquer l'ancien chroniqueur automobile du Guardian, "aucun constructeur de voitures qui se respecte ne lance aujourd'hui son dernier modèle dans le pays oÙ il a ét6 construit. On préfcre envoyer les journalistes en avion dans quelque lieu de rêve pour y faire la fête pendant deux, trois ou quatre jours en les égayant avec des danseuses du ventre et de l'alcool qui coule à flots (...). Du point de vue du constructeur, l'effort et la dépense sont généralement payants si l'on considère tout le surcrort d'espace que les journaux s'estiment obligés d'allouer à leur correspondant après une aussi longue mission" (cité dans Tunstall, 1 9 7 1 , p. 9 4 ) . Et si ces incitations positives ne suffisent pas à garantir un compte rendu favorable, il y a toujours, comme le rappelle un autre ancien chroniqueur automo,bile, "la peur permanente de voir peu peu une publicité rémunératrice disparaître devant la persistant-e de critiques citant nommément des mûrques ou condamnant tel ou tel produit" (cité dans Curran, 1 9 8 1 , p. 6 5 ) . Cette combinaison de pressions indirectes engendre une forme hybride de journalisme, B mi-chemin de la publicité et du vrai travail rédactionnel (Whale, 1 9 7 7 , p. 9 1 ) . Avec la hausse continue des coûts et la concurrence accrue entre journaux qui se disputent lecteurs et annonceurs, cette forme de journalisme devient de plus en plus attrayante. Les pressions dans ce sens ont des chances d'être particulièrement fortes dans la presse locale et régionale oÙ les journaux payants doivent de plus en plus rivaliser avec Ics "feuilles gratuites" dont le seul but est de fournir 2 la publicité un support favorable. Ici comme ailleurs, il faut néanmoins se garder des généralisations excessives sur l'influence des annonceurs et ne pas sous-estimer la force des réactions que celle-ci suscite. Au moment même où les pages pratiques se multipliaient dans la presse, la montée du mouvement de protection des consommateurs conjuguée avec le développement du journalisme d'enquête amenait les médias 1 faire une plus large place aux questions concernant les droits du consommateur, avec de nombreux articles critiquant ouvertement les produits et les procédés des grands annonceurs. Cependant, si les liens directs qui existent entre les pressions publicitaires et le travail des journalistes sont moins nets et moins importants que ne l'ont prétendu de nombreux critiques, cela ne veut pas dire que la publicité n'ait qu'un impact limité sur l'ensemble des médias. Cela indique plutôt qu'il faut renoncer à vouloir chercher des liens directs de cause 1 effet entre tel annonceur et tel article ou telle .rubrique et commencer 1 étudier les modalités selon lesquelles l'ensemble des opérations du secteur publicitaire façonne à la fois la structure du système des médias et les stratégies auxquelles ceux-ci recourent pour se faire concurrence. Comme l'a justement souligné James Curran, "considérer l'impact de la publicité en se bornant à envisager les tentatives que .les divers annonceurs font ouvertement pour ïnfluer sur le contenu des médias, c'est se méprendre à la fois sur la vraie nature et sur la portée de l'influence exercée par la publicitE (...). I1 convient de se pencher en particulier sur la façon dont la publicité, en tant que système occulte de distribution de subventions, a modelé les médias et aussi sur la façon dont les médias se sont adaptés aux besoins de commercialisation des annonceurs pour se dis(Curran, puter lesdites subventions 1 9 8 1 , p. 44-45) (Murdock). ..." Publicité et politique rédactionnelle : les pressions cachées La compétition s'intensifiant entre les organes de presse désireux d'avoir plus de lecteurs et plus d'annonceurs, le statut du personnel des journaux chargé de la publicité s'est Glevé. Comme l'observait un ancien dirigeant, désormais, "presque partout, la poste de chef de la publicité garantit un siège au conseil d'administration. Un passage par le service de la publicité est en outre le moyen le plus répandu d'obtenir ensuite de l'avancement : 5 l'exception des journaux oÙ le poste reste ''dans la famille", la majorité de ceux qui sont à la tcte des organes de presse sont d'anciens publicitaires" (Cleverley, 1 9 7 6 , p. 37). Les études dont on dispose corroborent ces impressions. Une enquête récente sur un grand quotidien de province a établi par 71 exemple que, tandis que le nombre des personnes employées au service de la publicité etait passé de 7 2 119 entre 1959 et 1977, celui des membres de l'équipe rédactionnelle ne s'était accru que de 2 1 (Simpson, 1981, p. 122). Non seulement les services de publicité ont vu croître leurs effectifs et leur prestige, mais encore ils ont étendu leur influence sur la politique rédactionnelle 1 différents niveaux. C'est pourquoi, selon un journaliste très connu travaillant dans un organe professionnel "il y a des raisons de supposer que'les pressions publicitaires paralysent les décisions des rédactions au détriment des lecteurs (...). I1 y a dix ans, la séparation entre rédaction et service de publicité était absolue. Les journalistes faisaient le journal sans en référer B quiconque, et les représentants du service de la publicité sortaient pour aller vendre de l'espace (...I. Mais, depuis lors, la propriété de plusieurs titres est passée 2 des mains plus mercantiles et, dans le même temps, la concurrence pour obtenir une plus large p a r t d'un volume de publicité limité s'est fortement intensifiée. I1 en résulte qu'on voit les chefs de publicité hanter plus souvent qu'autrefois les services de rédaction" (Murray, 1982, p. 52). L'indice le plus visible de l'importance croissante que l'on attache aux recettes publicitaires est la quantité accrue de textes rédactionnels directement liés aux placards publicitaires qui lei entourent. Traditionnellement, la juxtaposition d'articles et de publicites présentant un rapport avec ceux-ci étaTt "considérée par la profession comme révélant un manque d'intégrité (Tunstall, 1971, p. 8 4 ) . Mais, comme l'indique le tableau 26,' cette façon de voir n'a cessé de perdre du terrain et, depuis 1946, on a vu progresser sensiblement la proportion des articles imprimés sur la page ou faisant directement face B la page oÙ des placards publicitaires vantent des produits ou des services sur lesquels portent les articles. Cette progression a été particulièrement importante dans les journaux de "qualité" o Ù , selon des recherches récentes, entre un quart et un tiers de tous les textes rédactionnels sont désormais liés de cette façon à la publicité (Curran, 1978b). Ces liens sont de plusieurs sortes. Dans certains cas, il s'agit du produit hybride du journalisme et de la publicité dont nous avons parlé plus haut ; dans d'autres cas, comme ceux des suppléments du dimanche ou des suppléments spéciaux paraissant en semaine et consacrés ... Tableau 26. Textes rédactionnels liés à la publicité dans un choix de journaux nationaux, 1946-1976/l Publications Textes liés à la publicité en pourcentage de l'espace rédactionnel total en : Pourcentage d'augmentation 1946 1956 1946-1.976 Journaux de "qualité" The Times Daily Telegraph Sunday Times Observer 14 3 18 13 18 11 23 22 + 6 1 2 2 6 6 + 5 5 O 11 2 + 9 16 + 19 + 15 + 11 Journaux "populaires" Daily Mail Daily Express Daily Mirror Sunday Express Sunday Mirror Source 1. 