ASYNCHRONIES PATIENT-VENTILATEUR : DIAGNOSTIC ET

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ASYNCHRONIES PATIENT-VENTILATEUR : DIAGNOSTIC ET
TRAITEMENT
Dr Arnaud W. Thille
AP-HP, Réanimation médicale, Hôpital Henri Mondor, Université Paris XII, INSERM U841, Créteil
[email protected]
INTRODUCTION
La ventilation mécanique assistée est largement utilisée en réanimation. Elle permet de synchroniser
les cycles du ventilateur aux efforts du patient. Au contraire de la ventilation contrôlée, la ventilation dite
assistée pourrait limiter les lésions diaphragmatiques induites par la ventilation prolongée [1]. En effet,
les efforts inspiratoires spontanés peuvent atténuer la fonte musculaire des muscles respiratoires, et les
modes assistés peuvent être recommandés dés que possible. Cependant, la synchronisation entre le
patient et le ventilateur doit être adéquate afin d’améliorer le confort du patient et de réduire son travail
respiratoire [2]. Les asynchronies patient-ventilateur, définies comme un décalage entre l’inspiration du
patient et l’insufflation du ventilateur, sont fréquemment observées en pratique clinique. Bien que la
détection des asynchronies nécessitent au mieux des mesure physiologiques (pression oesophagienne
ou électromyogramme du diaphragme) [3, 4], des asynchronies majeures peuvent être facilement
détectées à partir des signaux de débit et de pression des voies aériennes observés sur les écrans du
ventilateur [5]. Les asynchronies patient-ventilateur sont fréquentes chez les patients intubés et sont
associées à une durée de ventilation prolongée [6], un sevrage ventilatoire plus difficile [7] et des
altérations de la qualité du sommeil [8] [9]. Le confort et la synchronisation patient-ventilateur sont des
éléments qui peuvent aussi favoriser l’échec de la ventilation non invasive et conduire à l’intubation.
L’identification des facteurs favorisants ces asynchronies est déterminante pour aider à optimiser les
réglages du ventilateur.
INCIDENCE ET CONSEQUENCES DES ASYNCHRONIES
Malgré l’amélioration des performances des ventilateurs de réanimation [10], des asynchronies
majeures sont fréquemment détectées par le clinicien. La fréquence des efforts inefficaces a été
évaluée chez des patients admis dans une unité de sevrage ventilatoire [7]. Les auteurs ont retrouvé
que plus de 10% des patients présentaient de telles asynchronies. Récemment, nous avons évalué
l’incidence des principales asynchronies au cours de la ventilation assistée [6]. Tous les patients intubés
plus de 24 heures ont été évalué dés qu’ils déclenchaient le ventilateur : 82% étaient en aide
inspiratoire (AI) et 18% en ventilation assistée contrôlée (VAC). Nous avons observes que près d’un
quart des patients (15 sur 62 patients) présentaient des asynchronies fréquentes. Les efforts inefficaces
et les double déclenchements représentaient les deux asynchronies les plus fréquentes (85% et 13%,
respectivement). Les patients qui présentaient des asynchronies fréquentes nécessitaient une durée de
ventilation mécanique plus longue. De plus, la réalisation d’une trachéotomie pour sevrage était plus
fréquente [6]. Chao et al. ont aussi retrouvé que l’échec du sevrage ventilatoire était plus fréquent parmi
ces patients [7]. Ces résultats pourraient indiquer soit une atteinte respiratoire plus sévère favorisant les
asynchronies, soit des réglages ventilatoires inadéquats. En effet, l’optimisation des paramètres
ventilatoires permet d’améliorer la qualité du sommeil, notamment en réduisant la fréquence des
asynchronies [8]. De nouvelles études devront déterminer si il est possible de réduire la durée de
ventilation en améliorant la synchronisation patient-ventilateur.
DETECTION DES PRINCIPALES ASYNCHRONIES
La méthode de référence pour déterminer de façon précise le début et la fin de l’inspiration repose sur
des explorations physiologiques, tels que la mesure de la pression oesophagienne ou
l’électromyogramme du diaphragme. Cependant, les ventilateurs de nouvelle génération avec des
écrans de surveillance permettent de détecter cliniquement les principales asynchronies, grâce à
l’examen attentif des courbes de débit et de pression des voies aériennes [11] [6].
