L`ACCUEIL DU PATIENT DRÉPANOCYTAIRE EN CRISE ALCIQUE

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Cadre Supérieur Infirmier
L’ACCUEIL DU PATIENT DRÉPANOCYTAIRE
EN CRISE ALCIQUE
Avec la participation~des infirmières et des aide-soignantes
Mélanie ARAS, Véronique SURON, Monique GUILHEM,
Annie PIQUEMAL, Patrick RICHARD,~Josiane SEVERIN
Centre de la DrépanocytoSe et des Thalassémies, hôpital Henri Monder AP-HP
pour 80 % originaires des Départements d’outre-Mer
ou d’Afrique noire et pour 20 % des sujets originaires
d’Europe ou d’Afrique du Nord.
A côté de l’anémie hémolytique chronique qui gêne
peu les patients, les accidents vax>-occlusifs,
entraînant des crises douloureuses ostéoarticulaires
&OU
abdominales, sont les manifestations principales de
cette. maladie. Ces crises constituent l’aspect le plus
invalidant de la drépanocytose par leur caractère imprévisible, douloureux, leur retentissement multiple sur
l’individu, son environnement familial social et professionnet.
La drépanocytose a bénéficié d’un grand nombre de
progrès diagnostiques et thérapeutiques qui améliorent
la prévention de cette maladie mais il n’existe toujours
pas de traitement curatif radical (hormis l’éventualité
d’une greffe de moelle).
INTRODUCTION
La drépanocytose ou anémie falciforme, est une maladie héréditaire du sang, due à une anomalie de I’hémoglobine contenue dans les globules rouges assurant le
transport de l’oxygène dans les tissus (iconographie,
physiologie du globule rouge, Annexe 1). C’est actuellement une maladie rencontrée couramment dans les
services hospitaliers de pédiatrie et d’adultes en Ile de
France (1 enfant sur 1 500 naît drépanocytaire et le
nombre estimé de patients en Ile-de-France dépasse
3 000). Cette maladie est également rec~%~~e par
I’OMS comme l’une des plus importantes maladies
génétiques dans le monde. Les drépanocytaires sont
Le Centre de la Drépanocytose et des Thalassémies de
l’hôpital Henri Monder comprend quatre lits d’hospitalisation pouvant accueillir dix à quinze patients par
jour et un secteur de consultation. Inauguré en 1994, la
spécificité de ce Centre est donc de rassembler dans un
même lieu un ensemble de moyens (consultation, hospitalisation, laboratoire) permettant de prendre en
charge les patients de façon globale, prise en charge
rendue parfois délicate du fait des particularités ethnosocio-culturelles des patients. Ce Centre n’a pas d’équivalent en France Métropolitaine, et son mode d’organisation paramédicale et médicale intègre toutes les
facettes de cette maladie chronique émaillée de complications aiguës fréquentes.
PROBLÉMATIQUE
L’intensité de la douleur dans cette maladie déroute IE
soignant, elle est source pour le patient de souffrance
extrême et parfois de < désir de mort ».
16
Recherche en soins infirmiers
Na 48 -Mars 1’397
L’ACCUEIL DU PATIENT DRÉPANOCYTAIRE EN CRISE ALCIQUE
La réflexion engagée par les soignants sur la « crise »
algique drépanocytaire a débuté par une recherche de
ce que représente la douleur. Si l’on prend la définition
du Comité de taxonomie de « L’international Association for the Study of Pain » (IASP) c’est :
« Une sensation désagréable et une expérience émotionnelle en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou
potentielle décrite en ces termes. »
La douleur semble donc se composer de différents
éléments, un stimulus physique ou mental, une sensation physique de souffrance et la réaction du patient qui
subit.
Le patient drépanocytaire arrivant en « crise algique b>
subit effectivement ces différents éléments. En premier
lieu, l’infirmière doit « croire » le malade, car les épisodes algiques sont d’une douleur intense, insuppmtable et sont la hantise du patient et de son entourage.