72 : + 3 + 7 - 1 Curran (1978b, tableau 11.1, p. 234) Les "textes rédactionnels liés à la publicité" s'entendent d'articles consacrés à des produits ou à des services faisant l'objet d'une publicité sur la même page ou sur la page en regard. à des industries ou h des produits donnés, l'initiative est prise par les journaux eux-mêmes dans l'intention expresse d'attirer la publicité en lui offrant un contexte rédactionnel pertinent et positif. Les journaux de "qualité" et les journaux de province sont beaucoup plus tributaires des recettes publicitaires que la presse l'populaire''. Les inégalités dans la prolifération des articles orientés publicitairement en sont un indice ; les variations de l'espace consacré à la publicité en sont un autre. Comme le montre le tableau 2 7 , s'il est vrai que le pourcentage d'espace occupé par la publicité a augmenté dans tous les types de journaux entre 1960 et 1975 (dernière année pour laquelle nous avons des chiffres sûrs), il reste que ce pourcentage varie substantiellement d'un secteur b l'autre. Alors que les quotidiens "populaires" parviennent 1 conserver pour la matière rédactionnelle 65 % de l'espace disponible, les quotidiens de "qualité", n'atteignent que 58 % et les quotidiens de province moins encore. Ce schéma se répète pour la presse dominicale, les journaux ''populaires" consacrant 55 % de leur espace aux nouvelles et autres articles, contre 44 % pour les journaux de "qualité". De plus, comme le montre le tableau 28, les suppléments en couleur fournis gratuitement par les journaux du dimanche comportent une proportion plus grande de publicité que n'importe quel autre type de magazine 5 grande diffusion. Ces suppléments avaient été lancés par les grands titres de "qualité" pendant les années 60, mais l'idée a maintenant été reprise par toutes les grandes feuilles "populaires". Les Cléments dont on dispose indiquent malgré tout .que la presse "populaire" reste moins tributaire des articles liés B la publicité et de la publicité en général que les journaux de "qualité''. Cela ne signifie pas que la recherche des recettes publicitaires soit sans effet sur leur politique rédactionnelle, simplement, les liens sont moins évidents. L'intérêt que les journaux populaires présentent pour la publicité dépend de leur capacité d'attirer un public de masse appartenant aux groupes les plus dépensiers de l'ensemble de la population. La poursuite de ce but les a conduits P adopter des stratégies rédactionnelles sécrétant une vision du monde qui renforce l'esprit de consommation que prêche la publicité. Toutes les enquêtes sura les lecteurs ont montré que les nouvelles relatives à la politique et aux affaires publiques Intéressent relativement peu les femmes et les jeunes, qui sont deux des principales cibles des annonceurs. En revanche, il est apparu que les rubriques des spectacles et les reportages présentant un intérêt humain plaisent beaucoup à toutes les catégories de lecteurs. C'est pourquoi, B mesure que les journaux se voyaient contraints de chercher Zi réaliser un maximum de recettes, ils ont rogné l'espace alloué à la politique et aux affaires publiques en faveur d'articles sur les spectacles et sur des questions touchant l'affectivité des lecteurs (Curran et al., 1980). I1 en est résulté une dépolitisation générale de la presse populaire, oÙ la fonction classique des journaux, qui était d'informer, a été progressivement supplantée par une orientation vers les divertissements. Même si les pages consacrées au monde du spectacle, aux starlettes, aux scandales et aux échos n'ont pas normalement de lien direct avec les placards publicitaires qui les accompagnent, elles n'en confortent pas moins puissamment la vision du monde que favorise 12 publicité. La publicité et le journalisme orienté vers le divertissement ont en commun de s'adresser toujours Zi des lecteurs considérés c o m e des consommateurs et non comme des producteurs, comme des acheteurs et non c o m e des travailleurs. L'une et l'autre se concentrent sur le domaine des loisirs et de la consommation, l'une et l'autre célèbrent le plaisir de posséder et l'une et l'autre représentent les divisions sociales comme des diff6rences de mode de vie et non de chances au départ, comme la résultante de choix individuels et non d'inégalités inscrites dans les structures sociales. Cette façon de s'adresser B des consommateurs se retrouve aussi dans la façon dont sont présentées les nouvelles relatives à la production. Les conflits sociaux, par exemple, sont constamment décrits comme une opposition entre l'nous'', les lecteursconsommateurs, et '@eux'',les militants syndicaux qui ne songent qu'à perturber le flux régulier des biens et des services et B faire monter les prix avec leurs revendications salariales excessives. Ces conflits ne sont presque jamais dépeints comme des réactions 2 des bouleversements généraux dans les structures de l'emploi et les conditions de travail, réactions partagées par une masse considérable de travailleurs. Les solidarités que l'on évoque ou qu'on sollicite sont toujours des solidarités de consommateurs :e de chalands. En conséquence. même lorsque les pages rédactionnelles ne sont pas directement liées B la promotion de produits particuliers, elles sont néanmoins rattachées subrepticement Zi l'esprit général de la consommation qui sous-tend ie système publicitaire tout entier. Une dynmique similaire est également perceptible dans la télévision commerciale. Eien que les liens directs entre émissions et produits fassent encore en GrandeBretagne l'objet d'un contrôle tras strict, il existe un rapport caché mais puissant entre, d'une part, le style et l'esprit de la plupart des spectacles les plus populaires et, de l'autre, le style de la publicité et l'esprit de consommation qui les sous-tend. Ici aussi, la lutte pour obtenir l'indice d'écoute le plus élevé a incité les 73 Tableau 27. Pourcentage de l ' e s p a c e t o t a l consacré à l a p u b l i c i t é dans quelques t y p e s de p u b l i c a t i o n s , 1960-1975 Type de p u b l i c a t i o n 1960 1975 41 34 52 40 43 35 56 45 35 49 53 46 53 60 Pourcentage d'augmentation 1960- 1975 Journaux nationaux Quotidiens de " q u a l i t é " Quotidiens " p o p u l a i r e s " Journaux dominicaux de " q u a l i t é " Journaux dominicaux " p o p u l a i r e s " + + 2 1 4 5 + 11 % + + % % % % Journaux de province Journaux du matin Journaux du s o i r Hebdomadaires Sources : 4 dans quelques t y p e s de magazines à grande d i f f u s i o n ( j a n v i e r - f é v r i e r 1982) Type de magazine Suppléments dominicaux en couleur Radio Times/TV Times Hebdomadaires féminins/ 1 Hebdomadaires généraux Hebdomadaires pour l e s jeunes 56 45 32 25 13 % % % % % Ces c h i f f r e s ne concernent que l e s magazines p u b l i é s p a r IPC. Source : J o q (19821, p. 14 4 % 7 % Royal Commission on t h e P r e s s (1961-621, t a b l e a u E , p. 23 ; Martley e t a l . ( 1 9 7 7 ) , t a b l e a u 5.3, p. 19. Tableau 28. Note 1. + + 17 deux grandes charnes 2 couler leurs émissions dans un moule qui s'accorde avec les images et l'esprit de la consommatiqn. Par exemple, les émissions de jeux les plus suivies, où il s'agit pour les concurrents en lice de gagner des biens