Découvert dans les années 1980, le PSA est normalement produit par la prostate : il sert à
liquéfier le sperme. Quand la prostate développe un cancer, mais aussi quand elle
s’hypertrophie avec l’âge, elle libère davantage de PSA dans le sang. D’où les grandes études
lancées pour évaluer l’intérêt de son dosage sanguin.
Le 6 août, The Lancet a publié les données d’une de ces études : « The european randomised
study of screening for prostate cancer ». Huit pays européens ont rejoint cette cohorte, qui
regroupe plus de 162 000 hommes. Ceux-ci ont été tirés au sort pour faire partie d’un de ces
groupes : les hommes dépistés par un dosage du PSA (ceux qui sont âgés de 50 à 74 ans), et
ceux qui n’ont pas eu ce dépistage. Lorsque le taux de PSA dépassait 3 ng/ml, les hommes
étaient orientés vers une biopsie de leur prostate.
SÉQUELLES FRÉQUENTES
Après un suivi de treize ans, tous les hommes qui ont été dépistés par le PSA ont vu leur
risque de mourir de ce cancer réduit de 21 % par rapport aux hommes non dépistés. « Le
dépistage par le PSA permet une réduction notable de la mortalité par cancer de la prostate.
Cette réduction est similaire ou même supérieure à celle obtenue avec le dépistage du cancer
du sein [par la mammographie], analyse le professeur Fritz Schröder, du Centre médical de
l’université Erasmus (Pays-Bas). Pour autant, environ 40 % des cas détectés par ce dépistage
correspondent à un surdiagnostic. D’où un risque élevé de surtraitement, avec tous les effets
indésirables associés. » Les séquelles sont en effet fréquentes : en cas d’ablation totale de la
prostate, par exemple, l’incontinence urinaire touche 4 % à 39 % des hommes, et les troubles
de l’érection, 20 % à 80 % d’entre eux, en fonction des études.
« Le temps d’un dépistage en population générale [par le PSA] n’est pas encore venu, conclut
Fritz Schröder. Nous devons poursuivre les recherches en vue de trouver de nouveaux outils
pour réduire ce surdiagnostic, éviter les biopsies inutiles [des examens invasifs] et mieux
cibler les hommes susceptibles de bénéficier de ce dépistage. »
De fait, même les urologues, qui ont longtemps plaidé pour la mise en place d’un programme
national de dépistage organisé chez tous les hommes âgés de 50 à 75 ans, ne défendent plus
cette stratégie. « Le débat sur l’intérêt de ce dépistage organisé est désormais clos », tranche
Jean-Patrick Sales, de la HAS.
DÉVELOPPEMENT DE NOUVEAUX MARQUEURS
Depuis 2010, l’Association française d’urologie (AFU) prône un dépistage individuel,
proposé par le médecin dans le cadre d’une consultation avec son patient. « Une détection
précoce du cancer de la prostate peut être proposée à titre individuel après information
objective pour ne pas méconnaître et laisser évoluer un éventuel cancer agressif de la
prostate. Cette détection repose actuellement sur un toucher rectal et un dosage du PSA total
chez les hommes à partir de 50 ans », indique l’AFU. « Il est essentiel d’informer les hommes
qui envisagent la réalisation d’un tel dépistage de toutes ses conséquences », insiste Jean-
Patrick Sales.
Mais que faire, chez les hommes qui ont un risque élevé de développer un cancer de la
prostate : les sujets qui ont des antécédents familiaux et les hommes d’origine afro-antillaise ?
« Ce dépistage pourrait être recommandé à partir de 45 ans chez ces hommes à haut risque »,