Introduction `
a la th´
eorie du contrˆ
ole
Claude Lobry Tewfik Sari
Ce volume contient des cours qui ont ´
et´
e donn´
es pendant l’´
ecole du CIMPA Con-
trˆ
ole non lin´
eaire et Applications qui s’est tenu `
a Tlemcen du 26 avril au 8 mai 2003.
Le cours de Hassane Alla (Universit´
e de Grenoble), Syst`
emes `
a´
ev`
enements discrets
bas´
e sur les ouvrages [9] et [19] n’est pas reproduit dans ce volume. Il en est de mˆ
eme
du cours de Rachid Chabour (Universit´
e de Metz) Fonctions de Lyapounov et stabilit´
e
des syst`
emes d´
eterministes [5], du cours de Jean Michel Coron (Universit´
e de Paris-
Sud), Contrˆ
olabilit´
e et stabilisation des syst`
emes non lin´
eaires, bas´
e sur les articles
[6, 7, 8] et du cours de Jean Luc Gouz´
e (INRIA, Sophia Antipolis), Automatique des
bioproc´
ed´
es, bas´
e sur [2, 3]. Pour permettre au lecteur de situer les questions abord´
ees
dans ce volume dans le contexte g´
en´
eral de la th´
eorie du contrˆ
ole, on expose dans ce
premier chapitre quelques notions de base de cette th´
eorie.
1 Introduction
1.1 Syst`
eme contrˆ
ol´
e
Un syst`
eme contrˆ
ol´
e (ou command´
e) est un syst`
eme diff´
erentiel de la forme
˙x(t) = f(x(t), u(t)), x(t)M, u(·)∈ U.(1)
En g´
en´
eral le vecteur des ´
etats x(t)appartient `
a une vari´
et´
e diff´
erentielle Mde di-
mension n(on supposera ici que Mest un ouvert connexe de Rn), et les contrˆ
oles
u(·)appartiennent `
a un ensemble de contˆ
oles admissibles U, qui est un ensemble de
fonctions localement int´
egrables d´
efinies sur [0,+)`
a valeurs dans URm. On
suppose le champ de vecteur fsuffisament r´
egulier, de sorte que pour toute condition
initiale x0Met tout contrˆ
ole admissible u(·)∈ U, le syst`
eme (1) admet une unique
solution x(t)telle que x(0) = x0, et que cette solution soit d´
efinie sur [0,+). On
notera cette solution par xf(t, x0, u(·)). Quand il n’y a pas de risque de confusion,
on pourra ommettre dans cette notation le champ f, la condition initiale x0, ou bien
le contrˆ
ole u(·). Le syst`
eme (1) est dit en boucle ouverte et est repr´
esent´
e par le
diagramme suivant
1
2 C. LOBRY ET T. SARI
-˙x=f(x, u)-xu
Parmi les objectifs principaux de la th´
eorie du contrˆ
ole qui seront abord´
es dans ce
volume,il y a les notions de contˆ
olabilit´
eet de stabilisation. On se propose de d´
efinir
ces notions et de rappeler les principaux r´
esultats de contrˆ
olabilit´
e, de stabilisation et
d’observabilit´
e des syst`
emes lin´
eaires (pour l’essentiel on trouvera les d´
etails et les
preuves dans [1]) :
˙x(t) = Ax(t) + Bu(t),(2)
o`
uAest une matrice n×nappel´
ee matrice d’´
etat et Bune matrice n×mappel´
ee
matrice de commande. Les solutions de (2) sont donn´
ees par
x(t, x0, u(·)) = etAx0+Zt
0
e(ts)ABu(s)ds. (3)
Il faut noter que certains probl`
emes pratiques sont mieux mod´
elis´
es par des ´
equations
aux d´
eriv´
ees partielles [7, 8, 17] ou bien par des syst`
emes `
a´
ev`
enements discrets [9,
19].