de consommation durables, ne se bornent pas 1 faire de la publicité pour les articles ainsi distribués ; elles renforcent aussi l'esprit de la consommation "en faisant de la dépense une aventure. Le personnage héroïque de la société de consommation n'est pas l'homme qui accumule des richesses mais le dépensier qui, s'étant débarrassé des inhibitions et des freins de la conscience puritaine, transforme la richesse en plaisirs instantanés" (Conrad, 1982, p. 103-105). Les concurrents des émissions de jeux sont les représentants archétypiques de cet esprit sout sa forme la plus accessible. Ce sont les héros quotidiens de la société de consommation, et le plaisir qu'ils prennent à gagner vient 1 la rescousse de l'affirmation (présente dans toute publicité) selon laquelle les biens matériels peuvent changer la vie. Non contents de faire leur idéal publicitaire d'une consommation euphorique, beaucoup de spectacles de télévision populaires adoptent aussi le style visuel des annonces publicitaires ellesmêmes. Parce que le temps est de l'argent, les publicitaires ont mis au point un style de présentation particulièrement condensé. Ils s'appuient sur des images faites pour accrocher l'oeil et la mémoire, sur un montage rapide et des fondus encharnés qui donnent un sentiment de rythme et d'émotions fortes et sur un genre de réalisation qui fait de chaque lieu, qu'il s'agisse d'un appartement de luxe, d'une cuisine banale ou d'une rue de banlieue, un endroit séduisant et riche de possibilités. En outre, les spots publicitaires étant de plus en plus coûteux B produire et de plus en plus élaborés, il n'est pas interdit de penser que les téléspectateurs, et notamment les plus jeunes, bercés dès l'enfance par la télévision commerciale, en sont arrivés au point oÙ ils attendent des émissions qui encadrent la publicité les mêmes valeurs de siiduction, d'action et d'excitation visuelle. Pour cette raison, les émissions qui font appel à d'autres styles narratifs ou les spectacles dont le budget ne permet pas les mêmes critères de réalisation risquent d'être écartés dcs heures de grande écoute. Pour l'instant, cependant, il ne s'agit encore 11 que d'une hypothèse, car nous manquons d'études sérieuses sur ce point, comme d'ailleurs sur presque tous les autres aspects de l'influence que la publicité peut exercer à long terme sur le système des médias et sur leur public. 'Toutefois, 'le seul fait de soulever cette question implique un niveau d'analyse qui transcende la recherche de liens pouvant exister entre la publicité et telou tel exemple de productior; mGdiatique, pour étudier la façon dont le fonctionnement global de l'industrie publicitaire contribue à déterminer l'étendue et la diversité de la production dans l'ensemble du-système des médias. Et sur ce point nous disposons de certains éléments d'information grfce B des travaux récents sur l'bconomie politique de la presse (Murdock). Les subventions par la publicité et la -diversité des médias Les annonceurs affirment sans broncher que l'argent qu'ils versent pour acheter de l'espace dans les revues et les journaux aide la presse 2 tenir compte des goûts de lecteurs tres divers. Pour reprendre un texte récent de 1'Institute of Practioners of Advertising (1982, p. 3), "la publicité contribue 1 offrir au public davantage de journaux et de magazines que cela ne serait le cas si elle n'était pas autorisée. Elle contribue aussi B fournir les fonds nécessaires à la rémunération des équipes rédactionnelles et aux investissements qu'exige la fabrication d'un produit efficace, vendable et qui concerne et intéresse le public qui l'achète''. Comme ce texte le fait justement observer, sans la subvention des recettes publicitaires, beaucoup de publications devraient, pour couvrir leurs frais, pratiquer des prix de vente substantiellement plus élevés, ce qui ferait baisser rapidement les ventes, provoquerait sans'doute la disparition d'un certain nombre de titres et réduirait ainsi les possibilités de choix 'offertes aux consommateurs. C'est là un argument séduisant mais qui confond multiplicitg et diversité. Les subsides provenant de la publicité ont indubitablement contribué à la survie d'un grand nombre de 'titres (notamment dans le secteur des magazines), mais ils n'ont pas permis aux publications existantes de refléter équitablement toute la gamme des intérêts et des opinions de la société britannique. C'est en fait l'inverse qui s'est produit, tant il est vrai, comme l'ont souligné les critiques, que les subventions publicitaires sont 1 double tranchant. Elles permettent la survie des titres qui en bénéficient, mais elles contribuent également à rendre économiquement impossible le maintien de ceux qui en sont privés. Les annonceurs veulent avant tout soutenir les titres qui leur donnent accès 2 un public de masse ou à des minorités disposant d'un solide pouvoir d'achat, et les publications consacrent des sommes non négligeables à des études ayant pour but de convaincre les annonceurs qu'elles touchent effectivement le type de lecteurs qu'elles promettent dans leur propre publicité. C'est ainsi que, peu après son lancement dans l'été de 1982, le magazine féminin Options fit parartre l'avis suivant dans la presse publicitaire spécialisée : "Avec Options nous avons visé une cible commerciale de 75 premier choix, celle des femmes de 25 5 54 ans appartenant aux trois couches sociales les plus prospères. Des sondages nationaux portant SUI: les deux premiers numéros font apparaitre, pour Options, un profil de lectrices bien au-dessus de la moyenne au sein de ces groupes socioéconomiques clés." Le but visé fut atteint et, au bout d'un an seulement, Options venait, pour le tirage, au septième rang de tous les mensuels féminins. Comme on pouvait s ' y , attendre, le fait d'avoir atteint avec succès sa cible a rendu ce magazine très attrayant pour les annonceurs, ce qui n'a pas manqué de renforcer et d'étendre les distorsions existant déjà dans ce secteur du marché des revues. Depuis la découverte 2 la fin des années 1950 d'une jeunesse aisée, toute une série de titres ont été lancés 2 l'intention des jeunes femmes. "Inversement, rares ont été les publications qui s'adressaient aux personnes âgées parce que le revenu dont celles-ci disposent et, par conséquent, leur intérêt publicitaire sont bien moindres que ceux des jeunes". De plus, "une bonne partie des nouveaux magazines féminins visant le marché des 18-20 ans a été orientée vers la bourgeoisie. C'est pourquoi il y a aujourd'hui beaucoup plus de magazines qui s'adressent en priorité aux jeunes de la classe moyenne (moins de 35 ans) qu'aux tranches plus âgées (plus de 35 ans) de la classe ouvrière, bien que les premiers soient environ 5 millions et demi et les seconds 16 millions" (Curran, 1981, p. 57). Et il ne s'agit pas 12 d'un exemple isolé. Les exigences des annonceurs ont eu aussi un effet marqué sur la structure des prestations dans d'autres secteurs du marché des magazines. Elles ont favorisé l'expansion rapide de revues concernant des domaines particuliers de la consommation et des loisirs (comme les sports et autres passe-temps) et stimulé le développement de titres s'adressant 1 des groupes ayant prise sur l'argent d'autrui, comme par exemple les banquiers, les dirigeants de grandes entreprises ou les médecins (l'influence que ces derniers exercent sur les achats médicaux du secteur public faisant d'eux des lecteurs particulièrement intéressants pour les grands laboratoires pharmaceutiques). Mais, parallèlement, les mêmes exigences oEt freiné le développement des magazines politiques du fait que ceuxci ne cherchent pas à toucher une tranche de consommateurs bien définie ni h atteindre les grarrds décideurs ou 2 fournir un contexte rédactionnel favorable. Une dynamique semblable est également 1 l'oeuvre sur le marché des journaux populaires, comme le cas du Daily H e r a g en apporte la preuve. Ce journal était le dernier quotidien national à se faire systématiquement le défenseur des idéaux socialistes partagés par la grande masse du mouvement travailliste. Lorsqu'il disparut en 1964, il avait un tirage moyen de 4,7 76 m.illions d'exemplaires, c'est-à-dire presque deux fois plus que le tirage des trois principaux journaux de "qualité" du pays réunis, 2 savoir le Times, le Financial Times et le Guardian. Toutefois, alors que ces journaux touchaient un public aisé et instruit attirant les annonceurs, le Herald, lui, "n'était pas lu par les gens qu'il fallait. I1 s'adressait aux hommes plus qu'aux femmes, aux gens d'un certain âge plus qu'aux jeunes et, dans une proportion écrasante, aux lecteurs de la classe ouvrière plus qu'à ceux de la classe moyenne" (Curran et Seaton, 1981, p. 118). C'est pourquoi, malgré son tirage considérable, il n'a pu attirer suffisamment de publicité pour rester viable. Quand le Herald cessa de paraitre, les éditeurs le remplacèrent par un nouveau journal, le Sun, - conçu à la fois pour garder les sympathisants traditionnels du Herald et pour attirer les lecteurs plus jeunes et plus aisés que réclamaient les annonceurs. Le résultat fut une variante du Herald ayant des préoccupations sociales mais un ton moins extrémiste que son prédécesseur et qui ne sut plaire à aucun des deux publics. En 1969 le journal fut vendu au groupe News International de Rupert Murdock. Celui-ci le relança sans tarder sous la forme d'un tablolde solidement fondé sur la nouvelle formule orientée vers le divertissement dont on a parlé plus haut, et c'est aujourd'hui le quotidien le plus vendu de Grande-Bretagne. Les données économiques qui régissent la presse font donc que la gamme d'informations et de divertissements offerte au choix des lecteurs est étroitement liée 1 la capacitE de consommation de ceux-ci. Plus grand est leur pouvoir d'achat et plus grandes sont, en matière de médias, leurs possibilités de choix. Même les défenseurs les plus résolus du système actuel le reconnaissent et admettent que, ''dans la situation économique présente, cela signifie finalement que les riches et les cadres supérieurs du commerce et de l'industrie sont les seuls groupes minoritaires pleinement desservis par la presse", cependant que les opinions et les intérêts des minorités situées à l'autre extrémité de l'échelle sociale demeurent inexprimés ou sous-représentés (Beloff, 1976, p. 14). Les inégalités dans le soutien qu'apporte la publicité contribuent de façon décisive à perpétuer cette inégalité de traitement. Elles constituent en effet le mécanisme clé ''par lequel, en Grande-Bretagne, les médias sont conçus en fonction des besoins commerciaux du système économique ainsi que des inégalités de pouvoir, d'influence et de consommation des diverses classes composant la sociGté britannique" (Curran, 1981, p. 45). Pour l'instant, ces distorsions sont épargnées à la radiotélévision commerciale en raison d'une réglementation qui l'assimile à un service public et l'oblige à tenir compte d'une large gamme de minoritCs et de préoccupations particulières, que celles-ci présentent ou non un intérêt pour les annonceurs. Toutefois, ce principe est serieusement contesté par ceux qui veulent démanteler le système existant et recourir aux technologies nouvelles pour développer "un libre marché de l'édition électronique" qui fonctionnerait sur le modèle de la presse (Jay, 1981, p. 25). L'argument avancé est que les techniques naissantes de communication de masse apporteront à l'ère moderne ce que la grande bibliothèque d'Alexandrie donna au monde antique, en fournissant un stock d'informations "unifie et universellement accessible" dont chacun pourra disposer commodément et 2 peu de frais (Smith, 1980, p. 316-317). C'est 11 une vision séduisante mais qui ne tient pas compte de l'aspect économique de la situation. Si on laisse la logique du système des prix et des subventions apportces par la publicité déterminer la répartition de l'information et du divertissement, alors les mêmes inégalités et les mêmes déséquilibres qui caractérisent les médias imprimés s'étendront aux nouveaux médias électroniques. Du coup, tandis que les groupes les mieux nantis verront sans aucun doute se multiplier leurs possibilités de choix, les options ouvertes aux moins argentés resteront limitées et, sur le plan de l'information, un fossé grandissant se creusera entre riches et pauvres. Ce n'est pas à ce genre de problème que l'on pense d'ordinaire quand on soulève la question de l'impact social et culturel de la publicité, et pourtant c'est bien dans ce domaine des influences b long terme sur la vie et la conscience sociales que résident au bout du compte les enjeux les plus importants. Un examen complet des questions qui se trouvent ainsi posées nous conduirait bien au-delà des limites de la présente étude, mais en conclusion nous voudrions évoquer tres brièvement une ou deux de ces questions que des travaux récents paraissent désigner pour des recherches futures (Murdock). Publicité et consommation sociale Comme nous l'avons déjà noté, il y a eu ces dernières années un puissant regain d'intérêt pour l'l'effet id6ologique" que la publicité peut avoir sur la manière dont les gens exercent leur bon sens (Hall, 1982) et pour son impact sur les modalités générales et les styles de consommation. Cette dernière question a été résolument inscrite à l'ordre du jour du débat politique par les groupes de pression médicaux qui réclament avec insistance un contrôle plus strict sur la promotion de l'alcool et du tabac parce que la publicité augmente la consommation et pousse les jeunes à se mettre à boire et B fumer. Leurs arguments sont corroborés par la théorie de l'apprentissage social selon laquelle la publicité n'a pas seulement pour effet de stimuler la demande de marques données, mais ..amSne aussi les gens à s'inspirér des modèles généraux de comportement qu'elle dépeint, ce qui contribue B accroître la consommation globale (voir Atkin, 1982, p. 194-195). C'est 12 une thèse des plus vraisemblables, même si les études qui pourraient la corroborer sont encore un peu minces et soulèvent les mêmes difficultés de dGduction et d'interprétation que les travaux analogues sur l'impact des images de violence. Comme on pouvait s'y attendre, les annonceurs rejettent cette thèse, en soutenant que la publicité se borne à influer sur le choix des marques et n'a pas d'impact significatif sur la consommation totale. Pour reprendre les termes de Mike Waterson, directeur des recherches de 1'Advertising Association, "ceux aui veulent interdire la publicité semblent croire que les réclames pour le tabac ou les boissons alcoolisées stimulent la consommation globale de ces produits. La vérité est qu'il c'existe pour ainsi dire aucune publicité qui soit faite pour cela. L'argent qui va à la publicitc est dépensé par des fabricants qui se battent entre eux pour que leur marque ait sa part du marché. Si l'un gagne, un autre perd. Si British Leyland vend davantage de voitures, Toyota en vendra moins, mais, quelle que soit la somme globale dépensée par l'ensemble des fabricants, il est fort improbable qu'il en résulte un accroissement du nombre total de voitures vendues'' (Waterson, 1983, p. 26). Pour appuyer son argumentation, l'auteur se réfère aux sociétés socialistes, qui connaissent une forte consomation d'alcool et de tabac alors que la publicité y est absente ou presque, et aux Etats-Unis oh l'on estime que les consommateurs dépensent plus pour se procurer de la marijuana (qui est illégale et pour laquelle on ne fait pas de Publicité) que pour acheter du tabac. C'est 5 un même heurt d'opinions contradictoires entre l'industrie de la publicité et ses censeurs qu'on assiste à propos de la question de savoir si la publicité suscite ou non des besoins inutiles. Ce grief remonte 1 Daniel Defoe qui n'épargna pas ses critiques aux premiers annonceurs, mais il doit son importance actuelle 1 la thèse de Galbraith pour qui la fonction essentielle de la publicité est "de faire naître des besoins qui jusque-là n'existaient pas" afin de garantir l'expansion de la consommation de masse dont dépend la croissance continue de la production (et de In rentabilité) de masse (Galbraith, 1962, p. 133). L'argument fut alors poussé encore un peu plus loin par certains critiques aux yeux desquels la publicit6 ne se contente pas de susciter des besoins nouveaux, mais pousse les gens à acheter des choses dont ils n'ont pas "vraiment" besoin. A un certain niveau, cette affirmation est inattaquable. I1 est clzir que la publicité a fait entrer beaucoup de produits qui étaient initialement des articles de luxe dans la plupart des foyers. Mais les annonceurs répondent que ce12 a eu un effet social 77 entièrement bénéfique. Selon les termes d'une riposte récmte de Saatchi & Saatchi aux critiques, "les gens n'ont pas be.soin de nettoyer le sol de leur cuisine en cinq minutes ; ils pourraient faire la même chose en dix minutes avec de l'eau et du savon. Et ils n'ont pas davantage besoin de pneus b carcasse radiale pour leur voiture ; des pneus ordinaires 2 carcasse croisée suffiraient à Empêcher les jantes de faire un bruit de ferraille sur la chaussée ( . . . I . "Si les rasoirs Gillette n'avaient pas fait de publicité, les hommes auraient allègrement continué à se servir d'un rasoir à manche, mais cela eût été dommage, car non seulement un rasoir Gillette rase mieux qu'un coupe-choux mais il est aussi beaucoup moins dangereux et plus agréable" (Saatchi & Saatchi, 1980, p. 11). Les critiques, pour leur part, jugent ces arguments spécieux parce qu'ils concernent uniquement des produits dont presque tout le monde s'accorde B reconnaître qu'ils ont amélioré la qualité de la vie en libérant les gens de corvées et en réduisant les risques d'accidents. Cependant, les deux camps se retrouvent unis pour envisager l'impact de la publicité sans tenir compte des autres forces qui ir.fluent sur la consommation sociale et dont les plus évidentes sont économiques. Des recherches rEcentes donnent sérieusement 2 penser que le volume de la publicité joue un rôle moins important dans la détermination de la demande effective de bier.s non essentiels (comme les boissons alcoolisées) que le niveau général des salaires et le prix du produit (voir par exemple Hagen et Waterson, 1983). Mais la consommation subit également l'influence de contraintes moins évidentes. Au lieu de reprendre le point de vue conventionnel et "de supposer que les gens achètent d'abord pour subvenir 1 leurs besoins et ensuite pour rivaliser avec autrui'', des travaux récents d'anthropologie par exemple émettent l'hypothèse "que les gens éprouvent le besoin d'acheter pour rendre visibles et stables les catégories de culture" (Douglas et Isterwood, 1978). Vue sous cet angle, la consommation apparart comme l'une des modalités principales par lesquelles les gens donnent un sens à la culture et s'y intègrent, et chaque nouvelle acquisition devient une déclaration d'identité personnelle et sociale. L'utilité de cette approche a été amplement confirmée par les recherches sur la consommation des adolescents. Jusqu'l une date récente, on supposait généralement que les biens produits par les industries de la mode et de 12 pop music avaient créé une culture universelle de la jeunesse à laquelle tous les adolescents participaient. Des recherches ont maintenant montré qu'il s'agissait 12 d'un mythe et que, loin de créer une culture sans classes de la jeunesse, les nouveaux produits pour adolescents étaient devenus l'un des moyens de choix par le truchement desquels les 78 divisions et antagonismes sociaux sont signifiés et vécus (voir .Murdock, 1975 et 1981). Et ce n'est pas 15 un cas 1 part. Comme l'a montré Pierre Bourdieu, les modèles et les styles de consommatibn sont liés de manière intime et complexe à la dynamique de différenciation des classes 2 tous les niveaux de l'échelle sociale (Bourdieu, 1979). Ces travaux nouveaux sur la consommation laissent entrevoir une façon plus féconde de poser la question de l'impact social de la publicité. Au lieu de se demander quel degré d'influence la publicité exerce sur la consommation, ce type de recherche nous incite à étudier comment la publicité hiérarchise le monde social et culturel, à voir comment ces schémas se relient aux perceptions quotidiennes des gens et à explorer la manière dont les combinaisons complexes de ces deux systèmes structurent la consommation au sein de groupes différenciés et dans des contextes variables (Murdock). Publicité et croyances populaires Allant de pair avec cet intérêt croissant pour la dynamique sociale de la consommation, des travaux récents ont également commencé à soulever des questions concernant l'impact de la publicité sur la structure des croyances populaires. En fin de compte, soutiennent les critiques les plus extrêmes, les controverses sur le point de savoir si les gens ont vraiment ''besoin'' ou non des produits que vante la publicité passent 2 côté du problème central, qui est de savoir comment la publicité contribue 2 définir ce que nous entendons par besoins et par satisfaction des besoins en privilégiant la consommation individuelle et en écartant les autres conceptions. Selon les mêmes critiques, cette mise à l'écart culturelle s'opère dans le cadre et par l'intermédiaire de l'idéologie de la consommation, qui a favorisé le développement d'l'un mode de perception qui, tout en affrontant la question des besoins de l'homme, en a limité le champ'' (Ewen, 1976, p. 220). La publicité est au coeur de ce processus de mise à l'écart parce qu'elle exprime l'idéologie de la consommation sous sa forme la plus condensée et la plus intense. Elle s'adresse à des publics consid6rés comme composés exclusivement d'acheteurs de produits et Ron d'utilisateurs de biens collectifs (routes, écoles ou hôpitaux pûr exemple) qui ont été financés par des forrds publics