Communiquer sa douleur est impossible et endurer sa
douleur est affaire de culture et de personne, alors le
moins que le patient puisse nous demander est le crédit
mais aussi l’empressement et l’efficacité à le soulager.
La « crise algique » va par ailleurs, à plus ou moins long
terme, entraîner une dégradation physique incompréhensible et mutilante pour le patient Wcrose de hanche, atteintes neuro-sensorielles,
ulcères de jambe,
priapisme). Le drépanocytaire est conscient de cette
dégradation et peut parfois considérer sa maladie
comme un mauvais sort ou une punition. Cependant
souvent, il vit cette crise comme porteuse d’un risque
de mort prochaine. Pour toutes ces raisons, la relation
soignant/soigné
est au premier plan. L’élaboration
d’une stratégie en soins infirmiers est donc primordiale.
Cette réflexion engagée par les soignants sur « la crise
algique » drépanocytaire et sa prévention doit donc
permettre d’améliorer les connaissances dans tous,ses
aspects, avec comme bénéfices attendus l’instauration
d’une relation de confiance avec le patient et une
intervention plus active de celui-ci dans sa propre prise
en charge.
Les questions posées en pratique par cette étude sont
de deux ordres :
1) L’évaluation de la crise algique comprenant :
- l’évolution sous traitement ;
- l’évaluation par le personnel de la douleur des
patients : l’extériorisation fréquente des signes de douleur gêne-t-elle l’appréciation de la douleur par le
personnel !
2) Les particularités culturelles et/ou sociales de cette
maladie comprenant :
- le positionnement du patient face à cette maladie
héréditaire chronique avec paroxysmes ;
- la connaissance de la maladie et « l’autogestion »
de cette maladie par le patient et/ou les proches.
MÉTHODOLOGIE
1. Cadre du travail
L’étude a été réalisée dans le Centre de Drépanocytose
et des Thalassémies de l’hôpital Henri Monder. Cette
structure prend en charge les patients arrivant en « crise
algique » drépanocytaire. Un bilan fait par un médecin
à l’arrivée du patient permet de choisir entre une admission ambulatoire dans ce Centre ou une hospitalisation aux Urgences de l’hôpital si la « crise » paraît
nécessiter des éléments thérapeutiques et de surveillance autres que ceux de la douleur (fièvre, difficulté respiratoire, grossesse, déshydratation importante).
Les infirmières (4) et aides-soignants (2) présents actuellement ont tous participé à l’ouverture de ce Centre en
1994. Ils ont suivi des cours sur cette pathologie. Ces
cours ayant été donnés par des médecins du Centre de
Drépanocytose ou des médecins du Centre de Transfusion Sanguine rattachés à l’hôpital Henri Monder.
Les patients étudiés sont des patients en crise algique
non compliquée c’est-à-dire ne présentant ni fièvre ni
douleur thoracique ou abdominale pouvant évoquer
une complication chirurgicale et/ou médicale. En d’autres termes, les patients étudiés dans ce travail sont a
priori en situation ambulatoire, c’est-à-diredevantquitter l’hôpital avant la fin de la journée.
Le protocole de traitement de la douleur était systématisé et comportait :
- Prodafalgan intraveineux, 2 g en 30 minutes.
- Profénid IV, 100 mg dans 100 ml en 30 minutes.
- Perfusion C5,50 ml/kg + NaCI 4g/l; KCI 2gIL.
- Avec Vichy ou Bicarbonate, 14 %dperiusion).
- 02 si Sa02 < 95 %.
2. Outils de recueil
Les soignants ont travaillé sur deux types de question-:
naires.
2.A. Questionnaire 1 (Annexe 2)
Analyse de la « crise douloureuse » drépanocytaire
traitée à l’hôpital de jour du centre, ses caractéristiques
(analyse par le soignant et le patient).