1.2 Approximation lin´
eaire d’un syst`
eme contrˆ
ol´
e
Le syst`
eme lin´
eaire (2) s’obtient g´
en´
eralement par lin´
earisation du syst`
eme non lin´
eai-
re (1) autour d’un point ´
equilibre (xe, ue)pour lequel f(xe, ue)=0. En effet, si on
pose :
X=xxe, U =uue, A =f
x (xe,ue), B =f
u (xe,ue),
on obtient l’´
equation : ˙
X=AX +BU +o(X, U )
Le syst`
eme lin´
eaire command´
e˙
X=AX +BU s’appelle alors l’approximation
lin´
eaire (ou le lin´
earis´
e tangent) du syst`
eme non lin´
eaire (1). Un des objectifs de
l’automaticien consiste `
a d´
eduire les propri´
et´
es du syst`
eme non lin´
eaire (1) de celles
de son lin´
earis´
e tangent.
2 Controlabilit´
e
Un syst`
eme est dit contrˆ
olable si on peut le ramener `
a tout ´
etat pr´
ed´
efini au moyen
d’un contrˆ
ole. Plus pr´
ecis´
ement on pose la d´
efinition suivante
INTRODUCTION `
A LA TH´
EORIE DU CONTR ˆ
OLE 3
D´
efinition 1 On dit que le syst`
eme (1) est contrˆ
olable (ou commandable) si pour tous
les ´
etats x0,x1M, il existe un temps fini Tet un contrˆ
ole admissible u(·) : [0, T ]
Utel que x1=x(T, x0, u(·)).
2.1 Crit`
ere de contrˆ
olabilit´
e de Kalman
Il existe une caract´
erisation alg´
ebrique de la contrˆ
olabilit´
e d’un syst`
eme lin´
eaire due
`
a Kalman.
Th´
eor`
eme 1 Le syst`
eme lin´
eaire (2) est contrˆ
olable si et seulement si la matrice de
contrˆ
olabilit´
e (ou de commandabilit´
e) de Kalman
(B, AB, · · · , An1B)
est de rang n. On dit alors que la paire (A, B)est commandable.
Noter que la paire (A, B)est commandable si et seulement s’il existe T > 0tel que
la matrice
CT=ZT
0
esABB0esA0
ds
soit inversible. Ici A0et B0d´
esignent les matrices transpos´
ees des matrices Aet B.
Le contrˆ
ole u(·)qui transf`
ere x0en x1=x(T, x0, u(·)) est simplement donn´
e par
u(s) = B0e(Ts)A0C1
T(x1eT Ax0)
comme on peut le v´
erifier en utilisant la formule (3).
2.2 Contrˆ
olabilit´
e locale d’un syst`
eme non lin´
eaire
D´
efinition 2 On dit que le syst`
eme (1) est localement contrˆ
olable au point x0s’il
existe un voisinage Ade x0tel que pour tout x1∈ A, il existe un temps fini Tet un
contrˆ
ole admissible u(·) : [0, T ]Utel que x1=x(T, x0, u(·)).
On ne dispose pas de condition n´
ecessaire et suffisante de contrˆ
olabilit´
e pour un
syst`
eme non lin´
eaire. On a une condition suffisante de contrˆ
olabilit´
e locale qu’on
peut obtenir par lin´
earisation (voir [13], p. 32 et 366).
Th´
eor`
eme 2 Supposons qu’il existe u0Rmtel que Usoit un voisinage de u0et
f(x0, u0) = 0. Soient
A=f
x (x0,u0), B =f
u (x0,u0)
Si le rang de la matrice (B, AB, · · · , An1B)est ´
egal `
an(c’est `
a dire que le syst`
eme
lin´
eaire ˙x=Ax+Bu est contrˆ
olable), alors le syst`
eme non lin´
eaire (1) est localement
contrˆ
olable en x0.