pour couvrir des besoins sociaux généraux. Ces besoins-là, expliquet-on, l'non seulement l'idéal de la consommation n'en tient pas compte, mais il va jusqu'b en nier l'existence parce que la consommation tend toujours à se concrétiser sous la forme d'une activité individuelle" (Williams, 1980, p. 188). Ce phénomène a 'deux répercussions importantes sur la structurc globale des croyances pppulaires. Tout d'abord, il encourage l'opinion selon laquelle "il faut envisager les problèmes d'intérêt public (la pollution de l'air par exemple) comme pouvant être résolus par l'utilisation individuelle de produits (par exemple le collyre)", ce qui rend superflue toute action politique (Gitlin, 1982, p. 2 1 7 ) . En second lieu, il incite les gens à donner aux dépenses personnelles une valeur résolument positive qui leur permet de jouir instantanément de nouveaux biens de consommation spécialement adaptés 2 leurs besoins individuels immédiats. Les dépenses publiques sont perçues en revanche comme une perte, comme quelque chose de négatif, quelque chose que 1'Etat prend sous forme d'impôts pour financer les équipements dont on n'aura peut-être jamais personnellement besoin. Ces "effets idéologiques" de la publicité, ainsi se poursuit le raisonnement, se conjuguent pour hâter la privatisation de la vie sociale et le déclin tant culturel que matériel du secteur public. Culturellement, ils désignent l'entreprise privée et la société de marché comme le meilleur moyen de satisfaire les désirs et les besoins et contribuent 1 faire de cette idée une donnée naturelle du sens commun. Matériellement, ils concourent à axer la consommation sur les familles et les couples plutôt que sur des groupes sociaux plus larges, ils privilégient la jouissance individuelle par rapport à la participation et au débat collectifs, le foyer au détriment des lieux publics. Comme nous l'avons suggéré ailleurs. il est probable qu'en devenant commerciale la nouvelle industrie télévisuelle renforcera et précipitera ces tendances, d'abord en faisant de la publicité un agent plus abondant et plus pénétrant de la production culturelle et ensuite en faisant du récepteur de télévision le moyen de prédilection permettant de livrer la marchandise de l'information et du divertissement et d'organiser un dialogue politique direct, ce qui aura pour effet d'accentuer la "privatisation" de la vie sociale (Murdock, 1983). 79 Conclusion La publicité fait partie intégrante du système socio-économique dans lequel elle opère. Toute strategie visant 1 la faire mieux répondre aux besoins de la société doit tenir compte du fait que ni les médias ni la publicité n'agissent indépendamment d'autres éléments du système national de communication ou de l'économie elle-même. Les stratégies partielles destinées à limiter la publicité risquent de produire des effets secondaires inattendus dans d'autres secteurs des médias ou de l'Economie. Aussi pour être efficaces, les tentatives visant 1 restructurer les rapports entre la publicité et les médias doivent-elles s'appuyer sur une analyse globale de l'économie tout entière et du système des médias tout entier. En outre, le développement de la publicité moderne et son expansion transnationale ne peuvent s'expliquer que dans le contexte de la transnationalisation croissante de l'économie mondiale. C'est pourquoi des stratégies nationales omettant d'appréhender la publicité transnationale comme un système mondial risquent d'être inefficaces. Le développement de la publicité ne peut, de surcroIt, s'analyser comme un simple phénomène économique : il joue aussi un important rôle culturel et idéologique qui fait désormais partie intégrante de la vie quotidienne de la grande majorité des êtres humains. Comme tel, il oriente la consommation en jouant sur le désir du consommateur d'être au courant des dernières modes et tendances, ce qui lui procure un sentiment d'appartenance. Les stratégies du changement se doivent de refléter l'importante fonction culturelle et sociale que la publicité assume dans la majeure partie du monde industrialisé comme du monde en développement. Un programme d'action mondial visant 1 limiter la croissance de la publicité transnationale est quasiment impossible parce que la situation historique et politique varie d'un pays 1 l'autre. Chaque entité sociale a ses traditions, ses groupes économiques dominants, ses lois, etc. , ce qui exclut la conception d'une grande stratégie 80 unique applicable dans tous les contextes. Cependant, une position commune 1 l'ensemble des pays pourrait avoir notamment comme caractéristique de s'appuyer sur la démocratisation de la société et la participation de larges secteurs de la population aux prises de décision et aux processus de planification de leurs communautés et pays respectifs. Partant de 11, des institutions spécifiques pourraient, en tant que de besoin, être créées, qui permettraient la participation du public non seulement dans les communications en général, mais encore dans la publicité en particulier. Une sorte de ''conseil d'examen de la publicité", par exemple, composé de représentants de divers groupes sociaux, associations et organisations, pourrait étudier la publicité de différents points de vue. L'efficacité d'une telle institution dépendrait néanmoins de la capacité de chaque société 1 se forger sa cocception du "rôle légitime de la publicité" dans le contexte socio-historique qui lui est propre. La participation du public 1 toute espèce de prise de décision concernant la publicité n'est pas réalisable en l'absence de programmes éducatifs destinés 1 faire prendre conscience 1 la population de ce qu'est le phénomène publicitaire. L'enseignement relatif à la publicité devrait ainsi faire partie intégrante d'un programme plus vaste d'l'un enseignement relatif aux méd ias" La participation et l'éducation du public se trouveraient certainement facilitées par l'organisation régulière de débats publics au niveau local, national et international. Ces débats pourraient être axés sur les questions les plus brûlantes que pose le développement de la publicité et dormer 1 des représentants de la communauté la possibilite d'exprimer leurs opinions. La fonction essentielle de ces discussions serait d'introduire le thème de la publicité dans l'ordre du jour social. Dernier point mais non le moindre : des recherches extrêmement nombreuses sont indispensables pour jeter la lumière sur les diverses possibilités d'actton ouvertes . 1 la société et pour élever le niveau de la conscience collective envers la publicité. Ce qui est nécessaire, ce n'est pas seulement un effort quantitatif ; c'est aussi une nouvelle approche méthodologique. Les chercheurs commencent seulement 1 se détacher de l'étude traditionnelle des effets spécifiques immédiats et b prendre au S E rieux les problèmes plus généraux que soulèvent les critiques de la société et de la culture. Cela ne veut pas dire que les vieux problèmes de l'impact de la publicité aient cessé d'être pertinents ou importants, mais il s'agit maintenant d'insister sur la nécessité de poser une plus large gamme de questions. Par exemple, comment les exigences des annonceurs structurent-elles l'éventail et la diversité de la production culturelle ? Comment influent-elles sur l'équilibre entre le secteur du march6 et le secteur public ? Selon quelles modalités la publicité favorise-t-elle le développement d'une idéologie de la consommation et quels rapports cette idéologie entretient-elle avec la privatisation de la vie sociale et la disparition du secteur public ? Comment l'apparition des nouveaux médias agira-t-elle sur ces processus et en quoi ces médias modifieront-ils l'impact social et culturel de la publicité ? Poser ce type de questions est un premier pas nécessaire. Les réponses ne viendront qu'au terme de recherches plus imaginatives et aventureuses. Développer ces recherches est une tâche urgente pour le proche avenir. 