6. LES CONSÉQUENCES DE L’URBANISATION SUR LA TRANSFORMATION STRUCTURELLE DE L’AFRIQUE
164 Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2016
En bref
L’urbanisation de l’Afrique s’opère à un rythme sans précédent dans l’histoire, créant des
opportunités et des défis considérables. À l’avenir, elle peut accélérer la transformation
structurelle, à condition qu’elle s’accompagne d’emplois productifs et de biens publics pour tous.
Les modèles d’urbanisation sont divers sur le continent africain, mais ils confirment en général
qu’une urbanisation sans planification peut, au contraire, ralentir la transformation structurelle.
Pour stimuler un développement économique, social et environnemental, il faut que les modèles
d’urbanisation soient rendus plus durables qu’ils ne le sont actuellement. Dans nombre de pays
africains, une part importante de la population active urbaine reste cantonnée à des activités
de service informelles et peu productives et ont un accès limité aux biens publics. Les activités
urbaines entretiennent de plus en plus de liens avec les zones rurales, et ces dernières demeurent
un pilier des économies africaines. Malgré la lenteur de l’industrialisation, le coût de la dégradation
de l’environnement est substantiel et ne cesse de s’alourdir, ajoutant aux défis économiques
et sociaux engendrés par l’urbanisation. Les politiques publiques doivent veiller à ce que les
infrastructures suivent le rythme de la croissance urbaine et qu’elles permettent de connecter
les centres urbains entre eux. Elles doivent en outre promouvoir une meilleure planification et
une meilleure gouvernance urbaines. L’Agenda 2063 et l’Objectif de développement durable n° 11
sur les villes donnent un nouvel élan à l’Afrique pour qu’elle réalise le plein potentiel de son
urbanisation.
Les liens entre urbanisation et transformation structurelle en Afrique sont
complexes et diversifiés
La première section ci-dessous décrit le rythme et l’ampleur de l’urbanisation de
l’Afrique à la lumière des données les plus récentes. Elle replace l’urbanisation de l’Afrique
dans le contexte de la « seconde vague » d’urbanisation, emmenée par l’Asie. La deuxième
section analyse l’expérience africaine d’urbanisation rapide, qui s’accompagne d’une
transformation structurelle lente. Cette situation contraste avec celle de nombreuses autres
régions du monde, en particulier les pays de l’OCDE et de l’Asie de l’Est. La troisième section
s’intéresse à la diversité des modèles d’urbanisation que l’on peut observer sur le continent.
Enfin, la dernière section prend acte de la persistance de l’économie rurale en Afrique.
L’Afrique s’urbanise à un rythme parmi les plus rapides de l’histoire
Le continent africain s’urbanise rapidement. La part des citadins s’est accrue, pour
passer de 14 % en 1950 à 40 % aujourd’hui. D’après les projections, d’ici le milieu des
années 2030, 50 % des Africains vivront dans des villes (graphique 6.1)1. L’urbanisation
devrait se poursuivre et se stabiliser aux environs de 56 % vers 2050.
À en juger par son ampleur et son rythme, l’urbanisation simultanée de l’Afrique et de
l’Asie correspond à la deuxième grande vague d’urbanisation de l’histoire de l’humanité.
La première grande vague d’urbanisation s’est produite entre 1750 et 1950 en Europe, en
Amérique du Nord et dans une certaine mesure en Amérique latine et aux Caraïbes. La
population urbaine est alors passée de 15 millions de personnes à près de 462 millions.
La vague actuelle d’urbanisation est à la fois plus ample et plus rapide. D’ici 2050, ce sont
2.1 milliards de personnes qui viendront gonfler la population des villes africaines et
asiatiques (graphique 6.2).