Les paramètres ont été mesurés à l’arrivée, à 30 minutes, 1 h, 2 h, 4 h après l’arrivée du patient. CeS mesures
ont été réalisées de façon systématique, sauf si le patient s’endormait, dans ce cas l’évaluation était faite à
la période suivante.
Nous avons essayé de faire apparaître différents axes :
Données médicales, permettant une survei//ance de
/‘état physique du patient. Ces donnéés ont été analysées
à partir des questions N” 5 (pouls, pression artérielle,
saturation capillaire en oxygène sans apport d’Oz, fiéquence respiratoire, diurèse) no 9 - n” 10 - no Il (sédatien) - No14 (la nécessité d’un arrêt de travail).
l
- Données sur /‘appréciation de /‘évolution de /a douleur et de son traitement. Ces données ont été atialysées
suivant l’appréciation de l’infirmière prenant en charge
le patient à partir des questions :
N” 1, score de la douleur :
- 1 : pas de douleur
- 2 : douleur mineure
- 3 : douleur modérée
- 4 : douleur intense.
N” i3, le devenir du patient vers une hospitalisation est
toujours secondaire à une persistance de la douleur,
EVA supérieur à 5.
l Données par rapport au rôle propre infirmier. Ces
questions ont été analysées à partir des questions No 6,
installation du patient algique :
-- 1 : sans aide
- 2 : avec aide + besoin de chaleur
- 3 : avec aide + cerceau
- 4 : avec aide + chaleur + cerceau.
N” 12, massages.
Données psychologiques pouvant avoir une répercussion sur la douleur ressentie par le patient. Ces
données ont été analysées à partir des questions N” 7
évaluation du stress :
l
- 1~ :-ne paraît pas stressé
- 2 : paraît peu stressé
- 3 : angoissé découragé
A 4 : agité.
N” 8, rôle de la famille :
- 1’ Tenvironnement familial ‘non stressant
- 2 : environnement familial stressant.
2.8. Q,uestionnaire
N” 2, localisation prédominante de la douleur :
- 1 : membres supérieurs
- 2 :.membres inférieurs
- 3 : thorax
- 4 : abdomen
- 5 : dos
- 6 : tête.
N” 3, notation en mm de l’échelle visu$lle analogique
donnée au patient. L’échelle visuelle analogiqw (EVA)
est une échelle unidimensionnelle continue graduée de
0 à 100 mm. Elle se présente sous la forme d’une
réglette à deux faces. Une face concernant le patient ;
sur cette face se trouve un curseur, celui-ci peut être
déplacé du point « pas de douleur. au point « douleur
maximale ». Le patient se positionne en fonction du
niveau de sa douleur. Une face destinée à l’infirmière;
cette face comporte une échelle numérotée de 0 (absente de douleur) à 10 (douleur maximale) et permet à
l’infirmière de chiffrer la douleur du patient.
N” 4, score de sédation :
- 1 : éveillé
- 2 : somnolent, mais facile à réveiller
- 3 : somnolent difficile à réveiller
- 4 : coma.
2 (Ame!~?
3)
L’objectif de ce questionnaire, rempli en totalité par le
patient, aidé si nécessaire par une infirmière du Centre
lors d’une consultation variant entre 10 et 20 jours
après l’hospitalisation du patient; permettait alors de
déterminer deux axes :
- une évaluation rétrospective de /a crise par le patient. Ces donn+s ont été analysées à partir des questions ; a-b-c -d sowenir de I’EVA, délai d’arrivée,
facteurs déclenchants,
nature du soulagement à I’arrivée ;
- une évaluation post-critique,
orientée sur la situation psychologique en rapport avec la pathologie et
l’éducation &I patient. Cgs données ont été analysées
à partir’des questions ; e f ‘g - h - i j - évaluation
comportementale de LINTON, connaissances de la
prophylaxie des crises algiques, désirs d’information.
2.C. Analyse
statistique
Les résultats de ces deux questionnaires ont été analysés au plan statistique par les tests appropriés (Chi-2,
corrélation linéaire, ANOVA), après saisie des données
daris le logiciel Statview 4.5 (Macintosh).
Les résultats ont été exprimés soit en moyenne * écart
type, soit par une distribution en fréquence selon le cas,
18
Recherche en soins infirmiers N” 48 -Mars 1937
L’ACCUEIL DU PATIENT DRÉPANOCYTAIRE EN CRISE ALGIQUE
soit en médiane et écarts extérieurs. Les différences ont
été considérées comme significatives pour un p inférieur à 0,05.
Figure 1
E VA (mm)
10(l-
RÉSULTATS
8C )1. Caractéristiques générales de la population
Cinquante et un patients ont été évalu& a chacune des
deux parties de cette enquête. En raison d’une distribution bimodale de l’âge des patients, les résultats sont
présentés en médiane et valeur minimum-maximum.
La médiane de l’âge de la population est de 32 ans avec
des valeurs extrêmes de 16 et 48 ans. Les patients sont
de sexe féminin dans 75 % des cas .La drépanocytose
est une forme SS dans 90% des cas (46/51), SI3 dans 4 %
des cas (2/51) et SC dans 6 % des cas (3/51). La forme
SS était significativement plus fréquente chez les femmes (95 % versus 77 %, p = 0,04).
Le délai entre le début de la douleur et l’arrivée au
Centre varie entre 1 et 4 heures (pour 1 patient450 heures).
Cependant 57 % (28/51 patients) se présentent moins
de 12 heures apr&s les premiers symptômes. Le délai
d’arrivée n’est pas significativement différent selon
le sexe des patients (20,5 f: 25/5 heures versus 18,4 f
24,7 heures, p = OJO).
2. Douleur et thérapeutique
La douleur à l’arrivée est intense (EVA. 59 k 24 mm) et
diminue progressivement au cours des deux premières
heures pour se stabiliser autour de 25-30 mm. La réduction de la douleur est significative dès la première
heure (p = < 0,001) (figure 1).
La comparaison des scores douloureux et de leur évolution montre une différence significative entre les
deux sexes (p < 0,001). En effet, la douleur est significativement plus intense chez les femmes.
D’une façon générale, il existe une corrélation négative
entre l’intensité de la douleur et le délai d’arrivée.
En d’autres termes, plus la douleur est intense, plis le
patient se présente tôt au centre. Cependant, cette
relation n’est pas très importante (r = 0,09 ; p = 0,52).
II semble exister une relation entre l’importance de la
douleur initiale et le devenir du patient, en d’autres
termes, une crise douloureuse intense est plus souvent
60
40
20
0
Arrivée
1 h-ure
2 h e u r e s 4 heures s o u-.v e n. i r
suivie d’une hospitalisation qu’une crise douloureuse
mineure. Cinq patients ont du être hospitalisés (5/51)
soit 10 %. L’analyse statistique révèle que les femmes
sont moins hospitalisées que les hommes (55 versus
90 %, p = 0,Ol) (figure 2).
Nous n’avons pas retrouvé de liaison significative
la forme génétique de drépanocytose et l’intensité
douleur (p = 0,06). Cependant en raison du
effectif des groupes SR ,SC, cette conclusion
vérifier.
entre
de la
faible
est à
Les infirmières ont évalué à chaque temps la douleur
des patients selon une description en quatre catégories : absence de douleur, douleur mineure, douleur
modérée et douleur intense. D’une façon générale et à
chaque temps, il existe une relation précise entre I’intensité de la douleur évaluée par le patient et par
l’infirmière (figure 3).
Les distorsions enregistrées surviennent pour les douleurs intenses et modérées pour lesquelles l’écart est
toujours dans le sens d’une sous-estimation.
3. Evaluation rétrospective de l’intensité de la
Figure 2
100
crise algique
EVA(mm)
Lors du questionnaire réalisé à distance de la crise, la
valeur d’EVA donnée rétrospectivement par les patients
pour leur douleur à l’arrivée lors de la crise était de
65 2 24 mm. Cette valeur moyenne était non significativement différente de la valeur moyenne obtenue le
jour de la crise (59 k 24 mm). Cependant, la corrélation
linéaire entre ces deux valeurs montre une corrélation
modeste (r = 0,42 ; p = 0,031 avec une sous-estimation
de la douleur forte et une surestimation de la douleur
faible lors de l’évaluation rétrospective (figure 4).
60
0
EtO”r
au domicile
hospitalisation
à domicile
hospitalisation
La qualité du souvenir n’est donc pas excelleme, ou
peut-être faut-il chercher les composantes du souvenir,
autres que la seule intensité douloureuse.
Figure 4
Figure 3.
Evaluation de la douleur par l’infirmière
100
0
o
o
ooa
x
C
0
20
0
0:
0
0
0
I
20
40
60
80
100
Souvenir EVA (mm)
EVA aride (mm) = 28 + 0.5 x Souvenir EVA, r =
0.42
4) Données médicales au cours de la crise
algique
Parmi les facteurs ayant permis le soulagement de la
douleur de la crise, les patients perçoivent l’efficacité
des médicaments administrés comme l’élément principal. En effet, 24/48 patients (50 %) considèrent que le
facteur de soulagement principal est l’administration
des antalgiques.
La fréquence cardiaque a diminué significativement
une heure après l’admission (p < 0,OOOl)
puis est restée
stable jusqu’à la sortie. Les variations de pression artérielle n’ont pas été significatives au cours du traitement
(p=O,12).
La saturation artérielle en oxygène (Sa021 a augmenté
significativement (p = 0,Ol) dès la première heure de
traitement puis est restée élevée et stable jusqu’à la
sortie (figure 5).
Recherche en soins infirmiers
No48 - Mars 1997
L’ACCUEIL DU PATIENT DRÉPANOCYTAIRE EN CRISE ALGIQUE
Figure 5. Saturation artérielle en oxygène
160
+ F. cardiaque (n/min)
---W--- P. art. syst. (mmHg)
- A - “ “ - - sao, c%)
Figure 6. Fréquence respiratoire
32
Fr&quence respiratoire
(nhin)
30
140
28
. <. . . . . . . . . . . . , .
120
26
:
100
~
24
*q ,,,_,,,_ ,.l,,_.,,_.. ++ _...... “..+
22
l
80
20
18
w
60
arrivde
1 heure
2 heures
*
‘\(
arrivde
1 heure
2 heures
4 heures
4 heures
* p < 0.05 “erS”S 2dm-3 mesures
La fréquence respiratoire a diminué significativement
dès la première heure du traitement (figure 6).
5) Facteurs déclenchants de la crise
Dans 27 % des cas (13/48), aucun facteur déclenchant
net n’est retrouvé Un effort, le froid ou une pathologie
intercurrente, sont à l’origine de 56 % des crises. Les
autres facteurs déclenchants sont plus rarement en cause.
6) Positionnement psychologique du patient
vis à vis de sa maladie et éducation
A distance de la crise, 68 % des patients n’éprouvent
soit aucune douleur soit une douleur mineure. Inverse-
ment, 16 % d’entre eux éprouvent une douleur très
invalidante. Nous n’avons retrouvé aucune corrélation
significative entre la douleur post-critique (évaluée par
l’échelle de LINTON) et I’EVA d’arrivée en crise d’une
part et I’EVA de fin de crise d’autre part.
La douleur résiduelle à distance de la crise n’est corréIée ni au sexe du patient ni à la présence d’un (des)
sentiment(s) évalués. Parmi les sentiments exprimés,
c’est plus souvent l’anxiété qui domine (15/49 patients
soit 31 %). Les sentiments prédominants à distance de
la crise ne sont pas corrélés à l’importance de la douleur lors de la crise ni au délai d’arrivée au Centre.