81 Références ASA Advertising Standards Authority, (1979) : The British Code of Advertising Practice, Londres. 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Librairie Carnot, 59 rue Barbès. 97100 POINE-À-PITRE (Guadelouoe) ANTILLES NËÉRLANDAISES.Van Dorp.Eddine N V . , P.O. Box 200, WILLEMSTAD (Curaçao. N.A.), ARABIE SAOUDITE: Dar Al-Watan for Publishing and Information. Olava Main Street. Ibrahim Bin Sulavm Buildine P.O. Box 3310, RI;ADH ARGENTINE: Libreria EI Correo de l a Unesco, EDILYR S.R.L , Tucumán 1685. 1050 BUENOS AIRES AUSTRALIE: PubLicationr- Educational Supplies Pty. Ltd , P.O. Box 33, BROOKVALE 2100, N.S.W. Hunter Publications, 58A Gipps Srreer, COLUNGWOOD VICTORIA 3066. Peiiodrques: Dominie Pty Ltd.. P O Box 33. BROOKVALE 2111, N.S.W. Souragge*lt: UNAA, P O Bor 175, 5th floor, Ana House, 28 Elizaberh srreet, MELBOURNE 3000. AUTRICHE: Buchhandlung Gerold & Co Graben 31. A-1011 WIEN BAHAMAS: Nassau Stationers Lrd, P.O. Box No. 3138. NASSAU BANGLADESH. Bangladesh Books Inrernational Ltd.. ltrefaq Building. 1 R.K. Mission Road. Hatkhola, DACCA 3. BARBADOS, University of the Wesr lndies Bookshop, Cave Hill Camous P O. Box 64. BRIDGETOWN BELGIQUE-Jean De Iannoy. 202, avenue du Roi. 1060 BRUXELLES. CCP 000-0070823-13. BÉNIN: Librairie nationale. B.P. 294. PORTONovo Ets Koudjo G. Josrph, B P 1530, COrONOU BIRMANIE: Trade Corporation no. (9). 550-552 Merchanr Street. ~~ RANGOON BOLIVIE. Los Amigos del Libro. rasilla postal 4415, LA PAZ, avenida de las Heroinas 3712, casilla 450, COCHABAMBA BOTSWANA Botswana Book Cenrre. P.O. Box 91. GABORONE BRESIL. Fundaçio Getúlio Vargas. Serviso de Publica~ões.caixa posral9.052-ZC-02.Praia de Botafogo 188. RIO DEJANEIRO (GB) BULGARIE. Hemus. Kanrora Literatura. bd. Rouskv 6. SOFIIA CANADA: Éditions Renouf Limitée, 2182, rue Sainte-Cacherine Ouerr, MONTRÉAL,Que. H3H 1M7. CHILI: Bihliocentro Lrda.. Constitución n" 7. casilla 13731. SAN'TIAGO (21). CHINE. China National Publications Import and Export Carporarron. P O. Bou 88, BEIJING CHYPRE: *MAMO.Archbishop Makarios 3rd Avenue. P.O. Box 1722, NICOSIA COLOMBIE- lnstitu to Colombiana de Cultura, carrera 3A. n" 18/24. BOGOTA EI Ancara Editores, carrera GA, n"' 54.58 (101). apartado 035832. BOGOTA COMORES. Librairie MASIWA 4 , N C Ahmed Dioumoi. B.P 124. MOROVI CONGO- Librairie populaire, B.P. 577. BRAZZAVILLE Librairie PO. pulaire 1: Pointe-Noire, Loubomo, Nkayi. Makabama. Owendo. Ouesso er Impfando. Commission nationale congolaise pour l'Unesco, B.P. 493, BRAZZAVILLE COSTA RICA. Librería Trejas. S.A., apartado 1313. SANJOSÉ Teléfonos: 2285 v 3200. Librería Cultural rGarcia Monera. Ministerio de Ia Culiura. Cosrado Sur del Tearro Nacion'al, aparrada 10227, SANJOSÉ CÒTE-D'IVOIRE: Librairie des Presser de l'Unesco. Commission narionale ivoirienne pour l'Unesco, B.P. 2871. ABIDJAN CUBA: Ediciones cubanas, O'Reilly n" 407, LA HABANAPour n L e Coumrru redement: Empresa COPREFIL. Dragones no 456 e / Lealrad y Campanario, LA HABANA 2 DANEMARK. Munksgaard Exporc and Subscription Service. 35 Nprre Spgade, DK-1370 K0BENHAVN K ÉGYPTE. Unesco Publicarrons Centre, 1 Talaar Harb Street, CAIRO EL SALVADOR: Librería Culrural Salvadoreña S.A.. calle Delgada n" 117, aparrado porra1 2296, SAN SALVADOR ÉQUAEUR- DINACUR Cia. Ltda. Sanra Prisca n" 296 y Pasaje San Luis. Oficina 101-102, casilla 112-B. QUITO PourÍeipubÍica/ioni reulemml. Nueva Imagen, 12 de Octubre 959 y Roca, edificio Mariano deJésus. QUITO Pénodrquer etpublrcations: Casa de la Cultura Ecuaroriana. Núcleo del Guayas, Pedro Moncaya y 9 de Ocrubre. canilla de corréos 3542. GuAYAQulL Casa de la Culcura Ecuaroriana, avenida 6 dc Diciembre n" 794, rasilla 74. QUITO ESPAGNE. Mundi-Prensa Libros S.A , apartado 1223. Casrelló 37. MADRID-I Ediciones Liber. aparrado 17. Magdalenn 8, ONDARROA (Vizcaya). DONAIRE. Ronda de Outeiro. 20, aparrado de correos 341, LA CORUFJA, Librería Al-Andalus, Roldana 1 y 3, SEVILLAI. Librería Castells. Ronda Universidad 13, BARCELONA 7 ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE: Unipub, 205 East 42nd Street, NEW YORK. N.Y. 10017. ÉTHIOPIE. Erhiopian National Agency for Unesco. P O Box 2996. ADDIS ABABA. FINLANDE: Akareeminen Kirjakauppa, Kerkuskatu, 1. O0100 HELSINKI 10. Suomalainen Kirjakauppa Oy. Koivuvaarankuja 2, 01640 VANTAA64. FRANCE. Librairie de l'Unesco, 7, DIX^ de Fantenav. 75700 PARIS. CCP Paris 12598-48. GABON: Librairie S o g a h e 2 LIBREVILLE PORT-GENTIL. FRANCEVILLE Librairre Hacherte. B P 3923, LIBREVILLE GHANA: Presbyrerian Bookshop Depot Lrd., P . 0 Box 195. ACCRA Ghana Book Suppliers Ltd., P O. Box 7869. ACCRA The Univrrsity Bookshop of Ghana. ACCRA.The University Bookshop of Cape Coast. The University Bookshop of Lrgon. P.O. Box 1. LEGON GRÈCE: Grandes librairies d'Achènes (Eleftheroudakis. Kauffmann. ecc.) John MikaIopoulos & Son S.A., lnrernarional Booksellers, 7 5 Hermou Street, P.O. B 73. THEssALONlKl GUATEMALA Comisión Guatemalteca de Cwperación con la Unesco, 3.' avenida 13-30, zona 1. apartado postal 244, GUATE. MALA GUINÉE: Commission nationale guinéenne pour l'Unesco, B.P. 9J4. CONAKRY HAITI: Librairie *A la Caravelles, 26, rue Roux, B.P. 111, PORT-AU-PRINCE HAUTE-VOLTA: Librairie Attie, B.P. 64. OUAGADOUGOU, Librairie catholique <Jeunesse d'Afrique., OUAGADOUGOU HONDURAS. Librería Navarro. 2.' avenida n" 201. Comayaguela. TEGUCIGALPA HONG-KONG: Federal Publicarions (HK) Lrd., 2D Freder Centre. 68 Sung Wong Toi Road, TOKWAWAN KOWLOON Swindon Book Co.. 13-15 Lock Road, KOWLOON Governmenr Informa. cion Services, Publications Section. Baskerville House, 22 Ice House, HONG KONG HONGRIE: Akadémiai Könyverbolt, Vaci u. 22. BUDAPESTV. A K V. Könyvtárosak Bolqa. Népközrársarág utja 16, BUD14PEST VI. INDE: Orient Longman Ltd.: Kamani Marg. Ballard Estate. BOMBAY 400038: 17 Chirtaranjan Avenue. CALCU~TA 13; 36 A Anna Salai, Mount Road. MADRAS 2; B-317 Asaf Ali Road, NEW DELHI 1; S o i l Maharma GandhiRaad, BANGALORE 560001; 3-5820 Hyderguda. HYDERABAD 500001. Sour-depótr; Oxford Baok and Stationery Co.: 17 Park Streer. CALCUTTA700016; Sdndia House, NEW DELHI 110001; Publications Secrion, Minisrry of Educarion and Social Welfare, 511, C-Wing, Sharrri Bhavan. NEW DELHI 110001. INDONESIE: Bhratara Publishers and Booksellers. 