Efforts inefficaces
L’effort inefficace est un effort généré par le patient mais non détecté par le ventilateur. L’effort est
insuffisant pour surmonter la charge liée à la pression expiratoire positive (PEP) intrinsèque ou autoPEP (Figure 1-A). Plusieurs études ont montré que les efforts inefficaces survenaient
préférentiellement chez des patients ayant une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO),
mais ils peuvent aussi survenir en dehors de cette maladie [6, 12, 13]. L’effort inefficace peut être
détecté sur l’écran du ventilateur par une dépression simultanée à une augmentation du débit (Figure
1-B). Ces efforts inefficaces peuvent survenir avec tous les modes ventilatoires (Figure 2). La
fréquence augmente quand le niveau d’assistance ventilatoire augmente, du fait d’un plus grand volume
courant (qui favorise la PEP intrinsèque) et d’une inhibition de la commande ventilatoire centrale (qui
diminue l’intensité de l’effort) [14].
Double-déclenchements
Les double déclenchements surviennent quand la demande ventilatoire du patient est importante et que
le temps d’insufflation (Ti) du ventilateur est trop court [15]. On visualise deux cycles inspiratoires
successifs séparés par un temps expiratoire inexistant ou très court (Figure 3-B). L’effort du patient
n’est pas terminé à la fin du premier cycle donc il déclenche un deuxième cycle ventilateur. Les doubledéclenchements sont principalement observés en mode VAC, probablement parce que le temps
d’insufflation est plus court qu’en AI [6].
Auto-déclenchements
Les auto-déclenchements sont des cycles délivrés par le ventilateur en l’absence d’effort du patient,
déclenchés par les oscillations cardiaques ou par une fuite dans le circuit (fréquent en ventilation non
invasive). Ce phénomène est fréquent chez les patients de chirurgie cardiaque qui présentent des
battements cardiaques hyperdynamiques [16]. Les auto-déclenchements provoquent un inconfort et
une résistance du patient face au ventilateur. Chez le patient paralysé ou qui ne déclenche pas le
ventilateur, le fréquence ventilatoire devient supérieure à celle réglée sur le ventilateur, provoquant une
hyperventilation et une alcalose respiratoire.
Inspirations prolongées et cycles courts.
En AI, on peut observer des inspirations prolongées quand le ventilateur poursuit l’insufflation alors que
le patient veut expirer. Ce phénomène peut être détecté par une brusque augmentation de pression en
fin d’insufflation [5] (Figure 1-C). Ces inspirations prolongées peuvent induire de l’auto-PEP,
notamment chez les patient BPCO.
Au contraire, l’insufflation peut être insuffisante et le ventilateur ouvre sa valve expiratoire alors que le
patient continue son inspiration. Cette asynchronie produit un aspect caractéristique [5] (Figure 3-A), et
peut survenir avec tous les modes ventilatoires (temps inspiratoire trop court), mais principalement chez
des patients qui ont une demande ventilatoire élevée (dans les suites d’un syndrome de détresse
respiratoire aigu).
TRAITEMENT DES ASYNCHRONIES EN AIDE INSPIRATOIRE (Tableau 1)
Trigger Inspiratoire
Le travail respiratoire lié au trigger ne représente que 10% de l’effort inspiratoire total [17]. Cependant,
un seuil de trigger inspiratoire trop élevé (moins sensible) peut favoriser les efforts inefficaces [6]. Par
conséquent, le trigger devrait être ajusté à sa valeur minimale (la plus sensible) afin de favoriser tous
les cycles mais sans induire des auto-déclenchements.
Réglage de la PEP
L’application d’une PEP externe peut favoriser le déclenchement et réduire l’incidence des efforts
inefficaces chez les patients qui ont des niveaux de PEP intrinsèque élevés [7, 18]. Cependant, le
niveau de PEP optimal est difficile à déterminer. La PEP externe doit rester inférieure à la PEP
intrinsèque du patient pour éviter le risque d’hyperinflation, mais cette PEP intrinsèque est variable d’un
cycle à l’autre et sa mesure nécessite une mesure de pression oesophagienne [3, 14]. On peut faire
une approximation de la PEP intrinsèque lors d’une occlusion télé-expiratoire, mais cette manœuvre
n’est pas interprétable si le patient fait des efforts pendant l’occlusion. Alors qu’une titration précise de
la PEP externe permet de réduire la fréquence des efforts inefficaces [18], une PEP réglée à 5 cmH2O
n’est pas toujours efficace [13], bien que cette valeur corresponde à la PEP moyenne appliquée aux
patients BPCO en pratique clinique [19].
Réglage du niveau d’aide inspiratoire
Il a été montré que la méthode la plus efficace pour réduire les efforts inefficaces était la réduction du
niveau d’aide inspiratoire, alors que la PEP externe réduisait mais n’éliminait pas ces efforts inefficaces
[7]. Deux études physiologiques ont confirmé que la réduction du niveau d’aide pouvait minimiser les
efforts inefficaces, en réduisant le volume courant et le temps d’insufflation, ce qui permettait d’allonger
le temps expiratoire et donc de limiter l’auto-PEP [14, 18]. Les efforts inefficaces sont favorisés par une
assistance ventilatoire excessive [6, 14], et la réduction du niveau d’aide peut réduire la fréquence des
efforts inefficaces sans augmenter de façon significative le travail respiratoire. En effet, l’énergie perdue
liée aux efforts inefficaces représente 10 à 50% du travail respiratoire total [14, 18]. Cependant, une
diminution trop importante du niveau d’aide augmente de façon excessive l’effort inspiratoire et induit
des signes de mauvaise tolérance clinique qui conduisent vers l’acidose respiratoire [18]. Au contraire,
une réduction adéquate du niveau d’aide peut minimiser voire éliminer les efforts inefficaces sans
modifier la ventilation alvéolaire avec une PCO2 qui reste stable [20]. Le volume courant diminue et la
fréquence respiratoire du ventilateur augmente. Cependant, la vraie fréquence respiratoire du patient
reste stable (entre 25 et 30 /min) et les efforts inefficaces sont simplement démasqués [20].
Temps inspiratoire
En AI, le temps d’insufflation du ventilateur n’est pas réglable et tend à être plus long que le vrai temps
inspiratoire du patient [4]. L’expiration survient quand le débit d’inspiration diminue en dessous d’une
valeur seuil (généralement réglée à 25% du débit d’inspiration maximal). Tassaux et al. ont récemment
évalué l’impact de la réduction du temps inspiratoire sur les asynchronies et le travail respiratoire des
patients BPCO [21]. Cette étude montrait que l’augmentation du trigger expiratoire jusqu'à 70% du débit
de pointe améliorait la synchronisation patient-ventilateur et réduisait les efforts inefficaces sans
modifier le travail respiratoire. La réduction du volume courant et la limitation des inspirations
prolongées permettait une réduction de la PEP intrinsèque et de l’effort nécessaire pour déclencher le
ventilateur.
L’ajustement du trigger expiratoire disponible sur les ventilateurs de nouvelle génération est un outil
supplémentaire pour mieux synchroniser le ventilateur. Alors que l’augmentation du trigger expiratoire
permet de réduire les efforts inefficaces chez les patients BPCO, la réduction du trigger expiratoire peut
améliorer la synchronisation des patients qui sont en phase de sevrage mais qui ont une demande
ventilatoire élevée (comme au cours du syndrome de détresse respiratoire aigu). En effet, Chiumello et
al. observaient une augmentation du volume courant et une diminution de la fréquence respiratoire
quand le trigger était diminué de 40 à 5% [22]. Tokioka retrouvait même une réduction du travail
respiratoire avec une diminution du trigger de 45 à 1% [15].
TRAITEMENT DES ASYNCHRONIES EN VENTILATION ASSISTEE CONTRÔLEE
Efforts inefficaces
Alors que les effort inefficaces sont généralement décrits en AI, nous avons constaté qu’ils survenaient
aussi bien en AI qu’en VAC [6] (Figure 2). Les paramètres ventilatoires doivent être ajustés de la même
façon qu’en AI (Tableau 1).
Réglage du débit et double-déclenchements
En VAC, le réglage du débit d’insufflation est le principal déterminant de la synchronisation et du confort
du patient [23]. Une valeur minimale de 60 L/min devrait être recommandée. En effet, un débit
insuffisant provoque une pressurisation inadéquate et effort inspiratoire excessif notamment chez les
patients qui font des grands efforts [24]. L’association d’un petit volume courant et d’un haut débit
raccourcit le temps inspiratoire qui peut devenir plus court que le temps inspiratoire neural du patient, et
provoquer des double-déclenchements. Les double-déclenchements sont plus fréquents en VAC qu’en
AI, du fait d’un temps d’insufflation plus court [6]. Le passage en AI pourrait minimiser ces doubledéclenchements en allongeant le temps inspiratoire et en augmentant le volume courant. Cependant,
nous avons observés que les double-déclenchements étaient associés à une hypoxémie plus profonde
et à des pressions dans les voies aériennes plus élevées, suggérant une atteinte respiratoire plus
sévère [6]. Dans ce cas, il n’existe pas de solution idéale permettant d’allonger le temps d’insufflation :
un débit plus faible augmenterait le travail respiratoire et induirait un inconfort [23, 24], un plus grand
volume courant favoriserait les lésion pulmonaires induites par la ventilation [25], et l’addition d’un
pause télé-inspiratoire ne serait pas bien tolérée chez un patient qui déclenche tous les cycles du
ventilateur. Dans ce cas, il parait préférable d’approfondir la sédation et d’attendre la guérison de la
maladie pulmonaire.
TRAITEMENT DES ASYNCHRONIES EN VENTILATION NON INVASIVE (Tableau 2)
Le problème spécifique de la ventilation non invasive (VNI) est lié à la présence de fuites autour du
masque, qui provoque un inconfort et des asynchronies. En effet, deux asynchronies sont directement
liées aux fuites : les inspirations prolongées liées aux fuites inspiratoires [26] et les autodéclenchements liées aux fuites expiratoires.
Inspirations prolongées
L’aide inspiratoire est le mode le plus utilisé en VNI [27]. En cas de fuites importantes, le ventilateur
continue son insufflation car le débit reste supérieur à la valeur du trigger expiratoire qui met fin à
l’inspiration (en général 25%). Dans cette situation, le patient veut expirer mais lutte contre le ventilateur
qui n’ouvre pas sa valve expiratoire et poursuit l’inspiration. L’objectif est de réduire les fuites et de
limiter le temps inspiratoire (Tableau 2). La première étape est de vérifier la position du masque afin de
réduire les fuites. La deuxième étape est de limiter la pression délivrée (PEP et pression d‘aide), ce qui
peut diminuer les fuites et donc diminuer la fréquence des inspirations prolongées, sans modifier la
ventilation alvéolaire. En cas de persistance des fuites, la troisième étape consiste à limiter le temps
d’insufflation en augmentant le trigger expiratoire à plus de 50% ou en imposant un temps inspiratoire
maximal d’environ 1 seconde [26]. Enfin, la pression contrôlée peut être une autre alternative qui
permet de régler le temps d’insufflation. La plupart des ventilateurs de dernière génération permettent
l’ajustement du trigger expiratoire ou du temps inspiratoire maximal.
Auto-déclenchements
Les fuites expiratoires provoquent une chute de pression en dessous de la valeur de PEP externe. Ce
phénomène simule un effort du patient et favorise le déclenchement d’un cycle machine. L’objectif est
d’éliminer ces auto-déclenchements en augmentant le trigger inspiratoire (moins sensible).
Mode non invasif
Les ventilateurs de nouvelle génération proposent maintenant des modes ventilatoires dédiés à la VNI.
L’objectif repose sur la détection des fuites afin d’adapter automatiquement le trigger inspiratoire (pour
éviter les auto-déclenchements) et le temps d’inspiration (pour éviter les inspirations prolongées). Ces
nouvelles performances pourrait améliorer la synchronisation patient-ventilateur et peut être aussi la
tolérance donc la réussite de la VNI [28].