4 C. LOBRY ET T. SARI
Noter que la contrˆ
olabilit´
e du lin´
earis´
e n’est pas une condition n´
ecessaire de contrˆ
ola-
bilit´
e du syst`
eme non lin´
eaire. En fait, pour les syst`
emes non lin´
eaires, il existe un
crit`
ere simple, rappelant le crit`
ere de Kalman, qui permet d’aborder les questions de
contrˆ
olabilit´
e. Expliquons le sur le syst`
eme particulier :
˙x=f(x) + ug(x),|u| ≤ 1
On appelle crochet de Lie des deux champs de vecteurs fet gle champ de vecteur
d´
efini par la formule :
x[f, g](x) = Df(x)g(x)Dg(x)f(x)
et l’alg`
ebre de Lie engendr´
ee par fet g, not´
ee L(f, g), la plus petite famille close pour
l’op´
eration de crochet qui contienne fet g. Le rang en xde (f, g)est la dimension
de l’espace vectoriel engendr´
e par les valeurs en xdes ´
el´
ements de L(f, g). Appelons
ensemble des ´
etats accessibles `
a partir de x0l’ensemble des points qui peuvent ˆ
etre
atteints `
a partir de x0un utilisant tous les contrˆ
oles admissibles. Un r´
esultat fonda-
mental est que, si le rang en x0de (f, g)est ´
egal `
an, alors l’ ensemble des ´
etats
accessible `
a partir de x0est d’int´
erieur non vide. De ce r´
esultat on d´
eduit le crit`
ere de
Kalman. En effet, consid´
erons le syst`
eme
˙x=Ax +bu, u R
o`
u le contrˆ
ole uest non born´
e. Les ´
etats accessibles du syst`
eme
˙x=Ax +bu, |u| ≤ 1
sont contenus dans l’espace vectoriel des ´
etats contrˆ
olable `
a partir de x0du syst`
eme
o`
u le contrˆ
ole est non born´
e. Si ces ´
etats accessibles sont d’int´
erieur non vide quel
que soit x0le syst`
eme sera contrˆ
olable, puisqu’un sous espace vectoriel d’int´
erieur
non vide est l’espace tout entier. Calculons les crochets :
[(xAx),(xb)] (x) = Ab,
[(xAx),(xAb)] (x) = A2b,
· · ·
£(xAx),(xAn2b)¤(x) = An1b.
0n voit que le crit`
ere de Kalman ´
equivaut `
a la condition du rang. Quelques aspects
´
el´
ementaires de cette m´
ethode sont expos´
es dans [14] et un expos´
e complet se trouve
dans [11].
3 Stabilisation
Un contrˆ
ole (ou une commande)en boucle ouverte est une application tu(t)d’un
intervalle de temps dans l’espace des contrˆ
oles. Un contrˆ
ole en boucle ferm´
ee, appel´
e
INTRODUCTION `
A LA TH´
EORIE DU CONTR ˆ
OLE 5
aussi une r´
etroaction, ou un bouclage, ou encore un feed back, est une application
uR(x)d´
efinie sur les variables d’´
etat du syst`
eme. Un des objectifs de la th´
eorie
du contrˆ
ole est de d´
eterminer des r´
etroactions qui stabilisent le syst`
eme en un ´
etat
particulier.
3.1 Bouclage statique
D´
efinition 3 (Bouclage statique). On dit que uest un bouclage statique du syst`
eme
(1) si sa valeur u(t)`
a l’instant tne d´
epend que de x(t), c’est `
a dire u=R(x)o`
uR
est une fonction.
Ce syst`
eme s’´
ecrit tout simplement
˙x=f(x, R(x)) (4)
Il est repr´
esent´
e par le diagramme suivant.
-˙x=f(x, u)
u=R(x)
&%
'$
¾
xu
Le probl`
eme de la stabilisation (ou r´
egulation) consiste `
a maintenir le syst`
eme pr`
es
d’un ´
equilibre x. Il s’agit donc de construire une loi de commande telle que xsoit
un ´
equilibre asymptotiquement stable du syst`
eme en boucle ferm´
ee (4).
3.2 Concepts de stabilit´
e
On se donne un syst`
eme
˙x=f(x)(5)
tel que f(0) = 0, admettant x= 0 comme ´
equilibre (noter que par un changement de
variable on peut toujours ramener l’´
equilibre `
a l’origine).
D´
efinition 4 L´
equilibre x= 0 du syst`
eme (5) est dit stable si pour tout ε > 0, il
existe η > 0tel que pour toute solution x(t)de (5) on ait
kx(0)k< η ⇒ ∀t0kx(t)k< ε.
Si l’´
equilibre n’est pas stable on dit qu’il est instable.
1 / 18 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !