Un modèle de champ de phase pour l’ébullition
P. Ruyera, D. Jametb, L. Truskinovskyc
a : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
c : Ecole Polytechnique
21 décembre 2006
La connaissance des mécanismes de base de l’ébullition nucléée, notamment à fort flux de chaleur pariétal, est à ce jour
insuffisante pour expliquer l’occurence de phénomènes comme la crise d’ébullition. Afin de parfaire cette connaissance, la
simulation numérique apparait comme un outil d’investigation locale prometteur en complément à l’expérimentation. En
vue de réaliser des simulations numériques de la dynamique de croissance de bulle, on présente le développement, l’analyse
et les premières résolutions numériques des équations d’un modèle de type champ de phase pour les écoulements liquide-
vapeur avec changement de phase. Ce modèle permet en particulier de se passer d’un traitement numérique spécifique
de l’interface, tout en reproduisant les principaux mécanismes physiques de la transition de phase liquide-vapeur. Cette
présentation reprend les principaux résultats des travaux de thèse [2] réalisés au CEA Grenoble sous la direction scientifique
de Lev Truskinovsky du LMS de l’école Polytechnique.
Régularisation de type champ de phase Le problème majeur de la simulation d’un écoulement bouillant réside dans
la gestion numérique de l’interface en tant que surface libre. Face à cette difficulté, les modèles à interfaces diffuses,
inspirés de la théorie de la capillarité de van der Waals, proposent une régularisation thermodynamiquement cohérente de
la formulation discontinue. Les équations de la dynamique des fluides en résultant sont valables en tout point de l’espace et
peuvent ainsi être résolues à l’aide de schémas classiques. En contre partie, il est nécessaire de modéliser et de résoudre la
dynamique du fluide au sein de l’interface. En vue d’une étude numérique macroscopique et quantitative, il est important de
maîtriser les caractéristiques de cette zone régularisée (notamment l’épaisseur de l’interface) et d’étudier les conséquences
de la régularisation sur la modélisation de la transition de phase. Ainsi on peut montrer qu’il n’est pas possible d’utiliser
le modèle de van der Waals comme base d’une méthode numérique pour l’étude macroscopique de l’ébullition, le modèle
étant trop contraint. La modélisation de type champ de phase se base sur l’introduction d’un paramètre d’ordre abstrait pour
la transition de phase considérée. Ce paramètre se compare formellement à la fonction indicatrice de phase utilisée dans
les méthodes numériques traitant les interfaces comme des surfaces de discontinuité. Son introduction en tant que variable
thermodynamique permet à la fois de lever le type de contraintes observé avec le modèle de van der Waals et d’apporter une
cohérence thermodynamique à une régularisation artificielle. Nous étudions comment adapter cette modélisation à l’étude
de l’ébullition.
Modélisation des états d’équilibre monophasique et diphasique Nous présentons (cf. [1]) une fermeture thermody-
namique dont la propriété principale est de minimiser l’interférence entre la description de la zone interfaciale, dont les
caractéristiques doivent pouvoir être choisies selon des critères numériques, et la description des domaines monophasiques,
dont les propriétés sont supposées données. Cette fermeture comprend
– les équations d’état des phases exprimées à partir des variables thermodynamiques classiques
– l’ensemble des éléments d’un modèle à interfaces diffuses (non convexité de l’énergie, dépendance en termes non-
locaux) et de champ de phase (fonction d’interpolation entre les équations d’état).
La spécificité de la formulation retenue réside dans le choix des non linéarités des fonctions de la variable champ de phase.
L’étude du modèle dans des configurations académiques montre le rôle essentiel de ces non linéarités.
L’équilibre du fluide est caractérisé par une équation supplémentaire comparément à une description thermodynamique
classique, ce qui illustre le degré de liberté supplémentaire de la formulation de champ de phase par rapport au modèle
de van der Waals. L’étude des conditions de stabilité des états monophasiques permet d’établir la relation entre le choix
des non linéarités et le fait que deux valeurs et deux seulement de la variable champ de phase soient associées à des états
d’équilibre homogènes stables. Concrètement cette propriété permet que les seuls états monophasiques possibles soient
les phases liquide et vapeur et de maîtriser ainsi les masses volumiques des phases, la chaleur latente ainsi que la limite
de métastabilité, tous étant des paramètres physiques essentiels de l’ébullition. L’équilibre diphasique plan est gouverné
par une équation différentielle indépendante de toute grandeur thermodynamique issue de la description des phases, cette
propriété découlant des choix faits pour la fermeture. Ainsi l’épaisseur caractéristique et la tension interfaciale sont des
paramètres libres du modèle. Cette dernière joue un rôle physique significatif en présence de courbure ce qui motive l’étude
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