NOUVEAUX MODES DE VENTILATION
Proportional-Assist Ventilation (PAV)
La PAV délivre une assistance ventilatoire directement proportionnelle à l’effort du patient, ce qui
permet d’augmenter l’aide inspiratoire si l’effort augmente et au contraire d’éviter une surassistance si
l’effort diminue. La PAV permet de mieux prendre en charge le travail et le confort du patient qu’en aide
inspiratoire [29, 30]. De plus, Giannouli et al. ont montré qu’il existait moins d’efforts inefficaces qu’en
aide inspiratoire, du fait d’un volume courant délivré plus petit et d’un temps d’insufflation réduit, malgré
un niveau d’assistance élevé [11]. Alors que la PAV est un mode ventilatoire proche de la ventilation
physiologique, le réglage est plus complexe qu’en aide inspiratoire et nécessite de connaître la
résistance et la compliance du patient. Alors que ces caractéristiques sont difficiles à déterminer chez
un patient réveillé, une méthode de mesure automatique (occlusion intermittente en fin d’inspiration) de
la résistance et de la compliance du système respiratoire a récemment été décrite, et pourrait faciliter
l’utilisation de la PAV [31, 32].
Neurally Adjusted Ventilatory Assist (NAVA)
La NAVA délivre une assistance ventilatoire proportionnelle à l’activité des muscles respiratoires du
patient. La contraction musculaire est détectée par l’enregistrement continu de l’activité électrique du
diaphragme (EAdi), grâce à des électrodes oesophagiennes branchées sur une sonde naso-gastrique.
Le début et la fin de l’insufflation, mais aussi le niveau d’aide inspiratoire, sont directement déterminés
par le signal électrique du diaphragme. En théorie, la NAVA permet de mieux prendre en charge le
travail respiratoire du patient et de synchroniser parfaitement le ventilateur aux efforts du patient [33].
Cependant, peu d’études cliniques sont à ce jour disponible. La NAVA est un mode de ventilation
prometteur mais encore expérimental.
CONCLUSION
Les asynchronies patient-ventilateur sont fréquentes au cours de la ventilation assistée mais peuvent
être facilement détectées sur les écrans des ventilateurs. Les efforts inefficaces sont les principales
asynchronies observées et surviennent lorsque l’assistance ventilatoire est excessive, quelque soit le
mode ventilatoire. Les patients qui présentent des asynchronies fréquentes ont une durée de ventilation
prolongée, soit parce que l’atteinte respiratoire est plus sévère, soit secondaire à des réglages
ventilatoires inappropriés. L’optimisation des paramètres ventilatoires, et notamment la réduction du
niveau d’aide, permet de réduire voire d’éliminer complètement la survenue des efforts inefficaces.
Les fuites inspiratoires qui sont fréquentes en VNI et sont à l’origine d’inspirations prolongées qui
peuvent être réduites en limitant la pression ou le temps d’insufflation.
En VAC, le réglage du débit d’insufflation est le principal déterminant de la synchronisation et du confort
du patient. Une valeur minimale de 60 L/min devrait être recommandée.
SYNTHESE
Les asynchronies patient-ventilateur sont fréquentes en ventilation assistée et sont associées à une
durée de ventilation prolongée et un sevrage plus difficile.
Les principales asynchronies peuvent être détectées au lit du patient par l’analyse des courbes du
ventilateur.
Les efforts inefficaces sont les asynchronies les plus fréquentes, et sont favorisés par une assistance
ventilatoire excessive.
L’optimisation des paramètres ventilatoires, et notamment la réduction du niveau d’aide peut éliminer
ces efforts inefficaces, en réduisant le volume courant et le temps inspiratoire, sans majorer l’effort
inspiratoire.
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Table 1 : Comment limiter les efforts inefficaces en optimisant les paramètres ventilatoires ?
Trigger inspiratoire
Régler le trigger inspiratoire à sa valeur minimale (la plus sensible) sans auto
déclenchements.