Tous les moyens proposés pour éviter une nouvelle
crise, ont été trouvés efficaces par la grande majorité
des patients (tableau 1).
Cependant 51 % des patients connaissent mal les traitements médicaux kmtalgiques et autres) et souhaitent
dans une grande majorité des cas avoir une information
précise sur leur maladie.
d’&iter !a survenue d’une crise. Ceci suggère que la
connaissance de la maladie n’est que partielle, ignorée
ou inadaptée par rapport aux conditions de vie ou aux
prkxcu~ations immédiates du patient.
Tableau 1
Moyens pouvant éviter
une nouvelle crise douloureuse .
MOYENS
/
Eviter le froid ou les grandes
1 EFFICACE 1
chaleurs
I
88%
Boire de l’eau
92 %
Eviter les efforts qui essouflent
,94 %
Respecter une dur& suffisante de sommeil
73%
1
Plusieurs réflexions engagées par le personnel paramédical et médical prennent alors toutes leurs dimensi06 :
l Le ri3le propre de l’infirmière orienté sur l’éducation
et la prévention personnalisée lors de consultation/conseil en soins infirmiers.
1
96%
l Le raie d’un psychologue au sein du Centre de drépanocytose.
Venir en consultation régulièrement
Le développement d’une coordination entre médecins hospitaliers et médecins traitants.
Prise régulière des médicaments
l
Etre bien informés de la maladie
La formation des soignants extérieurs (urgences,
HAD, hospitalisation) par l’élaboration d’un guide.
l
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
La crise drépanocytaire est caractérisée par une douleur intense, le traitement proposé en hôpital de jour
apporte une amélioration efficace, mais il persiste souvent une douleur résiduelle. Il serait intkressant d’envisager une prise en charge encore plus active de cette
douleur permettant d’espérer ainsi que les patients retournent au domicile avec une récupkation d’autonomie maximale et sans douleur résiduelle.
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un risque accru d’hospitalisation.
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charge des maladies drépanocytaires. Dans de bonnes
conditions, L’espérance de vie des drépanocytaires dépasse 40 ans. La Revue du Praticien. Médecine Générale, no 71 du 9 octobre 1989 ; 53-60.
Les infirmières apprécient globalement correctement
l’intensité de la douleur mais ont tendance à la sous-estimer pour les douleurs modérées et intenses et surtout
après traitement de celle-ci.
Les patients n’ont pas un souvenir très précis de la
douleur de la crise etont tendance à la surestimer ou
sous-estimer.. D’autres facteurs (psychologiques et/ou
sociaux) doivent certainement intervenir dans ce souvenir.
Une cause déclenchante est retrouvk dans plus de la
moitié des cas et les patients connaissent les risques
associés à ces facteurs déclenchants dans 90 % des cas.
Cependant cette connaissance ne leur ~a pas permis
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1
No 48 -Mars 1997
ANNEXE 2 ~,’
&estionnair~ 1
-.
Date :
Heure d’aniv&
:
-1
.,
Poids habituel :
Poids du jour :
Traitement en cours :
Forme de Drépanoîytose
.ouil()
: SS (1)
non2( )
Sfi (2)
kqtel :
SC (3)
GRILLE D’EVALUATION DE LA DOULEUR
I
I T E M f HEURE
lh
ULocalisation p&minante de la
douleur par le patient
41 Score de S&ati~n *
PLS
Constantes FR
1
SA02
TRAITEMENT
91 Antalgique
prescrit
Posologie
101
Posologie
P C A Bolus accord&
r>^l..^
A^_^.. AL ^^_I^..^.i^...
