D’où proviennent les douleurs?
Les douleurs chroniques ne sont pas
toujours dues à un accident ou à une
maladie, mais plutôt à une série de fac-
teurs très divers. Outre des phénomènes
médicaux, des aspects psychiques, ainsi
que le comportement et la sensibilité du
patient sont impliqués. De même, les
influences sociales ou culturelles, les
conditions environnementales et les
constellations familiales ou profession-
nelles jouent un rôle majeur. L’une de
mes patientes atteinte d’une tendinite
n’avait par exemple aucune douleur
durant les vacances, mais souffrait à
nouveau dès qu’elle reprenait le travail.
Il s’est ensuite avéré que des conflits sur
le lieu de travail en étaient la cause.
Ces personnes sont-elles hyper-
sensibles ou exagèrent-t-elles?
Des douleurs chroniques peuvent en-
traîner une modification, voire des dé-
faillances du système nerveux. Il a été
scientifiquement prouvé que les per-
sonnes souffrant de douleurs depuis des
années étaient plus sensibles que les
autres. J’essaye de déterminer les causes
des douleurs avec le patient et de trou-
ver des moyens lui permettant de mieux
les contrôler.
En quoi consiste une telle stratégie
ou thérapie?
La thérapie ne délivre pas forcément le
patient de ses douleurs, mais ce dernier
apprend à mieux vivre avec la douleur à
l’aide de techniques de perception et de
relaxation. Les patients qui souffrent de
douleurs depuis longtemps, ont souvent
des difficultés à percevoir leur corps de
manière différenciée. Il leur fait mal en
permanence et partout. Grâce à des
exercices de perception, ils apprennent à
ne plus se concentrer uniquement sur la
douleur. Des techniques de relaxation
spécifiques les aident à gérer des états
de tensions physiques et psychiques ain-
si qu’à soulager la douleur. Nous prati-
quons cet entraînement en groupes et en
séances individuelles. Lorsque le patient
est suffisamment stable, on peut passer
au renforcement musculaire. Je définis
avec lui des propositions concrètes qu’il
peut intégrer dans son quotidien, visant
à susciter une attitude positive à même
d’atténuer les douleurs.
On sait que ce type de patients
risque de développer une
incapacité de travail prolongée.
Comment l’éviter?
Le patient devrait suivre une thérapie
contre la douleur le plus tôt possible,
avant qu’une incapacité de travail n’in-
tervienne, sinon il lui sera difficile de
renouer avec le monde du travail. Il ap-
prend des stratégies lui permettant d’as-
sumer le quotidien malgré les douleurs.
Les chances de succès sont accrues si
l’employeur le soutient en créant les
conditions-cadre requises.
Que peut faire l’employeur?
Une des particularités de ces patients
est qu’ils ne savent pas poser de limites.
Ils se surmènent tant sur le plan profes-
sionnel que dans leur vie familiale, d’où
la nécessité d’alléger leur quotidien, par
exemple, par une réduction de leur
temps de travail. La personne concernée
doit sentir qu’on la prend au sérieux et
avoir la liberté de s’octroyer des pauses.
Selon la situation, des adaptations ergo-
nomiques du poste sont nécessaires.
Ces mesures sont généralement peu
coûteuses et concourent à prévenir une
incapacité de travail.
Quelles sont les limites de la
thérapie contre la douleur?
Plus la chronicité de la douleur aug-
mente et plus il devient difficile de
mettre en place une stratégie efficace de
maîtrise de la douleur. Le patient reste
souvent dans l’attentisme: «Mon pied
me fait mal, faites quelque chose!» Le
patient doit être prêt à changer d’atti-
tude face à la douleur et à modifier ses
habitudes. Le succès de la thérapie dé-
pend aussi de son environnement.
Beatrice Meyer, thérapeute de la douleur dans le Centre de santé
SWICA de Winterthour
«Soulager la
douleur par
l’entraînement»
En cas de douleurs chroniques, un traitement
précoce peut avoir une action préventive
et aider le patient à continuer à travailler.
Beatrice Meyer, thérapeute de la douleur,
décrit l’intérêt et les limites d’une telle thérapie.
La thérapie contre la douleur dans
les Centres de santé SWICA
Les Centres de santé SWICA pro-
posent une thérapie globale contre la
douleur. Des physiothérapeutes pos-
sédant une formation complémentaire
en la matière travaillent au sein d’une
équipe pluridisciplinaire composée
de psychothérapeutes, de thérapeutes
corporels, d’ergothérapeutes et de
médecins. Ils conseillent en outre les
employeurs dans l’aménagement de
postes de travail ergonomiques.
Pour plus de renseignements: sante24,
le service de conseils santé par télé-
phone, au 044 404 86 86.