29 JI. Oro IskandardinaraIII. JAKARTA Indira. P.T..JI. DI. SamRatulangi 37. JAKARTA PUSAT IRAN. Commission nationale iranienne pour l'Unesco, Seyed Jamal Eddin Assad Abadi a"., 64th Srreet, Bonyad Bdg.. B.P. 1535. E. HÉRAN Kharazmie Publishing and Dkrrihurion Co , 28 Vessal Shirazi Street. Enghélab Avenue. P.O. Box 31411486, TÉHÉRAN IRLANDE: The Educacional Company of Ireland Ltd., Ballymount Road. Walkinstown. DUBLIN 12 Tycooly Internarional Publ. Lrd. 6 Crofton Terrace, Dun Laoghaire Co, DUBLIN ISLANDE. Snaehjörn Jonsson & Co. H . F.. Hafnarsrraeri 9,REY& JAVlK ISRAEL. A.B.C. Bookstore Lrd., P.O. Box 1283, 71 Allenby Road. TEL AVIV 61000. ITALIE. LICOSA (Libreria Commissianaria Sansoni S P.A.), Via Lamarmora 45. casella posrak 552, 50121 FIRENZE JAMAHIRIYA ARABE LIBYENNE: Agency for Development of Publication and Disrriburion, P.O. Bau 34-35. ~ U P O U JAMAïQUE: Sangster's Book Scores Ltd.. P.O. Bou 366, 101 Water Lane. KINGSTONUniversity of the Wesr Indra Bookshop, Mona, KINGSTON JAPON: Eastern Book Service Inc. Shuhwa Toranomon 3 Bldg, 23-6 Toranomon 3.chome. Minato-ku. TOKYO105 JORDANIE. Jordan Distriburion Agency, P O.B. 375, AMMAN KENYA: East African Publishing Hause. P.O. Box 30571, NAIROBI KOWEïT: The Kuwait Bookshop Co. Ltd., P.O. Bou 2942, KUWAIT LESOTHO: Mazenod Book Centre. P.O. MAZENOD LIBAN: Librairies Anroine, A. Naufal er Frères, B.P. 616, BEYRPUTH LIBERIA: Cole & Yancy Bwkshops Lid., P.O. Bou 286. MONROVIA LIECHTENSTEIN: Eurocan Trust Reg., P.O. Box 5 , SCHAAN. LUXEMBOURG: Librairie Paul Bru&, 22. Grand-Rue. LUXEMBOURG MADAGASCAR: Commission nationale de l a République démocrarique de Madagascar pour l'Unesco. B.P. 331. ANTANANARIVO MALAISIE: Federal Publicarions Sdn. Bhd.. Lot 8238 Talan 227.. Petaling Jaya, SELANGORUniversiry of Malaya Co-operarive Bookshop. KUALA LUMPUR 22-11, MALAWI: Malawi Boak Service. Head office. P.O. Bau 30044. Chi. chiri. BLANTYRE 3. MALI: Librairie populaire du Mali. B.P. 28. BAMAKO MALTE: Sapienzas. 26 Republic Srreet. VALLE'lTA MAROC: Touter Íer pub/zutmnr: Librairie *Aux helles imagesr, 281. avenue Mahammed-V. RABAT (CCP 68-74). Librairie des écoles. 12 ivenue Hassan II, CASABLANCA rLe Coumern redement (pour Íer enretgnantr); Commission nationale marocaine pour I'éducation. la science er la culture. 19, LUC Oqba, B.P. 420. AGDAL-RABAT (CCP 324-45). MAURICE: Nalanda Ca. Ltd., 30 Bourbon Streer, PORT-LOUIS MAURITANIE: GRA.LI.CO.MA. 1. rue du Souk X, Avcnue Kennedy, NOUAKCHOTT MEXIOUE: SABSA. Insureentes Sur. n" 1032-401. MÉxlco 12. D.FrLibrería *El Correo& la Unesco,, Actipán ¿G. Colonia de¡ Valle, MËXICO 12 D.F. 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HAMILTON. Retail Cubacade Wodd Trade Centre. Mulgtave Srreet (Head Office). Mail Orders Privare Bag. WELLINGTON. Retail 159 Hereford Street. Mail Orders Privare Bag, CHRISTCHURCH, Rerail Princes Street, Mail Orders P.O. Box 1104, DUNEDIN OUGANDA: Uganda Booksbap. P.O. Box 7145, KAMPALA PAKISTAN: Mirza Book Agency, 65 Shahrah Quaid-i-Aaam, P.O. Box 729. LAHORE 3 . PANAMA: Distribuidora Cultura Internacional, apartado 7571, Zona 5 , PANAMÁ PARAGUAY. Agenda de Diarios y Revistas, Sra. Nelly de García Astillero. Pte. Franco n" 580, ASUNCIóN PAYS-BAS: Keesing Boeken B.V.. Posrbus 1118, 1000 BC AMSTER. DAM. Pourhrpe'nodquw reulement: D & N FAXON BV, P . 0 Bor 197 1000 AD AMSTERDAM PÉROU: Abrería Studium, Plaza Francia 1164. apartada 2139, LIMA PHILIPPINES: The Modern Book Co., 922 Rizal Avenue, P.O. Box 632, MANILA2800. POLOGNE: Ars Polona - Ruch. Krakowskie Prredmiescie 7, 00.068 WARSZAWA. ORPAN-Import. Palac Kultury, 00-901 WARSZAWA PORTO RICO: Librería *Alma Marer.. Cabrera 867, Rio Piedras, PUERTO RICO 00925 PORTUGAL. D i s &Andrade Lrda.. Livraria Porrueal. rua de Carmo 70, LISBOA RÉPUBLIQUE ARABE SYRIENNE: Librairie Sayegh, Immeuble Diab. NC du Parlement, B.P. 704. DAMAS. RÉPUBLIQUE DE COREE: Korean National Commission for Unesco P.O. Box Central 64, SEOUL. RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ALLEMANDE Librairies inrernationales ou Buchhaus teiozie. Porrfarh 140 701 LEIPZIG RÉPUBLIQUE DOMINICAI~E"~b,.ila Ëliio, avenida Bolívar no 402. esq Hermanos Deligne. SANTO DOMINGO RÉPUBLIOUE-UNIE DE TANZANIE: Dar es Salaam Bookshoo P.O. Bo; 9030. DARESSALAAM RÉPUBLIQUE-UNIE DU CAMEROUN: Le secrétaire génntral de la Commission narionale de la République-Unie du Cameroun pour l'Unesco. B.P. 1600, YAOUNDÉLibrairie *Aux Messageries., av. de la Lberté. B.P. 5921. DOUALA Librairir <Aux Frères réuniss, B.P. 5346, DOUALA. Librairie der Editions CIé. B.P. 1501, YAOUNDÉLibrairie Saint-Paul. B.P 761. YAOUNDÉ ROUMANIE: ILEXIM, Imporr-Export, 3 &.a Ï3 Decenibrie, P.O. Box 1-13611-137. BUCURESn ROYAUME-UNI: H. M. Starionem Officer. 5 1 Nine Elms Lane. LONDON, S W8 IDR. Governmenr bwkshops: London, Belfast, Birmingham. Bristol, Cardiff. Edin burgh, Manchester. SÉNEGAL Librairie Clairafrique. B.P. 2005. DAKAR. Librairie des Quarre vents. 91 rue Blanchot, B.P. 1820, DAKAR SEYCHELLES. New Service Ltd.. Kingstate House, P.O. Bau 131, MAHE National Boakshop, P.O. Box 48, MAHE SIERRA LEONE: Fourah Bay, Njala University and Sierra Leone Diocesan Bookshops. FREETOWN. SINGAPOUR Federal Publications (S) Pte. Ltd, Times Jurong. 2 Jurong Port Road, SINGAPORE 2261. SOMALIE: Modern Book Shop and General, P.O. Box 951, MOGADISCIO SOUDAN: AI Bashir Bookshop, P.O. Box 1118. KHARTOUM SRI LANKA: Lake House Bookshop. Sir Chittampalam Gardiner Mawata. P.O. Bon 244, COLOMBO 2. SUEDE: Touter Íerpubircatronr: AIB C.E. Fritzes Kungl. Haubokhandel. Regeringsgaran 12. Box 16356. S-10327 STOCKHOLM. e L z Coumirv redement. Svenska FN-Forhundet, Skolgrind 2, Box 150 50, S-10465 STOCKHOLM (Posrgiro 18 46 92). Pourlerpehodiquer redement: Wennetgren-Williams AB, Box 30004, S.104 25 STOCKHOLM SUISSE: Europa Verlag, Rämisrrasse 5 , 8024 ZURICH. Librairie Payor. àGenève. Lausanne, Bile. Berne, Vevey. Montreux, Neuchitel et Zurich. SURINAME: Suriname National Commission for Unesco. P.O. Box 2943, PARAMARIBO TCHAD: Librairie Ahssounout, 24, av. Charles-de-Gaulle. B.P. 388. NDJAMENA TCHÉCOSLOVAQUIE. SNTL. Spalma 51. PRAHA1 (&poiition permnente). Zahranicni lirerarura, 11 Saukenicka, PRAHA 1. Pour la Slovaquie redement: Alfa Verlag, Publishers, Hurbanovo nam. 6, 893 31 BRATISLAVA THAïLANDE: Nibondh and Co. Ltd.. 40.42 Charoen Krung Road. Siyaeg Phaya Sri, P O . Box 402, BANGKOK Suksapan Panit. Man. Sion 9. Rajdamnern Avenue, BANGKOKSuksit Siam Company, 1715 Rama IV Road. BANGKOK TOGO: Librairie évangélique. B.P. 378, LoMÉ. Librairie du Bon Pasteur, B.P. 1164. LoMÉ; Librairre universitaire, B.P. 3481. & . LOMÉ TRINITÉ-ET-TOBAGO. National Commission far Unesco, 18 Alexandra Street, St. Clair, TRINIDAD W.I. TUNISIE: Société tunisienne de diffusion, 5 . avenue de Carrhage. TUNIS. . TJROUIEHaset Kitaoevi A S . lrtiklâl Caddeci . no 469 I Posta ~ ~ .._ .Ku& 219~Beyaglu:ISTANBUL URSS. Meihdunarodnaja Kniga, MOSKVA G.200. URUGUAY: Edilyr Uruguaya. S.A.. Maldonado 1092. MONTEVInpn __. VENEZCIELA: Librería del Este, avenida Francisco de Miranda. 52: Edificio Galipán. apartado 60337. CARACAS DILAE C.A.. calle San Antonio entre av Lincoln y av. Casanova. edificio Hotel Royal. local 2. apartado 50304, Sabana Grande, CARACAS, YOUGOSLAVIE: Jugorlovenska Knjiga. Trg Republike 518, P O.B. 36, 11-001, BEOGRAD Drzavna Zalozba Slovenije, Titova C.21, P.O.B. 50.1, LJUBLJANA ZAïRE Librairie du CIDEP, B.P. 2307, KINSHASA I Commission nationale zairoise pour l'Unesco, Commissariar d ' É t u chargé de I'éducation narionale. B.P. 32, KINSHASA. ZAMBIE: National Educational Disrribution Co of Zambia Ltd. P.O. Box 2664, LUSAKA ZIMBABWE: Textbwk Sales (PVT) Ltd, 68 Union Avenue. HARARE ~~ ~ ~~~~~ ~~ ~ [BI CC/83/XVIII/97F ,