UVIUJ “CIIIIuI”G>
pal 1c puwr
1 Il Apport hydrique cumuk (ml)
,121 Massage (fl-)
1U Devenir du patient
24
Recherche en soins infirmiers N” 48 - Mars 1997
2h
4h
Sortie
sx
I i-e
L’ACCUEIL DU PATIENT DRÉPANOCYTAIRE EN CRISE ALCIQUE
GRILLE D’ÉVALUATION DE LA DOULEUR
1 : sans aide
2 : avec aide + besoin de chaleur
3 : avec aide + cerceau
4 : avec aide + chaleur + cerceau
1. score de douleur
1 : pas de douleur
2 : douleur mineure
3 : douleur modérée
4 : douleur intense
I.Evaluation du stress
2. Localisation prédominante
1
2
3
4
5
6
:
:
:
:
:
:
1:
2:
3 :
4 :
membres supérieurs
membres inférieurs
thorax
abdomen
dos
tête
ne Daraît oas stressé
parkt pe; stressé
angoissé, découragé
agité
8. Rôle de la prkence de la famille pendant le séjour
à I+~DI
4. Score de sédation
1 : environnement familial non stressant
2 : environnement familial stressant
1 : éveillé
2 : somnolent. mais facile à réveiller
13. Devenir du patient
3 : somnolent; difficile à réveiller
4 : coma
1
2
3
6. Installation dans le lit et à l’arrivée
domicile
HAD
hospitalisation
ANNEXE 3
Questionnaire 2
Date :
b) Intensité de la douleur lors de la crise
* Arrêt de travail
ou Interruption scolaire :
EVA...
1 Respecté 2 - Non respecté 3 - Demande de prolon@ion 4 Ne travaille pas
c) Délai entre le début de la crise et l’arrivée à I’Hôpital (heures)
1. Evaluation rétrospective de la crise par le patient
a) Facteur ayant déclenché la crise
d) Qu’est-ce qui vous a le plus soulagé à l’arrivée à
I’Hôpital de jour klasser le principal)
1 : pas de facteur évident
2 : effort
3 : froid
4 : alcool
5 : maladie associée kx : grippe)
6 : écart de température extérieure
7 : grossesse
2
3
4
5
6
7
1
accueil
alitement
présence du personnel hospitalier
les massages
la chaleur (couverture...)
le cerceau
les médicaments
25
Recherche en soins infirmiers NO48 Mars 1997
:
II. Evaluation post-critique,
du patient
orientée sur l’éducation
1
EFFICACE
1
NON
1
e) Laquelle, parmi ces propositions, correspond le
mieux à votre situation ce jour :
(Evaluation comportement& de LINTON)
1 : Pas de douleur
2 : Douleur présente mais peut être ignorée
3 : Douleur présente, ne peut être ignorée mais n’interfère pas avec les activités quotidiennes
4 : Douleur présente, ne peut être ignorée et interfère
avec la concentration
5 : Douleur présente, ne peut être ignorée, interfère
avec toutes les tâches sauf celles concernant les besoins fondamentaux tels que toilette et alimentation
6 : Douleur présente, ne peut être ignorée. Le repos ou
l’alitement sont nécessaires
5) Ne pas consommer
d’alcool
I
6) Faire des bilans de santé
(
l
0 Depuis votre hospitalisation, votre état de santé a-t-il
suscité chez vous les sentiments ou les sensatiotis suivantes (citer celui ou celle qui correspond le mieux à
votre analyse) (1 seule réponse) :
1 : de la tristesse
2 : de l’anxiété
3 : des préoccupations par rapport à l’image que vous
donnez aux autres
4 : de la colère
5 : de la culpabilité
6 : de la solitude
7 : de la perte de confiance en soi
h) Quand vous êtes en crise, quels médicaments prenez-vous et à quelle dose ?
g) Pouvez-vous me dire si vous pensez que l’un des
moyens suivants pourrait vous éviter une nouvelle crise
douloureuse.
jleqésireriez-vous
plus d’informations sur votre mala-
oui 1
2
i) Connaissez-vous les effets bénéfiques et secondaires
de ces médicaments ?
oui 1
non 2
(à vérifier par l’infirmière lors de l’interrogatoire)
non
Pourquoi ?
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