Pression
expiratoire
Régler un faible niveau de PEP externe sans dépasser la PEP intrinsèque du
positive
patient.
Niveau d’aide inspiratoire
Diminuer progressivement le niveau d’aide inspiratoire, sans signes de mauvaise
tolérance clinique
Temps inspiratoire
Diminuer progressivement le temps inspiratoire (en aumentant le trigger
expiratoire), sans signes de mauvaise tolérance clinique.
Table 2 : Comment limiter les fuites et les inspirations prolongées en ventilation non invasive ?
1ère étape
Ajuster au mieux l’interface pour éliminer les fuites.
2ème étape
Limiter la pression d’insufflation maximale : Diminuer la pression expiratoire positive et/ou le
niveau d’aide inspiratoire
3ème étape
Limiter le temps d’insufflation : Augmenter le trigger expiratoire ou limiter le temps inspiratoire
maximal (environ 1 seconde).
4ème étape
Passer en mode pression assistée contrôlée qui permet d’ajuster le temps d’insufflation.
Figure 1 : Signaux de débit, de pression des voies aériennes et de pression oesophagienne d’un patient ventilé qui
présentent des efforts inefficaces. A gauche [A] : L’insufflation du ventilateur (quand le débit devient positif) ne
survient que très tardivement après le début de l’effort du patient (dépression oesophagienne). Le patient doit
vaincre une pression expiratoire positive intrinsèque (ici, environ 8 cmH2O) avant de pouvoir déclencher une
inspiration. Au centre [B] : Un effort inefficace peut être détecté sur l’écran du ventilateur par une dépression des
voies aériennes simultanée à une augmentation du débit. A droite [C] : Le ventilateur continue d’insuffler après la fin
de l’effort du patient (fin de la dépression oesophagienne). Cette asynchronie peut être suspectée par une
augmentation de la pression des voies aériennes en fin d’insufflation, qui correspond à la relaxation musculaire ou
parfois même à une expiration active du patient contre le ventilateur.
1
Débit
Augmentation du débit
0,5
0
0
1
2
3
-0,5
Début de l’insufflation
(ventilateur)
-1
20
Pression
voies
aériennes
4
5
Pic de
pression
B
15
A
10
C
Dépression
5
0
0
1
2
3
4
5
Début de l’effort (patient)
10
Pression
œsophagienne
Effort Inefficace
8
Fin de l’effort
6
PEPi
4
2
0
0
-2
1
2
3
4
5
Figure 2 : Signaux de débit et de pression des voies aériennes montrant des effort inefficaces fréquents (flèches). Les
efforts inefficaces peuvent survenir avec tous les modes assistés.En haut [A] : patient ventilé en aide inspiratoire
(AI).
En bas [B] : patient ventilé en ventilation assistée contrôlée (VAC).
1,5
Débit
1
0,5
0
A
0
3
6
0
3
6
9
12
15
-0,5
-1
30
Pression
20
voies
aériennes
10
0
9
12
15
1
Débit
0.5
0
B
0
3
6
9
0
3
6
9
12
-0.5
40
Pression
voies
aériennes
-1
30
20
10
0
Temps (s)
12
Figure 3 :
A gauche [A] : Signaux d’un patient ventilé en aide inspiratoire. L’effort inspiratoire du patient se prolonge au delà de
l’insufflation et peut être detecté par une réascension caractéristique du débit à la phase initiale de l’expiration.
A droite [B] : Double-déclenchements qui correpondent à 2 cycles ventilateurs successifs déclenchés par un seul et même
effort et qui surviennent principalement en ventilation assistée controlée chez des patients qui font des grands efforts
1.2
1,2
Poursuite de
l’effort du patient
0,8
Débit
0.4
0,4
0
0
-0,4
0
1
A
20
2
B
-0.8
30
Fin
d’insufflation
4
6
Double déclenchements
25
15
20
10
15
10
5
0
0
2
-0.4
-0,8
Pression
voies
aériennes
0.8
Début
de
0 l’effort
5
1
10
Pression
œsophagienne
2
Fin de l’effort
100
0
2
4
6
0
2
4
6
5
5
0
0
0
1
2
-5
-5
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