INTRODUCTION
La ventilation mécanique assistée est largement utilisée en réanimation. Elle permet de synchroniser
les cycles du ventilateur aux efforts du patient. Au contraire de la ventilation contrôlée, la ventilation dite
assistée pourrait limiter les lésions diaphragmatiques induites par la ventilation prolongée [1]. En effet,
les efforts inspiratoires spontanés peuvent atténuer la fonte musculaire des muscles respiratoires, et les
modes assistés peuvent être recommandés dés que possible. Cependant, la synchronisation entre le
patient et le ventilateur doit être adéquate afin d’améliorer le confort du patient et de réduire son travail
respiratoire [2]. Les asynchronies patient-ventilateur, définies comme un décalage entre l’inspiration du
patient et l’insufflation du ventilateur, sont fréquemment observées en pratique clinique. Bien que la
détection des asynchronies nécessitent au mieux des mesure physiologiques (pression oesophagienne
ou électromyogramme du diaphragme) [3, 4], des asynchronies majeures peuvent être facilement
détectées à partir des signaux de débit et de pression des voies aériennes observés sur les écrans du
ventilateur [5]. Les asynchronies patient-ventilateur sont fréquentes chez les patients intubés et sont
associées à une durée de ventilation prolongée [6], un sevrage ventilatoire plus difficile [7] et des
altérations de la qualité du sommeil [8] [9]. Le confort et la synchronisation patient-ventilateur sont des
éléments qui peuvent aussi favoriser l’échec de la ventilation non invasive et conduire à l’intubation.
L’identification des facteurs favorisants ces asynchronies est déterminante pour aider à optimiser les
réglages du ventilateur.
INCIDENCE ET CONSEQUENCES DES ASYNCHRONIES
Malgré l’amélioration des performances des ventilateurs de réanimation [10], des asynchronies
majeures sont fréquemment détectées par le clinicien. La fréquence des efforts inefficaces a été
évaluée chez des patients admis dans une unité de sevrage ventilatoire [7]. Les auteurs ont retrouvé
que plus de 10% des patients présentaient de telles asynchronies. Récemment, nous avons évalué
l’incidence des principales asynchronies au cours de la ventilation assistée [6]. Tous les patients intubés
plus de 24 heures ont été évalué dés qu’ils déclenchaient le ventilateur : 82% étaient en aide
inspiratoire (AI) et 18% en ventilation assistée contrôlée (VAC). Nous avons observes que près d’un
quart des patients (15 sur 62 patients) présentaient des asynchronies fréquentes. Les efforts inefficaces
et les double déclenchements représentaient les deux asynchronies les plus fréquentes (85% et 13%,
respectivement). Les patients qui présentaient des asynchronies fréquentes nécessitaient une durée de
ventilation mécanique plus longue. De plus, la réalisation d’une trachéotomie pour sevrage était plus
fréquente [6]. Chao et al. ont aussi retrouvé que l’échec du sevrage ventilatoire était plus fréquent parmi
ces patients [7]. Ces résultats pourraient indiquer soit une atteinte respiratoire plus sévère favorisant les
asynchronies, soit des réglages ventilatoires inadéquats. En effet, l’optimisation des paramètres