Comment l’activité du corps aide à l’apprentissage et au développement
de la pensée
par Caroline Messier
Mémoire 2009
Table des matières
Comment l’activité du corps aide à l’apprentissage et au développement de la pensée
1 Qu’est-ce que la pensée 3
2 Les prémisses de la pensée 4
2.1 Marcher, parler, penser 6
3. L’imitation et le jeu chez le petit enfant 7
4. L’enfant de 7 à 14 ans 9
4.1 Travaux manuels 10
4.2 Activité artistique 11
4.3 Eurythmie et éducation au mouvement 13
4.4 Partie rythmique 14
4.4.1 Idées générales et exemples pratiques 15
2
Qu’est-ce que la pensée ?
Que peut admettre aujourd’hui la science moderne en ce qui concerne la pensée ? Cela
demeure pour les scientifiques un grand mystère, car si l’on peut comprendre le rôle des
neurones et des synapses; la formation de concepts mobiles et la recherche du sens des
choses ne peuvent être expliquées par des lois et des concepts rigides. Cette difficulté
vient du fait que l’on voit l’homme essentiellement sur le plan physique. À peine
appréhende-t-on l’existence de l’âme humaine et encore moins de l’homme-esprit; celui
qui, relié au spirituel, s’accorde à l’ensemble de l’univers. On tente donc par la recherche
de trouver une réalité extérieure à nous, alors que l’essence de ce que nous sommes; nos
impulsions créatrices, nos représentations viennent de l’intérieur.
Les représentations ne sont toutefois pas encore pensées. Kranich1 affirme que nos
représentations sont des images que chacun de nous se forme à partir des phénomènes.
Elles n’ont pas un caractère universel et ne contiennent pas l’essence des choses. La
pensée, elle, lie nos représentations au spirituel. Quand nous faisons l’expérience pure
des choses, nous nous formons des représentations ; puis nous redonnons à la matière sa
spiritualité par la pensée.
Pour l’anthroposophie, la recherche d’une compréhension de la pensée va en ce sens
qu’elle considère l’homme dans sa totalité. Un homme doté d’un corps, d’une âme et
d’un esprit. De ce corps, vient la volonté de l’agir humain. L’âme vise principalement la
perception, le ressenti et l’esprit forme la pensée. C’est par le fait du penser humain que
l’humain accède à la réalité des choses. Cette réalité, Goethe et Steiners la ressentaient.
Steiners2 écrit :
« Les pensées appartiennent à la réalité de ce qui est contemplé par les sens; seulement ce qui, dans l’être
sensible, est pensée, ne se manifeste pas au dehors, dans ce sensible, mais au-dedans , dans l’homme(…)
Du fait qu’il vient dans le monde et le contemple avec ses sens, l’homme sépare de la réalité la pensée :
mais celle-ci apparaît seulement à un autre endroit : à l’intérieur de l’âme. »
1 Ernst-Michael Kranich, 2000.L’enfant en devenir. Édition Triades. P.32
2 Steinres, Rudolf.2000. Une théorie de la connaissance chez Goethe. P.148
3
Il y a donc un juste pont à faire. D’une part, une observation juste par les sens est
nécessaire pour percevoir le monde sensible; mais c’est par notre esprit que l’on en
perçoit la réalité. La pédagogie Waldorf tend vers cette façon de considérer l’homme.
Ainsi, l’observation par l’activité du corps est de mise dans la recherche du sens des
choses. On ne cherche pas à définir mais bien à caractériser, afin de rendre la
connaissance d’une chose la plus subjective et la plus mobile possible. Outre ces faits,
une pédagogie basée sur l’observation de l’enfant tend à redonner une liberté à l’homme.
Chaque apprentissage est donc apporté au bon moment et de façon à rejoindre le plus
possible l’enfant dans son corps, ses sentiments et sa tête. Nous verrons qu’avant
d’accéder à une pensée abstraite et personnelle l’enfant passe par un processus bien
précis. La tâche de l’éducateur est alors de comprendre le processus d’apprentissage de
l’enfant pour ne pas brusquer son développement.
À ce sujet, les neuroscience et les études actuelles en matière d’éducation tentent à
démontrer l’importance du mouvement; une activité du corps qui se révèle dans la
mobilité des membres, mais aussi dans l’importance des arts et du rythme. Michaela
Glöckler3 écrit : « Penser est la faculté qui nous permet de relier entre elles toutes les
données de notre vécu, de leur découvrir un sens et de les ordonner. » Nous verrons ici
comment l’on peut arriver à cette fin par l’activité du corps, et ce pour l’enfant de 0 à 14
ans.
Les prémisses de la pensée et le mouvement
Dès les premiers instants de vie tale, l’enfant aborde l’existence dans le mouvement.
L’enfant naissant est dans la perception. Il réagit par des réflexes et des mouvements
volontaires. Tous ses sens sont mis de l’avant pour entrer en relation avec ce nouvel
environnement. L’apprentissage difficile de la marche se fera en presque un an. Il est de
toutes les espèces, celle qui prendra le plus de temps à acquérir une autonomie. En contre
partie, il est par sa pensée, la seule créature terrestre capable de créer, de détruire, de
3 Glöckler Michaela. 2003. L’enfant, son développement, ses maladies. Éditions antroposophiques
Romandes. P.325
4
prier, d’écrire… Jusqu’à quel point le mouvement est-il important ? Carla Hannaford4,
neurophysiologiste mentionne que l’oreille interne et le système moteur du cervelet sont
le premier système sensoriel à atteindre la maturité chez l’être humain. Il existe un lien
entre l’esprit et le corps. Effectivement, des recherches montrent que la partie du cerveau
qui traite les données de l’activité physique est la même que celle qui traite de
l’apprentissage. En effet, le cervelet filtre et intègre de façon pointue le flot de données
de manière à permettre la prise de décisions complexes. Ceci prouve que la partie du
cerveau qui contrôle la motricité est mise à contribution dans l’apprentissage. Les
mouvements et l’apprentissage sont en constante interaction.5 Peter Strick6 et ses
assistants ont repéré un chemin partant du cervelet et se rendant jusqu’au parties
cérébrales qui jouent un rôle dans la formation de la mémoire, de l’attention et des
perceptions spatiales. Il est étonnant de constater que la partie du cerveau qui traite les
données de l’activi physique est la même que celle qui traite de l’apprentissage. Lors
d’un congrès7, W.T.Thatch Jr. A cité près de 80 études Leurs résultats suggèrent de forts
liens entre le cervelet, la mémoire, la perception spatiale, le langage, l’attention,
l’émotion, le langage non-verbal et même la prise de décisions. Ils font valoir
l’importance capitale de l’éducation physique, du mouvement et des jeux dans
l’amélioration et la stimulation de la cognition. Thatch mentionne aussi que le
mouvement à un effet bénéfique direct sur le système nerveux. Les activités musculaires,
en particulier les mouvements coordonnés, semblent stimuler la production de
neurotrophine, ces substances naturelles qui stimulent la croissance des cellules
nerveuses et augmentent le nombre de connexions neurales dans le cerveau.8
4 Carla Hannaford, La gymnastique des neurones. Extrait cité par Éric Jensen dans le cerveau et
l’apprentissage
5 Note de cours, Institut Pégase
6 Peter Strick, du centre médical des vétérans de syracuse à New York. Extrait tiré de le cerveau et
l’apprentissage de Éric Jensen. P.87
7 Congrès annuel de 1995, de la Société des neuro-sciences,
8 Carla Hannaford, gymnastique des neurones, p.140
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